Le Mont deux fois par jour est une île. Le reste du temps, c'est un morceau de terre mal rattaché au continent, comme s'il avait pour mission de nous rappeler que tous les liens sont fragiles et éphémères. On n'est jamais si seul ni si entouré qu'on veut bien le croire.
Il ne nous suffit point d'apprendre, de savoir et de croire. Il nous faut encore inventer.
Parce que pour être capable de lire les bons il faut parfois avoir lu ceux qu'on dit méchants. Les livres se parlent entre eux avant de nous parler à nous.
Plus que des maisons de pierre et de bois, nous habitons d’abord des cabanes de mots, tremblantes et pleines de jours. On dit je t’aime pour se réchauffer; on dit orange, et l’on sent ses doigts; on dit il pleut pour le plaisir de rester à l’intérieur, pelotonné près de la lumière du mot livre. (Livre, qui vient de liber : la partie vivante de l’écorce d’un arbre, mais aussi liberté).
Quelquefois, point n'est besoin de croire, il suffit de continuer à marcher.
Étrange renversement, du cloître à la prison, tous deux lieux d'enfermement, le premier volontaire, le second forcé. Il y a entre ces deux types de confinement la même différence qu'entre un mariage d'amour et un viol. D'un côté le don, de l'autre le vol.
[...] il faut en effet une grande sagesse pour savoir non seulement lire, mais écrire dans le grand livre de la nature.
Quiconque est déjà devenue mère – ou peut‑être parent – a connu ce renversement fondamental et irréversible : du jour au lendemain, du centre de l’univers, on passe en périphérie.
Des hommes il y a mille ans ont construit de la dentelle dans du granit pour grimper jusqu’à Dieu.
Quel que soit l’angle sous lequel on le regarde, il est impossible de voir précisément où s’arrête le roc et où commence l’église.