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Renaud Morin (Traducteur)
EAN : 9782714444066
360 pages
Belfond (03/01/2008)
3.31/5   27 notes
Résumé :
Dans une Sydney gangrenée par la peur du terrorisme, la descente aux enfers d'une femme trop fragile, la radiographie sans concession d'une société paranoïaque et cruelle, et d'une hystérie médiatique savamment orchestrée. Un roman impressionnant, nerveux et sombre, ancré dans une troublante actualité.
Gina Davies est strip-teaseuse. Son nom de scène : la Poupée. Au Chairman's Lounge, elle danse nue et ramasse les dollars. Ces dollars qui lui permettront de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Apres avoir passé la nuit avec un inconnu, une jeune femme découvre dès le lendemain qu'elle est suspectée de complicité dans une tentative d'attentat terroriste. Bien que menant une vie plutôt banale, sans convictions politiques ou religieuses, elle a pour torts d'exercer le sulfureux métier de danseuse "érotique" dans un club huppé de Sydney et d'avoir profondément vexé un journaliste en repoussant ses avances.
De suspecte, elle est très rapidement considérée comme coupable car à partir du peu qu'ils savent d'elle, c'est à dire rien, la police, les experts en tout genre et la presse n'hésitent pas à inventer, à échafauder des théories hasardeuses pour prouver sa culpabilité et ainsi la désigner comme l'ennemie publique n°1. Sous la pression de la frénésie médiatique menée par le journaliste revanchard, la jeune femme, considérée désormais comme une dangereuse terroriste, se retrouve prise dans une gigantesque machine qu'elle est impuissante à arrêter. Elle devient alors la victime d'un terrorisme institutionnel qui a fait d'elle un monstre à abattre.

Dans une atmosphère poisseuse de chaleur et de stupeur, ce roman examine l'anatomie d'un lynchage médiatique. A la fois thriller et satire sociale, il vise sans équivoque tous ceux qui dans les médias exploitent et entretiennent la peur dans le but de faire grimper les audiences. Flanagan n'épargne pas non plus le public qui joue aussi son rôle en se montrant réceptif et actif dans la circulation de l'information, qu'elle soit vraie ou fausse. La fureur et l'ennui épingle les travers, le plus souvent désolants mais aussi parfois risibles à force de ridicule, d'un monde toujours à la recherche du sensationnel et dans lequel les rumeurs se propagent à la vitesse de l'éclair et renvoie le lecteur à la façon dont il fait face à la peur des menaces réelles ou fictives qui pèsent sur ce monde.
Bien que publié en 2007, le roman n'évoque que la télévision, la radio et la presse écrite comme voies d'information, ou plutôt de désinformation, alors que l'internet et ses réseau sociaux, voies royales pour propager la diffamation et les fake news, n'ont pas voix au chapitre. Et c'est tant mieux !
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Alors qu'une véritable fièvre sécuritaire s'empare de toute l'Australie, fièvre qui enflamme les médias et les policiers comme si un terroriste se cachait à chaque coin de rue, une jeune femme, danseuse dans un bar de Sydney, vit sa petite vie tranquille, comme déconnectée des réalités du monde qui l'entoure. Gina, surnommée 'La Poupée' par ses amis et collègues, ne vit et ne travaille que pour se sortir de sa condition de danseuse. Bien sûr, quelques achats compensatoires et compulsifs de robes hors de prix ou de sacs à main Gucci lui donnent pour un moment l'impression d'être quelqu'un d'autre, mais, au fond d'elle-même, elle sait qu'elle n'est que cette danseuse de bar obligée d'être trop gentille avec des mecs qui la dégoûtent, cette danseuse de bar à l'existence sans histoire, mais sans joie aussi? et sans importance sans doute. Une vie humaine perdue parmi tant d'autres au coeur d'une société renfermée sur elle-même, apeurée et dédiée au seul profit. Aussi, lorsque 5 bombes sont découvertes dans sa ville, La Poupée en entend-elle à peine parler. Car aussi vite ses yeux avaient-ils effleuré cette nouvelle dans le journal qu'elle survolait, aussi vite se sont-ils posés sur ce beau jeune homme qui passait et une conversation se fut-elle engagée. Amant d'une nuit, le jeune Tariq (mais était-ce son vrai nom?) disparut aussi rapidement de l'existence de la Poupée qu'il y était entré. Celle-ci ne s'en formalisait d'ailleurs pas outre mesure. Jusqu'à ce qu'elle découvre ses images d'elle -oh, à peine pouvait-on la reconnaître- accompagnant Tariq à l'entrée de son immeuble, images diffusées par toutes les télés du pays, juste après que le-dit appartement ait été fouillé de fond en comble par la police. Comment et pourquoi la police avait-elle relié Tariq aux 5 bombes découvertes quelques heures plus tôt, La Poupée ne le saurait jamais. Elle commença simplement par conserver ses oeillères et faire le gros dos, semblant croire que si elle ne s'intéressait pas à l'actualité, celle-ci ne s'intéresserait pas à elle, qu'elle pourrait, comme toujours, vivre en périphérie. Bien sûr, elle voulut aller trouver la police, pour s'expliquer, dire qu'il s'agissait là d'une méprise, qu'elle n'avait rien à voir avec ces bombes, mais à chaque fois, la file d'attente était trop longue devant le guichet ou le type avant elle lui faisait peur. La Poupée repoussa et repoussa encore ce moment de la confrontation avec la réalité, ne voyant pas que cette dernière allait la rattraper.
En 2008, avec son roman 'Callisto', Torsten Krol lançait un véritable cri d'alarme des dérives entraînées par les lois hyper-sécuritaires votées après le le 11 septembre aux Etats-Unis. Sur un mode déjanté et plein d'humour, il nous contait la manière dont un jeune paysan candide d'une petite bourgade de l'Amérique profonde allait finir par être traité comme un vulgaire et dangereux terroriste. Les auteurs du lynchage de la Poupée sont les mêmes que ceux du roman « Callisto » : les médias avides de scoops et peu enclins à vérifier leurs infos avant de jeter des innocents en pâture, et des flics seulement intéressés par la petite gloire qu'ils pourront retirer d'une arrestation. La Poupée, du début à la fin, est seule et bien trop faible. Elle a tort de se renfermer, de croire que l'orage finira bien par passer. Elle a tort de vivre dans sa bulle, de se complaire dans son in-importance et de repousser sans cesse. Mais ce ne sont là que de bien maigres défauts, qui pourraient être imputés à une grande partie de la population mondiale. Et qui vont être facturés bien trop chers à La Poupée.
Désespéré et désespérant, 'La Fureur et l'Ennui' l'est assurément d'un bout à l'autre, au point qu'il me fut parfois obligatoire de m'en séparer, de le laisser de côté quelques heures pour penser à autre chose. Si la passivité de la Poupée peut énerver et donner envie de se jeter dans l'intrigue pour lui prendre la main et la conduire jusqu'au commissariat le plus proche, c'est plus sûrement l'attitude révoltante des médias marchant main dans la main avec une partie des responsables policiers qui révulse le plus. Que ceux qui ont lu 'L'honneur perdu de Katharina Blum' ne pensent surtout pas qu'ils aient déjà tout lu en matière de manipulation de l'opinion. Ce roman, parce qu'il s'inscrit dans notre actualité politique et technologique, va tristement beaucoup plus loin. Il fait de chaque être humain une quantité négligeable au regard de desseins bassement tordus qui les dépassent et démontre par l'absurde comment l'obsession sécuritaire, loin de protéger les êtres, annihile lentement et sûrement ce qui fait d'eux des humains. Salutaire, mais bougrement difficile à avaler donc.
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Alors qu'une véritable fièvre sécuritaire s'empare de toute l'Australie, fièvre qui enflamme les médias et les policiers comme si un terroriste se cachait à chaque coin de rue, une jeune femme, danseuse dans un bar de Sydney, vit sa petite vie tranquille, comme déconnectée des réalités du monde qui l'entoure. Gina, surnommée 'La Poupée' par ses amis et collègues, ne vit et ne travaille que pour se sortir de sa condition de danseuse. Bien sûr, quelques achats compensatoires et compulsifs de robes hors de prix ou de sacs à main Gucci lui donnent pour un moment l'impression d'être quelqu'un d'autre, mais, au fond d'elle-même, elle sait qu'elle n'est que cette danseuse de bar obligée d'être trop gentille avec des mecs qui la dégoûtent, cette danseuse de bar à l'existence sans histoire, mais sans joie aussi? et sans importance sans doute. Une vie humaine perdue parmi tant d'autres au coeur d'une société renfermée sur elle-même, apeurée et dédiée au seul profit. Aussi, lorsque 5 bombes sont découvertes dans sa ville, La Poupée en entend-elle à peine parler. Car aussi vite ses yeux avaient-ils effleuré cette nouvelle dans le journal qu'elle survolait, aussi vite se sont-ils posés sur ce beau jeune homme qui passait et une conversation se fut-elle engagée. Amant d'une nuit, le jeune Tariq (mais était-ce son vrai nom?) disparut aussi rapidement de l'existence de la Poupée qu'il y était entré. Celle-ci ne s'en formalisait d'ailleurs pas outre mesure. Jusqu'à ce qu'elle découvre ses images d'elle -oh, à peine pouvait-on la reconnaître- accompagnant Tariq à l'entrée de son immeuble, images diffusées par toutes les télés du pays, juste après que le-dit appartement ait été fouillé de fond en comble par la police. Comment et pourquoi la police avait-elle relié Tariq aux 5 bombes découvertes quelques heures plus tôt, La Poupée ne le saurait jamais. Elle commença simplement par conserver ses oeillères et faire le gros dos, semblant croire que si elle ne s'intéressait pas à l'actualité, celle-ci ne s'intéresserait pas à elle, qu'elle pourrait, comme toujours, vivre en périphérie. Bien sûr, elle voulut aller trouver la police, pour s'expliquer, dire qu'il s'agissait là d'une méprise, qu'elle n'avait rien à voir avec ces bombes, mais à chaque fois, la file d'attente était trop longue devant le guichet ou le type avant elle lui faisait peur. La Poupée repoussa et repoussa encore ce moment de la confrontation avec la réalité, ne voyant pas que cette dernière allait la rattraper.
En 2008, avec son roman 'Callisto', Torsten Krol lançait un véritable cri d'alarme des dérives entraînées par les lois hyper-sécuritaires votées après le le 11 septembre aux Etats-Unis. Sur un mode déjanté et plein d'humour, il nous contait la manière dont un jeune paysan candide d'une petite bourgade de l'Amérique profonde allait finir par être traité comme un vulgaire et dangereux terroriste. Les auteurs du lynchage de la Poupée sont les mêmes que ceux du roman « Callisto » : les médias avides de scoops et peu enclins à vérifier leurs infos avant de jeter des innocents en pâture, et des flics seulement intéressés par la petite gloire qu'ils pourront retirer d'une arrestation. La Poupée, du début à la fin, est seule et bien trop faible. Elle a tort de se renfermer, de croire que l'orage finira bien par passer. Elle a tort de vivre dans sa bulle, de se complaire dans son in-importance et de repousser sans cesse. Mais ce ne sont là que de bien maigres défauts, qui pourraient être imputés à une grande partie de la population mondiale. Et qui vont être facturés bien trop chers à La Poupée.
Désespéré et désespérant, 'La Fureur et l'Ennui' l'est assurément d'un bout à l'autre, au point qu'il me fut parfois obligatoire de m'en séparer, de le laisser de côté quelques heures pour penser à autre chose. Si la passivité de la Poupée peut énerver et donner envie de se jeter dans l'intrigue pour lui prendre la main et la conduire jusqu'au commissariat le plus proche, c'est plus sûrement l'attitude révoltante des médias marchant main dans la main avec une partie des responsables policiers qui révulse le plus. Que ceux qui ont lu 'L'honneur perdu de Katharina Blum' ne pensent surtout pas qu'ils aient déjà tout lu en matière de manipulation de l'opinion. Ce roman, parce qu'il s'inscrit dans notre actualité politique et technologique, va tristement beaucoup plus loin. Il fait de chaque être humain une quantité négligeable au regard de desseins bassement tordus qui les dépassent et démontre par l'absurde comment l'obsession sécuritaire, loin de protéger les êtres, annihile lentement et sûrement ce qui fait d'eux des humains. Salutaire, mais bougrement difficile à avaler donc.
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Ce livre est grandiose. A partir d'une intoxication savamment distillée par un journaliste véreux en perte de vitesse et de notoriété, tout un pays va s'acharner sur l'image d'une pauvre fille qui devient la brebis émissaire des peurs et des frustrations.
Le démarrage du roman ne paie pas de mine. On ressent une impression de déjà-vu au récit des déhanchements érotico-malsains de cette paumée qui rêve d'une vie stable, d'une maison, d'une respectabilité impossible. Sérieusement, on a envie de laisser tomber l'histoire, juste au moment où le récit s'emballe enfin quand une video douteuse de quelques secondes prise par une caméra de télésurveillance est diffusée. Non seulement le récit, mais le style prend de l'ampleur et l'auteur donne enfin toute la mesure de son talent, entraînant son lecteur dans les abîmes d'une ville ruisselante de chaleur et de crasse et dans les méandres de la conscience – ou de l'absence de conscience, de ses héros. le récit s'emballe et l'opinion s'emballe, celle des foules hystériques suspendues au journal télévisé avec toute son indignation et tout son voyeurisme. On passe à la dimension supérieure, et on se dit qu'au fond ce livre est un monument d'humanité.
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Un titre qui semble très sérieux ... une quatrième de couverture qui évoque plus le fait divers qu'autre chose ... ???
Résultat donné à travers le titre original "the unknown terrorist" ... arnaque du marketing ... il ne devrait point y avoir de philosophie dans ces pages !
🎶 Et pourtant
Pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant 🎶
Que cette description sans fard, ni compromis de notre société ... l'Europe n'a rien à envier à l'Australie... est cruelle mais à vrai dire elle est bien l'exact témoignage de notre vécu !
🎶 Et pourtant
Pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant 🎶
Que cette histoire d'amour ... certes amour raté mais amour quand même, celui qui entraîne ces protagonistes au bout de leur folie ... est troublant tout en restant plausible !
🎶 Et pourtant
Pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant 🎶
Que ces personnages ... totalement déjantés, en marge de la société mais aussi prêts à tout pour être installés et reconnus .. semblent si réels nous touchent profondément !
🎶 Et pourtant
Pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant 🎶
Le pire reste encore la note sur les sources :
"Ce roman est faits de multiples emprunts aux publicités, gros titres, rumeurs, propos de comptoir, extraits de discours politiques et de sermons d'animateurs radio "
🎶 Et pourtant ... 🎶
Ce livre nous dévoile ce que nous ne voulons pas forcément voir dans nos sociétés modernes et à la pointe de la technologie !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle se dit qu'une partie du mystère de la vie se trouvait dans l'odeur des gens que vous aimiez.
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L'idée que l'amour ne suffit pas est particulièrement douloureuse. Face à cette vérité, l'humanité a pendant des siècles essayé de découvrir en elle même la preuve que l'amour était la plus grande force sur terre.
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Si bien que la Poupée avait fini par croire que la plupart des gens usaient de ce genre de mensonges et de supercheries, feignant quelque chose quand en vérité ils désiraient secrètement autre chose de complètement différent ; elle en était aussi venue à croire que tout cela était parfaitement acceptable.
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Un des plaisirs, et non des moindres, qu'elle prenait à la compagnie de Wilder était la façon dont de vieilles histoires se trouvaient, de temps en temps, ravivées par cette sorte de détail inédit et remarquable.
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Être réaliste, c'est prendre le parti de la déception pour ne plus être déçue.
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Videos de Richard Flanagan (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Flanagan
Rencontre avec Richard Flanagan à la librairie La Galerne du Havre pour la parution de "Première personne". 11 septembre 2018.
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