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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
2000-2001. Lou est dans un hôpital psychiatrique. Elle ne sait pas comment ni pourquoi elle est arrivée là, n'a plus aucun souvenir. Cinq ans plus tôt, Louiza est photographe au Vietnam. Elle tombe follement et obsessionnellement, passionnellement amoureuse de Nils, un jeune énarque qui vient d'être nommé à l'ambassade de France à Hanoï. ● « Quand j'étais petite, je voulais vivre dans un tableau de Chagall, barbouillée de couleurs au milieu des chevaux ailés, des soleils bleus et des musiciens acrobates… je crois qu'au fond c'est toujours le cas. » ● Ce roman a d'indéniables qualités de style qui expliquent sans doute la très bonne moyenne qu'il affiche sur Babelio. Pourtant, à aucun moment je ne suis entré dedans. Je n'ai pas aimé son côté trop poétique, son lyrisme, ses longues descriptions. ● le va-et-vient entre les deux époques m'a semblé un peu artificiel. Même s'il ne joue pas vraiment là-dessus, le roman ne met pas en place une tension narrative suffisante ; le lien entre les deux époques paraît évident dès le départ. ● L'univers de l'hôpital psychiatrique m'a plus intéressé que celui du Vietnam ; il faut dire que j'apprécie souvent les romans qui s'y passent, mais ici la joliesse du style ouate excessivement les violences institutionnelles exercées contre Lou. Il y a cependant de bon passages, comme : « Beaucoup de fous, d'angoissés, de bipolaires, de mélancoliques, ne sont « fous » que parce qu'ils égratignent l'ordre social, parce qu'ils ont jeté le masque en refusant de se vautrer avec les autres dans un divertissement dont ils voient toute la vanité, parce qu'ils savent qu'on les emmène à l'abattoir et refusent de tourner la tête. On qualifie de folie cette sagesse des clairvoyants qui voient la vérité crue d'un néant existentiel. Comment exiger de ces fous plus de force, plus de sagesse que d'un Cicéron ou d'un Sénèque qui admettaient la nécessité thérapeutique de la diversion de l'âme ? Pour les empêcher de résoudre cette angoisse existentielle par un inévitable « passage à l'acte », on dégaine antidépresseurs, anxiolytiques, psychotropes et autres camisoles chimiques. Les médicaments anéantissent les montagnes russes et la valse des émotions : plus de gouffres obscurs ni de sommets exaltés, plus de gloire céleste ni de ténèbres benthiques, plus d'escarpements, plus de vagues, juste la morne plaine de l'ennui, de l'engourdissement silencieux, de l'hébétude d'une vie étouffée dans une ouate incolore. En supprimant l'envie de mourir, ils éradiquent aussi le désir de vivre. » ● Enfin, je crois que l'édition Kindle est erronée, car l'Addendum, les remerciements et l'achevé d'imprimer sont insérés à 77 % de l'ouvrage, et l'histoire se poursuit après. Il y a aussi une numérotation bizarre des chapitres, qui dans la table des matières paraissent tous être en double. Les appels de notes ne renvoient à aucune note. du coup, je me suis demandé si les chapitres figuraient dans le bon ordre. C'est la première fois que je suis confronté à de tels dysfonctionnements sur liseuse.
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Années 2000-2001 : Louiza, photographie des populations ethniquement isolées au Vietnam quand elle rencontre Nils, jeune attaché d'ambassade. Un coup de coeur réciproque.
Années 2005-2006 : Lou est internée en HP. Abrutie de médicaments, sans aucune activité, elle ne se souvient pas de ce qui l'a conduite là, se heurte à sa mémoire.
Très vite les similitudes entre les deux prénoms : Louiza-Lou (n'est-ce pas le diminutif de Louiza ?) nous conduit à rapprocher les deux personnages.
Cependant qu'y a-t-il de commun entre Louiza, cette femme gaie, indépendante et Lou, cette femme brisée, qui a subi un tel traumatisme qu'elle en a perdu jusqu'au souvenir ?
On pressent que tout tourne du jeune et beau Nils. Avec l'arrogance, l'égoïsme de sa jeunesse il prend l'amour que Louiza lui offre comme un dû. Alors que pour Louiza c'est très vite la passion qui l'emporte au point de lui faire perdre toute légèreté.
Quant à Lou, et c'est sans doute ce qui m'a le plus intéressé dans ce roman, elle lutte, lutte contre le poids du confinement entre quatre murs, contre l'enfermement chimique qu'on lui impose, contre l'emprisonnement de la contention quand elle ne peut plus supporter le désoeuvrement imposé, l'hébétude provoquée par les traitements…
L'évocation des conditions d'internement en HP est criant de vérité : assommer de médicaments, contenir les violences par la force, livrer les malades à l'ennui d'une inactivité totale, déshumaniser en ne respectant pas le minimum de dignité des personnes, tout ça pour pallier au manque de personnel et la souffrance est grande tant pour les patients que pour les soignants.
Et Chagall dans tout ça ? Chagall est bien là, mais en filigrane seulement, notamment par l'évocation de certains tableaux auxquels Louiza se réfère, notamment par le bleu de Chagall qui évoque irrésistiblement pour elle l'amour qu'elle porte à son éphèbe.
Je dois admettre que je suis passée à côté de ce roman. Je me suis perdue dans les changements de pronoms « je », « tu », « elle ». Je comprends qu'ils montrent la confusion de Louiza, la torture mentale qu'elle s'inflige mais bien souvent je ne savais plus qui parlait, si le personnage s'exprimait en son nom ou s'il s'agissait des délires de Lou…
D'ailleurs je n'ai pas eu d'empathie pour Louiza qui sombre littéralement dans une passion destructrice pour un jeune homme, certes décrit comme très beau mais surtout très suffisant, autocentré, qui ne m'a jamais été sympathique.
Si, malgré cela, je mets 3 étoiles c'est que la fin m'a quand même réconcilié avec le texte mais évidemment je ne peux rien dire de plus sinon à vous gâcher la lecture…
Je remercie Sandrine (@HundredDreams) Fanny (@ Fanny1980) Diana (DianaAuzou) et Bernard (@Berni_29) pour cette nouvelle lecture commune qui est une démarche bien stimulante et sympathique.
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PLUMES FEMININES 2022
Elle voulait vivre dans un tableau de ChagallGaëlle Fonlupt***
berni_29, HundredDreams, Fanny1980, Romileon

« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre la colorier avec nos couleurs d'amour et d'espoir. » Marc Chagall. Louiza imaginait la sienne une plongée heureuse dans le bleu « vivre comme dans un tableau de Chagall, enivrée de couleur, légère, émerveillée, dans un ciel habité par tout ce qu'exhale la terre. » p.37, vivre le Cantique des cantiques un des plus beaux chants d'amour.

Louiza rencontre Nils à l ‘Ambassade de France au Vietnam, un amour passion, les corps s'appellent avec désir soif et faim. C'est du passé, le présent c'est différent,  et d‘un chapitre à l'autre, en alternance, le passé et le présent se dévisagent, se heurtent, se disputent la place dans le corps, dans la mémoire.

J'ai l'impression d'un réel présenté d'une manière irréelle et vice versa, deux fils d'un canevas en train de faire la trame, et un autre fil comme une obsession douloureuse, un poids, un pied lourd dans l ‘atmosphère de l'histoire. Fil rouge fil de plomb fil qui sillonne et creuse, une douleur reste présente, un mal être, un vide, un blanc, et un rêve de bleu.
L'histoire d'un amour charnel, envoûtant, qui possède, handicape, comme une mauvaise drogue, et dont la disparition violente, pourtant attendue par les sens et une appréhension certaine, amène un présent d'enfermement imposé, en psychiatrie. Pourquoi, comment, le roman nous les dévoile à la fin, et tout au long, d'un chapitre à l'autre ce fil rouge, une corde épaisse de désirs, d'envols et de chutes, de rêves et de cauchemars, dont la densité empêche la respiration, cultive l'étouffement.

Chapitres du roman, datés avec précision, chapitres de vie dont les contours sont moins précis, passages du "toi" et"je » avec un verbe têtu au présent pour une histoire passée, à "elle" une Lou au présent mais détachée de son « je », le présent de l'enferment, celui du brouillard, de la perte de sens et de l'illusion, du passé au présent, de la réalité au rêve/cauchemar, et le bain de bleu, bleu dans les rêves, blues en réalité, le présent est flou, le passé est perdu. le passé passion revient pour faire mal, le présent embrouillé vit avec médicaments et un personnel pas toujours soignant. Lourd à porter, du début à la fin, d'un rêve de légèreté échoué, vers un maintenant qui isole, tue un espoir plutôt faible d'un avenir incertain.

Cet amour, envie et chair, existe quelque part dans un temps de perte et de douleur. Tu – Je, le corps appelle à cause et malgré tout, se déchire dans l'absence, éclot dans la présence. D'une douleur à une autre, d'un temps à un autre, les deux marqués par des pertes , perte d'amour, corps en souffrance, perte de liberté , enfermée en psychiatrie. Impressions, surface et profondeur, « dualité intime... amoncellement anarchique de ma resserre où se sédimentent les choses qui ne servent plus mais dont je ne parviens pas à me défaire. » p.59

Gaëlle Fonlupt a de la poésie, des envolées lyriques, de la colère aussi contre des traitements en manque d'humanité, contre certaines institutions souffrant du même manque. La structure du roman, une trame serrée où le temps et le clair-obscur se serrent, s'entremêlent, obscurcissent les souvenirs et puis s'envolent en emportant les rêves et l'écume des jours. Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall, trouver l'amour mais il lui a fait mal, rester légère pour l'homme de sa passion mais la passion n'est pas légère, son corps a gardé la lourdeur du manque, elle voulait garder cet amour mais elle l'a perdu, il lui est resté un rêve une illusion, elle a perdu l'envol comme Icare ses ailes, Chagall revient. Elle voulait l'impression de légèreté dans les envols et les couleurs de Chagall, elle est restée avec le clair-obscur de Caravage.

Gaëlle Fonlupt nous présente un énorme éventail de possibles champs d'analyse, d'interrogations, des citations des grands écrivains à chaque début de chapitre ouvrant au lecteur de multiples portes vers des réflexions et des décryptages de l'histoire, des appels et rappels, de Chagall à Dino Buzzati à Rumi, François Cheng, Camus, Jaurès et de retour à Chagall, les Pensées de Pascal, Les Ames mortes de Gogol, Boris Vian ou L'Enchanteur de Barjavel  et du Transsibérien de Blaise Cendrars à l'Antigone d'Anouilh qui nous dit« La vie n'est pas ce que tu crois... »
Une arborescence immense et des ouvertures sans nombre vers des idées, des réflexions en torrents denses et continus qui, à mon avis, réduisent beaucoup la force du roman, la mémoire refuse l'oubli, l'atmosphère devient lourde, étouffante, le fil de l'histoire se tend à la limite de la cassure, se noue, s'entortille, s'épaissit, se serre autour de la gorge, empêche l'air de passer, le trouble domine, les mots menacent, le temps a mis du plomb dans sa patte, l'espoir et la légèreté restent dans le pays de l'imparfait, « Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall ».

Un dernier mot adressé aux amis Babelio qui se sont joints à cette lecture commune et dont les échanges ont enrichi le décryptage du roman et fait naître différentes interprétations et d'autres possibles regards sur l'oeuvre de Gaëlle Fonlupt.
Merci à Sandrine (HundredDreams), Bernard (berni_29), Fanny (Fanny1980) et Nathalie (Romileon).
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Je commence cette lecture intriguée. Enthousiasmée par le titre, prête à plonger au coeur des couleurs de Chagal.

Je découvre Lou, blessée mais pas morte. Hospitalisée en psychiatrie. Sanglée chimiquement, parfois physiquement.
Pourquoi elle est là, Lou ? Quel traumatisme ? Quel passé ?

En parallèle, Louiza.
Quelques années auparavant. Photographe au Vietnam. Qui tombe éperdument amoureuse d'un homme plus jeune. Farouche, enclin à toutes les fuites. A toutes les fautes. Aimer à la folie, le prendre aux pieds de la lettre, envisager que Louiza et Lou ne soient qu'une.
L'envisager.
Louiza. Ou sa soeur Lou-Anne, qui sait.

Le premier quart du livre, je traînasse, je survole, je ne parviens pas à m'ancrer dans le roman. Je me casse les ongles à tenter de me fixer. Je commence tout doucement à accepter que, peut-etre, je vais devoir abandonner ...

Et puis, subitement, la plume se libère. Exactement comme on dit de la parole. L'auteure m'envoie de la poésie, du rythme. Ne s'accommode plus d'ecriture, de petites descriptions inutiles, de belles tournures, de poudre aux yeux. Voilà les mots qui tranchent, qui crient, qui ne tergiversent plus, ne font plus de compromis.
La lumière change. Les couleurs. Voilà Chagall. le bleu, ce bleu comme une bulle. Et du rouge qui éblouit, et on voudrait que l'histoire ne s'arrête plus.

Pari gagné !
Heureuse de ne pas avoir renoncé trop vite.
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Une remarquable histoire qui alterne un passé poétique et un présent illusoire, dans une ambiance singulière et un style peu conventionnel qui peut être parfois déroutant. L'écriture riche et complexe de Gaëlle Fonlupt dessine un univers onirique et remarquable qui se complexifie au fil du développement des deux trames de l'histoire qui convergent peu à peu l'une vers l'autre. Un langage envoûtant, évocateur de parfums, de couleurs et enrichi de métaphores. Une histoire forte, pleine de tristesse et d'amour dans une atmosphère intemporelle baignée de poésie,d'exotisme mais aussi de modernité. La détresse et la barbarie des soins psychiatriques renforcent le trouble et l'émotion suscités par ce drame aux accents lyrique. Seul bémol à cette magnifique histoire, l'auteure laisse sans réponses les nombreuses questions qu'elle soulève au cours de son récit et, l'épilogue, teinté d'espoir mais aussi d'ambiguïté, n'est qu'une forme d'alternative et non un aboutissement concret, laissant comme un sentiment d'inachevé.
Cela n'enlève rien à la qualité du roman de Gaëlle Fonlupt qui signe avec ce récit une belle réussite littéraire à découvrir.
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