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sur 189 notes
La vie dans la réserve

Une autrice, Naomi Fontaine, dont Kuessipan est le premier roman.

Un livre comme un recueil de poésie. Une série d'instantanés sur la vie des Innus au Canada.

La réserve, l'alcool, la drogue, la mort. Tout ce qui détruit ce peuple mais aussi, ce qui le sauvegarde : les enfants et la mémoire. Celle des ancêtres qui ont foulé librement la terre, maintenant close par les barrières.

La reconnaissance pour cet héritage qui continue à résonner, notamment à travers l'appel pour la nature, pour les traditions qui ont réussi à se passer de génération en génération. La force des siens pour ne pas se perdre malgré les épreuves.

Le lecteur se retrouve comme transporté dans la réserve, apercevant ça et là des morceaux de vie.

Ce roman se lit et se vit.

Un livre tellement différent de ce qu'on peut lire habituellement, encore une pépite signée Mémoire D encrier.

Il serait vain d'en dire davantage, le mieux à faire est de vous inviter à voyager également aux côtés de Naomi Fontaine, à moins que vous ne l'ayez déjà fait ?
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on ressent dans chaque phrase la proximité de naomi fontaine avec ses racines et l'importance de son territoire, et le fait qu'elle n'utilise que quelques mots ne fait qu'accentuer l'importance de chacun d'entre eux. tout comme dans Manikanetish, elle fait l'usage de courts récits pour illustrer un large portrait que l'on peinerait à s'imaginer sans la justesse de ses descriptions. j'ai aussi trouvé que sa sélection d'histoires imagées et personnelles concernant les nombreux personnages lui a permis d'exposer des expériences qui n'auraient pas pu être décrites par des explications, que ce soit dû à la complexité du problème ou à la nature controversée du récit. par exemple, son approche concernant la drogue dans les réserves, un sujet qui aurait pu s'avérer tabou, a plutôt permis au lecteur de se mettre dans la peau des personnages et de développer une sensibilité nouvelle face à un défi qui ne concerne pas le reste des québécois de la même façon. bref merci à naomi fontaine de bien vouloir partager de son histoire et de son talent !!!
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L'autrice a grandi entre la ville de Québec et la réserve d'Uashat, dans le golfe du Saint-Laurent, où elle est née. Son ouvrage se veut un portrait réaliste et digne de sa communauté. Dès la première page, elle s'interroge, comment évoquer avec sincérité le désoeuvrement, les addictions, les violences et la corruption, maux endémiques aux réserves, hérités de la colonisation, sans s'arrêter à ce tableau pathétique ? Loin d'un cours linéaire, la narration progresse par aperçus fragmentaires du quotidien des siens, alternant d'un ton sobre adversités et douceurs. le cercle intime des familles, dans les petites maisons de bois, chaleureuses et surpeuplées. L'excitation des saisons de chasse et de pêche succédant aux mois d'ennui du chômage. le cercle des jeunes qui se dissipent, s'enivrent ou partent reconstruire leur vie à la ville, loin du cercle communautaire. le cercle des anciens qui malgré l'américanisation du mode de vie, transmettent toujours les coutumes d'antan. L'immensité du cercle de la baie, sa succession de lacs et de pinèdes ouverte sur l'océan que l'on parcours à pieds, en train ou en motoneige. La langue de l'autrice demeure poétique et épurée, dépourvue de nostalgie facile, même lorsque l'émotion afflue à l'évocation de ses proches, père trop tôt disparu, mère exilée, naissance de son fils à qui est dédié le dernier chapitre. Comme le déclare le titre, qui peut signifier "à ton tour" en langue innue, ce court roman est l'histoire d'une transmission, entravée mais toujours vivace, une lecture sensible que je recommande dès la fin du collège à tous les publics.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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Ce récit est formé d'une succession de courts chapitres qui dressent les portraits de personnes vivant dans une réserve amérindienne. Elle raconte les femmes qui ont 15 enfants, les hommes qui boivent trop, la chasse au caribou, le changement de saisons, les enfants qui vont à l'école catholique, la présence de na nature et les vieux indiens, les sages. C'est un livre court qui se lit rapidement. J'ai été déroutée par le style : les phrases sont courtes, factuelles et descriptives, il n'y a pas vraiment de place pour l'émotion. Une lecture en demi-teinte, j'ai aimé découvrir la culture amérindienne mais j'ai trouvé que ça manque de sentiments, de narration.
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Nouveau char, nouveau road-trip. le char, un vieux pick-up, de la rouille, de la poussière et surtout de la musique. Direction la route 138, pour une crisse de vie, des larmes et quelques bières. Tu montes à bord ?

Je roule. Je laisse derrière moi Montréal et la fresque de Leonard Cohen, remonte vers le Nord vers l'Est, toujours plus haut, fuir les bruits de la ville des gens, les dépanneurs au coin de la rue, ouvert de jour, de nuit. Retrouver le son des tambours, son martellement en transe comme un coeur qui bat encore. Toujours plus de neige, toujours plus de silence, toujours plus au loin. Nuit.

Je stoppe. Arrêt dans un dépanneur, quelques binouzes pour poursuivre la route et regarder les étoiles qui s'offrent à moi. On the road, again et again. Les paysages défilent, l'immensité des forêts à ma gauche, la majestuosité du Saint-Laurent à ma droite. L'ours et la baleine. L'orignal et le saumon. Nous étions jeunes et larges d'épaules, à attendre que la mort nous frôle.

Je bifurque. le temps m'emmène dans les terres des ancêtres innus. le grand chaman et sa danse de la neige. Qui va encore pelleter la neige devant le tipi ? de la neige d'une blancheur aussi pure que de la cocaïne. En immersion en terres amérindiennes, terres inconnues d'un monde nouveau limité à une réserve perdue au milieu d'une immensité blanche. Autour des puits de pétrole, des puits de gaz, des puits de minerai. Et les hommes, ces âmes qui foulent depuis plusieurs millénaires ce lieu ? Nuit.

Je pose. Mes sabots dans la poussière, neige fondue et vent frais. Je les vois, ces jeunes filles qui ne rêvent que de devenir mères. Enfanter, c'est faire survivre un peuple. Je les vois, ces jeunes gars allongés à même le sol, à fumer de l'herbe à longueur de journée, à vider quelques bouteilles d'une bière fade et américaine. C'est par où Chambly ? Poésie.

Je lis. Des consonnes et des voyelles qui s'assemblent sur les rives du fleuve et forment un moment de beauté poétique. Court, l'image de l'instant, comme le haïku d'un autre rivage. Ephémère comme la neige qui fond entre tes cuisses. Je chante, seul sur le sable, les yeux dans l'eau, ou un truc plus tribal fait d'une succession de lettres qui écorchent la voix à celui qui n'a pas l'habitude de parler. Silence.

J'écoute le silence, celui d'un piano, celui d'une âme, celui d'un peuple. Mon silence qui n'ébruite même plus la poussière de la vie emportée par le blizzard de la péninsule, le Nitassinan. J'arrive au bout de ce voyage, au bout de la route 138, la fin d'une errance et je m'enfonce dans le sombre de l'océan. Poussière.
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Dans Kuessipan, l'autrice N. Fontaine nous emmène dans la réserve innue Uashat.

A travers un récit fragmenté, laissant une large place aux respirations et à la poésie, elle nous fait entrevoir des morceaux de vie des habitants de la réserve dont elle est elle-même originaire.

J'aurais du mal à vous en dire plus sur ce court ouvrage où les chapitres font quelques lignes ou quelques pages. J'ai été décontenancé par ce style particulier mais j'ai finalement été happée par la plume poétique et descriptive de l'autrice.
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J'ai découvert il y a peu Naomi Fontaine, et j'ai beaucoup aimé ce premier livre que je lis de l'autrice.
Kuessipan est un savent mélange entre émotions, mémoire, à la limite de la poésie engagé. Les textes sont cours mais nous raconte sans détour le quotidien de la vie en réserve autochtone. Les joies, les peines, les traumatisme, les blessures, rien n'est oublié, tout est conté de façon intense.
Les traditions y sont détaillé, nous sommes en totale immersion. Personnellement pour moi c'est un coup de coeur.
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Un court roman très touchant. On se retrouve ici au coeur d'une réserve autochtone et ses habitants tiraillés entre un quotidien difficile, chômage, alcool, drogue et une richesse ancestrale. le style incisive de l'auteure rend ce récit mordant et direct. On sent l'urgence de renouer avec les traditions pour ne pas se perdre dans cette société qui semble offrir si peu d'espoir à cette nouvelle génération.
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On m'avait beaucoup parlé de ce livre. Lorsque je l'ai trouvé, il m'a paru très très mince.
Pourtant le propos ne l'est pas.
Naomi Fontaine, dans ce premier ouvrage, écrit, décrit, énumère, observe et livre au lecteur un récit qui paraît décousu ( surtout dans les premières pages).
Et petit à petit je me suis familiarisée avec ces phrases courtes mais tellement denses, ces listes si simples qu'elles en deviennent poétiques, ces remarques qui interpellent le lecteur
Il s'agit d'un texte écrit sur la vie quotidienne dans une réserve amérindienne. La souffrance mais l'espoir dans la génération future se côtoient à chaque page.
Respect, pudeur, beauté...
mais il me faudra sûrement une deuxième lecture pour apprécier pleinement, tant ce tout petit livre en a gros sur le coeur!
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Naomi Fontaine semble hurler.
Son roman, c'est un coup de hache dans le vent avec des cris et des larmes sèches.
C'est une écriture aride, faite de peu de mots, mais si percutants qu'on en sent toute la douleur.
C'est beau, c'est épuré, c'est rude.
Cela parle de cette minorité innue, qui un peu comme les amérindiens, les afro-américains dont la culture a été complètement anéantie par les blancs, laissant des âmes perdues, errantes dans un monde auquel ils ont du mal à s'adapter, parce qu'il n'est plus le leur.
Ce n'est mélo, ce n'est pas sinistre. C'est juste, c'est des faits, c'est triste.
Mais tellement bien écrit !
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