Il y avait quelque chose d’agréablement anesthésiant à me laisser prendre en charge. Je n’avais plus l’impression d’être chez moi, la maison n’était qu’un endroit où je restais assise, à attendre que quelque chose se produise. Tout le monde était dans l’expectative.
À présent j'avais peur, mais ce sentiment ne masque pas toutes les autres émotions, a l' inverse de la rage, par exemple, ou du désir soudain. Ça me donnait plutôt l'impression de quitter la lumière pour l'ombre, d'entrer dans un monde froid, minéral, sinistre. Un monde différent.
Je n’avais jamais vraiment eu peur avant. Je ne crois pas être quelqu’un qu’on effraie facilement. Je tombe facilement amoureuse et je me mets vite en colère, j’ai le bonheur rapide, tout comme l’irritation ou encore l’énervement. Je crie, je pleure, je ris. Ces choses se passent à fleur de peau, prêtes à frémir. Mais la peur gît profondément tapie au fond de nous. A présent, j’avais peur, mais ce sentiment ne masquait pas toutes les autres émotions, à l’inverse de la rage par exemple, ou du désir soudain. Ca me donnait l’air plutôt l’impression de quitter la lumière pour l’ombre, d’entrer dans un monde froid, minéral, sinistre. Un monde différent. (page 299)
- Mais je te reconnais, toi! Tu es celle qui fait le clown!!!
Avec ce livre "des" Nicci French, dont j'ai déjà lu : Feu de Glace,
on est dans la vie de 3 femmes aux parcours différents et un homme qui veut les tuer !!! Il les observe, se réjouit du pouvoir qu’il a sur elles ... . L'atmosphère est pesante, même si parfois j’ai trouvé des longueurs.
Des gens raconteront qu'ils les ont connues un jour, parce que la proximité de la tragédie nous donne bizarrement un sentiment d'importance.
C'est bien comme ça que les choses doivent se passer quand quelqu'un meurt. Les gens qui leur avaient dit qu'ils les aimaient répéteront les mêmes mots à quelqu'un d'autre.
L'été, leurs corps prennent chaud. La chaleur s'infiltre par les pores de leur peau nue. Une lumière brûlante pénètre leur intimité obscure ; je l'imagine glisser en elles et tourbillonner, les attiser. Tel un liquide noir luisant qui ondule sous leur peau. Elles se dévêtent, elles ôtent toutes les épaisseurs, les couches superposées quelles portent l'hiver, et laissent le soleil les toucher. Se poser sur leurs bras, leur effleurer la nuque. Il ruisselle entre leurs seins et elles renversent la tête en arrière pour le sentir sur leur visage. Elles ferment les yeux, elles ouvrent la bouche, une bouche peinte ou nue. La chaleur bouillonne sur les trottoirs à leur passage, leurs jambes nues s'entrouvrent, leurs jupes légères frémissent au rythme de leur pas. Les femmes.
Il faisait chaud. Mais attention aux fausses impressions. N'allez pas rêver de Méditerranée, de plages désertes et de cocktails d'où débordent des petits parasols colorés. En fait il n'en était rien. Cette chaleur, c'était comme si une grosse crevure de vieux clébard obèse s'était couchée sur Londres début juin pour ne pas en bouger de trois semaines infernales.
Avant de monter dans mon bus sur Kingsland Road je suis passée devant une cabine de téléphone. Une envie imbécile d'appeler ma mère m'a prise. Ma mère est morte il y a douze ans. Je voulais juste l'entendre dire que tout allait bien se passer