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3,78

sur 989 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il est inutile d'apprendre : la connaissance ne s'acquiert ni dans les livres, ni ailleurs. Il est inutile de lire, à moins de vouloir se rendre fou, pédant ou désespéré. Il est inutile d'écrire, à moins de vouloir contaminer le reste du monde des relents dégénérés de son individu. Et pour le prouver, Flaubert nous livre une démonstration par l'absurde : non seulement il apprendra en se gorgeant de toutes les connaissances mémorisées jusqu'à son époque, mais en plus il tirera cet enseignement de ses pires ennemis les livres, après quoi il vomira cette mélasse d'enseignements par la plume, participant ainsi au massacre qu'il souhaite mettre en évidence.


Flaubert met en scène Bouvard et Pécuchet, deux pauvres bougres qui n'ont pas sa lucidité. Employés dactylographes menant une vie ordinaire, leur existence se met seulement à dévier lorsqu'ils tombent l'un sur l'autre. de leur fréquentation mutuelle, une troisième volonté surgira : celle qui aspire à un au-delà libéré des contraintes financières et de la monotonie professionnelle. le destin aidant, Bouvard et Pécuchet trouvent finalement le moyen de se retirer à la campagne. Enfin, la belle vie ? Certes, mais… tout comme Emma Bovary, les deux anciens secrétaires ne parviennent jamais à l'entière satisfaction. Il manque quelque chose à leur épanouissement, sans qu'ils ne sachent précisément le nommer. L'ennui est là, qui guette le moindre fléchissement de leur humeur.


Pour détourner leur attention de cette menace, Bouvard et Pécuchet se lancent dans l'étude. Se projetant corps et âme dans une discipline après l'autre –biologie, géologie, philosophie, littérature, religion, psychologie, médecine, au choix…-, ils en aspirent toute la moelle avec un appétit de charognard, ne relevant la tête que lorsqu'il n'en reste plus rien, et découvrant alors le peu de consistance de la matière absorbée. Les sciences ne sont qu'un moyen, que Bouvard et Pécuchet dévorent pour atteindre une fin qu'ils ne connaissent pas. Les querelles idéologiques qu'ils se livrent ne sont que des divertissements, espérant peut-être aviver assez de foi en eux pour leur conférer une identité qu'ils ne maîtrisent pas.


Flaubert ne peut être comparé à ses personnages : il se situe bien au-delà d'eux et il les a surpassés depuis longtemps. Passant peut-être, comme eux, par les phases de la satisfaction, de l'ostentation, de la déception puis du désespoir, il n'a pas sombré à leur manière dans la résignation mais s'est gorgé d'une lucidité rageuse qui exacerbe son ironie et son dégoût. le roman qu'il écrit pour rendre ses lecteurs aussi abattus que lui constitue une étrange mise en abyme : avant de l'écrire, Flaubert se sera infligé la lecture de centaines d'ouvrages scientifiques, en relevant toutes les incongruités (et nous livrant ainsi un Dictionnaire des idées reçues et un Sottisier truculents), et en résumant les grandes idées qu'il fait ensuite tenir à Bouvard et Pécuchet. Les références abondent en tous sens, les théories se contredisent les unes les autres, les idéologies s'affrontent dans des querelles dont la multiplication appauvrit l'intérêt, et tout l'édifice culturel s'effondre devant le constat d'une absurdité insolvable. Et si encore on s'amusait… mais non, même pas. Bouvard et Pécuchet, malgré quelques traces d'ironie cinglante et bouffonne (« Afin de produire artificiellement des digestions, ils tassèrent de la viande dans une fiole, où était le suc gastrique d'un canard –et ils la portèrent sous leurs aisselles durant quinze jours, sans autre résultat que d'infecter leurs personnes »), se lit dans la torpeur et l'ennui.


Le travail de sape est réussi… ou presque. Malgré tout le dégoût qu'on suppose être à la base de l'écriture de ce roman, le lecteur ne pourra être totalement contaminé par l'abattement originel de Flaubert car, en détruisant l'objet de ses espoirs et de ses désillusions, celui-ci parvient enfin à trouver du plaisir là où les théories scientifiques n'ont su lui inspirer que du découragement. Sapant de bon coeur un édifice culturel fondé sur des sables mouvants, la rage triste de Flaubert devient rage joyeuse, et réussit parfois à nous tirer un sourire et même un soupçon de plaisir au milieu de notre ennui…

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Bon alors... comment dire ?
J'ai d'abord accompagné nos deux compères avec jubilation. Plaisir des descriptions, caricatures à la Daumier, cocasserie savante...
Puis Bouvard et Pécuchet entreprennent une odyssée culturelle démente et dérisoire en créant dans leur domaine une véritable cosmogonie où tous les savoirs sont compilés, explorés avec maladresse de façon compulsive, à travers un tour de force littéraire inouï et encyclopédique qui montre le génie de Flaubert en action.

Un Flaubert qui choisit de quitter le monde (le roman est inachevé) en nous laissant comme message que tout est vanité et que le savoir est dérisoire et limité car inscrit dans une époque et invalidé par les suivantes. Certes mais ce catalogue de citations de tous les ouvrages de son temps (de l'astronomie à la médecine, de l'histoire à la littérature...) finit par expulser d'un récit au départ attachant et drôle. Ça m'a rappelé les digressions encyclopédiques de Hugo dans Les misérables qui font sortir du récit et lassent sur la longueur malgré un brio incomparable. Il voulait sous titrer le roman «encyclopédie de la bêtise humaine » et c'est bien ce qu'il raconte mais le tour de force aussi fabuleusement écrit soit-il m'a laissé de côté, exténué.
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Mon manque d'enthousiasme pour cette oeuvre vient de mon impossibilité - ou en tout cas de mon incompréhension - à la classer. Je croyais lire un roman, mais non puisqu'il n'y a pas d'intrigue ni de rebondissement. Deux personnages - ni héros, ni même anti-héros, se rencontrent par hasard et mènent une sorte de quête, mais sans but, à la recherche ni vraiment du plaisir, ni vraiment du savoir, plutôt à la recherche du temps, ou de la façon de perdre son temps. On le considère souvent comme le roman de la bêtise, n'est-ce pas plutôt celui de la naïveté - voire de l'innocence - qui permet seule de s'émerveiller devant le monde en le découvrant ?
Je reconnais que certaines réflexions m'ont interpellée, celles concernant les domaines qui m'intéressent - l'art, la littérature, l'histoire. J'ai notamment bien apprécié la critique d'Alexandre Dumas, que les deux compères trouvent certes divertissant, mais peu fidèle à la réalité. J'ai en revanche apprécié le Dictionnaire, absurde et drôle à la fois.
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C'est toujours un crève-coeur que de rédiger une critique négative sur l'oeuvre d'un auteur aussi renommé et reconnu (à juste titre) que Gustave Flaubert... D'abord parce qu'on ne se sent pas légitime (qui suis-je pour critiquer ce que je ne saurais écrire ?) et ensuite parce que l'on va à rebours de ce que pense la majorité des gens. Mais voilà, je n'ai pas aimé, je me suis ennuyé et j'ai été extrêmement déçu de ce que j'ai lu, par rapport à ce que j'en attendais et ce que j'en avais lu ou entendu dire.
Il m'a fallu aller sur “Allociné” pour me représenter les deux personnages, sachant qu'une adaptation en avait été faite par J.-D. Verhaeghe et J.-C. Carrière et donc visualiser J.-P. Marielle en Bouvard et J. Carmet en Pécuchet, ce qui me plaisait bien. Les deux personnages incarnés me facilitaient donc la tâche, hélas pour une maigre satisfaction.
Les errements bavards de ces deux imbéciles s'enchaînant inéluctablement à propos de tout et de rien, les compères voulaient donc refaire le monde à leur façon. Tout y passait, l'agriculture, l'élevage, le jardinage, la politique, l'amour (!), l'archéologie, jusqu'à l'éducation de deux pauvres enfants servant de cobayes à leurs expérimentations intellectuelles, le tout avec le même résultat : l'échec...
La quatrième de couverture m'avait pourtant mis en appétit, parlant de satire et de bêtise, certes, mais aussi d'une « peinture pleine de verve des moeurs normandes, d'un comique impayable », alors non ! Outre l'offense faite aux normands, rien dans les 300 pages que dure cette histoire laborieuse ne porte à rire ni même à sourire. Où sont les descriptions gourmandes de Guy de Maupassant, ses personnages typiques et savoureux, ses nouvelles au style léger même quand les sujets sont graves ? Et dire que Maupassantlui-même faisait l'éloge de Flaubert...
Je ne garderai de cet ouvrage que les 40 et quelques pages du “dictionnaire des idées reçues” qui constituent, elles une vraie partie de plaisir, de finesse et d'humour.
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Bouvard et Pécuchet se rencontrent et une sympathie qui se transforme en amitié durable se noue immédiatement.
Ils achètent un domaine dans le Calvados où leurs efforts, les épreuves, leurs tentatives et les échecs se multiplient.
L'aventure vire au déraisonnable alors que l'empathie gagne le lecteur et la lectrice vis à vis des deux inséparables compères .
Gustave Flaubert se plaît à épingler les ridicules de ses deux anti-héros mais également les lâchetés et la bêtise de ses contemporains.
Lire plus sur : http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/06/16/gustave-flaubert-bouvard-et-pecuchet/
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Un roman qui se veut comique. Il l'est lorsqu'on commence à le lire mais, de fil en aiguille, le tout devient trop redondant et (certes ont rit encore à quelques points du livre et ce jusqu'à la fin) devient moins drôle.

Toutefois, Dans le fond, ce que l'auteur souhaite démontrer ainsi est louable: vaut mieux avoir l'air con que de l'être et vivre heureux.

Ce roman n'a rien à voir en comparaison avec ses autres volumes. Une oeuvre à part.
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Un classique de Flaubert souvent cité par d'autres auteurs. Bouvard et Pécuchet sont la quintessence des parvenus, persuadés d'être des experts en tout alors qu'ils ne comprennent rien à rien. Belle allégorie de nos experts de la télé, de la superficialité des connaissances journalistiques contemporaines et de la certitude que le « savoir » universel est possible. Roman très intéressant surtout quand on sait que Flaubert s'est sans doute tué a la tâche pour le finaliser, ce qu'il ne fera pas.
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Lc avec Bellonzo

Bouvard et Pécuchet sont deux « employés aux écritures » d'une quarantaine d'années habitant à Paris. Un jour de canicule (33°C – Boulevard Bourdon), ils se rencontrent et sympathisent. (Lu sous la canicule pour ma part – 36°C – Boulevard Bertholet)
L'un est veuf (Bouvard – François Denys, Bartholomée), l'autre vieux garçon (Pécuchet – Juste, Romain, Cyrille) ; à moins que ce ne soit l'inverse.
Un héritage inattendu leur fournit une rente et ils décident de partir en Normandie à Falaise.

Citadins depuis leur naissance, ils achètent une ferme et s'imaginent que l'on peut devenir cultivateur juste en lisant des livres. le ton de Flaubert est mordant, il se moque de ces deux « imbéciles » qui croient tout savoir et se sentent supérieurs aux paysans du coin.

Le début et la première moitié du roman m'ont beaucoup plu – ironie, comique des situations – ensuite j'ai eu une période de lassitude puisque le déroulé est toujours sur le même modèle : Bouvard et Pécuchet se passionnent d'un coup pour un sujet auquel ils ne connaissent rien (mathématiques, médecine, philosophie, religion, histoire, littérature, etc), ils lisent les ouvrages de référence sur le sujet et essaient de mettre en pratique, mais ils lisent trop (ou mal et sans recul) et toutes leurs expériences tournent à la catastrophe ….

Lors de la dernière partie, deux nouveaux personnages m'ont bien intéressée : les deux compères « adoptent » deux « orphelins » Victor et Victorine, dont le père a été condamné au bagne. Ils se passionnent pour l'éducation …. sujet sur lequel ils échoueront également …

Au final, un sentiment un peu mitigé car si le comique de situation et de répétition est bien présent …justement une bonne moitié m'a paru répétitive et avec beaucoup de digressions. Je suis cependant contente d'avoir enfin lu cet auteur car j'étais passée pendant toutes mes études au travers des mailles du filet. Je vous laisse : je n'ai jamais lu Stendahl – je vais peut être attendre la prochaine canicule 🙂

Allons voir de ce pas ce qu'en a pensé Edualc 🙂
En plaisantant, il m'a dit « Tu lis Bouvard et moi Pécuchet », j'aurais peut être dû lire la moitié seulement 🙂
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Je n'ai jamais aimé « Madame Bovary ». Je l'ai lu deux fois pourtant. Je n'ai rien lu d'autre de Flaubert, cette expérience m'ayant refroidie pour des années. Et puis, j'ai voulu vérifier, par la lecture d'une autre oeuvre, et revoir mon avis sur Flaubert. J'ai acheté « Bouvard et Pécuchet » au hasard. Je ne voulais surtout pas demander de conseils: on m'aurait logiquement indiqué le meilleur, et ce n'est pas ainsi que je souhaitais procéder. J'avais peut-être ce désir de me conforter dans ma première opinion sur Flaubert. N'importe !

Bouvard et Pécuchet sont deux employés qui se rencontrent par hasard, sur un banc. Ils ont le même âge, exercent la même profession, ont les mêmes opinions et sont tous deux célibataires.

Bientôt, ils ne se quittent plus.

Et quand Bouvard hérite, ils quittent tous deux la ville afin de s'installer ensemble à la campagne. Et une idée leur vient: cultiver la terre. Pour cela, ils lisent des manuels sur l'agriculture et essuient un échec. La culture des légumes puis des fleurs ne rencontrent pas plus de succès. Ils deviennent la risée de leurs domestiques, sont moqués par leurs voisins.

Les deux « héros » sont deux cons, qui passent de discipline en discipline, d'ouvrage en ouvrage, mais qui ne semblent jamais rien apprendre pour autant ni tirer de leçons de leurs erreurs.

Après les travaux de la terre, c'est alors la chimie, puis la médecine, l'astronomie, la philosophie, l'archéologie et toutes sortes de disciplines qu'il étudient. Et les lectures de traités s'enchaînent, parfois se contredisant. N'importe : ils s'obstinent. Un temps seulement. Allant jusqu'à pratiquer la médecine avec un seul livre pour les aider aux diagnostics.

Et, un matin, soudain, la discipline les lasse, ils l'abandonnent et choisissent aussitôt un autre sujet d'étude. Ainsi, ils se croient successivement agriculteurs, médecins, ingénieurs, dramaturges, historiens, archéologues, médiums ... à seulement lire des ouvrages plus ou moins vulgarisés, et plus ou moins complets.

Ces deux idiots ratent même leurs suicides et y préfèrent la fervente foi, avec la volonté de devenir dévots, comme ils avaient déclaré un matin qu'ils souhaitaient devenir médecins.

Ils apprennent non comme une volonté ou une résolution, mais comme des caprices, à peine explicables. Seulement, chaque apprentissage est fait sans le moindre discernement. La quête sans but n'est pas même motivée par l'envie de s'élever, ni encore pour le plaisir qu'ils pourraient en tirer. Mais par ... rien. L'absurdité même. Ou la peur de l'ennui.

Par ailleurs, quelque chose m'a frappée dans ce conte. Les deux hommes vivent ensemble, et presque sans femmes. Une seule fois, ils traitent l'amour comme l'une de leurs disciplines, s'y essayent et s'en rependent bien vite, après une unique expérience ratée. Et j'ai songé logiquement que toutes ces quêtes vaines et non abouties, irréfléchies et stupides, n'étaient peut-être que compensations à la chasteté. Comme si leurs désirs étaient dénaturés, comme une quête de jouissance par d'autres biais que le corps et les femmes.

Alors... c'est une sorte de conte plutôt qu'un roman. Il n'y a pas d'intrigue réelle, pas de profondeur dans les personnages. J'ai tout de même longuement hésité sur la question. La longueur, sans doute, fait songer au roman.

L'écriture est concise. C'est bien écrit, pourtant. L'idée est effectivement pertinente. Ces caricatures ont quelque chose de savoureux et de drôle.

J'ai lu que Henry Miller aurait aimé l'écrire... et je me demande encore pourquoi, je dois le reconnaître. de même, Maupassant a applaudi cette oeuvre.

Alors, c'est probablement moi qui...

N'importe ! Devrais-je en dire du bien parce qu'il est convenu que c'est un Grand livre?

Comme tous les contes philosophiques, évidemment le message est intéressant. Pourtant, il y a des longueurs qui m'ont semblé impatientantes. Des accumulations pénibles, même si, je l'ai compris, c'est voulu. Une sorte de ... comique de répétition, mais qui m'a paru, à la longue, bien impatientant et j'ai eu envie, à plusieurs reprise, de dire: « c'est bon, on a compris le principe ».

Et, au fond, nous avons tous quelque chose de Bouvard et Pécuchet, à moindre échelle. Moi la première, je me suis essayée à la cuisine, à la pâtisserie, à diverses disciplines secondaires « pour voir », en glanant des conseils à droite, à gauche, en lisant des manuels, voire en prenant... des cours de couture! Et j'y ai à chaque fois renoncé bien vite. Ces choses n'étant pas pour moi. J'y ai perdu de l'intérêt très rapidement.

Je ne peux pas affirmer que j'ai détesté ce livre. Il pointe du doigt de manière pertinente et drôle l'imbécilité, la propension à se croire intelligent parce que riche d'un savoir, le manque de discernement, et cette idée qu'en étudiant tout en dilettante, on ne sait, au fond, à peu près rien.

Cela m'amène aussi à réfléchir à ce que l'on nomme « la culture générale », qui, au fond, ne vaut rien si aucun esprit critique ni aucune intelligence ne sait traiter les informations recueillies et savoirs appris.

Bouvard et Pécuchet est un conte intelligent et insolent. Pour autant, voici mon avis: il ne mérite pas les éloges unanimes dont il bénéficie. À mon avis. Il ne m'a rien appris, disons. Non pas qu'il soit mauvais, mais il fait l'objet de tant de compliments élogieux que ça me parait un peu surfait.

Et cette critique m'amène à une réflexion concernant les auteurs et oeuvres iques. A-t-on le droit, la légitimité de les critiquer sévèrement ? Malgré leur supposé génie ?

Je crois que oui. Un auteur qui accepte d'être publié ne se donne pas à lire à une élite qui écrit, ni à ses pairs en nombre restreint et choisi. Il livre son texte à tous lecteurs.

Et cet argument qui laisse supposer qu'on ne peut juger si l'on est incapable d'écrire aussi bien est à balayer également.

Personnellement, je ne sais pas faire le pain, mais je sais tout de même choisir ma boulangerie. Je sais où la baguette est bonne et où elle est trop cuite ou pas fraîche.

Évidemment, je ne parle pas d'art, mais d'artisanat. Pour autant, la conclusion est la même: nul besoin de « savoir faire aussi bien » pour juger d'une oeuvre.

L'expérience de lecture, je veux dire le fait d'être un lecteur attentif, exigeant, entrainé, pouvant comparer les oeuvres lues, pouvant les er en qualité, a le droit de prétendre que Flaubert (ou n'importe qui d'autre) l'a déçu.

Sinon, pourquoi lire? Il suffirait d'admettre comme tout le monde que c'est un génie de la littérature, que son oeuvre est grande, et s'épargner la peine de la lire.

De plus, aimer (faire semblant d'aimer) une oeuvre reconnue comme grande uniquement parce qu'elle est unanimement appréciée, c'est manquer cruellement d'individualité. C'est, au fond, ne plus avoir de jugement propre et se laisser influencer par l'opinion collective. Assumer le fait que je n'ai pas « tant » aimé (pas autant que je le « devrais »), et en donner les raisons argumentées, c'est prouver que j'ai jugé seule, et sans influence extérieure.





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Un roman inachevé qui gagne à ne pas avoir de fin, car c'est avec peine que j'arrive à me figurer comment il aurait pu s'arrêter.
J'ai, au début, été portée et très amusée par ces deux bonhommes qui essaient tout et ne réussissent rien. Mais très vite, j'ai trouvé cela brouillon, partant dans tous les sens et n'allant pas suffisamment au fond des choses.
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