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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le décor principal de ce récit est une profonde bibliothèque, "la cité des livres" érigée au prix de modiques pécules et d'un zèle infatigable, une collection qu'Hamilcar, le chat, défend contre tous vils rongeurs .
Le personnage principal de l'ouvrage est un philologue bibliophile, un vieux savant à la recherche de l'ancestral manuscrit de Jean ToutMouillé.
Sylvestre Bonnard, vénérable membre de l'Institut, a un peu peur de Thérèse, sa gouvernante.
Mais il sait mieux qu'il ne veut bien l'avouer déchiffrer le livre de la vie .
Il n'aime pas trop les gens raisonnables !
"Le crime de Sylvestre Bonnard membre de l'Institut" est un livre d'Anatole France, son premier roman, paru aux éditions Calmann Lévy en 1881.
C'est un livre à l'antithèse de la littérature d'aujourd'hui.
C'est un livre lent, sans véritable but mais tellement profond et agréable à lire.
Le mot y est éclairé par la lucidité souriante d'Anatole France.
Les réflexions à part, les conversations en font tout l'intérêt, plus que les situations et le fond d'un récit dont même son auteur semble peu se préoccuper.
"Nos passions, c'est nous.
Mes bouquins, c'est moi
Je suis vieux et racorni comme eux".
Anatole France a trente-sept ans mais son livre, déjà, est plein d'une sagesse désuète.
Il est entré de pleine plume dans le personnage de Sylvestre Bonnard.
L'ouvrage est composé de deux chapitres, qui pourraient être deux nouvelles distinctes mais qui, finalement, se tiennent et forment un roman par le ton, le style et le propos : "la bûche" et "Jeanne Alexandre".
La première partie présente avec gourmandise ce vieillard malicieux qui aime les livres et les gens, en même temps qu'elle démontre que le miracle de Noël n'est pas un mirage, et qu'un bienfait n'est jamais perdu.
La seconde est une longue réflexion, qui flâne le long de la vieillesse d'un homme qui reprend goût à la vie en arrachant de la misère une jeune orpheline.
"En vérité l'homme est fait plutôt pour manger des glaces que pour compulser de vieux textes".
Pourtant ce vieux texte d'Anatole France sait se faire profond, philosophique, sage et fou à la fois.
Il contient déjà en substance toute la pensée de celui qui deviendra une des plus belles plumes de son temps.
D'ailleurs "le crime de Sylvestre Bonnard", en 1882, a été récompensé par l'Académie française par son prix Montyon, le prix littéraire alors décerné à l'ouvrage "le plus utile aux moeurs".
Et pourtant, cet ouvrage d'Anatole France est déjà plein de la tranquille subversion que son oeuvre entière a portée sans jamais faiblir ...


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Ah ce Sylvestre Bonnard ! Tout érudit racorni qu'il soit, il m'a fait passer de bons moments.
Il faut dire que son appartement sur le quai Malaquais regorge de livres – anciens, et surtout des manuscrits trèèès vieux, mais qu'importe. La passion des mots et de l'Histoire me relie à lui. Et puis, quelle vue quand on regarde par ses fenêtres ! La Seine, le Pont Neuf
Il faut dire aussi qu'il a l'esprit vif, ironique et plein d'autodérision, ce que j'adore.
Et quand sa bonté naturelle passe outre des récriminations de sa vieille servante, alors là, j'adhère complètement.

Son journal s'étend sur quelques années (nous sommes dans la deuxième moitié du 19e siècle) et nous donne à voir la mentalité de l'époque comme entre autres le fait de placer les jeunes filles en institution scolaire très comme il faut, mais les rétrograder au statut de servantes quand l'argent ne suit plus.
Ses pensées les plus intimes y sont consignées, et nous apprenons qu'il a connu un grand amour dans sa jeunesse, mais qu'il est resté célibataire. Et quand la petite-fille du grand amour apparait, cela nous donne des pages savoureuses et bienveillantes, honni soit qui mal y pense ! N'oublions pas que Sylvestre a le nom prédestiné de « Bonnard ».
Alors, ce crime dont parle le titre ? Lisez et vous verrez !

Je serai donc l'avocate de Sylvestre Bonnard, même si le style quelque peu ampoulé d'Anatole France m'a semblé si vieux – on dit d'ailleurs qu'il est le dernier des auteurs classiques-.

Heureuse d'avoir fait sa connaissance, moi qui n'avais jamais lu cet auteur !
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Anatole France fait partie de ces nombreux auteurs français célèbres en leur temps, et en train hélas de plonger dans l'oubli à vitesse accélérée. Et c'est bien dommage car il y a là un vrai talent littéraire, un art consommé de la description, et cette précieuse lucidité ironique qu'il est si rare de rencontrer.

En quelques pages, on pénètre dans la vie de son héros : Sylvestre Bonnard, digne fils de l'école des Chartes, historien spécialisé dans l'étude du monde monastique. D'un âge avancé, il a accumulé honneurs et érudition, et vit paisiblement dans son appartement parisien, environné de livres chers et de domestiques grognons mais dévoués. Il est lucide sur sa vie de rat de bibliothèque, qui lui convient parfaitement du reste. Il a bon coeur, et au plus fort de l'hiver fait porter du bois au couple pauvre logeant dans le galetas. Mais coup sur coup, deux évènements vont l'arracher à cette vie paisible.

C'est d'abord l'annonce de la découverte en Sicile d'un rare et précieux manuscrit médiéval, ‘La Légende Dorée' de Jacques de Voragine. On a beau aimer son confort et ses pantoufles, quand on est un vrai historien c'est le genre de nouvelle qui vous jette sur la route séance tenante ! Tant pis pour le fauteuil et pour le chocolat chaud, en route ! Que viennent la fatigue et les punaises des lits d'auberge, que les calèches cahotantes nous entrainent sur les routes, dans la chaleur et la poussière ! Au bout du chemin, la plus précieuse chose du monde nous attend : un livre !

A peine rentré, sa quiétude est de nouveau troublée. Par hasard, il apprend la mort d'une jeune fille qu'il a jadis connue, la seule femme qu'il ait jamais aimée – fugitivement, entre deux années studieuses… Elle laisse derrière elle une fille unique qui, faute de mieux, a été confiée à une pension. Il lui rend visite, comprend vite qu'elle n'ait ni bien traitée ni heureuse. Peut à peut, une véritable amitié naît entre le vieil érudit et la fillette…

Difficile de ne pas être conquis par ce vieil homme touchant, lucide sur sa vie et naïf sur le monde, et par la relation filiale qui s'établit entre lui et cette adolescente disgracieuse mais aimante. Bien que le livre comporte en fait deux histoires sans grand lien entre elles, Anatole France réussit à lui garder une étonnante cohérence. Aragon peut en dire ce qu'il veut : en ce qui me concerne j'apprécie Anatole France, et je compte bien poursuivre sa découverte !
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La Lecture de ce roman est agréable , style classique, de belles phrases, un vocabulaire choisi, des références à l'histoire, la mythologie...
Le récit reste toutefois bien convenu et la trame rappelle d'autres romans du XIX e : un barbon célibataire, une jeune orpheline pauvre, mal traitée , la rencontre avec un jeune homme, le mariage...

Mais cette histoire ,somme toute classique, permet de retrouver la nostalgie et l'atmosphère d'un Paris disparu à tout jamais , et pour qui aime les livres et la lecture, reste aussi le plaisir de côtoyer au gré des 279 pages, de vieux manuscrits, retrouver des mots oubliés, (grimaud, antiphonaire (livre liturgique), , hippogriffe (animal fabuleux mi cheval mi griffon) poêle (drap mortuaire), tabellion
ou encore scolie ( skolion explication, remarque grammaticale , critique ou historique faite dans l'Antiquité sur un texte)

Quelques passages intéressants :

p.112 « Savoir n'est rien, imaginer est tout. Rien n'existe que ce imagine. Je suis imaginaire. C'est exister cela, je pense ! »
p.268 « Je lui dis « l''histoire qui était un art et qui comportait toutes les fantaisies d l'imagination, est devenue de notre temps une science à laquelle il faut procéder avec une rigoureuse méthode »
Gélis me demande la permission de n'être pas de mon avis. Il me déclare qu'il ne croit pas que l'histoire soit ni devienne jamais ne science. « Et d'abord, me dit-il, qu'est ce que l'histoire. La représentation écrite des événements passés. Mais qu'est-ce qu'un événement ? Est-ce un fait quelconque ? Non pas ! Me dites-vous, c'est un fait notable. Or comment l'historien juge t-il qu'un fait est notable ou non ? Il en juge arbitrairement , selon son goût et son caprice, à son idée, en artiste enfin ! Car les faits ne se divisent pas , de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques. Mais un fait est quelque chose d'extrêmement complexe. L'historien représentera t-il les faits dans leur complexité ? Non, cela est impossible. Il les représentera dénués de la plupart des particularités qui les constituent, par conséquent, tronqués, mutilés, différents de ce qu'ils furent. Quant au rapport des faits entre eux, n'en parlons pas. Si un fait dit historique est amené ce qui est possible, par un ou plusieurs faits non historiques et par cela même inconnus, comment l'historien pourra t-il marquer la relation de ces faits ? Et je suppose dans tout ce que je dis là, M. Bonnard, que l'historien a sous les yeux des témoignages certains , tandis qu'en réalité , il n'accorde sa confiance à tel ou tel témoin que par des raisons de sentiment. L'histoire n'est pas une science, c'est un art et on n'y réussit que par l'imagination »

Et puis ce livre permet de redécouvrir Anatole France, surtout fréquenté à travers les dictées du Primaire( dictées reprenant les descriptions dans la Reine Pédauque)
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Un texte en deux parties. Dans la première, un vieil érudit, comme une quête, cherche à obtenir à tout prix, un manuscrit qui ne cesse de lui échapper tandis que, bon bougre, il secourt sa voisine sur le point d'accoucher en lui fournissantde quoi se chauffer, le titre de cette partie est "la bûche". Ne disons pas tout de suite s'il récupère le manuscrit.
Dans la deuxième partie, "Jeanne Alexandre", nous voyons notre philanthrope s'occuper d'une orpheline, petite-fille d'une femme dont il fut l'amoureux transi. le lien est difficile à établir avec la première partie mais la fin de l'histoire nous éclaire en ce sens.
C'est la deuxième incursion dans Anatole France et c'est toujours ce même univers de rat de bibliothèque. Rien que le début du roman donne l'ambiance : " J'avais endossé ma robe de chambre et chaussé mes pantoufles. " Tout de suite, on s'attend à une série d'aventures rocambolesques!
A travers ces charmantes histoires, France dénonce surtout la cupidité et l'hypocrisie. Cupidité des soi-disants "tuteurs " qui ne pensent qu'à s'enrichir et l'hypocrisie de certaines pensions dite "charitables ". Sylvestre Bonnard, membre de l'Institut, est voué à faire le bien dans un monde d'apparence. Somme toute, son crime n'est pas bien grave.
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Lu en ...2013; 4 étoiles pour l'écriture
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