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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre qui à la fois m'attirait depuis longtemps et en même temps me faisait peur. La folie, un sujet jamais facile à aborder, souvent casse-gueule et souvent difficile à lire.
Et celui-ci ne fait pas exception. Certaines scènes m'ont glacée, et cela d'autant plus que l'autrice confirme dans ses remerciements qu'elles sont toutes écrites à partir d'évènements véridiques. Mais que cela ne rebute pas le lecteur potentiel. Malgré cela, je dirais même grâce aussi à cela, ce livre reste pour moi un immense plaisir de lecture.

Deux temporalités, deux narrations différentes, deux femmes dont on se doute très vite qu'elles ne sont qu'une.

Lou est internée en psychiatrie, elle n'a aucun souvenirs des évènements qui ont causé son internement. Elle essaie de survivre malgré l'enfermement, l'ennui, la voix intérieure qui la dénigre sans cesse, les médicaments qui l'abrutissent, les lapins blancs qui surgissent toujours pour l'immobiliser. L'histoire de Lou est racontée à la troisième personne.

Louiza est photographe. Elle rencontre à Hanoï Nils, jeune homme comme il faut, promis à un brillant avenir, plus jeune qu'elle. Elle va le croiser, le recroiser, et petit à petit tomber amoureuse. Cet amour va tourner à l'obsession, mais Louiza ne peut etre l'avenir de Nils, trop différente, trop âgée, trop ... . Cette histoire est racontée à la première personne, par Louiza, qui s'adresse à Nils.

Ces deux histoires s'entrecroisent, offrant deux atmosphères différentes, qui tendent à se confondre, au fur et à mesure que l'amour de Louiza vire à l'obsession, que Nils s'échappe vers une autre vie. La lumière si vive qui éclairait ces premiers chapitres rejoint alors l'ombre qui règne en maitre sur cette vie enclose dans les murs d'un hôpital si sombre.

J'ai beaucoup aimé les pages qui décrivent cet amour naissant, le moment où il semble partagé, découvrir les infimes fêlures de ce grand garçon poussé par son désir de réussite. L'autrice nous raconte cela d'une écriture poétique, envoutante, sensuelle qui nous emporte au milieu d'images, celles du Vietnam d'abord, Louiza n'est pas photographe pour rien, celles plus tard aussi de la Bretagne qui ne suffira pas à adoucir la peine.

Et tout le livre est illuminé par la peinture de Chagall, ces tableaux reviennent au cours des pages, de nombreuse citations ouvrent les chapitres, certaines de Chagall , d'autres de nombreux auteurs, ajoutant à la beauté de l'écriture.

Il ne faut pas chercher à tout comprendre au fur et à mesure, les dernières pages éclaireront les mystères, permettront de comprendre certaines images. il faut juste se laisser emporter par les mots et vivre avec Lou et Louiza.

« Vivre est la chose la plus rare au monde.
La plupart des gens se contentent d'exister. »
Oscar Wilde

Merci aux éditions d'Avallon pour ce partage.


Lien : https://www.leseditionsdaval..
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Tu voulais vivre, Lou… Seulement vivre.

Faire de ta vie ton 𝘩𝘦𝘳𝘣𝘪𝘦𝘳 𝘥𝘦 𝘳𝘦𝘷𝘦𝘴… Et t'imprégner de toutes les couleurs de Chagall…

Vivre sous un soleil vermeil. T'envoler par-delà les toits de Paris… Disparaître dans le Cirque Azur. Au milieu des limbes bleutés, y croiser chevaux verts, violonistes mélancoliques, chèvres mauves, poissons volants… Peut-être même quelques poètes égarés ou amoureux de passage…

Tu rêvais de toutes ces couleurs.

Lentement, t'imprégner de toutes les saveurs de la terre en remontant le Fleuve Rouge, la « rivière originelle ». Te recueillir aux marches d'un temple sacré vietnamien, dans la moiteur du petit matin, sous la coiffe majestueuse d'un tamarinier. Parcourir les rizières qui se colorent d'un camaïeu de vert et se voilent d'un ciel orpiment et orangé lorsque naît le soleil. Lou, l'aventurière…

Puis vint cette rencontre…

Avec Lui, te laisser porter sur les flots azurs de la baie d'Hanoï, braver les pitons karstiques qui se dressent devant toi. Éviter les écueils. Te sentir enfin revivre. Enfin vivre. Te draper d'un bonheur soyeux et te noyer dans ses yeux gris bleu. Connaître dans ses bras juvéniles 𝘤𝘦𝘴 𝘯𝘶𝘪𝘵𝘴 𝘣𝘭𝘦𝘶𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘶𝘴𝘱𝘦𝘯𝘥𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘶𝘧𝘧𝘭𝘦𝘴. Lou l'enfant. Lou la femme…

Vivre dans ce bleu des amants de Chagall… légers, cotonneux, évanescents… Trop légers sans doute… le temps d'une saison. Avant que n'arrivent la mousson et les premières fissures sur son corps d'Adonis. 𝘊𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘱𝘦𝘯𝘴é𝘦 𝘵𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘴𝘰𝘶𝘳𝘪𝘳𝘦. 𝘖𝘯 𝘯𝘦 𝘨𝘢𝘳𝘥𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘈𝘥𝘰𝘯𝘪𝘴 𝘲𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘰𝘯 𝘯𝘦 𝘴'𝘢𝘱𝘱𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘈𝘱𝘩𝘳𝘰𝘥𝘪𝘵𝘦…

Lou, la passionnée… de ce rouge passion qui te dévore les entrailles.

Puis vinrent les loups. Les éclaireurs d'abord, à pas de velours… Ensuite la meute entière. Se délecter des restes de ton âme meurtrie. Et enfin l'Alpha, la louve dominante… Jetedis…


𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘴
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘷𝘰𝘭𝘦
𝘔𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘦 𝘫𝘰𝘶𝘳 𝘰ù 𝘫𝘦 𝘥é𝘤𝘰𝘭𝘭𝘦
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘴
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘢𝘪𝘮𝘦
𝘑'𝘢𝘪 𝘣𝘦𝘢𝘶 𝘵'𝘢𝘪𝘮𝘦𝘳, 𝘵𝘶 𝘱𝘢𝘳𝘴 𝘲𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘮𝘦𝘮𝘦

𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘮𝘢𝘳𝘤𝘩𝘦
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘳𝘦𝘷𝘦
𝘔𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘮𝘢𝘳𝘤𝘩𝘦𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘫'𝘦𝘯 𝘤𝘳è𝘷𝘦
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵 𝘤𝘦𝘳𝘵𝘦𝘴 𝘫𝘦 𝘭𝘶𝘪 𝘱𝘢𝘳𝘥𝘰𝘯𝘯𝘦
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘦𝘴𝘵 𝘶𝘯 𝘳𝘦𝘷𝘦, 𝘱𝘢𝘴 𝘶𝘯 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦

𝘙𝘦𝘴𝘵𝘦 𝘶𝘯𝘦 𝘮é𝘭𝘢𝘯𝘤𝘰𝘭𝘪𝘦 𝘤𝘢𝘤𝘩é𝘦
𝘚𝘰𝘶𝘴 𝘮𝘰𝘯 𝘮𝘢𝘯𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘥𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘪𝘦
𝘘𝘶𝘪 𝘵𝘳𝘢î𝘯𝘦 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦

𝘑𝘦 𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘯𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘭𝘦 𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘮𝘦𝘴 𝘷𝘰𝘪𝘭𝘦𝘴
𝘋𝘪𝘴-𝘮𝘰𝘪 à 𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘮𝘦 𝘴𝘦𝘳𝘵 𝘮𝘰𝘯 é𝘵𝘰𝘪𝘭𝘦
𝘚𝘪 𝘫𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘥𝘴 𝘭𝘦 𝘕𝘰𝘳𝘥 ?

𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘵
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘪𝘵 𝘮𝘰𝘵
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘤𝘦 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘷𝘪𝘵
𝘑𝘦𝘵𝘦𝘥𝘪𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘨𝘳𝘪𝘴 (*)


Les couleurs de Chagall se sont évanouies, aspirées dans ces potions chimiques que l'on te sert à présent en guise de petit déjeuner… Ne subsistent plus que ce voile blanc imprégné sur tes yeux délavés, 𝘭𝘦 𝘣𝘭𝘢𝘯𝘤 𝘨𝘭𝘢𝘤é 𝘦𝘵 𝘥é𝘷𝘰𝘳𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘶 𝘷𝘪𝘥𝘦 , 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘵𝘪𝘯𝘴 𝘵𝘳𝘪𝘴𝘵𝘦𝘴, de la camisole des fous et des lapins blancs trop pressés…

Et malgré tout, l'arbre à fraises Tagada… L'espoir… Vivre avec cette gangrène qui te ronge jusqu'à la folie, est-ce possible Lou ?

𝘘𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘫'é𝘵𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦, 𝘫𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘢𝘪𝘴 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯 𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦𝘢𝘶 𝘥𝘦 𝘊𝘩𝘢𝘨𝘢𝘭𝘭, 𝘣𝘢𝘳𝘣𝘰𝘶𝘪𝘭𝘭é𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳𝘴 𝘢𝘶 𝘮𝘪𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘦𝘷𝘢𝘶𝘹 𝘢𝘪𝘭é𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘭𝘦𝘪𝘭𝘴 𝘣𝘭𝘦𝘶𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘶𝘴𝘪𝘤𝘪𝘦𝘯𝘴 𝘢𝘤𝘳𝘰𝘣𝘢𝘵𝘦𝘴… 𝘑𝘦 𝘤𝘳𝘰𝘪𝘴 𝘲𝘶'𝘢𝘶 𝘧𝘰𝘯𝘥 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘭𝘦 𝘤𝘢𝘴.


🔹🔸🔹🔸🔹

Si vous aimez les couleurs de Chagall, prenez votre billet et envolez-vous par le premier vol pour découvrir en urgence l'univers de Gaëlle Fonlupt. Ses mots ne sont que poésie et sensualité... Ils vous feront voyager aux quatre coins du monde, en pleine immersion dans de magnifiques paysages : en Indochine, au Mont-Saint-Michel, dans un château Cathare de l'Ariège, à Prague, à Lyon… Ils réveilleront vos cinq sens de leur sensualité forte… Les mots des amants et de l'émotion, métaphoriques, oniriques…

Quand toute la palette des bleus de l'âme et du coeur se mêle au vert turquoise de la baie d'Halong, au rouge passion des amants éperdus et au blanc glaçant et impersonnel de la maladie...

Son premier roman, Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall, est une merveille littéraire !


(*) 𝘋'𝘢𝘱𝘳è𝘴 𝘑𝘢𝘤𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘢 𝘥𝘪𝘵, 𝘊𝘩𝘳𝘪𝘴𝘵𝘰𝘱𝘩𝘦 𝘞𝘪𝘭𝘭𝘦𝘮 & 𝘡𝘢𝘻𝘪𝘦
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Chagall aimait à imaginer un monde dans lequel tous les êtres vivants vivraient en harmonie, un monde en apesanteur peuplé de personnages et d'animaux volants et où le rêve fusionne avec la réalité dans une explosion de couleurs.

Un univers qui a très tôt imprégné la jeune Louiza, ce qui sans doute a déclenché sa passion pour la photographie.
Car la jeune femme sait comme nulle autre capter les nuances d'un ciel tourmenté ou d'une mer agitée.
Ce n'est pas un hasard si sa rencontre avec Nils, alors diplomate stagiaire à l'Ambassade de France, se fait lors d'un vernissage au Vietnam.
Entre le tout jeune homme qui fait ses premiers pas dans la vie et la photographe en quête d'absolu, cela ressemble à un coup de foudre...
Le début d'une relation amoureuse improbable entre deux êtres qu'à priori tout oppose, l'âge, le milieu social, mais aussi la façon d'être au monde.

Peut-on vivre dans un tableau de Chagall sans, tel son Icare, retomber un jour violemment sur terre ?
Peut-on emmener l'autre dans son rêve éveillé, lui faire revêtir l'habit scintillant de l'amant magnifié sans l'enfermer un peu ?
Quand la passion devient souffrance et laisse la place à un goufre immense où l'on chute inexorablement, les repères n'existent plus et la folie guette.
Louiza va faire connaissance avec Lou...

L'écriture de Gaëlle Fonlupt est celle que j'aime.
Un style tout en délicatesse, à la fois léger et dense de sa richesse poétique.
Le choix des mots est d'une justesse et d'une précision qui donnent au texte un pouvoir évocateur incomparable.
On a vraiment l'impression de baigner dans les rouges et les bleus des tableaux du peintre, à tel point que le récit entier semble une oeuvre d'art.
Louiza idéalise sa passion et voudrait l'abstraire des lois de la gravité.
En regard de son ébauche imparfaite de vie amoureuse, il y a la brutalité de la chute et ses séquelles profondes.

Un premier roman qui fait d'une histoire d'amour somme toute assez banale, un chef-d'oeuvre littéraire qui, selon moi, a sa place parmi les plus grands.

Merci à David pour ce précieux prêt !
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J'ai lu Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall sous le choc de la découverte que j'avais l'impression de faire à chaque page.

C'est un roman avec lequel j'ai vécu pendant plusieurs jours, sans me presser de le terminer, parce que j'avais envie de le laisser faire son oeuvre en moi, de le ressentir, de laisser la magie de son atmosphère colorer mon quotidien. L'écriture de Gaëlle Fonlupt est très évocatrice, très colorée et introspective : on voyage avec Louiza au Viet Nam ou en Bretagne, on souffre avec Lou et les loups de l'hôpital psychiatrique. Et, comme un ultime cadeau de l'autrice à la dernière page, une révélation finale vient colorer toute l'histoire qu'on vient de lire d'une manière différente, plus riche, porteuse d'espoir. Quel tour de force !

C'est un roman qui aborde tous les thèmes auxquels j'ai toujours envie de revenir, que j'ai toujours envie de retrouver dans mes lectures en me délectant de l'infinie diversité des mots auxquels chaque auteur recourt : les plaies de l'enfance, la souffrance psychique, et le lien entre les deux quand aucun mot ne vient empêcher la première d'alimenter la deuxième.

C'est un roman qui campe un personnage de femme en artiste sensible et écorchée absolument époustouflant, dans une recherche d'absolu et d'amour fou, mais aussi d'indépendance, qui m'ont mise au bord des larmes tout du long.

Et enfin, c'est un roman qui parle de gémellité, qui s'adresse à un double à la deuxième personne pour tenter de se reconstruire, soi, malgré la souffrance et la perte : autant dire qu'il est très étrangement entré en écho avec Les mots d'Esther, de Frédérique Trimouille, que je venais de lire et de chroniquer. Les histoires sont différentes, mais pourtant, les points communs entre les deux livres donnent le vertige et j'adore donner un supplément de sens à mes lectures en explorant leurs correspondances : la peinture, la souffrance psychique ; l'écriture intensément poétique et qui crée une atmosphère envoûtante ; jusqu'à la structure même des livres et leur manière d'aboutir dans un twist final qui change le sens l'histoire…

Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall est édité dans une maison d'édition à la structure associative très originale, les éditions d'Avallon, que j'ai découverte pour l'occasion et dont le catalogue me paraît très prometteur (puisque je viens d'y découvrir Béatrice Hammer et l'incroyable Ce que je sais d'elle). Il paraît que le roman de Gaëlle a déjà 7000 lecteurs, et ce succès me paraît tellement mérité… en faites-vous partie, ou allez-vous grossir leurs rangs ?
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Il y a dans ce premier roman toute la lumière des premières fois. La magie de la naissance de l'oeuvre. Ce bébé-là est le fruit de l'amour entre la Littérature et l'Art. Confié avec tendresse par sa bienveillante maman.

💬 Deux histoires séparées de cinq ans. D'un côté, Lou, internée dans un hôpital psychiatrique et totalement amnésique.
De l'autre côté du miroir, Louiza, jeune photographe, partie exposer au Vietnam
Alternance de l'ombre et la lumière ...
Lou baigne dans le néant, sans aucun repaires de temps, son prénom amputé de sa moitié. Louiza, elle, l'éternelle rêveuse rencontre l'Amour en Nils, engoncé dans son costume de futur diplomate. Comme le Yin s'ancre au Yang, l'amour comme une évidence.
Lou/Louiza ... cinq années les séparent et au fil des pages l'étau se resserre. Lou se rapproche de Louiza ou peut-être l'inverse, qui sait .....

💭Ce roman c'est le jeu de l'ombre et la lumière, servi par une plume exceptionnelle.
L'intrigue est captivante. L'alternance des deux histoires donne avec brio le tempo. Page après page, la tension monte crescendo jusqu'au grand final !
Hypnotisée j'ai été par cette plume ! D'une intelligence rare, Gaëlle Fonlupt excelle. Incisive et poétique, elle donne vie aux émotions ; à ces blessures enfouies, aux sentiments de culpabilité et d'abandon qui, niés, deviennent bombes à retardement.
Dans son univers onirique, la folie guette insidieusement l'Amour et les loups épient les fous.

Alors oui, ce bébé-là je vous l'assure est une véritable pépite !
Je l'ai veillé, dorloté, j'en ai pris grand soin.
Émerveillée par la richesse de ses multiples références littéraires. Références dans lesquelles je me suis si souvent retrouvée.
Enfin un secret : si vous prêtez bien attention, vous découvrirez la fabuleuse rencontre, en toile de fond, entre Marc Chagall et le lapin blanc d'une certaine Alice. Tous deux vous mèneront vers le monde de l'imaginaire mais prenez garde à retrouver le chemin du retour !

Ami(e)s lecteurs(trices) un mot : FONCE ! 😉
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« Quand j'étais petite, je voulais vivre dans un tableau de Chagall barbouillée de couleurs au milieu des chevaux ailés, des soleils bleus et des musiciens acrobates....... je crois qu'au fond c'est toujours le cas. »
« Une certitude s'accroche à elle en cet instant : elle veut vivre, vivre comme dans un tableau de Chagall, enivrée de couleur, légère, émerveillée, dans un ciel habité par tout ce qu'exhale la terre »
« Depuis, le Caravage me fascine autant qu'il m'effraie, il est la face sombre et visionnaire, le négatif de mes envies d'éternité, de fuite onirique et colorée dont Chagall est l'incarnation. »

Premier chapitre :
un couple sur un lit.
Elle, entreprenante, amoureuse .
Lui, silencieux, comme absent.
Où est passé leur amour ?

Elle, c'est Lou
2005 : elle est dans un hôpital psychiatrique.
Pourquoi ?
Cette question permanente tout au long du récit.
Puis on passe en 2000, au Vietnam.
Emploi du « tu » déroutant au départ, qui s'adresse à Nils, qui travaille à l'ambassade.
C'est certainement lui l'homme du lit.
Je dois être de la vieille école, ça m'agace un peu ces romans où l'on passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à l 'autre, d'un pronom narratif à l'autre.
Mais l'écriture est si belle que je continue.
Chaque chapitre commence par une magnifique citation, le plus souvent de Chagall.
Lou est fascinée par Chagall.
Depuis l'enfance elle s'imagine vivre dans un de ses tableaux.
Ayant vu une splendide exposition sur Chagall à Landernau, je ne peux que la comprendre.
Lou est fragile.
Lou perd pied.
Elle voulait vivre Lou.
Elle rêvait des couleurs de Chagall, des couleurs de la vie.
Elle aimait Lou.
Elle aimait tellement Nils.
Elle tombe Lou, dans un puits sans fond, dans cet HP où elle ne sait ce qu'elle fait, pourquoi elle y est.
Se relèvera-telle Lou ?
Cette histoire est magnifique.
L'écriture est somptueuse.
Poétique, sensuelle, intelligente, lumineuse, profonde.......
les nombreuses références à des peintres éclairent le récit.
le livre est terminée mais j'y suis encore, émerveillée.
Pour une fois, pas envie de me plonger dans un autre tout de suite, ne pas perdre cette ambiance magique.
Les sauts dans le temps et dans les personnages qui m'ont agacée au début font partie intégrante de cette histoire.
Elle aurait perdu beaucoup à être racontée d'une manière chronologique.
C'est un premier roman, mais quel roman.
Mon voeu le plus cher est qu'il soit suivi d'autres.
Les Gaëlle sont de bonnes surprises en littérature.
Après Gaëlle Nohant, Gaëlle Josse, voici venue Gaëlle Fondlupt, et pour longtemps j'espère.
Merci infiniment pour ce rare roman.


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Très remuée par cette lecture, je regrette juste de ne pas l avoir lue en exemplaire papier car j ai eu envie de nombreuses fois de revenir en arrière, de retrouver des passages pour éclairer le chapitre en cours, et il faut bien avouer que c est moins commode en version numérique. le personnage de Lou/Louiza est bouleversant et l écriture de l auteure utilise toujours les mots justes pour nous décrire émotions et sentiments de cette jeune femme passionnée, pour laquelle l empathie a été pour moi immédiate. Tous les passages concernant le service de psychiatrie sont particulièrement forts, mais l ensemble de l histoire touche au coeur tant le style est à la fois sensible et précis. Cela ne m arrive pas souvent mais je crois bien que je relirai ce roman pour en saisir mieux certains moments moins explicites. Une réussite.
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À l'instar des personnages de Chagall qui flottent dans les airs, Louiza a perdu pied. La perte de repère ne s'est pas faite d'un seul coup, il y a eu une fêlure dans l'enfance, une faille plus tard, un cataclysme ensuite, et un autre encore. Et le « brouillard du dehors est rentré dans sa tête. » Une carapace fragilisée. Livrée aux loups.

D'emblée une lecture qui m'a attrapée, a capturé mon esprit.
Parce que les mots choisis, parce que la poésie, parce que la destinée de Lou qui nous saute au visage. L'envie de savoir comment Louiza est devenue Lou, une errante funambule. Pourquoi l'enfermement ? L'emprisonnement ?

Gaëlle Fonlupt nous ouvre les portes d'un hôpital psychiatrique.
La vie de ses occupants - qu'une subtilité dans le comportement a relégués entre ces murs silencieux - y est réglée comme une horloge, une mécanique protocolaire qui a englouti toute compassion et humanité. Et une scène qui meurtrit. D'une violence inouïe. Insoutenable. La pénurie en personnel, la gestion des moyens matériels et humains ficelés, réduits à la notion de rentabilité ne permet plus les soins institutionnels. « Pas le temps. Prends tes médicaments. Mange. Pas le temps pour un café. Pas de feuille à te donner pour dessiner ou pour écrire. Pas le temps. [...] Ici l'humanité a été avalée par les horloges. Ça rendrait fou n'importe qui. » Bienvenue au royaume de l'absurde, là où « la vie n'est ni belle ni moche, elle n'est juste pas là », là où la "camisole chimique" fait son retour alors qu'on la pensait bannie.

« Il y a des choses que l'on ne peut sacrifier sur l'autel de la rentabilité. La santé en fait partie. En attendant, les soignants courent toujours entre deux patients, comme le lapin blanc après le temps...»

« C'est vrai, l'argent corrompt, la civilisation de masse pourrit, l'homme détruit tant qu'il peut se servir au passage... le monde sera une fosse remplie de charognes que les hommes continueront à le piller, à remuer la fange pour le voler dans sa tombe .... »

Au fil des pages, les sauts dans le temps nous permettent de faire la connaissance de Nils, d'arpenter les rues d'Hanoï, telle que j'ai eu la chance de la connaître il y a une vingtaine d'années, de faire des sauts en Bretagne et à Paris. Et de faire la connaissance de Louiza.

Des pages sombres. Dures. Des touches de couleur et d'amour aussi. La lumière passe. La bienveillance aussi, incarnée par Guilhem, protecteur. La petite étoile de Lou. Il a trouvé la brèche.

Louiza immortalisait les instants, les visages, les expressions. Lou en est le reflet troublé.

Sur un banc, à l'ombre d'un banian, je me suis posée et j'ai eu envie d'y rester...

« Une certitude s'accroche en elle à cet instant : elle veut vivre, vivre comme dans un tableau de Chagall, enivrée de couleurs, légère, émerveillée, habitée par tout ce qu'exhale la terre. »

Une plume exceptionnelle. Un moment de lecture très fort, empli d'émotions.

Merci Gaëlle Fonlupt pour ce bijou littéraire, poétique et onirique. Une lecture qui secoue, qui éclaire, qui réveille notre empathie.
« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre la colorier avec nos couleurs d'amour et d'espoir. » Marc Chagall
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Après avoir- à regret- refermé ce roman, je me suis penchée les tableaux de Chagall. Infiniment de couleurs, des personnages flottants, emportés, mouvants.
Gaëlle Fonlupt mène son livre sur deux rives: l'amour passion, que rencontre Louiza au Vietnam en la personne de Nils, plus jeune qu'elle, qu'elle rencontre dans ce beau pays dont elle décrit les images, les odeurs, les saveurs, avec tant d'émotion. Et la folie de Lou, dans un établissement dans lequel les méthodes sont drastiques, et le personnel dépassé...
On retrouve dans ces pages tout l'univers de Chagall: l'amour, la promenade, la fenêtre sur l'au-dehors, la maternité, la souffrance, la folie, la mort.
C'est un premier roman très prometteur, un souvenir de lecture magnifique !
Merci à l'amie qui me l'a offert et qui a écrit une si belle critique de ce livre.
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[Coup de ❤ ]

Ne passez pas à côté de "Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall".

La plume de Gaelle Fonlupt est à l'image de son histoire, à double tranchant. Poétique, légère, troublante, malaisante, elle finit même par vous entailler la peau.

À chaque envolée lyrique, on retient son souffle, on hésite à se laisser emporter par la beauté des mots, des sensations, des courbes et des paysages, parce qu'un truc cloche, ce genre de truc qui sème le doute, qui fait craindre le pire, le moment de bascule... qui ne vient pas... alors on reprend sa respiration... mais quand même y'a un truc... on a envie de sauter quelques pages pour vérifier, pour sa rassurer, on se retient, on n'y tient plus. On a peur qu'ici "aimer à la folie" ne soit pas une simple expression.

Et puis il y a ce coup de griffe porté à l'inhumanité de cette société, au traitement indigne réservé aux "aliénés" (alien... étranger), une dénonciation féroce des conditions de vie imposées aux patients des hôpitaux psychiatriques et à ceux qui y travaillent, parce que le temps c'est de l'argent, même là. Comme dans les ephad. Les écoles, les prisons. Partout. de plus en plus.

Ajoutez la couleur de Chagall, la musicalité de Brel, les appels à Jack London et son Martin Eden, le goût pour la vie de Melissa da Costa, la colère désespérée de l'élève Törless,... et vous obtenez ce voyage livresque boulversant.

Je vous ai dit que j'adorais ce titre ?

Fraternellement, Jules Pétrichor.

Ps : les editions d'Avallon sont une association à but non-lucratif qui rassemblent des passionnés bénévoles... alors rien que pour ça...

Pps (si si ça existe) : quelques citations quand même :

💬"De café en croissants, le petit déjeuner avale la matinée".
💬"Ma douleur rageuse se cogne contre l'indifférence absolue d'un matin calme"
💬"Deux fauves solitaires, griffes dehors, avec des manières opposées de marquer leur territoire : Ilena en érigeant des remparts de mots crachés comme des catapultes, Lou en creusant des douves de silence.
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