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sur 195 notes
Kuessipan fait partie de ces pièces hybrides que j'affectionne tout particulièrement, inclassable, au carrefour du roman, de l'autobiographie et de la poésie. En lisant la quatrième de couv', je m'attendais à un récit autrement plus traditionnel qui ouvrirait ma petite personne à une culture que je ne connaissais pas du tout. Et je suis tombée sur un texte qui m'a d'emblée paru opaque, voire totalement impénétrable. Alors j'ai refermé mon bouquin. Ensuite, je me suis débarrassée de mes petits a priori sur ma nouvelle lecture et… Retour à la case départ. Je vous disais plus haut que j'ai apprivoisé ce roman et c'est la stricte vérité. On lit les mots qui ont été soigneusement choisis, et tout doucement, on se laisse emporter par ces tableaux de la vie de la réserve, par ces bribes de souvenirs et c'est là qu'on s'imprègne de la culture qu'on n'aurait pas aussi bien saisie autrement.

La narration est carrément exceptionnelle puisqu'on ne nous raconte pas, on nous montre. J'ai adoré ces moments où la narratrice pointe le décor, part du principe qu'on est là, avec elle, qu'on voit tout, et qu'on attend simplement qu'elle nous explique ce qu'il y a sous nos yeux. C'est d'une originalité, d'une poésie folles et surtout un lien très spécial se crée entre le texte et le lecteur, de l'ordre de l'intime.

Avec une grande délicatesse, Naomi Fontaine parle de la beauté d'un peuple, de ses traditions, de son identité mais aussi d'une réalité autrement plus cruelle, celle de l'alcool, des filles enceintes trop jeunes, avec, comme une lueur d'espoir, un ailleurs et la transmission d'une culture à l'enfant, qui se confond souvent au fil des pages avec nous.

Un premier roman qui se lit et se relit et se conserve comme un trésor.
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Naomi Fontaine, 24 ans, auteure innue et québecoise a quitté la réserve d'Uashat à l'âge de sept ans pour aller vivre à Québec.

Dans ce livre, qualifié de « premier roman », elle raconte la vie dans la réserve, les gens qui y habitent, qui tentent d'y vivre, d'y survivre souvent, entre la forêt d'un côté et la baie de l'autre, les filles abandonnées par leurs copains, obligées d'élever beaucoup d'enfants avant de penser un peu à elles et de faire des études, les jeunes parfois tentés de s'abandonner dans l'oubli de la drogue, les hommes qui boivent beaucoup trop parfois. Mais il y a aussi un appel de la nature, la chasse, la pêche, il y a les visages ridés des vieux Indiens, les histoires qu'ils racontent, il y a le cimetière où la mémoire de la réserve est gravée dans des pierres dispersées, il y a le bruit du vent et des vagues…

Ce n'est pas un roman à proprement parler, avec un début et une fin, des péripéties identifiables. C'est plutôt un voyage dans la réserve, presque intérieur car le territoire n'est pas très étendu et tout le monde se connaît. C'est un regard sans complaisance sur la misère matérielle et morale, l'oubli , sur les barrières entre les indiens et les blancs, ces barrières qui se franchissent ou s'arrachent si facilement dans la réserve… Mais c'est surtout un hommage à cette culture indienne, innue, un désir de transmettre, de s'appuyer sur le passé pour aller vers demain sans trop de crainte.

C'est aussi une très belle écriture, marquée de simplicité et de lucidité. L'auteur adopte tantôt un regard très extérieur, en parlant à la troisième personne, tantôt un ton plus personnel, elle ne craint pas d'impliquer, de remuer en s'adressant directement à son lecteur.

Naomi Fontaine est une personnalité à découvrir et à suivre !
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Livre écrit par une auteur innue de Uashat au Québec.
Découverte poétique et très réaliste d'une réserve indienne québécoise, un roman découpé en petits chapitres qui livrent une pensée, un fait, une tradition, un souvenir, une tranche de vie, un regret...
Un roman un peu triste car l'auteure se remémore sa culture qui se perd et qui essaie aussi de perdurer mais bien difficilement. En effet, la vie dans une réserve est bien très loin du tableau idyllique de la vie des anciens. Il y a peu de choses à faire, peu de travail, des problèmes d'alcool...
Pourtant l'auteur, à travers quelques uns de ses souvenirs nous permet une belle découverte de sa culture innue empreint de mélancolie, de tranches de vie quotidienne des femmes et des hommes de ce peuple.
Intéressant.
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Une jolie écriture prometteuse empreinte de poésie et de mélancolie.
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Si la construction et la forme m'ont semblé un peu ennuyeuses, j'ai aimé cette écriture à la fois poétique et précise qui nous emmène au coeur des réserves indiennes du Canada et nous fait ressentir l'âpreté de cette vie déracinée.
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Honte à moi, mais je dois avouer que je n'ai rien compris, rien saisi de "Kuessipan" premier roman de Naomi FONTAINE, même après lecture de la quatrième. Je n'y ai vu que des phrases sans lien entre elles, des mots apposés les uns à côté des autres sans sens véritable. Je me suis fait violence pour terminer le livre. Et, contrairement à mon habitude, j'ai parcouru les chroniques déjà postées avant de terminer l'ouvrage, avec l'espoir de me rassurer, de découvrir une clé.
Petit récit de 109 pages seulement, il fut malgré tout très vite achevé. Et je ne sais trop quoi en dire tant je suis restée indifférente à l'histoire (aux histoires ?). Même si, après reprise de quelques chapitres, j'y ai trouvé de l'originalité et des élans poétiques, je me sens dans l'obligation de n'attribuer qu'une étoile. Serais-je inculte ?
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J'ai commencé ce livre en ne connaissant pas le quotidien des femmes indiennes et je dois dire que j'ai été subjuguée par l'écriture. Elle est belle et riche en vocabulaire. Les bribes de vie quotidiennes sont révélatrices de la difficulté d'être une femme et je dirai ce dans n'importe quelle époque et n'importe quel endroit de la terre...les femmes sont souvent prises pour cible.
J'ai eu du mal à rentrer dans le livre car il n'est pas vraiment un roman, on prend la vie de ces femmes de la réserve innue de Uashat là ou Naomi Fontaine a voulu et donc on entre dans leur quotidien compliqué.

Ces femmes sont fortes et courageuses et Naomi Fontaine l'a bien retranscrit. C'est un livre court mais beau.
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Premier roman de Naomi Fontaine qui raconte son peuple, son enfance dans la réserve canadienne des Innus. Kuessipan qui en innu, signifie "à toi" ou "à ton tour" est publié au Canada en 2011 par Mémoire d'encrier.

L'ouvrage se présente comme une suite de tous petits textes, les plus longs font cinq pages et les plus courts une demie-page. le livre est très court, à peine plus de cent pages, qui se lisent en prenant son temps. D'abord pour bien saisir et relier l'ensemble car c'est le lecteur qui fait le travail de boucher les trous : Naomi Fontaine va à l'essentiel, son texte est épuré, tout est dit mais il faut parfois deviner, faire appel à ses connaissances pour que tout se mette en place, c'est du moins comme cela que j'ai lu ce livre, et j'ai trouvé que c'était une démarche très agréable, je ne suis pas resté passif mais j'ai participé activement à ma lecture grâce à l'intelligence que me prête l'auteure -bon, parfois, je dois bien avouer qu'elle m'en a prêté un peu trop et que j'étais perdu. Ensuite, parce qu'il peut être bon de ne pas tout le lire d'un coup, profiter d'un temps d'infusion avant de s'y replonger : c'est un livre qui doit se déguster et qui agit encore après qu'il soit fini. Et enfin, parce que le lire trop vite serait une offense faite à la qualité de l'écriture. Les textes les plus longs sont descriptifs, s'attardent sur les lieux, les personnages, jamais nommés sauf par leur fonction (grand-mère, mère, ...), les conditions de vie ; les textes plus courts sont plus introspectifs, plus forts, parfois il faut les lire comme de la poésie en prose, ce sont ceux qui m'ont le plus touché.

On sent dans le roman de Naomi Fontaine tout l'amour qu'elle a pour son peuple malgré les ravages de l'alcool et de la drogue parmi les hommes ; les femmes en sont la fierté, la clef de voute, elles sont dignes et respectables bien que leurs conditions de vie soient particulièrement difficiles.

La force de ce livre, c'est que malgré un format court, un style épuré, l'auteure réussit à faire passer les émotions et les sentiments, elle en fait naître également. Pour finir, je citerai juste l'un des passages qui m'a le plus emballé, espérant qu'il en sera de même pour tous les lecteurs :

"Pourquoi. La nuit, elle dort d'un sommeil lourd qui lui enfouit le front jusque dans les dunes de son oreiller. Son visage tremble dans la noirceur de sa chambre close. Elle se raidit dès que quelqu'un hausse la voix. La peur la pourchasse dans ses cauchemars de mère. Elle pleure et personne ne la console. Elle oublie. Elle rit.

Je voudrais lui dire que je sais. Pourquoi je me tais.

Le silence. Je voudrais écrire le silence." (p.15)
Lien : http://lyvres.fr
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Que ce livre est étrange. Il ne ressemble pas tout à fait à un roman, dans le sens où il ne raconte pas une seule histoire, et pourtant il est comme une succession de poèmes qui viendraient nous parler de la vie. L'auteur évoque en quelques mots, quelques lignes, la vie de ces femmes ou ces hommes, ces enfants, ces jeunes et ces vieux de sa tribu indienne. Naomi Fontaine, jeune femme innue, est originaire de la communauté de Uashat parquée dans une réserve tout au nord-est du Québec, près de Tadoussac, dans ces paysages qui malgré leur modernité gardent le côté sauvage des terres du nord, celles des tribus nomades d'autrefois.
Il y a à la fois une grande simplicité et beaucoup de poésie dans ces lignes. En quelques mots, un paragraphe parfois, l'auteur fait passer des instants de vie, de réussite, de tristesse, de déchirure, le mari mort dans un accident de voiture, la jeune fille de 15 ans enceinte et heureuse de porter son enfant, le vieux qui bientôt ne sera plus mais qui transmet encore aux plus jeunes son savoir, la grand-mère qui tient encore sa tribu à plus de cent ans, et ce jeune homme détruit par la drogue et mort bien trop tôt. Drogue, alcool, ennui, tout ce qui détruit la vie et l'honneur des hommes est également abordé. Car comment se réaliser, devenir un homme quand on vit dans ces réserves qui annihilent votre volonté et votre existence.
Il y a tout un monde dans ce court roman, j'ai vraiment aimé, il va droit au coeur et on imagine tout à fait les paysages, les odeurs, les parfums qui changent avec les saisons, la glace sur le lac, le renouveau des prairies, les animaux, les plantes, tout y est en si peu de mots. J'ai le sentiment de l'avoir lu presque trop vite, il a un goût d'ailleurs, d'enfance et de vie.
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Pas d'intrigue, mais des bribes de vie dans un style minimaliste et pourtant étonnamment puissant. L'écriture est toute en simplicité mais se révèle poétique et très parlante.
On partage la vie du peuple Innu en enchaînant les chapitres de quelques lignes ou de 3-4 pages, sans progression ni lien direct entre eux, si ce n'est la volonté de parler de sa communauté. ET c'est un constat tout en nuances qui se dévoile au lecteur : les traditions toujours présentes, la force des femmes et l'esprit communautaire (la famille au sens large) côtoient la précarité et la misère avec l'alcoolisme, la consommation de drogue, les grossesses à répétitions dès l'adolescence (désirées ou non) et la pauvreté.
Cette construction en fragments ne conviendra pas à tous mais ce choix n'est pas pour autant préjudiciable au livre. Et même si une narration plus proche du roman classique et avec une « histoire » m'aurait plus séduite, je reconnais que cette structure révèle avec talent toute la complexité de la vie Innue......................................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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