Contemporain de
Dante, ce poète italien, né de famille modeste, fut envoyé à Florence pour ses études. Il eut pour maître
Brunetto Latini. Doué pour les rimes, il montra très vite un certain talent. Il partit ensuite à Bologne afin d'étudier le droit. Il commença alors à exercer la profession de notaire. En 1296, à la mort de son père, il s'établit à Florence et se mit au service de l'évêché. C'est à cette période vraisemblablement qu'il se lança dans les Lettres et fit la connaissance de ses pairs (
Dante,
Guido Cavalcanti et Dino Compagni). En 1303, il se marie et a 5 enfants. Il quitte Florence pour des raisons politiques (il faisait partie des Gibelins) et commence son Reggimento e costume di donna, traité d'éducation féminine. Il enrichit celui-ci par un voyage en France, ce qui lui donnera matière à des Nouvelles et des moralités.
En 1313, il revint à Florence. Sa femme étant décédée, il s'empressa d'en épouser une autre afin de ne pas laisser ses enfants seuls. Il exerça alors la seule profession de notaire, devenu Docteur en droit. Il fut brillant dans ce domaine.
Il mourut en 1348, de la peste.
Ses Documenti d'Amore (1309-1314) s'inscrivent dans la double tradition de la littérature courtoise et didactique. Car il ne faut pas se tromper. Ce n'est pas de la littérature érotique dont il est question ici. Il s'agit de conseils donnés aux hommes. Il composa d'ailleurs en parallèle un traité de l'Education et de la manière de vivre de la femme. Les Documenti d'Amore n'étaient pas destinés à circuler librement. Les idées sectaires qu'ils contiennent peuvent expliquer cela. Ce livre était destiné à des initiés. Ce n'est peut-être pas pour rien d'ailleurs qu'à la fin, figure l'image d'un guerrier, épée à la main et cette légende :
"Je suis celui qui veille avec force et prends garde que ne vienne quelqu'un qui ouvre le livre
et s'il n'est pas digne de le faire je le frapperai de cette épée à la poitrine."
Entre amour physique et amour spirituel, Francesco da Barberino s'attache à mettre en oeuvre douze vertus : docilité, industrie (art de cacher sa pensée), constance, discrétion, patience, espérance, prudence, gloire, justice, innocence, gratitude, éternité. Il s'agit, on l'aura compris, d'un parcours initiatique aboutissant à la béatitude. Des illustrations viennent étayer les propos.
Heureusement d'ailleurs qu'elles sont là car les textes foisonnant de jeux sur les mots et de symboles cachés, je serais curieuse de savoir comment ils ont été compris. Mais Francesco dit lui-même qu'il convient
"d'utiliser certaines rimes
qui doivent être entendues
par ceux qui sont avec nous
et non pas par les autres
car Amour célèbre
le sens ultime de ces tournures
couvertes obscures et belles
et doubles comme le verront clairement
ceux qui sachant appliquer l'esprit
et l'intellect à en pénétrer les gloses
en tireront honneur et fruit."
Le côté pratique, pour nous lecteurs modernes, c'est qu'en lisant cet ouvrage, nous pouvons reconstituer tous les usages de l'époque et nous demander à quelle caste (secte ?) pouvait bien appartenir ce poète.
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