Citations sur La fiancée des corbeaux (195)
Voilà ce que je demande à un livre, m'émouvoir, m'ébranler, m'emporter, me faire vivre plus intensément que si j'étais descendu dans la rue.
C’est sans doute cela être écrivain, observer les autres de plus en plus intensément afin de voir plus clair en soi.
Je prends peu le train et encore moins l'avion, j'entre dans mes cahiers comme on pousse la grille d'un parc, de quelque territoire magique.Ils sont bruissants d'arbres, de vent,de villes et de lumière.Chaque page est plus bruyante qu'une gare ou qu'un port.
Six mois dans cette forteresse.J'écrivais le mot arbre et je voyais l'arbre, j'écrivais le mot vent et je sentais le vent, le mot lumière faisait entrer le ciel dans ce puits humide, et quand j'avais besoin du regard ou de la peau d'une femme je cherchais dans mon ventre le mot juste,le plus violent et le plus doux.
Le ciel était limpide ce matin. Le mistral lançait dans l’azur les dernières feuilles mortes des platanes, l’une d’elles est entrée par ma fenêtre ouverte et a couru comme un oiseau d’or sur la terre cuite du salon.
Nous venions passer dans ce village la fin de l'été, parce que Marseille devenait étouffant et sale sous les grosses chaleurs. C'était une trêve bleue avant la rentrée des classes et l'horrible odeur des livres scolaires et des cartables. (p 28 / Folio )
La Provence est âpre, brutale, contrastée. Je l’aime car elle reste imprévisible et sauvage. En été elle brûle tout ce qui se hasarde entre ses ombres maigres, elle tire sur l’argile et fait éclater les maisons. L’hiver elle fend les arbres et les pierres, elle traverse les villes comme un rasoir ouvert.
Nos mères ne nous abandonnent pas, elles nous confient en partant à un monde de douceur, un petit coin qui ressemble à l'enfance, à un jardin, aux jours d'été, à la lumière.
Avec les enfants des écoles primaires on peut faire parler les chats, les loups et les oiseaux une souris peut tomber amoureuse d'un ours. Avec les lycéens on peut gentiment tripoter le mot philosophie. Avec les collégiens on traverse un champ de mines. Essayer de faire parler les souris.
Dans chacun de leurs corps c'est une révolution hormonale digne de 1789. Ça explose de tous les côtés ! Ils découvrent la puissance volcanique du sexe, le visage aspergé de boutons aussi rouges que la honte. Allez leur raconter des fariboles, tenter de comparer la métaphore avec la métonymie. Ils sont assis devant vous et ils écoutent gronder leurs séismes, les yeux vitreux de testostérone et de folliculine…. Si vous ajoutez à cela des parents qui ont lâché prise, les ont abandonnés depuis belle lurette devant un écran plasma et autres jeux vidéo..
Je plains les professeurs écrasés de diplômes qui se pointent devant eux avec le carré de l'hypoténuse et les mines de plomb du Kazakhstan.
La Provence est âpre, brutale, contrastée. Je l'aime parce qu'elle reste imprévisible et sauvage. En été elle brûle tout ce qui se hasarde hors de ses ombres maigres, elle tire sur l'argile et fait éclater les maisons. L'hiver elle fend les arbres et les pierres, elle traverse les villes comme un rasoir ouvert.