Les humains traversaient l’histoire avec une nonchalance croissante ; l’excès d’informations en toute chose aboutissait à une diminution sidérante de la capacité à s’enthousiasmer. C’était frappant avec les enfants ; ils considéraient comme acquis de voir un dessin animé, ils l’accueillaient souvent de manière blasée ; et, plus encore, ils pouvaient passer à autre chose en pleine histoire, sans sacraliser le moment. Avant, les enfants attendaient un dessin animé toute la journée avant de ressentir une intensité inouïe au moment où il était diffusé à la télévision. La disponibilité permanente de toute chose avait donc conduit à une baisse de la libido curieuse. Alors on repérait les passionnés, ici ou là, comme des chevaliers d’un autre temps.
Mathilde enchaîna trois whiskies sans même se sentir étourdie. Avant, deux coupes de champagne suffisaient à la faire tituber. La souffrance condamne à la lucidité. Il est de plus en plus difficile de s'échapper de soi.
« Chaque sentiment profond se transforme , tôt ou tard, en douleur . »
L’amour passionnel vous pousse à emmitoufler le moindre de vos gestes, à anticiper de manière excessive les réactions de l’autre, à vous perdre finalement dans le dédale de l’anarchie du cœur.
Quand vous souffrez, tout le monde vous considère comme un produit explosif. Vos interlocuteurs s’approchent de vous en espérant que le fil rouge et le fil bleu qui sont en vous ne vont pas leur faire exploser une bombe au visage.
Quand on vivait une période difficile, elle pouvait durer toute une vie. Ou alors, avoir des conséquences sur toute la suite de sa vie.
Elle pouvait aller à pied jusqu’au siège de la Web TV où travaillait Iris. C’était « rue de la Fidélité » dans le Xe arrondissement de Paris ; il n’y avait donc jamais de temps mort à l’ironie. Sans cesse, la vie se moquait de nous, comme si le malheur des humains était un divertissement cosmique.
Une rupture est toujours encombrée par le flou, les non-dits accumulés, et souvent des mensonges énoncés pour ne pas blesser.
Mathilde eut le sentiment de reconnaître cet homme, qu’elle ne le rencontrait pas pour la première fois, mais qu’il existait déjà en elle, comme une sorte de prémonition amoureuse.
La naissance de Lili avait donc donné l'occasion pour les deux sœurs de se fréquenter un peu plus ; mais leur manque d'affinités ne s'était pas réduit pour autant. Finalement, le fait d'être sœurs était l'unique slogan de leur union.