"Le chaos est en chacun de nous, aussi actif que notre obsession à approcher la beauté, à attraper la vie. L'homme est cet espace ou ce temps qui sépare la décision de l'acte chez le suicidé. Il est cet espace depuis toujours. Et ce danger fait toute la grandeur palpitante de ses songes, la beauté mélancolique de sa peur."
27 octobre
Le silence est entré dans la ville. Il est descendu des collines, s'est glissé sous les porches. Il a filé dans les ruelles courbes, contourné les fontaines où s'ébrouent les pigeons. Le silence encore chaud des pinèdes est entré dans cette ville d'ombre, il s'est assis sur les bancs de pierre derrière les églises.
Ma fille est partie vivre dans une autre ville, vivre sa vie.
Les étoiles font leur vie et s'en vont.
Je suis étonné chaque matin par les grandeurs violettes de l'aube, puis par la vitesse du soleil.
Il aime le mot autodidacte, ce mot savant pèse aussi lourd que trois diplômes.
Nos mères ne nous abandonnent pas, elles nous confient en partant à un monde de douceur, un petit coin qui ressemble à l'enfance, à un jardin, aux jours d'été, à la lumière.
"J'écris quand je vis, je vis quand j'écris. Chaque mot ajoute un élan à mon geste. Chaque pas m'offre un mot."
Le gris de l’hiver n’est pas triste, il est primordial, c’est la couleur de ce vaste silence qui annonce dans chaque racine, pierre ou goutte d’eau quelque chose d’irrésistible.
La Provence est âpre, brutale, contrastée. Je l'aime parce qu'elle reste imprévisible et sauvage. En été elle brûle ce qui se hasarde hors de ses ombres maigres, elle tire sur l'argile et fait éclater les maisons. L'hiver elle fend les arbres et les pierres, elle traverse les villes comme un rasoir ouvert.
Je continuerai à écrire tant que je trouverai les hommes étonnants, déconcertants, impénétrables, tant que j'aurai moi-même quelque chose à
cacher, à découvrir.