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Pour le centenaire de la mort d'Anatole France, je viens de terminer la lecture du Crime de Sylvestre Bonnard. Il s'agit du premier roman d'Anatole France, publié en 1881.

C'est l'histoire d'un adorable vieillard bibliophile et membre de l'Institut, qui vit dans un bel immeuble au bord de la Seine avec sa servante Thérèse et son chat. C'est dans sa bibliothèque évidemment qu'il passe le plus clair de son temps et qu'il a baptisé « La cité des Livres », dont son chat Hamilcar est le gardien nocturne.

Rien que pour ça, ce roman me plaît. On suit d'ailleurs Sylvestre Bonnard à la quête d'un manuscrit du XIVème siècle, intitulé 'La légende dorée de Jacques de Voragine' rédigé par le clerc Jehan Tout-Mouillé, un panégyrique sur les différents saints attachés à l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés.

Comme tout bon bibliophile incurable, Bonnard ne cesse de penser à ce précieux ouvrage et mettra tout en oeuvre pour se le procurer. Son obsession le pousse jusqu'à aller en Sicile sous un soleil brûlant où le manuscrit se trouve chez un antiquaire italien.

Mais le crime de Sylvestre Bonnard, comme évoqué dans le titre du roman, n'a rien de bibliophile, mais relève plutôt de son passé amoureux. C'est ce crime qui nous fera découvrir un pensionnat pour filles dirigé par une femme revêche et frustrée au nom de Mlle Préfère et une jeune fille au nom de Jeanne qui subit le caractère acariâtre de la directrice avec une patience angélique.

La plume raffinée et cultivée d'Anatole France me plaît beaucoup, et je suis fort étonné que quasiment plus personne ne lit cet écrivain qui remportait pourtant tous les suffrages à son époque, tant pour son humanisme, son immense culture et sa belle plume.
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Une histoire bien sympathique qui, si elle semble d'abord bien cliché – avec une première partie convenue, gagne peu à peu en subtilité.
La première présente un vieux garçon entouré de livres, plongé dans ses manuscrits - qu'on imagine poussiéreux, difficiles à déchiffrer - pour enquêter sur des registres d'abbayes médiévales et d'abbés inconnus. Il n'a pour seuls interlocuteurs que sa gouvernante revêche - qui grogne, et son chat, qui daigne à peine miauler. Oui, il ne semble d'abord que peu intéressant, car ne s'intéressant lui-même pas aux autres, notamment ses voisins. D'ailleurs, il ne prend son journal que rarement, ne note que des éléments brefs, rapides.
Son écriture commence à se déployer, à partir d'un voyage en Italie sur les traces d'un manuscrit. Si l'identité de la femme qu'il rencontre est transparente pour le lecteur un tout petit peu attentif, lui qui n'est pas habitué à observer le monde qui l'entoure ne reconnaît rien. Mais il reçoit justement une sorte de révélation, presque au sens mystique, dans la mesure où il commence à percevoir la beauté. Sortir de sa bibliothèque est donc une première étape pour découvrir et admirer le monde. Son journal s'étoffe, accueille des descriptions, notamment du paysage napolitain. Il devient plus intime, plus personnel, moins centré sur le travail. Et, justement, Sylvestre Bonnard se livre, se rappelant son premier et seul amour. Il devient donc capable d'humour, de sensibilité, d'amour paternel en s'ouvrant aux autres. Il n'oublie pas les livres, mais quitte le passé pour profiter du présent.
J'ai trouvé assez drôles les manoeuvres de la vieille fille pour se faire épouser, même si, comme souvent, le personnage de la jeune fille n'a que peu d'intérêt propre. Je n'ai en revanche pas compris l'intérêt d'une tonalité tragique dans les dernières lignes, qui rompt avec la bienveillance et la douceur qui caractérisent peu à peu Sylvestre Bonnard. S'il n'est pas aussi grand que Buvat dans le Chevalier d'Harmental - pour moi, une magnifique figure de grand-père adoptif, c'est un beau personnage.
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"Le crime de Sylvestre Bonnard" est un roman, écrit en 1881 par Anatole France, prix Nobel de littérature 1921.

Quel est donc le "crime" de ce monsieur Sylvestre Bonnard ? Cet homme âgé, érudit, spécialiste des inventaires anciens, "membre de l'Institut", qui vit au milieu de ses livres.

Après une première partie, très différente de la suivante, qui paraît comme une nouvelle ajoutée en début de récit, l'auteur nous fait rencontrer Jeanne, une jeune orpheline, petite-fille d'une femme que Bonnard a aimé jadis. L'histoire principale commence alors, et nous mènera à découvrir le "crime" perpétré par l'illustre Sylvestre Bonnard.

Voici un auteur (un peu désuet tout de même) qui nous plonge avec une écriture très agréable, dans le siècle passé, dans la morale et les convenances d'une autre époque. Il est intéressant de (re)découvrir ce qui attendait les jeunes filles à cette époque en terme d'éducation, de non-émancipation et d'interdit-de-tout (!) Et tout particulièrement pour une orpheline, sans dot, à la merci de son tuteur, ici un notaire véreux, et d'une directrice d'école mauvaise et revêche.
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Prix Nobel de littérature en 1921, Anatole France est un auteur qui n'a plus la faveur des lecteurs actuels. Pourtant, ses textes, certes démodés, ne sont pas dénués d'intérêt.

Ici, nous lisons le journal de Sylvestre Bonnard de 1862 à 1882. le vieux bonhomme féru d'histoire vit seul et plus ou moins retiré du monde avec son chat Hamilcar et sa gouvernante Thérèse dans une maison où il croule sous les vieux bouquins (qu'il appelle lui-même « la cité des livres »). .Au premier abord, il semble plutôt antipathique. Mais ce chartiste est un humaniste, bibliophile, un homme fidèle à ses convictions capable de faire des milliers de kilomètres à la poursuite d'un manuscrit. Et si l'histoire n'est pas d'un immense intérêt, il est plaisant de cheminer aux côtés de son personnage principal, moins endurci qu'il ne le pense. Un roman à (re)découvrir si vous croisez sa route.
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La Lecture de ce roman est agréable , style classique, de belles phrases, un vocabulaire choisi, des références à l'histoire, la mythologie...
Le récit reste toutefois bien convenu et la trame rappelle d'autres romans du XIX e : un barbon célibataire, une jeune orpheline pauvre, mal traitée , la rencontre avec un jeune homme, le mariage...

Mais cette histoire ,somme toute classique, permet de retrouver la nostalgie et l'atmosphère d'un Paris disparu à tout jamais , et pour qui aime les livres et la lecture, reste aussi le plaisir de côtoyer au gré des 279 pages, de vieux manuscrits, retrouver des mots oubliés, (grimaud, antiphonaire (livre liturgique), , hippogriffe (animal fabuleux mi cheval mi griffon) poêle (drap mortuaire), tabellion
ou encore scolie ( skolion explication, remarque grammaticale , critique ou historique faite dans l'Antiquité sur un texte)

Quelques passages intéressants :

p.112 « Savoir n'est rien, imaginer est tout. Rien n'existe que ce imagine. Je suis imaginaire. C'est exister cela, je pense ! »
p.268 « Je lui dis « l''histoire qui était un art et qui comportait toutes les fantaisies d l'imagination, est devenue de notre temps une science à laquelle il faut procéder avec une rigoureuse méthode »
Gélis me demande la permission de n'être pas de mon avis. Il me déclare qu'il ne croit pas que l'histoire soit ni devienne jamais ne science. « Et d'abord, me dit-il, qu'est ce que l'histoire. La représentation écrite des événements passés. Mais qu'est-ce qu'un événement ? Est-ce un fait quelconque ? Non pas ! Me dites-vous, c'est un fait notable. Or comment l'historien juge t-il qu'un fait est notable ou non ? Il en juge arbitrairement , selon son goût et son caprice, à son idée, en artiste enfin ! Car les faits ne se divisent pas , de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques. Mais un fait est quelque chose d'extrêmement complexe. L'historien représentera t-il les faits dans leur complexité ? Non, cela est impossible. Il les représentera dénués de la plupart des particularités qui les constituent, par conséquent, tronqués, mutilés, différents de ce qu'ils furent. Quant au rapport des faits entre eux, n'en parlons pas. Si un fait dit historique est amené ce qui est possible, par un ou plusieurs faits non historiques et par cela même inconnus, comment l'historien pourra t-il marquer la relation de ces faits ? Et je suppose dans tout ce que je dis là, M. Bonnard, que l'historien a sous les yeux des témoignages certains , tandis qu'en réalité , il n'accorde sa confiance à tel ou tel témoin que par des raisons de sentiment. L'histoire n'est pas une science, c'est un art et on n'y réussit que par l'imagination »

Et puis ce livre permet de redécouvrir Anatole France, surtout fréquenté à travers les dictées du Primaire( dictées reprenant les descriptions dans la Reine Pédauque)
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Un texte en deux parties. Dans la première, un vieil érudit, comme une quête, cherche à obtenir à tout prix, un manuscrit qui ne cesse de lui échapper tandis que, bon bougre, il secourt sa voisine sur le point d'accoucher en lui fournissantde quoi se chauffer, le titre de cette partie est "la bûche". Ne disons pas tout de suite s'il récupère le manuscrit.
Dans la deuxième partie, "Jeanne Alexandre", nous voyons notre philanthrope s'occuper d'une orpheline, petite-fille d'une femme dont il fut l'amoureux transi. le lien est difficile à établir avec la première partie mais la fin de l'histoire nous éclaire en ce sens.
C'est la deuxième incursion dans Anatole France et c'est toujours ce même univers de rat de bibliothèque. Rien que le début du roman donne l'ambiance : " J'avais endossé ma robe de chambre et chaussé mes pantoufles. " Tout de suite, on s'attend à une série d'aventures rocambolesques!
A travers ces charmantes histoires, France dénonce surtout la cupidité et l'hypocrisie. Cupidité des soi-disants "tuteurs " qui ne pensent qu'à s'enrichir et l'hypocrisie de certaines pensions dite "charitables ". Sylvestre Bonnard, membre de l'Institut, est voué à faire le bien dans un monde d'apparence. Somme toute, son crime n'est pas bien grave.
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Lu en ...2013; 4 étoiles pour l'écriture
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J'avais lu quelque part que l'argument du roman d'Anatole France était l'histoire vraie de Louis Ménard, l'inventeur malheureux du collodion. Celui-ci s'était marié sur le tard avec une fille jeune qui l'avait rapidement abandonné et qui était revenue vers lui, juste avant sa mort , pour toucher l'héritage qu'il lui avait, malgré tout, laissé.
En fin de lecture, je m'aperçois que l'histoire de Ménard et celle de Sylvestre Bonnard n'ont pas grand chose en commun. Comme quoi il faut toujours vérifier ce qu'on peut lire ça et là.
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Je note deux étoiles car même si l'expression française de l'auteur ne cède rien aux modes, le fond est lamentable. C'est un condensé de flagornerie pour tous ses contemporains, d'auto satisfaction fadasse, qui atteint parfois un épicurisme à peu près écoeurant : « le bon pâté de Chartres, le bon vin château Margot, la belle France, les gentils bouquinistes, le bon Empédocle, les belles fleurs » Tout est beau, tout est magnifique, tout le monde est superbe, surtout les gens célèbres.

Qu'attendre d'un roman ? Un peu de relief non ? J'ai besoin qu'un auteur me dérange, me pousse, me fasse rire, me choque, comme Mirbeau, Balzac, ou tant d'autres même peu connus savent le faire. Là j'ai un inventaire de compliments sirupeux, qui donnent la nausée, à croire que l'auteur est une sucrerie répugnante genre Chamallow, un vieux Chamallow ramolli et flétri, comme un phallus à la retraite ! Or j'ai besoin d'excès, de parti pris, contrairement à une expression souvent rencontrée sur les forums, ce qui est excessif est vivant, ce qui est politiquement correct m'ennuie, car j'y perçois une intention rampante qui me déplait.

J'ai mille fois préféré Pierre Loti, qui n'a jamais eu de prix Nobel, mais me parle vraiment, et d'ailleurs manie mieux la langue française. Je comprends pourquoi cet auteur est abandonné si tout est à l'avenant : et puis honnêtement j'en ai assez des références à l'histoire grecque ou romaine, juste pour montrer qu'on a de la culture... STOP ! Ce passeport entre lettrés : regarde j'ai lu Plutarque. Oui moi aussi j'ai lu Plutarque, c'était super chiant ! Bon voilà, au moins c'est dit. de plus, son humour aussi sent la naphtaline.

Donc pour ne pas finir sur une note négative, car fondamentalement j'aime tous les écrivains, je relirai Anatole France, notamment « Les Dieux ont soif », qui m'a l'air plus polémique, plus sombre, mais bon ce premier roman est pour moi à oublier.
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