Merci Krol, je suis à la recherche de textes courts pour mes lectures à haute voix au Foyer Logement de Dinard. Je ne lisais pas beaucoup de nouvelles, je m'y intéresse de plus en plus et grâce aux blogs je fais de très bonnes rencontres. Ces quatre nouvelles sont, à l'image de leur auteur, Patrice Franceschi, très fortes ancrées dans les drames et les choix les plus cruels que la vie peut nous conduire à faire. J'ai une très nette préférence pour la première nouvelle, mon goût pour la mer et récemment pour la navigation, me permet de vivre avec angoisse et fascination les récits de tempête. Et celle que doit affronter Flaherty, en décembre 1884, est un pur moment d'horreur et d'effroi.
Lire ces pages bien calée dans un fauteuil arrive quand même à donner un sentiment d'insécurité tant les mots sonnent justes et que les images sont fortes. Ensuite, il y a le thème qui est le même dans les quatre récits : des circonstances exceptionnelles amènent à faire des choix que rien n'y personne ne peut faire à votre place et qui vous marqueront à jamais. Après le capitaine de « la Providence », on retrouve un sous-lieutenant qui ne veut pas s'avouer vaincu et qui seul résistera à l'avancée allemande en mai 1940, puis un autre marin, Wells, qui ne veut pas voir des réfugiés sur un bateau de fortune mourir en pleine mer sous les yeux d'un équipage indifférent et enfin, Pierre-Joseph qui rencontre Madeleine en 1943, sur un quai d'une gare parisienne avant de monter dans un train avec leurs enfants pour être déportés vers la mort décidée par des Nazis qui jouent de façon sadique une dernière fois avec leurs victimes.
Oui, tous ces choix sont terribles et interpellent le lecteur. Ils vont bien à la carrure d'aventurier de Patrice Franceshi qui les raconte très bien. Mais, il se passe quelque chose dans les nouvelles, c'est que, malgré soi, on compare les récits : je me suis totalement embarquée avec Flaherty, et beaucoup moins dans les deux dernières nouvelles qui sont pourtant parfaitement racontées. Une seule explication : je m'attendais à leur contenu. Et j'ai déjà lu ces récits dans d'autres romans, ce n'est pas une critique suffisante, les exilés qui meurent sur les mers dans l'indifférence la plus totale, comme la cruauté des Nazis peuvent être mille fois traités. Mais le raccourci de la nouvelle fait que le lecteur est plus exigeant, il exige quelque chose en plus que le récit des bassesses humaines qu'il a si souvent lues. Je l'ai trouvé dans « le fanal arrière qui s'éteint » et aussi dans « carrefour 54 » qui d'ailleurs traite d'un moment moins connu de notre histoire : comment ont réagi sur le terrain les soldats français en 1940 qui ne voulaient pas accepter la déroute de l'armée mais moins dans les deux autres.
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