AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
La Petit Illustration (06/07/1929)
4.33/5   3 notes
Résumé :

" Karl et Anna " est une nouvelle qui date 1926 et qui est considérée comme le chef-d'oeuvre de cet écrivain oublié, Leonhard Frank (1882-1961).
Une histoire universelle d'identité, de vérité et d'amour.

(Hans Keilson).
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cela va faire 4 ans que Karl et Richard pataugent dans la steppe russe, rien qu'à eux deux. Le duo a ainsi plein de temps pour des bavardages et si l'on a le bonheur d'avoir une excellente épouse, de qui on cause au juste ? De sa bien-aimée dulcinée, naturellement ! C'est donc si fréquemment le cas que Karl sait entretemps tout d'Anna, la femme de son pote Richard.
Mais plus que de savoir tout sur Anna....Il l'aime..... !

Puis un jour, Richard est mis dans un train pour une autre destination comme prisonnier de guerre des Russes et Karl décide de se sauver et de rentrer dans le Heimat. Cela lui prendra trois bons mois d'une promenade clandestine et c'est tout droit vers l'appartement d'Anna qu'il se dirige.

Karl est éperdument et irrémédiablement épris par Anna avec qui il veut faire sa vie et à qui il promet de prendre très grand soin de leur futur bébé.

Pour Anna la rencontre est absolument foncièrement plus complexe, car il n'est pas exclu que Richard, à la fin des combats, soit autorisé à rentrer en Allemagne... et alors ?

La pauvre Anna, qui est un femme respectable, est obligée d'accepter un travail minable et n'a que comme seules distractions l'entretien de son modeste logement et une vague amitié avec Marie, une charmante tête de linotte qui habite dans le même bloc.

Voilà pour les points de départ d'une intrigue délicate sur laquelle il m'est impossible d'en dire davantage. D'autant plus que la nouvelle ne compte que 94 pages.

Je suis persuadé que vous pouvez avoir totalement confiance dans la boutade du plus influent des critiques littéraires allemands, Marcel Reich-Ranicki (1920-2013), qui est arrivé à la conclusion : "Qu'il s'agit d'une peu probable, mais cependant convaincante histoire d'amour". Et le "Pape de la littérature allemande" - son surnom - n'a pas comme habitude de se tromper ! Il a vécu dans le ghetto de Varsovie et son épouse Teofila dans celui de Lódz.

Leonhard Frank (1882-1961) est un auteur bavarois, qui s'est toujours engagé activement pour la paix, comme l'indique le titre d'un de ses ouvrages "L'homme est bon" ("Der Mensch ist gut") de 1917. L'avènement de Herr Hitler a eu comme effet son interdiction de publier et son départ pour Zurich, Paris, le Portugal, Londres et les États-Unis. En 1950, il est rentré à Munich, où il est décédé une bonne décennie plus tard, à 78 ans.

L'auteur a écrit cette nouvelle en 1926 et en a fait une pièce de théâtre en 1929.

En 1947, un film en a été fait sous le titre "Desire Me" ou en Français : "La femme de l'autre".
L'actrice britannique Greer Garson (1904-1996) - l'interprète de Marie Curie et Eleanor Roosevelt au cinéma - a parfaitement incarné Anna à l'écran et les acteurs américains Robert Mitchum (1917-1997) et Richard Hart (1915-1951) respectivement Richard et Karl. Pour des raisons qui m'échappent, les 2 réalisateurs George Cukor et Mervyn LeRoy ont refusé de signer le contrat de cette production, aussi bien que c'est un des rares films sans réalisateur au générique. Apparemment le Trump n'est pas l'unique rigolo outre-Atlantique.

J'ai admiré la façon dont Leonhard Frank s'y est pris pour présenter une liaison si particulièrement spéciale comme eminément plausible, pour ne pas dire naturel !
Cela relève aussi d'une forme d'art.
Commenter  J’apprécie          6111
Richard, un prisonnier de guerre déclaré mort au champ d'honneur depuis le 4 septembre 1914 par l'état-major allemand, revient chez lui, à l'improviste.
Plusieurs années ont passé.
Il trouve, Anna, sa femme, mariée à un autre.
L'autre s'appelle Karl.
Il était, avant de s'évader, un compagnon de captivité de Richard.
Par les confidences quotidiennes et indiscrètes de ce mari, Karl a connu l'existence d'Anna et s'est, d'une manière très romanesque, épris d'elle.
Lors de leur première rencontre, il n'a pas prétendu être Richard, devenu méconnaissable par ces années d'épreuve, mais il a attiré et épouvanté Anna par le détail minutieux de souvenirs qu'elle avait parfois elle-même presque oubliés.
"Karl et Anna" est une pièce de théâtre, en quatre actes, écrite par Leonhard Frank et adaptée à la scène française par Jean-Richard Bloch.
Elle a été représentée, pour la première fois, à Paris, le 10 avril 1929, sur la scène du théâtre de l'Avenue, par la compagnie de Gason Baty.
"Karl et Anna" est une pièce adaptée de la nouvelle qui a d'abord été tournée en film, sous le titre, "le chant du prisonnier".
Le sujet est étrange même s'il n'est pas nouveau.
Aux reproches faits, à l'époque, par certains critiques à Gaston Baty d'avoir adapté un auteur allemand, d'avoir fait un lever de rideau sur des uniformes "feldgrau", la réponse, intelligente et sans appel, est venue de Joseph Kessel :
"Va-t-on maintenir, à Paris, dans le domaine de l'esprit, un état de guerre que l'on semble avoir oublié à Berlin ?"
La pièce ne représente aucune idée qui puisse blesser.
Elle sait nous montrer, par une suite d'allusions brèves, les misères et les souffrances que la guerre apporte aux humbles, quels qu'ils soient, sans distinction de nationalité.
La pièce, remporta, à Paris, un grand succès.
Elle était représentée, dans le même temps, outre-Rhin, par quatre-vingt théâtres à la fois.
Ce morceau de scène est remarquable par l'atmosphère qu'il reconstitue.
Il est entaché d'un fond d'invraisemblance que font pourtant oublier la complicité inavouée et la trouble confusion de personnalité qui se nouent entre la femme et cet "inconnu" qui se présente devant elle.
Cette pièce, teintée de naturalisme, est aussi un morceau puissant de littérature qui se redécouvre, aujourd'hui, avec beaucoup de plaisir et un certain étonnement.
Commenter  J’apprécie          380
raduire une pièce de théâtre allemande en 1929 (créée en Allemagne en 1928), et avoir permis de la faire jouer à Paris (mise en scène de Gaston Baty, avec Lucien Nat, dans la création au théâtre de l'avenir), est un acte militant d'un homme qui croyait alors encore à la paix. Choisir une pièce sur la Première guerre mondiale, où il a lui-même été blessé trois fois et eu de nombreuses séquelles (notamment physiques) est un acte plus que militant. Un militant pacifiste avant tout après la guerre où il a combattu avec conviction, qui a choisi un auteur, Leonhard Frank, né en 1888, qui s'exila d'Allemagne vers Zurich en 1915.

Parlons un peu de sa pièce. Il y dénonce à la fois la cruauté des camps de prisonniers, et la cruauté de la guerre. Un mari de retour assassine femme et enfant, car celle-ci ne l'avait pas attendu et avait refait sa vie. Dans un autre foyer se forme un trio femme, mari revenu et amant de l'absence. Mais globalement, je n'ai pas été particulièrement séduite par ce texte, à voir peut-être au théâtre, dans une mise en scène un peu novatrice. Gaston Baty, qui faisait partie du cercle de Jean-Richard Bloch, venait de monter en 1927 le « Cartel des quatre » avec Louis Jouvet, Charles Dullin et Georges Pitoëff, pour la promotion du théâtre d'avant-garde (vous pouvez les voir tous les quatre sur une photographie sur ce site dédié aux marionnettes dans sa propriété de Pélussin, dans la Loire). Il faut que je cherche un témoignage (presse parisienne, revues littéraires?) de la façon dont il a monté cette pièce.[La suite sur mon blog]
Lien : http://vdujardin.com/blog/fr..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Joseph Kessel, dans "Gringoire", répond à certains critiques qui avaient reproché à Gaston Baty d'avoir accueilli, dans son théâtre de l'Avenue, la traduction d'une oeuvre germanique :
"Voilà dix ans que nous sommes en paix ; voilà longtemps déjà que des oeuvres françaises sont jouées sur toutes les scènes d'Allemagne.
Allons-nous être plus susceptibles à Paris qu'on ne l'est à Berlin et maintenir ici, dans le domaine de l'esprit, un état de guerre que l'on semble avoir oublié là-bas ?
Sans doute des uniformes allemands habillent les personnages de "Karl et Anna", mais ils ne représentent aucune idée qui nous puisse blesser.
Ils recouvrent une commune misère et la souffrance fraternelle de tous les combattants.
Et puisque, dans une question de cette sorte, il faut procéder par analogie, comment ne rappellerais-je point que le film tiré de 'l'équipage" a été donné en Allemagne, ce filme qui exalte nos aviateurs et leurs combats ?
Il serait humiliant que ceux à qui on a reproché tant de fois leur étroitesse de vues en montrassent soudain moins que nous".
Commenter  J’apprécie          130
Le premier acte se passe, en juillet 1917, dans un camp de prisonniers en Russie, à la frontière de l'Europe et de l'Asie.
Ce que voit le spectateur :
L'intérieur d'une baraque en bois, basse.
Au fond, une large porte de bois pend de guingois sur un gond, vers l'intérieur et vers la droite.
La pièce n'est pas profonde.
Contre le mur de droite, deux lits de camp étroits, garnis de vieilles couvertures de cheval. A gauche, deux lits de camp, l'un à côté de l'autre, le long du mur.
Au milieu, pend une lampe à pétrole avec un abat-jour de zinc.
Dans le coin gauche, au fond, appuyés ou suspendus, toutes sortes d'outils de travail : pelles, haches...
Par la porte ouverte, on voit le réseau de fils de fer barbelés qui s'éloigne obliquement de la porte.
A l'arrière-plan, hors de la pièce, dans la partie visible du camp de prisonniers, lequel s'étend au loin et s'y perd, la dernière lueur rouge d'un coucher de soleil d'été....
Commenter  J’apprécie          20
La sentinelle, - uniforme russe - baïonnette au canon, arrive, longeant extérieurement le réseau de barbelés, s'arrête, appuie son fusil contre le réseau, tire de la poche de son pantalon une courte pipe et sa blague à tabac, introduit la pipe dans sa bouche, veut faire couler du tabac de sa blague dans le creux de sa main, examine l'intérieur de la blague, la secoue : il n'en sort rien.
Karl et Richard, pelle sur l'épaule, apparaissent, arrivant du fond, en deçà du réseau, dans l'uniforme de campagne des soldats allemands, usé jusqu'à la corde.
Tous deux, bien qu'ils n'offrent pas une ressemblance absolue l'un avec l'autre, sont de même stature et de même taille.
Ils ont le teint basané des ouvriers métallurgistes.
Ils ont un air sauvage et portent la barbe.
Richard est plus lourd et un peu plus vieux. Dans les quarante ans.
Le dialogue entre Karl et Richard est extrêmement lent, avec des silences entre les phrases et les réponses, comme il en résulte du ton et de toute la situation du premier acte.
Manifestement, leurs pensées, leurs paroles évoluent sans cesse, depuis trois ans, autour du même sujet....
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : théâtreVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Leonhard Frank (1) Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1295 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}