J'ai beaucoup de sympathie pour les anti-héros, ils sont remplis de belgitude.
Jean-Luc Fonck en est un, c'est un anti-artiste, aurais-je envie de dire, un ardennais de souche qui parle avec un accent bruxellois. Au départ, c'est un amuseur déjanté, meneur du groupe Sttellla. Je suis allé le voir en concert, il y a bien longtemps et j'en garde un excellent souvenir de rire, de bonne humeur, de détente bon enfant. L'idéal pour se vider la tête ! Pour les Français (d'un certain âge) qui ne le connaîtraient pas, je me risquerais à dire qu'il est à la musique ce que Garcimore était à la magie.
En 2003, il publie ses premières nouvelles. Il aurait déclaré: « Je ne sais pas chanter. Avant que les gens ne s'en rendent compte, je vais me recycler dans un autre truc que je ne sais pas faire, écrire ». Il a ainsi publié «
Histoires à délire debout », «
Nouvelles histoires à délire debout » et «
Prochaines histoires à délire debout », pour continuer avec des romans et d'autres recueils de nouvelles.
Je découvre la prose de Jean-Luc avec ces «
Prochaines histoires à délire debout », dont la couverture avait accroché mon regard dans l'étal d'un bouquiniste. J'étais curieux, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Je craignais d'être saturé de calembours débiles, comme ceux dont ses chansons sont remplies (« Faisez la mouche pas la guêpe », « Nagasaki ne profite jamais », etc.). Mais non, c'est beaucoup mieux que ça ! J'ai trouvé un côté poétique, voire même attendrissant, dans les quatre textes décalés qui constituent ce recueil. On en rit comme on rit d'un rêve ou des personnages sont placés dans des situations loufoques, où des petits animaux se transforment en des sortes d'humains, où des voitures parlent, où un dormeur rêve qu'il rêve et ne sait plus où se terminent ses songes et où commence la réalité.
Jean-Luc Fonck joue avec les mots, mais sans saouler ses lecteurs. Plus exactement, il a eu la bonne idée de canaliser son irrésistible manie en plaçant les pires calembours en légende des petites photos qui illustrent le livre. Compromis à la belge, dirons-nous.
Certes, ce n'est pas de la grande littérature. Mais elle m'a donné le plaisir que donnent les choses simples, au sens noble du terme. Un petit bol de fraîcheur et de belgitude surréaliste. Un livre que je vous recommanderais volontiers si les Parisiens vous irritent.