Adelphe

Adelphe Delalande est pasteur en province. Nous sommes en 1920, il a quarante ans et il vit seul, avec une servante, Blanche.

Dit comme ça, ça manque de glamour et j'ai quelques difficultés à situer le roman entre chronique familiale et leçon de choses. Je pense que je me serais plutôt ennuyée si l'écriture n'avait pas rattrapé la banalité du récit. Pendant 40 ans, on découvre la vie et les amours d'Adelphe, un homme qui ne m'a été ni sympathique ni antipathique et auquel je me suis peu attaché.

Le seul vrai atout, de mon point de vue, hors la qualité stylistique indéniable, est de traverser une partie du XXème siècle. Sauf que... tout va très vite, trop vite. La première partie prend son temps et puis, tout à coup, on a l'impression que les années sont avalées par les pages. En quelques paragraphes, à coups d'ellipses temporelles, on change de décennie, on survole même les périodes les plus riches comme les conflits mondiaux.

En fait, la lecture n'a pas été désagréable mais je ne sais pas vraiment où l'autrice voulait en venir. Je pense qu'elle s'est inspirée des romans d'Ernest Pérochon dont il est beaucoup question dans le roman (surtout de "Nêne", Prix Goncourt) mais je n'ai pas trouvé dans cette chronique ordinaire la magie de ce grand auteur.


Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge MULTI-DEFIS 2023
Challenge ENTRE DEUX 2023

Ce moment où vous tournez la quatrième de couverture du livre, que vous le regardez, la tête penchée dubitativement, en vous demandant si vous avez ou pas appréciés toutes ces pages que vous venez de lire. Vous l'avez déjà vécu ce moment ? J'ai fermé cet ebook avec exactement cette même expression.
Ais-je apprécié ce livre ? Aucune idée. Je crois que oui, et en même temps, j'ai mis un temps infini à le lire (on parle en mois tout de même), je me suis ennuyée, je me suis demandée ce que je faisais là... Et j'ai continué à lire. Je crois qu'il m'a intrigué. J'ai cru comprendre où on allait après des pages à me demander ce qu'on faisait là. Et puis en fait non. Et ce sentiment a perduré pendant toute lecture. Pour s'achever de la même manière qu'elle a commencé : quel était le but du livre ? Il m'a renvoyé au même sentiment que devant un film d'auteur français dont on ressort en se demandant quel était le sujet exact, ou pire, le film de la catégorie Art et essai dont j'ai toujours bien plus senti l'essai que l'art.
Pour autant, quelque chose dans la plume de l'autrice m'a séduit. Un comble quand on sait que je passe ma vie à râler sur les récits écrits au présent, mais là, on tenait quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais vraiment, l'écriture m'a emmenée. Il y a une musicalité dans le monotone du discours, ces phrases courtes qui entraînent le récit du quotidien et le rythment. Mais voilà, il s'y passe beaucoup de choses... Et en même rien du tout. C'est déconcertant. Un livre m'entraîne rarement (jamais ?) dans une telle confusion. Peut-être faut-il le lire uniquement pour son écriture à la plume si particulière, la richesse de son vocabulaire et de son style plutôt que l'histoire de la vie et du mensonge. Il faudra que je lise un autre roman de l'autrice pour me décider je pense.

Assez mitigée par cette lecture. le roman se décompose en trois parties (I Pasteur, II Femmes, III Fils) mais je n'ai pas vraiment retrouvé ce qu'annonce le résumé..."des femmes qui tirent les ficelles", "la vie des personnages bascule"...Bof, pas vraiment. Certes, il y a quelques changements dans la vie des trois personnages que l'on suit le plus (Adelphe le pasteur, Gabrielle, la féministe qui est son amante et Blanche, la bonne du pasteur qui deviendra sa femme) mais comme on suit surtout Adelphe, les femmes sont plus en toile de fond et les changements...aussi.

Ce roman n'est pas mauvais mais je l'ai peut-être trop associé dans ma tête à Madame Bovary (que j'ai détesté) pour vraiment apprécier ma lecture.

Un roman que je referme un peu tiraillée : emballée par les thèmes évoqués, mais aussi déçue par certains passages, notamment sur la fin…
J'ai aimé que ce récit soit porté par le pouvoir de la littérature, comment l'émancipation passe par l'alphabétisation, et comment une même oeuvre peut questionner, libérer, ou bouleverser, selon la lecture qu'on en fait.
J'ai beaucoup aimé aussi voir évoluer la pensée féminine en 1920 mais à travers le regard d'un homme, spectateur curieux, souvent dérouté et interloqué, questionnant lui-même ses propres contradictions.
(Ah les échanges fameux sur l'avortement et le droit de propriété de chacun sur son corps et ses cellules reproductrices !!)
Et puis j'ai adoré l'amitié magnifique entre le héros et Marcel, et l'intelligence de leurs dialogues sur les religions.
Par contre la pesanteur des non-dits et des secrets tout au long de ce récit m'a agacée,
et la vieillesse du héros m'a semblée bâclée, comme si ses pensées et ses choix devenaient quantités négligeables !
Un bilan mitigé donc, dommage… !