Autrefois — il y en a qui le font encore —, on compensait le temps à perdre avec des collections de timbres. On luttait avec des mots croisés, des jeux de patience… Pour des mains habiles, le tricot s’imposait. En plus de distraire, l’activité laissait du concret, voire de l’agréable, une tuque, des mitaines, un dessus de table brodé. Ainsi se développait la micro-économie de nos foyers sans aucune influence sur les indices boursiers. Des répétitions capables de réduire la durée en paquets de bonheurs simples. Chez ceux aux prises avec l’ennui d’être seul, rien n’égalait le casse-tête à neuf cent quatre-vingt-dix-neuf pièces. Un remontant assuré pour un manque existentiel passager. Un indéfinissable désir… Le souffle du grand large, la mer démontée, recréée à l’infini.
Aujourd’hui, nous déballons des millions de jeux sur nos mobiles. Nous pouvons dépenser le temps n’importe où.
Nous oublions les instants qui n’achèvent jamais de mourir.