La Lecture de ce roman est agréable , style classique, de belles phrases, un vocabulaire choisi, des références à l'histoire, la mythologie...
Le récit reste toutefois bien convenu et la trame rappelle d'autres romans du XIX e : un barbon célibataire, une jeune orpheline pauvre, mal traitée , la rencontre avec un jeune homme, le mariage...
Mais cette histoire ,somme toute classique, permet de retrouver la nostalgie et l'atmosphère d'un Paris disparu à tout jamais , et pour qui aime les livres et la lecture, reste aussi le plaisir de côtoyer au gré des 279 pages, de vieux manuscrits, retrouver des mots oubliés, (grimaud, antiphonaire (livre liturgique), , hippogriffe (animal fabuleux mi cheval mi griffon) poêle (drap mortuaire), tabellion
ou encore scolie ( skolion explication, remarque grammaticale , critique ou historique faite dans l'Antiquité sur un texte)
Quelques passages intéressants :
p.112 « Savoir n'est rien, imaginer est tout. Rien n'existe que ce imagine. Je suis imaginaire. C'est exister cela, je pense ! »
p.268 « Je lui dis « l''histoire qui était un art et qui comportait toutes les fantaisies d l'imagination, est devenue de notre temps une science à laquelle il faut procéder avec une rigoureuse méthode »
Gélis me demande la permission de n'être pas de mon avis. Il me déclare qu'il ne croit pas que l'histoire soit ni devienne jamais ne science. « Et d'abord, me dit-il, qu'est ce que l'histoire. La représentation écrite des événements passés. Mais qu'est-ce qu'un événement ? Est-ce un fait quelconque ? Non pas ! Me dites-vous, c'est un fait notable. Or comment l'historien juge t-il qu'un fait est notable ou non ? Il en juge arbitrairement , selon son goût et son caprice, à son idée, en artiste enfin ! Car les faits ne se divisent pas , de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques. Mais un fait est quelque chose d'extrêmement complexe. L'historien représentera t-il les faits dans leur complexité ? Non, cela est impossible. Il les représentera dénués de la plupart des particularités qui les constituent, par conséquent, tronqués, mutilés, différents de ce qu'ils furent. Quant au rapport des faits entre eux, n'en parlons pas. Si un fait dit historique est amené ce qui est possible, par un ou plusieurs faits non historiques et par cela même inconnus, comment l'historien pourra t-il marquer la relation de ces faits ? Et je suppose dans tout ce que je dis là, M. Bonnard, que l'historien a sous les yeux des témoignages certains , tandis qu'en réalité , il n'accorde sa confiance à tel ou tel témoin que par des raisons de sentiment. L'histoire n'est pas une science, c'est un art et on n'y réussit que par l'imagination »
Et puis ce livre permet de redécouvrir
Anatole France, surtout fréquenté à travers les dictées du Primaire( dictées reprenant les descriptions dans la Reine Pédauque)