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Citations sur Première personne du singulier (24)

À 6 heures du matin, ce 25 décembre 1884, le vent commença à faiblir. L'ouragan s'éloignait. Mackney fit envoyer les voiles d'étai et La Providence continua sa route sous ce gréement de fortune.

À 7 h 45, les hommes du quart montant effectuèrent la relève de leurs camarades sur la dunette dévastée ; ils attendirent que le capitaine vienne prendre son poste avec ce pas lourd et rassurant qui avait jalonné tant d'années de leur existence, mais on ne le vit pas paraître.
(…)
Bientôt Ie soleil se leva par Ie tribord avant de La Providence et Mackney se résolut à faire éteindre les lumières du brick. Elles disparurent une à une et lorsque la lueur du fanal arrière mourut la dernière au milieu du jour boueux qui venait de remplacer la nuit obscure, tous surent a bord que Ie capitaine Flaherty était allé rejoindre son fils.
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Ce fût à 23 heures précises, le 24 décembre, qu'un craquement de malheur retentit au sommet du mat de misaine. À peine ce grondement cessa-t-il que le brick prit de la bande sur bâbord et se maintint penché à plus de vingt degrés de gîte. Mackney, qui s'était endormi tout habillé sur sa couchette, tomba dans les ténèbres ; il resta un instant allongé sur le plancher, l’angoisse au cœur, attendant de sentir le navire se redresser. Mais rien ne vint : il sut alors que La Providence était mortellement menacée. Il se releva et, sans prendre le temps de revêtir son ciré, bondit hors de sa cabine pour monter sur la dunette, s'appuyant partout de la main gauche tant la gîte était prononcée.
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Mais, dans l’adversité, il arrive qu'un événement attendu avec trop d'espérance conduise à se réjouir prématurément. Dix heures ne s'étaient pas écoulées que, le 24 décembre au petit matin - dans l’aube infiniment triste qui se levait sur l’océan déchaîné -, le vent, tout en restant plein sud, se mit à forcir comme on ne pensait pas que cela fût possible. Il hurlait avec une telle hargne qu'il devint presque impossible de s'entendre à moins de deux mètres ; l’aiguille de l’anémomètre se bloqua au-delà de 11 Beaufort. Cette fois, l’ouragan était là - et il écrasa littéralement la houle et les vagues.
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Ce 23 décembre vers 19 heures, alors que la nuit était déjà largement tombée, le vent commença à tourner au sud - ce qui pouvait arriver de mieux à La Providence. Et ce vent daigna ne pas forcir. Toutefois, en regardant l’anémomètre dans la salle de navigation, Mackney grommela : « 10 Beaufort, nom d'un chien... Pour une tempête, c'en est quand même une » ; dans son coin Klavensko dit sobrement : « Par tous mes poils, je serais bien content si on en restait là » ; et Tim sur la dunette s'exclama : « Père, je crois que c'est gagné. Avant trois jours nous serons en Islande... » Flaherty, qui aurait bien voulu le croire mais se méfiait de la mer autant qu'il l’aimait, le prit par l’épaule et le serra contre lui : « Sûrement, fils, sûrement... »
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De toutes les tragédies humaines que compte l'histoire des océans, celle vécue par le vieux capitaine Flaherty la nuit de Noël 1884 appartient sans nul doute à l'espèce la plus épouvantable qui soit. Que la fortune ait pu accabler à ce point un homme parmi les plus singuliers qui aient jamais navigué sur les océans est demeuré longtemps une énigme aux yeux de tous ceux qui furent mêler de près ou de loin à cette tragédie. Aujourd'hui encore, dans le petit port irlandais de Gillerney où vivait le capitaine entre deux embarquements, on raconte que l'horreur de son drame personnel a hanté les nuits des hommes de son équipage jusqu'à leur dernier souffle.
Un fanal arrière qui s’éteint
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L’histoire la plus insolite de ma carrière de journaliste a commencé de la manière la moins originale qui soit : on était au début de l'année 2013, en février, et il faisait une chaleur impossible. Je n'avais rien de spécial à faire quand Jim Billingman m'a proposé de m'occuper de ce qui allait devenir entre nous « l'affaire Mark Wells » ; je me suis bien demandé pourquoi. Je suis en charge des pages « pipoles » du magazine, pas des faits divers sensationnels, et au Sydney Match on ne plaisante pas avec les chasses gardées des petits camarades.
Mais voilà : Jim m'a croisé dans le couloir de la rédaction et m'a lancé : « Eh, Ted, à propos, j'ai un truc pour vous ; tout à fait dans vos cordes. Venez avec moi, je vous prie. »
Le naufrage du lieutenant Wells
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Dix heures ne s’étaient pas écou­lées que, le 24 décembre au petit matin – dans l’aube infi­ni­ment triste qui se levait sur l’océan déchaîné – , le vent, tout en restant plein sud se mit à forcir comme on ne pensait pas que ce fût possible. Il hurlait avec une telle hargne qu’il devint presque impos­sible de s’entendre à moins de deux mètres ; l’aiguille de l’anémomètre se bloqua au-​delà de 11 Beau­fort. Cette fois, l’ouragan était-​là –et il écrasa litté­ra­le­ment la houle et les vagues (…) Le vent était si assour­dis­sant qu’il n’entendait rien que son siffle­ment aigu – et tous les autres sons étaient anni­hilé : il y avait de quoi terro­riser les plus témé­raires. Il eut la prémo­ni­tion que la mer venait de s’emparer de toute sa personne, avec tout le mal qu’elle conte­nait et tout ce que cette « faiseuse de veuves » pouvait apporter de malheur- et il eut peur pour la première fois de sa vie.
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Flaherty reconnut dans ses yeux cette drôle d’espérance qui persiste dans l’adversité tant qu’il existe un ultime recours. Et voilà, songea-​t-​il avec une morne pensée ; en vérité, les capi­taines ne servent à rien en temps ordi­naires … Mais quand plus rien ne va… Alors, bien sûr… Tout sur leurs épaules… Et pour eux, pas de recours… Personne au-​dessus… Ah, je suis peut-​être trop préten­tieux.
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Ils se senti­rent envahis soudain par une inquié­tude sourde et entê­tante qu’ils n’avaient encore jamais connue ; c’était comme une bête malsaine qui venait de prendre nais­sance quelque part dans leurs corps et enflait mainte­nant tout douce­ment, se nour­ris­sant de ce qu’il y avait de meilleur en eux.
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L’estime réci­proque que se portaient Mackney et Flaherty était l’une des légendes de la « Provi­dence ». Les deux hommes avaient affronté ensemble d’innombrables coups durs sur tous les océans et ne s’en étaient sortis que par leurs savoirs mutuels ; cepen­dant, ils n’auraient su donner un nom aux liens que ces épreuves avaient tissés entre eux et on ne se souve­nait pas que Flaherty ait jamais adressé le moindre compli­ment à Mackney, ni que celui-​ci ait féli­cité un jour son capi­taine pour quoi que ce sot. En vérité, cela ne se faisait pas entre gens de cette sorte ; de toute façon, comme le disait Klavensko, ces deux là n’avaient pas besoin de mots pour se dire ce qu’ils pensaient.
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