Je suis une sur deux

« Je vais me permettre de te tutoyer, tu ne m'en veux pas? On ne se connait pas, c'est vrai. Mais vu ce qu'il vient de t'arriver, je crois qu'on a quelques points communs. (…)
Alors on va faire un truc, si tu veux bien : je t'écris maintenant, et toi, tu me lis quand tu veux.
D'ailleurs, c'est peut-être par là que je devrais commencer : sens-toi libre de tout, tout le temps, et surtout de refuser.
Ton « non » est un droit élémentaire.
Au-delà de respectable, il est inaliénable.
Même si on vient de te piétiner.
Alors, par exemple, tu peux dire « Non, Giulia, je ne te lirai pas, pas tout de suite, et peut-être même jamais. »
Mais je vais juste poser ça là. »

Un viol arrive toutes les 7 minutes en France.
Giulia dit avoir eu le « bon viol », celui avec le Loup-Garou sorti de nulle part.
En effet, neuf fois sur dix, les victimes connaissent celui qui les viole.
Elle n'a pas eu la décence minimale de porter encore « des traces de sperme et de sang » au moment où elle s'est présentée face à la police. Grosse erreur, elle l'apprendra plus tard.
Sous prétexte que son agresseur payait ses impôts correctement, était un père de famille, entraînait l'équipe des minimes, il ne pouvait pas être un violeur.
« Réussir à prononcer les mots mêmes « J'ai été violée. » c'est comme gravir l'Everest, à l'intérieur de soi.
Lorsque son violeur a été acquitté, ce fût une gifle monumentale pour elle ainsi que sa famille qui était présente ce jour là.
Il y a eu un avant dans la vie de Giulia Foïs, il y aura un après, rien n'est plus sûr.
Aujourd'hui encore, moins de 2% des viols débouchent sur une condamnation. 98 fois sur 100, les violeurs s'en sortent libres.
10% des victimes seulement portent plainte, et 73% de ces plaintes seront classées sans suite.
Le temps a beau passer, on n'oublie rien. L'âme sait ce qu'elle a morflé.

Emouvant, Giullia Foïs se met à nue dans « Je suis une sur deux ».

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Un récit vibrant de vérité, d'émotion, de souffrance et de reconstruction. Giulia Foïs parle du viol qu'elle a subit et du procès...qu'elle a subit. Elle revient aussi sur #Metoo et #Balancetonporc où elle occupe une place de pionnière. Elle s'adresse enfin à toutes les personnes victimes de viol pour les aider à relever la tête et à lutter. Son écriture nous accroche sans jamais nous relâcher. On en ressort le souffle coupé.

Giulia Fois nous prévient sur la quatrième de couverture et avec cette citation tirée du récit "J'ai eu de la chance, j'ai eu le bon viol."
C'est donc en pleine conscience de ce que j'allais y trouver que je me suis lancée dans la lecture de ce livre.
Et même si je m'y attendais, le choc a été violent : elle y décrit l'immondice de ce qu'elle a vécu et de ce que d'autres femmes vivent partout dans le monde.

Avec une plume vive et tranchante, Giulia raconte l'horreur du crime, le combat avec la justice, l'acquittement de son violeur, la négation de son statut de victime, mais aussi la force avec laquelle elle s'est reconstruite en repoussant les remarques indécentes, l'importance de son entourage bienveillant, son engagement dans le combat féministe et toute l'énergie et le courage qu'elle y consacre.

Un récit difficile à lâcher une fois commencé, qui je l'espère pourra aider toutes celles qui sont « une sur deux » et pousser le reste du monde à ouvrir les oreilles et enfin évoluer.

Giulia Foïs ne pardonne pas, définit les contours de ce qu'est une victime de viol, s'adresse à ceux qui ont pour réflexe premier de demander "comment tu t'es démerdée ?" au lieu d'accueillir avec empathie la parole de la victime. Dans une langue claire, actuelle et rythmée, elle pose aussi d'excellentes questions. Et ce sont ces questions-là qu'on devrait se poser, au lieu de foncer comme des taureaux aveugles vers la culpabilisation de la victime (ce que les victimes font aussi, hein, parce qu'on est dressées pour) : "Mais pourquoi vous est-il si compliqué d'accueillir la parole d'une victime ?"
Comme une réponse ou un ajout à ce qu'en dit Virginie Despentes (que "son viol" est fondateur, qu'il est ce qui la défigure et ce qui la constitue) : "Le même viol aurait certainement produit d'autres effets sur une autre que moi. Alors au fond, qu'est-ce que je lui dois, moi ?" Et je finirai sur l'importance de ceux qui sont au côté des victimes, les bienveillants, les empathiques, ceux qui savent se taire et celles qui savent quoi faire. Si vous avez été violées, faites ce que vous voulez, mais sinon : lisez-le.

Ce récit, il est resté un petit moment dans ma pile à lire sans que je n'ai ni l'envie ni le courage de l'entamer. J'avais peur du glauque, de détails pervers qui me feraient perdre foi dans l'humain, peur aussi de déterrer des moments qu'en tant que femme on préfère toutes oublier. Ce livre, je l'ai dévoré. Une renaissance. Une invitation à ne plus avoir peur et presque une injonction à parler. Parler pour qu'en France cesse cette réalité accablante : dans une vie, une femme sur deux sera victime. Pas seulement de viol, mais d'harcèlement, de main aux fesses non désirée, de remarques franchement déplacées, d' « arrête de toujours exagérer, il cherchait juste à te séduire. » Merci d'avoir pris la plume et de nous inviter tout en douceur et avec beaucoup de retenue à continuer, ensemble, le combat. A mettre dans toutes les mains de nos soeurs et amies mais surtout de nos frères et copains. Coup de ❤️

Je n'ai même pas les mots quand à mon ressenti sur ce livre.
Les mots sont francs, des les premières lignes.
Pas de détours, de honte, tout est dit et c'est parfait.
Elle nous parle beaucoup directement, nous incluant dans sa discussion et c'est quelque chose qui fait extrêmement du bien comme beaucoup de mal.
On est vite remué en ayant lu ce livre.
Elle raconte son viol en effet, mais elle parle aussi de statistiques, de la vision que les gens ont, des manifs à présent etc...
c'est une oeuvre que je ne regrette absolument pas d'avoir acheté et un des livres que j'ai préféré lire de ma vie.