Femme désirée, femme désirante

... d'avoir éprouvé, bébé, une relation de corps avec son père est important dans sa construction, car si la fille a été portée, changée et cajolée par un père, adulte, elle n'aura pas peur des hommes. D'avoir été prise sur les genoux et les bras de son père lui permettra de se lover sans crainte dans ceux d'un homme. D'avoir ressenti une relation de tendresse avec lui donne à la fille un "savoir cellulaire" de ce qu'est l'énergétique d'un homme.

Sauf quand il le fait pour s'endormir, un enfant ne se masturbe que s'il est angoissé ou s'il s'ennuie. L'éducation sexuelle de la toute petite fille, en pus des mots, a pour but de lui faire découvrir toute la mobilité et l'agilité de son corps qui lui permettront d'être bien dans sa peau de femme plus tard.

Il est stupide que les parents expliquent la sexualité, comme cela se fait encore trop souvent, d'une façon abstraite ou scientifique qui élude la question du plaisir; Cela exclut les sensations que l'enfant ressent dans son corps et les questions que celles-ci soulèvent en lui.

Aujourd'hui, il n'est pas encore intégré dans nos mœurs que la sexualité adulte se construise dans le corps à corps affectif que l'on a eu tout petit enfant, au cours des trois premières années de notre vie.

Les femmes de ma génération ne savaient pas que ce n'était pas la même chose d'être une mère et d'être une femme.

Aujourd'hui, les pères aussi donnent le biberon à leur enfant; De ce fait, ils partagent avec les mères la fonction nourricière. Ce comportement ancre chez l'enfant la fonction maternelle aussi bien par la mère que par le père, ce qui est tout à fait structurant pour l'enfant puisqu'il reçoit les empreintes affectives de ses deux parents. Il est cependant important de remarquer que certains hommes "papa poules" sont tellement aimantés par l'enfant qu'ils en perdent leur fonction d'hommes sexués. Le risque de "déféminisation" couru par les femmes. Dans les deux cas, le désir sexuel disparaît.

La parole vraie dégage toujours l'enfant de la problématique de sa mère.

S'il y a eu des difficultés d'allaitement, que la petite fille ait eu trop ou pas assez de lait, plus tard la jeune femme risquera d'être dans le rejet du pénis ou, au contraire, de n'en avoir jamais assez, et elle aura beson de prendre le pénis en elle comme pour se remplir, mais sans le désirer vraiment.

Le nom, lui, enracine la petite fille dans la filiation. Porter le nom du père est dans notre culture le seul témoignage que la père puisse faire à sa fille de l'avoir conçue avec un homme autre que ceux de ses lignées à elle. Mieux, comme cela est possible de nos jours, avoir le choix de porter le nom de son père et celui de sa mère inscrit qu'on est bien issu de deux lignées. Mais si rien n'est dit à la petite fille des origines parentales de la filiation et si elle ne porte que le nom de sa mère, elle peut se construire dans la croyance que sa mère l'a faite seule, qu'elle n'est que son prolongement, ce qui la contraint à rester emboitée en elle et à croire qu'il n'y a pas besoin d'homme pour reproduire la vie.

La petite-fille a également besoin de savoir qui, de son ère ou de sa mère, a choisi ce prénom, et si celui-ci est chargé de signifiants particuliers. Par exemple, avec Sylvie (si elle vit) ou Renée (re-née), il faut se demander si l'enfant n'a pas été conçue inconsciemment en remplacement d'un autre. La psychanalyse transgénérationnelle montre en effet que ces prénoms sont souvent donnés en souvenir d'un enfant mort qui l'a précédée dans sa fratrie ou dans les générations intérieures.