Le parfum, l'embaumeur, le valet de
Sade, et dernièrement le roi n'avait pas rit, je suis très attirée par ce genre d'ouvrages qui vous plonge dans une noirceur qui, bien que réelle, peut vous sembler totalement ésotérique. A travers une discussion sur cette "passion" avec mon libraire c'est cet ouvrage qu'il m'a proposé pour poursuivre cette aventure et je dois dire que j'ai été totalement subjuguée. L'ouvrage de Folco a répondu à toutes mes attentes.
Folco nous sert ici l'histoire d'une dynastie de bourreaux, les Pibrac. Cette dynastie débute au 17ième siècle avec Justinien Trouvé [enfant abandonné et affublé d'un nez arraché] enjôlé et éligible aux galères et ce pour une injuste accusation de vol. Des galères il n'en sera pas question, alors qu'un nourrisson et sa nourrice ont été sauvagement assassinés par un cuisinier , ce dernier est condamné à mort. Mais voilà, de bourreau il n'y en a pas et c'est notre Justinien qui à défaut d'être enrôlé dans les galères va s'enrôler dans ce rôle d'exécuteur de la justice des hommes, qui à cette époque est surtout celle de Dieu. Trouvé devient alors Pibrac. Et nous voilà parti pour la première moitié de cet ouvrage. Folco décrit alors comment la fonction de bourreau est une véritable entreprise et surtout à quel point il s'agit d'une fonction suscitant la peur mais aussi quelque part le rejet, le dégoût par la population qui pourtant se rue sur les exécutions, encore publiques, et montre une cruauté hors norme. Folco nous sensibilise aussi sur comment la violence de l'exécution se doit toutefois aussi de respecter la dignité humaine, un difficile mélange incombant au bourreau, jugé sur cette aptitude par la population. La lecture de ces pages nous renvoie aux questionnements sur la peine de mort oscillant entre esprit de vengeance et raison. le sentiment qu'il me reste sur la lecture de ces pages, un sentiment renforcé par la mise à l'écart physique du bourreau que ce soit par sa localisation géographique au sein de la cité ou encore son stigmate vestimentaire, est un désir de peine capitale non assumé par le peuple.
La seconde partie de l'ouvrage nous amène directement au siècle dernier. Une partie que j'ai trouvé moins riche mais qui montre l'état de dissension entre les membres de la dynastie deux siècles plus tard. Alors que certains demeurent attachés à héritage donc ils ont perdu la charge, d'autres veulent se défaire de ce passé qu'ils considèrent comme un lourd passif.
C'est un 5 étoiles pour ma part. Une plongée dans la noirceur et ce notamment parce que le verbe de Folco nous plonge totalement dans cette dynastie.
J'ai couru voir mon libraire et il m'a bien sûr conseillé la quadrilogie de Folco dont le premier tome est :
Un loup est un loup.