Je te propose, lecteur, deux choses, à savoir l’ordre et la manière.
Si tu les observes avec attention,
le chemin de la lecture s’ouvrira facilement à toi.
Il a été assez clairement montré, à mon avis,
que les avancés et ceux qui se promettent davantage d’eux-mêmes
n’ont pas le même dessein que les commençants.
Mais de même qu’on concède à ces derniers
ce que les premiers ne pourraient accomplir sans faute,
de même il leur est demandé
ce à quoi les débutants ne sont pas encore tenus.
J’en viens donc maintenant à tenir mes promesses,
à savoir montrer comment doivent lire l’Écriture sainte
ceux qui ne cherchent encore en elle que la science.
Il y en a qui recherchent la science de l’Écriture sainte
pour amasser des richesses, obtenir des honneurs,
ou acquérir une bonne renommée.
Leur intention est autant à plaindre qu’à blâmer.
Attention ! il s'agit d'une citation évoquant Hugues de Saint-Victor; glannée sur le site d'Alain Giffard (source dans le commentaire)............................................................................ "Mais c’est évidemment sous la forme de l’association entre lecture et réflexion que la rhétorique a élevé la lecture au rang de pratique initiale et centrale de la maîtrise de l’attention. Cette opération, pour l’essentiel, est le fruit de la rhétorique augustinienne, d’Augustin lui même, rhéteur du De Doctrina Christiana et auteur des Confessions, autobiographie d’un lecteur, à Hugues de Saint Victor, l’auteur augustinien du Didascalicon, traité de lecture du XIIème siècle. La rhétorique, suivant la politique augustinienne, devra être retournée contre elle même: à la fin, ce n’est plus un rhéteur, mais un lecteur chrétien qu’ institue une telle lecture. Selon cette méthode, l’activité de lecture est première et suivie par une activité réflexive du lecteur, la méditation, soit sur le texte, soit sur son propre état subjectif de lecteur. La lecture peut aussi être suspendue pour laisser place à la méditation; dans tous les cas, elle est un exercice de préparation à la méditation. Dans ce mouvement, celui qui lit se découvre comme lecteur, c’est-à-dire comme un virtuose de l’attention, entraîné et apte à conserver le texte toujours présent à son esprit, à développer une réflexion sur ce texte, puis une réflexion sur lui même réfléchissant sur le texte. L’implication dans la lecture est attention du lecteur à lui même en tant que lecteur.Tel est le sens du triangle lectio/memoria/meditatio, lecture/mémoire/réflexion. On sort ici de la lecture comme acte (le célèbre acte de lecture de la théorie contemporaine) pour faire intervenir le lecteur et sa temporalité subjective. On entre dans le monde de la lecture comme entraînement et exercice. La lecture devient le type même de l’exercice intellectuel, de la technique de soi"
Apprends tout, tu verras ensuite que rien n'est superflu ; une science réduite n'a rien qui plaise.