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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les fissures de l'aube - Témoignages poétiques - Alain Fleitour - Editions L'Harmattan - lu en février 2020 - Lecture papier et audio.

Alain Fleitour m'a fait l'honneur de m'envoyer son livre" Les fissures de l'aube", témoignages de vie sous forme de poèmes, accompagné du livre audio, avec une dédicace qui m'a beaucoup touchée. Un tout grand merci Alain. J'ai été complètement déconnectée du monde pendant l'écoute et la lecture de ce recueil divisé en 12 tranches de vie : Partir - Exister - Les couleurs - Découvrir - La main - Voyages - Silences - Cosmos - Différences - La guerre ou la paix - le blanc et le noir - Combattre.

12 tranches de vie divisées en poèmes, chacune d'elles débute par un haïku illustré par un idéogramme de Wenjue Zhuang, artiste chinoise enseignant la calligraphie.

La superbe couverture, oeuvre de l'auteur il faut le souligner, illustre à merveille le contenu du livre, Elle m'a fait penser à la tempête qui a traversé la Belgique ce week-end, un ciel mêlant la violence des éléments, l'éclaircie et l'accalmie. La vie en quelque sorte.

Comme Alain Fleitour l'écrit dans sa préface," il a voulu devenir le témoin de son temps, de son histoire, témoigner de ses émerveillements, de ses déchirures. Des témoignages de vie, de mort, de l'inéluctable à la renaissance."

C'est beau - C'est simple - C'est sombre et lumineux - C'est gai et triste - C'est le yin et le yang.
C'est un voyage dans ses souvenirs et ses rencontres.

Certains de ces poèmes sont un hommage à ceux et celles qui sont passés dans sa vie et qui resteront à jamais gravés dans son coeur.

Le livre audio est une merveille, la belle voix d'Emmanuel Jolivet et la musique de Bruno Cocset (qui a créé son propre ensemble baroque "Les Basses Réunies"), avec son violoncelle dont l'archet sait si bien vous arracher des larmes, sont un plaisir pour les oreilles.

Vous dire quel poème j'ai plus particulièrement apprécié m'est très difficile, mais je retiens malgré que tous m'ont plu, "Ils sont partis avant nous -
Tu viens - Prendre ta main.

Ils sont tous magnifiques.

J'espère que d'autres lecteurs vous découvriront dans" Les fissures de l'aube".

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J'aime devoir sortir mon dictionnaire (bernaches, pétole, ligule, merisier, sterne, houe, latérite) pour lire une oeuvre (je suis une métèque qui n'a de cesse de s'approprier la langue française) et j'aime surtout beaucoup la poésie. Ici, de la liberté prosodique, même si parfois les sonorités et les sororités lexicales engendrent de belles rimes.

Une couverture très originale qui est également l'oeuvre du poète (élève de Wenjue ZHUANG) d'après ce que j'ai compris : le titre de cette estampe est « La Vague ».

Avec les épigraphes, je fais la découverte, bienheureuse de Alain Borne (dont on trouve sur ce site quelques autres citations).

Il y a ensuite le moment très émouvant de la dédicace « à toutes mes familles » (suivi d'une liste de prénoms) à mettre en parallèle tout d'abord avec le poème « Ils sont partis, avant nous » (p. 16-17). Quel bel éloge aux morts !

Dans une judicieuse préface, le poète nous propose un fond sonore supplémentaire : « […] j'ai songé à faire accompagner ces textes par le violoncelle de Bruno Cocset […] » « À la fulgurance de l'interprétation de la pièce de musique “La Nascita del Violoncello” de Domenico Gabrieli d'une mélodie exceptionnelle se mêle la voix d'Emmanuel Jolivet libérant de mes textes une version épurée et fluide ».

Les différentes parties sont introduites par une belle calligraphie et par une sorte de haïkus (mon préféré c'est le coquelicot à la page 29).

Une poésie qui me semble très sensorielle et aussi très engagée, envers les proches, envers les aveugles (avec « Les fissures de l'aube » p. 79-80), avec la dénonciation des horreurs de la guerre (au Liban, en Syrie), envers la mer, envers la nature bienfaitrice (parfois cruelle : cf. « Ce soir sur BAAM » consacré au tremblement de terre du 26 Déc. 2003). Un lyrisme subtil et sobre. Une très belle découverte.
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Ces textes m'ont bouleversée.
Je n'imaginais pas que quelques mots choisis pouvaient suffire à dénoncer certaines absurdités humaines.

J'ai été très émue. Avec des mots simples, sincères, Alain Fleitour fait vibrer la VIE, le vide, ou la chaotique marche de monde. 
J'ai aimé cette écriture limpide, humaine, tendre et pudique. Nul besoin de fioritures pour exprimer des émotions.
 
Vous êtes prêts pour un beau voyage ?
Fermez les yeux et laissez votre âme vagabonder au gré des mots qui se posent sur les accords de violoncelle.
Vous frissonnez ? Laissez-vous aller.
C'est la magie de la poésie d'Alain Fleitour qui vous enveloppe.

« Avril, l'ivresse nous embaume,
la nature toute en fleurs
explose ses bourgeons, en éclats de couleurs,
les fruits, les bouquets s'étalent sur les marchés.
C'est la belle saison.
Sur Damas c'est le printemps
à l'ombre des bombardiers.
Dans les villages, c'est la belle saison des giboulées,
de bombes et de fracas.
Le vent porte la clameur des enfants qui se meurent
et les talus de braises des enfants qui se taisent,
les jeux pulvérisés, l'air et les peaux asséchés.
Alors viennent les mères, leurs sanglots étouffés
dans l'horreur du sarin, des bébés sont bercés
Au vent d'avril s'égouttent les pleurs d'enfants fanés,
On n'entend plus la clameur des enfants qui se meurent. »
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Elle vient de déposer ses pattes sur le clavier, elle veut participer ma petite féline, à l'écriture de ce billet… Sa douceur m'accompagne…. dans la lecture des fissures de l'aube.

Alain, merci pour ton écriture, ta sensibilité, que tu as déposées au travers de 37 poèmes qui se décomposent en 12 thèmes.L'auteur nous propose aussi la version audio, la tessiture de la voix est tout à fait adaptée à la lecture de poèmes en musique.

C'est donc avec beaucoup d'émotions que j'écris ces quelques mots. Merci d'avoir eu l'attention de déposer ce cadeau dans ma boite aux lettres. J'avais le coeur en fête….

Ton recueil est un petit bijou : le titre, sa première de couverture, la préface, les estampes, la quatrième de couverture.

Je ne te connais pas beaucoup, et encore moins ton parcours professionnel, mais lorsque je t'ai lu, je t'ai reconnu.

Cette cohérence entre les mots vécus et choisis résonnent tout au long de ce recueil. L'émotion vraie est palpable. La nostalgie, la mélancolie t'accompagnent, mais jamais avec outrance, tout est calibré.

J'ai pris le temps pour écrire ces quelques mots, car cela ne se lit pas comme un roman et ne se restitue pas n'importe comment.

Merci pour tous ces jolis mots si bien agencés, pour ce cadeau que tu nous fait.
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Lettre à mes amis, à vous lectrices et lecteurs.

Les textes qui jalonnent ce livre, témoignent, tous racontent un fait, une histoire, mais derrière l'auteur se cache parfois Moi-de-onze-ans, reprenant à mon compte le livre de Frank Venaille, et sa propre voix Moi-de-onze-ans, dont je ferai la chronique bientôt.

J'ai retrouvé la photo de Moi-de-onze-ans, et j'ai cherché à le retrouver et lui céder ma plume, le faire parler sur quelques textes .
Car Moi-de-onze-ans ne parlait plus, il s'était muré dans ses silences, muré dans un mutisme appelé timidité. Mais ce mutisme venait de son incapacité d'exprimer son chagrin, de pleurer. Je vois dans son regard une telle dureté, comme si derrière ses traits d'angelot, une carapace le protégeait, et disait je n'ai besoin de personne, la beauté des arbres, et de la forêt me suffisent.


C'est lui qui témoigne, de son père, de sa mère, de sa sœur, de sa famille, avec les mots à lui. Je voulais le faire renaître, avec ses émotions à lui. le premier texte c'est le sien écrit avec une naïveté d'enfant. Moi-de-onze-ans sait qu'il a basculé du bon côté, du côté de la vie, il l'a écrit sur les arbres dans son jardin de Sceaux, simplement. Pierre de Grauw est là, Claude James est là avec cette pension St Gab, sa soeur aînée est là, son frère aîné a pris sa place ; Moi-de-onze-ans a les yeux qui portent au loin, très loin déjà.


Le chapitre, les Silences a été écrit par Moi-de-onze-ans.


D'autres fracas viendront, d'autres abandons, puis d'autres lueurs, sa découverte de la montagne, l'enthousiasme paternel de Pierre Gillet, ses premiers amis, sa douceur irlandaise, la renaissance de son père mettant un terme à 10 ans de solitude, puis d'autres frères. Mais Moi-de-onze-ans, ne sais rien encore ni des écueils à franchir ni des pétales lancées par douze soleils, aux noms si doux.


Au cœur de mes écrits, il y aura toujours la neige car il neigeait ce 25 février 1955.

Le texte page 25, « Il Neige évoque la douleur des femmes aux ventres tissés de sang », c'est la douleur des femmes qui perdent leur enfant avant la naissance, mais les mots sont impuissants.

C'est mon interrogation sur le rôle de l'écriture poétique qui ouvre la nuit au jour. Une interrogation qui a aussi pour vocation de mettre à jour les failles. Les failles de notre existence et de nos systèmes trop bien huilés.


Qui sont les véritables aveugles? Ceux qui se croient sans failles, ceux qui ne savent plus se laisser émouvoir par la vie au delà de ses manques? Même ce qu'il y a de plus lisse, de plus pure, l'aube se découvre des fissures. La neige se tache de noir, la vie touche la mort, la mémoire se heurte à l'oubli et l'homme est confronté a une forme d‘acceptation, la résilience que le poème organise autour de nos vies.

Avec toute ma profonde gratitude pour votre amitié.
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Alain Fleitour, LES FISSURES DE L'AUBE
par Monique Charles-Pichon
26 octobre 2019

« Tu viens ? » Vous écrivez que ce sont là les « mots que j'ai les plus choyés » (page 12) et je me demande si ce ne sont pas les mots qui invitent à écrire, à lire, à être. Ils émeuvent, mettent en mouvement, comme s'ils portaient la trace de tous les autres secourables qui nous ont aidés à exister, nous ont encouragé à avancer à notre manière propre, à inventer et découvrir notre vie. Cette incitation est porteuse d'une énergie contagieuse et, d'une façon ou d'une autre, je dois l'entendre pour écrire ou pour entrer en résonance avec l'écrit d'un autre.

Au ciel sourd de l'aube
Les premières neiges
une neige
d'attentes cruelles au coeur des femmes
Aux ventres doux
tissés de sang

Puis virent des plumes étranges de duvet blanc
au nom d'enfants

Il neige dans ma mémoire, on l'appelait
flocon d'argent.(page 25)

Longtemps après avoir fermé votre livre, j'entendais dans le silence détimbré des temps de neige, résonner le tendre et enfantin « on l'appelait flocon d'argent ».
Je pensais aux mères et à leurs bébés ensemble privés de vie, enlevés à leur mari, à leurs enfants ; aux fissures de l'aube ;
aux vivants anonymes, tourbillonnants, vertigineux ; à ceux qui, disparus, ont pour nous un nom, un nom qu'on voudrait être pour eux une demeure et pour nous passerelle et viatique.

Lire des poèmes, c'est aller de rêves en rêves, habiter un instant un texte qui fait des vagues et fait naître des échos souvent insituables. On a souvent l'impression de caboter d'iles en iles, reliées entres elles par une géographie souterraine, un rhizome vivant. Chaque lecture innove, capte de nouvelles harmoniques.
C'est, dans votre recueil, l‘enfant endeuillé de mère et de soeur qui me fait signe, c'est « le chagrin des origines », (j'emprunte cette expression à Lorette Nobécourt,) qui scande ma lecture et ouvre son sillon.
Je m'arrête de nouveau dans ma lecture, vous trouvant enfant cherchant un toi(t) dans la neige.

La neige de notre enfance toute tachée de noir,
Se cherche un toit,
Une maison peut-être, un appentis
Tachée de suie

Et voilà que me parlent d'autres enfants

Ils ont 5,6, et 8 ans, ils partiront pour quelques mois.
Les chandails tout neufs qu'ils ont sur leurs épaules,
ne les réchauffent pas (page 16)

Voyez-vous, depuis que j'écris et que le poème s'impose à moi, je m'interroge sur l'écriture poétique. Je me demande ce qu'elle est, d'où elle sourd ; ce qu'elle empoigne (qui la saisit aussi !) ; ce qui peut la justifier alors qu'elle reste hermétique et étrangère à trop de lecteurs ; à quelles aunes mesurer sa portée, ses ratées et ses aboutissements ? Je n'ai pas la réponse à ces questions, j'avance en lisant et en écrivant, tachant de clarifier des repères, une poétique interrogative, vouée à l'inquiétude et au provisoire. J'ai abordé votre recueil avec ce fond de questions permanentes. Et voilà qu'un texte semble m'indiquer une direction. Dans le poème auquel je fais allusion, vous évoquez votre long mutisme d'enfant que vous reliez au décès de votre mère (Je crois que vous aviez 6 ans lorsque surviennent, proches l'un de l'autre, des répliques, le décès de votre mère et celui de votre soeur, deuils environnés par une série de disparitions groupées dans les années 51-55). Puis vient ce passage, qui m'arrête longuement.

Peut être que demain les mots
Couleront de ma propre main
Et raconteront cette traversée
Que caressera un jour la robe rouge fané de ma mère.
Un conte, un chemin que je tracerai pour lui parler
comme si elle même me racontait mes premiers pas
rentrer dans son intimité sans la dérouter.(page 62)

Ce texte est-il poème ? Journal ? Notations ? Il est un entre deux, une passerelle, peut-être un fragment de poétique en émergence. Il me touche car je crois qu'une part de l'écriture cherche la trace de ce qui a su nous consoler et nous ravir, et qui nous manque. Qu'on ne sait pas vraiment qui parle dans un poème. Qu'il est comme décentré, parole pour l'autre, pour le faire revenir, venir. Incantation.
Parole pour nous faire advenir. Incarnation.
Trouver comment l'autre (qui nous a consolé et ravi et nous manque), nous raconterait le monde et nos premiers pas dans le monde ;
Trouver l'écriture qui aurait la vertu de faire entendre la parole de l'autre et des commencements ; L'écriture poétique est sans doute sur cette trace là, dans cette quête.


« Un conte, un chemin que je tracerai pour lui parler
comme si elle même me racontait mes premiers pas
rentrer dans son intimité sans la dérouter. »

Ces notations sont des cairns sur le chemin. Et la dernière « rentrer dans son intimité sans la dérouter » va droit au coeur. Elle me parle du tact qu'il faut pour ne pas effaroucher la lumière, les disparus ; pour ne pas faire effacer les traces de leur présence. Elle me parle de grâce et d'empreinte d'oiseaux.
Je retrouve votre délicatesse pour aborder la fragilité des êtres dans l'évocation que vous faite de Jeanne, de sa présence vacillante et de sa disparition.
« Les mots feutrés de ses mains
Ne résonnaient plus » (page 56)

Vous évoquez votre ami résistant jusqu'au bout à la maladie de Charcot, communiquant par le regard et le doigt qui bouge sur l'écran, s'évadant de sa prison corporelle par la mémoire et ses voyages, la mer et les chemins de Compostelle. Je ne veux pas quitter votre ami sans citer le nom de Charlotte Gayot. J'ai sur la table ses deux recueils, le premier, une vie quand s'invite la maladie de Charcot, le second En sables mouvants, les deux ayant pour sous titre, Dérision et poésies. Ecrire a fait partie de sa résistance, mais aussi être présente et concernée par les autres et le cours du monde, jusqu'au bout.

Ils ont été confrontés l'un et l'autre à des limitations difficilement appréhendables, indicibles, mais en même temps, ils ne sont pas solitaires. Ils incarnent, dans des circonstances extrêmes et cruelles qui existent pourtant à foison sous des figures multiples, cet Exister Encore (page 34). Je découvre l'énergie de cet Exister dans bien des pages de votre recueil. Il est appétit généreux pour empoigner le monde, plaisir pris aux risques et à l'exploit sportif. Il est vitalité, goût des mers, des montagnes et des volcans ; recherche de l'indompté, lyrisme de l'incarnation. Mais aussi courage et parti pris que la tendresse colore et oriente.

Les haïkus ouvrant les douze parties de votre recueil condensent cette présence sensorielle et sensible au monde. L'écriture devient calligraphie, capte le mouvement d'une présence, vise un essentiel, le moment d'une rencontre sur fond de silence.
Une branche de prunier
Un bouton éclos
L'oiseau bleu (page 24)

Votre écriture dans ce recueil suit des pistes multiples, va où on lui fait signe et semble une présence chaleureuse et spontanée. D'où sans doute ces notes de lecture en forme de correspondance à un ami.

Publiée avec l'aimable autorisation de Mme par Monique Charles-Pichon
son auteure, et son Blog
http://mespasserelles.fr/spip.php?article28
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Une très belle découverte, celle d'une oeuvre complète se déclinant en un écrit, une lecture audio de textes poétiques par le comédien Emmanuel Delivet dont la voix est enveloppée par un mélodieux son de violoncelle, et de son auteur. Un homme d'exception, Alain Fleitour amoureux de la vie. Son parcours est varié, il touche à divers domaines. Sa richesse se loge encore ailleurs, pour ce que je puis en dire, dans sa sensibilité, son humanité, sa générosité, liste non exhaustive car tant de facettes se devinent entre les vers de son recueil.
Cet ouvrage est structuré en douze thèmes témoignant simplement de la vie, de l'enfance marquée par le manque des parents, de souvenirs, de voyages et aussi l'espoir d'une vie meilleure, de combats pour une cause humaine.
Petit livret bleu au charme sobre, il se glisse partout. Chaque chapitre est illustré d'un dessin asiatique et une petite citation nous invite à nous arrêter un instant, à respirer, à méditer et puis en tournant la page on plonge dans de magnifiques poèmes.
La couverture bleue représente pour moi la mer, le ciel, la tourmente mais aussi le calme et la paix.
Le titre m'en dit long lui aussi. L'aube représente la renaissance, le commencement, le réveil de la nature, la page blanche où tout est possible. Cette aube si emplie d'espoir comporte des fissures, celles du genre humain, de la nature parfois cruelle comme souvent relatée dans les romans de Jean Giono.
Je lis peu de poésie et là, je suis complètement envoutée par ces phrases où je me retrouve souvent où l'émotion est présente.
Devant certains poèmes, je me sens spectatrice de témoignages, devant d'autres je me sens intimement concernée avec l'impression que l'écrit m'est adressé.
La richesse de la poésie réside selon moi dans un partage entre l'intention de l'auteur et ce que le lecteur en fait, ce que cela éveille en lui.
Je voudrais remercier Alain Fleitour pour sa gentillesse, sa générosité, une belle rencontre !
Au-delà de cela, ses textes respirent la vie, le coeur, l'amour de la famille et nous offrent de bons moments de réflexion.
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Présenté ce dernier vendredi du mois de mai aux invités des Viviers de Banastère, "Les Fissures de l'Aube", le dernier livre d'Alain Fleitour est l'une de mes belles découvertes.


J'ai pu le savourer en écoutant le livret audio, enchanteur et parfois envoûtant. Accompagné de la Nascita del Violoncello, partition baroque d'une pure beauté, sous la fièvre de l'archet de Bruno Cocset et la voix d'Emmanuel Delivet, le charme agit tout du long de la lecture malgré les thèmes souvent sombres.


Des textes comme "Tu viens des sables" référence au lieu de naissance de son épouse, ou "j'apprenais ses mains" qui raconte la maladie d’Alzheimer de Madeleine sont des narrations bouleversantes. D'autres textes comme "Calligraphie" peuvent paraître au contraire obscurs ou complexes comme ce renard au pelage brun qui se déplace d'une manière inquiétante sur la neige...


A cette soirée, un personnage est venu bousculer le programme fragilisé par l'absence involontaire d’Emmanuel Delivet. Proposant une lecture "a capella", il nous a démontré la pertinence de ce choix, sa prestation au pied levé du texte, "le fol espoir", fut époustouflante !


Alain Fleitour lui demanda son nom: Erik krüger avoua t-il ! "Le" Erik Krüger, comédien, metteur en scène, le magicien des Créneaux de Suscinio, les spectacles en nocturne et en plein air, hélas disparus!!!!
Sa voix puissante a transporté les personnes présentes, et quand il a lu "Les mains de Pierre", ils ont vu Job tout de bois vêtu, se réveiller et fixer Pierre de Grauw, le sculpteur. Par la magie des mots, la sculpture était devenue vivante.


Les textes sur le Moyen Orient et celui, "La Guerre ou La Paix" ont donné un sens biblique à cette lecture et à ce livre. Oui, la paix, c'est aux hommes de la faire, Dieu n'a aucun pouvoir, il ne prend jamais parti!
Le dernier texte lu, "les violons de l'espoir" imprima une note plus optimiste malgré les ténèbres, dans la lignée des écrits de Camus. l'espoir comme vertu !


La mort de Bobby Sand devient l'acte le plus sublime telle sacrifice d'une vie pour la dignité d' un peuple et l'avenir d'une nation. à tous ses frères, dans les larmes...
La fin du recueil n'est il pas rédigé avec ces mots, comme des pas d'espérance, "avant que les tombes ne refleurissent"


De si beaux textes sont à lire, écouter, pour retrouver toutes les nuances de la vie que le parcours si étrange d'Alain Fleitour, a su emprunter.
A consommer sans modération...


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Lecteur de BD et peu de romans et plus rarement de poésie, je suis tombé à la renverse, quand un ami du nom de David Arhuis m'a fait écouter la guerre ou la paix, texte de Alain Fleitour. ( David a fait le mixage, d'une bande son, sur une musique baroque au violoncelle, son nom figure à la fin du livre « les fissures de l'Aube, c'est un professionnel du son )

Nous parlions technique, mixage voix et musique, on testait ses logiciels. Il a téléchargé une appli que j'utilise aussi et dans la foulée il prend un des fichiers, classé « les Fissures de l'aube », la bande parole, est la voix d'Emmanuel Delivet.
Après une longue écoute, et passé la qualité de l'interprétation le résultat technique est Nickel. A partir d'un truc enregistré à Rennes assez moyen, le face à face, avant puis après les modifs, est renversant, au final, un bijou.
Un travail de pro, une diction fluide sans un bruit de fond, une bande propre.

Ensuite on passe au mixage, nouvelle surprise, la bande son suit la totalité des textes. Une harmonie s'installe tel un grand corps malade qui revit, les pauses créent de longues méditations, où la musique de la naissance du violoncelle jouée par Bruno Cocset, un grand professionnel porte la voix, la soutient.

Le truc n'est pas fini, car sur le dernier texte, un nouvel instrument prend son envol, une Viole de Gambe vous déchire les tripes. Bobby Sands le dissident Irlandais meurt après 66 jours de grève contre la faim. Dans le texte de Fleitour un violoniste prend son archet et joue la ballade Irlandaise the Foggy Dew aussi célèbre que le déserteur de Boris Vian.
Là dans l'enregistrement c'est l'archet de Brono Cocset, qui élève sa plainte dans la nuit pour nous suivre jusqu'à la fin de la nouvelle.

Fantastique pour un fan de musique, c'est le top, l'intrusion d'une 2 ème partition pour amplifier le message, percute.

Tout cela pour prendre la plume d'un canard et déposer une gerbe en l'honneur de Mr Alain Fleitour.

J'ai retenu ;

La guerre élimine les vivants sans effacer les morts
Les morts auront la paix les vivants le remords
La guerre couve encore la haine est rancunière
La paix s'enfonce encore un peu plus dans l'ornière
La guerre ? Vous n'avez plus que cela à nous dire !
Foutez-nous la Paix !

C'est le texte préféré de David.
Ensuite la colère noire, et là, c'est mon préféré,
avec ;
Ils ont tiré à blanc ils ont dit qu'il était noir.
Le noir n'est pas rouge,
mais noir de colère,
un cri, une douleur,
un hurlement primal devant le corps inanimé
de son ami Prince Jones.

L'homme a peur
il est blanc comme un linge,
Il est noir la peur au ventre.

C'est simple concis comme enveloppé comme pour une bulle, simplement juste. Bravo l'artiste.
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On ne lit pas d'un trait un livre de poésie. La poésie, ça se déguste. C'est l'expérience que j'ai vécue avec le recueil « Les fissures de l'aube » d'Alain Fleitour. J'ai lu chaque jour un poème. Et je recommande, pour en profiter pleinement, de les écouter dans la version audio. Chaque mot, délivré par la diction sensible d'Emmanuel Delivet, résonne et met en valeur la force des textes du poète. Qui plus est, le violoncelle de Bruno Cocset, vient sous-tendre de sa voix grave et lyrique, les propos de l'auteur.
Alain Fleitour aime la vie, la nature, les humains. Et pour cette raison, il est meurtri par tout ce qui blesse la vie. Ses poèmes mélangent avec des mots simples l'émerveillement et la révolte. Au détour d'un ciel sombre, jaillit souvent un éclair de lumière. La disparition des êtres chers s'accompagne d'un lourd silence et peut-être d'une indicible présence. Et je comprends bien qu'il ait posé à l'entrée de ces témoignages poétiques ces mots d'Albert Camus : « au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible ».
Le ciel, la mer, le désert, les saisons sont souvent en arrière-plan de ses poèmes. Mais les ciels peuvent être « chauffés à blanc… trop bleus trop durs », ou « offrir des scintillements verts et bleus, des taches mouillées, de rose à l'horizon ».
La mer « fantomatique » offre « ses gris aux mille nuances de solitude, un gris de peine aux jus noircis d'angoisses » ou raconte « un enfer flamboyant de verts orangés, des rouges brulés, des jaunes meurtris de bleus ».
Le noir et le blanc mêlé.
Ces poèmes expriment aussi sa tendresse pour ceux qui lui sont chers. Les mains attirent tout particulièrement son regard, « les mains tannées » de Pierre le sculpteur, « les mains si frêles » de Madeleine, celles aussi qu'il a demandé « et dont le rire l'a retenu ». Et puis les yeux, ceux châtaigne d'Isham, les prunelles sépias de Zuhan, les pupilles hortensias de Marien et leurs mains encore « qui lancent des pétales de rires ».
Plus vive est, dès lors la blessure que provoque la mort de l'enfance innocente (Lune de sang Beyrouth 1982) ou de Bobby Sands sous l'inflexibilité de Margaret Thatcher (Les violons de l'espoir). C'est ce qui lui inspire ce texte si percutant sur la guerre et la paix. Il est heurté aussi par les tragiques accidents de la vie qu'il évoque avec un mélange de force et de pudeur (Ce soir sur Baam, Ouessant, La Roche Ecrite). Plus vive enfin est aussi la douleur de l'absence, mais aussi celle des silences « qui finissent par devenir bien plus qu'un silence, une ombre » (Le silence de mon père).
Je me suis dit, à la lecture de ces témoignages poétiques, que j'aurais aimé être capable de réagir, avec la même sincérité et la même simplicité, à la beauté et à la dureté, toutes deux mêlées, de la vie.
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