La route étroite vers le nord lointain raconte une phase de la Seconde guerre mondiale méconnue de tous. Il s'agit de la construction de la ligne de chemin de fer voulue par l'empire du Japon entre le Siam et la Birmanie, qui a causée la mort de centaines de milliers de prisonniers de guerre, forcés à travailler dans des conditions terribles.
Ce terrible épisode est raconté du point de vue de Dorrigo Evans, jeune médecin qui exerce ses fonctions durant la guerre, au camp des prisonniers réquisitionnés pour tracer la Ligne. Il est le spectateur impuissant de la maltraitance des prisonniers, battus à mort par les japonais, pour qu'ils puissent répondre aux besoins de l'Empereur et construire cette voie de chemin de fer dans les temps impartis. L'hygiène de vie est inexistante, la portion alimentaire quotidienne est infime, la maladie est partout.
Richard Flanagan décrit avec réalisme des scènes de vie quotidienne de ces malheureux prisonniers. Des choses racontées crûment, un quotidien terrible, où le sang et la mort semblent omniprésents, côtoyant continuellement les prisonniers. On ne peut que compatir à leurs malheurs, sans jamais, toutefois, arriver à visualiser combien cela a dû être terrible pour eux.
En outre, le contraste entre ces descriptions horriblement écoeurantes et la poétique de l'écriture de l'auteur est surréaliste. Des haïkus sont glissés çà et là dans le récit, apportant une touche de lumière, un peu de bonheur et de vie à ce terrible récit. Des petits poèmes n'excédant pas une dizaines de mots, qui apporte de l'espoir aux hommes. Un exemple d'haïku que l'on peut retrouver dans le roman qui représente parfaitement cette antithèse entre poésie et horreurs : "Un monde de douleur - si le cerisier fleurit, il fleurit".
De l'espoir, ils devaient en avoir pour rester en vie, contrer la maladie et la souffrance qui s'abattait sur eux. Pour Dorrigo, l'espoir se transfigurait en la personne d'Amy, la fiancée de son oncle Keith. En un clin d'oeil, ça a été le coup de foudre. Un coup de foudre bien trop court, une passion à peine entamée, que Dorrigo a dû être appelé à la guerre. La reverra-t-il un jour ? Auraient-ils pu vivre heureux, tous les deux, si cette satanée guerre n'était pas apparue ? La guerre a vraiment tout bouleversé. Ce roman nous en offre une vision bien claire. Elle a tuée des hommes, brisée des familles entières, anéantie des villes, changée les mentalités. Si l'on regarde bien,
La route étroite vers le nord lointain est découpée en trois grandes parties : l'une, la première, se passe avant la guerre, la seconde durant la guerre, et la dernière à la fin de la guerre. Chacune montre une facette différente d'un même homme : Dorrigo. La guerre change vraiment un homme, vous en avez l'illustration parfaire ici !
Dans la troisième et dernière partie de ce roman, on nous montre les hommes revenir à une vie civile. Mais peut-on réellement revenir à une vie normale, après avoir vécu tant d'horreurs ? Même si la réponse paraît évidente, je vous laisse quand même le soin de lire cet ouvrage pour découvrir ce que sont devenus les survivants.
Richard Flanagan met en lumière une part de la Seconde guerre mondiale méconnue, épisode horrible, qu'a vécu son propre père. Il s'inspire des récits de son père pour raconter les conditions de vie de milliers de prisonniers de guerre, obligés par les japonais au travail forcé dans des conditions inhumaines. Un roman coup de poing, glaçant et glacial.
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