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C'est l'histoire d'une fin du monde annoncée, d'un monde qui se désagrège lentement. Mais ça ne se lit pas comme un roman catastrophe, ou une énième récit de survie. Cette apocalypse n'est qu'un simple décor de fond, on n'en saura pas grand chose et ça n'a d'ailleurs pas d'importance. C'est un roman chargé d'images, de petits instantanés, s'attardant sur de petites choses insignifiantes, des souvenirs qui encombrent l'esprit, les images d'un passé révolu, où tout s'est transformé, en abandon. L'écriture est lente, douce, nous baignant dans une torpeur bienveillante, c'est étonnement calme et silencieux. Anton va tranquillement attendre la fin, attendre la mort en s'abreuvant de nostalgie, d'amour, de patience, comme un voyage initiatique qui ne mène qu'à la mort programmée. J'ai évidemment pensé à “Le mur invisible” de Marlen Haushofer, dans les intentions, le thème (et aussi parce qu'elle est aussi autrichienne), mais ici, j'ai trouvé le roman de Valerie Fritsch beaucoup plus abouti, parce qu'il y a une véritable écriture, belle et poétique, une richesse d'images, et une véritable profondeur des sentiments qui s'imbrique harmonieusement dans ces images, J'ai aussi pensé à Laurent Gaudé (ça c'est un gros compliment !) dans la manière de poser les mots, de les faire respirer, de proposer des analogies surprenantes et poétiques et de rythmer le langage. Les images s'attardent sur des gros plans, parfois on a l'impression de regarder des photos floues ou aux couleurs passées. Valérie Fritsch est aussi photographe, ce roman peut aussi nous donner les clés pour aborder son travail pictural, fait de polaroids usée, d'images de lieux déclassés. C'est un éloge de l'abandon, l'histoire de notre obsolescence programmée, sombre et beau à la fois. J'ai aimé cet univers visuel, ces petites épiphanies et cette manière d'écrire le temps qui passe avec des moments figés. J'ai vraiment beaucoup aimé.
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J'ai peu accroché à ce court roman qui avait pourtant en son sein deux thèmes qui me plaisent toujours, la fin du monde et les jardins. le jardin c'est celui où Anton, le personnage principal, a grandi, comme dans une parenthèse enchantée avec les grands-parents, les plantes, les cousins dans un joyeux méli mélo.... La fin du monde c'est celle qui s'annonce, dont le récit ne dira jamais ce qu'elle est exactement, juste qu'elle est sûre et certaine, entraînant d'ailleurs en attendant son arrivée proche, dans les semaines à venir, suicides en masse et désintégration de la société.
Les thèmes, donc, me plaisent mais j'ai été rebuté par le style, que j'ai trouvé brouillon, par les innombrables digressions sur le couple que vient à former Anton, que j'ai trouvées sans intérêt. Il y a quelques belles pages tout de même mais je pense que ce livre n'est simplement pas pour moi.
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La couverture à l'aquarelle présente un monde effrayant. C'est exactement ce que l'histoire dépeint.

Anton Winter naît et grandit dans un jardin luxuriant où les enfants jouent et évoluent dans l'insouciance. L'endroit est dirigé par sa grand-mère, une forte femme qui sait déjouer la peur de la mort. Plus tard, il vit en ville, au dernier étage du plus grand immeuble de la ville où il élève des oiseaux. La faim et le désespoir sont les mots d'ordre de cette ville qui n'a de vivant plus que les souvenirs. Un jour Anton rencontre une femme, et l'idée d'amour et de lien passionnel entre les deux êtres a du mal à s'installer. Ainsi se déroule l'histoire, silencieuse et froide.

Si l'amour apparaît peu à peu, on ressent bien le désespoir des personnages. Cette quête de sens qui n'est même plus rythmée par la quête de bonheur car il n'existe pas. Fatalité décrit le mieux cette nouvelle. Fatalité : on la voit, on la pressent dans les nombreux mythes qui font parti de notre patrimoine culturel commun. Mais dans cette nouvelle, la fatalité n'est plus un mot susurré à l'oreille du lecteur, elle fait partie de notre condition humaine. En effet, si fantastique est le genre attribué à cette nouvelle, on la sent à l'orée d'un possible réel.


Par ailleurs, le sujet de l'enfance est un thème récurrent du livre (et forcément lié au thème du vieillissement et de la mort) : les traumatismes de l'enfance, la candeur naturelle, l'absence de limites à l'imagination... sont autant de sujets qui sont évoqués.

Toutefois, dans le malheur des personnages et le désarroi du lecteur, sont dispersés ici et là de sages paroles qui nous permettent de réfléchir sur la valeur de l'existence.


Une belle histoire, où la poésie et la noirceur ne font plus qu'un. Peu opportun pour se changer les idées mais profond. Il invite à réfléchir sur soi-même et le monde qui nous entoure.


Lien : http://chrisylitterature.jou..
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"C'est dans un immense jardin qu'Anton Winter, fils de luthier, grandit, à une époque où la naissance déterminait encore la destinée. La communauté du jardin avait été fondée jadis par des fils d'entrepreneurs et des naturopathes, des ascètes aux lèvres minces et quelques érudits, des paysans et des femmes de haute stature portant des chapeaux de paille, alors que l'Etat se délitait, que la ville était un lieu de désolation et les hommes si désemparés qu'ils ressentaient le besoin de revenir à la nature pour s'y régénérer."

Ainsi commence le récit. Nous suivons donc l'enfance d'Anton dans le Jardin, nous faisons connaissance avec son frère, ses grands-parents, et de loin son père. Nous explorons le Jardin, la maison. Jardin magique, symbolique et métaphorique bien sûr. Et d'un coup nous faisons un saut dans le temps, et retrouvons Anton dans cette ville en déliquescence, en éleveur d'oiseaux dans un appartement, avec une grande terrasse :

"Depuis le vingt et unième étage, le dernier de l'immeuble dans lequel il vivait, il jouissait d'une plus belle vue que tous ceux qui contemplaient la nuit comme lui. C'était le bâtiment le plus élevé de la ville, et le jour on apercevait au loin la mer. Son appartement était un cube posé sur la tour et ceint d'une terrasse qui constituait le toit de l'immeuble. Des baies vitrées hautes comme les pièces remplaçait les murs,le transformant en un dé transparent au sommet de la construction, que l'on voyait briller au loin quand Anton laissait les lampes allumées. Au milieu de son salon trônait un sofa et un piano, et des cages à oiseaux étaient suspendues au plafond. Sur la terrasse se pressaient les volières de son élevage, et il vivait ainsi au-dessus des toits de la ville au beau milieu d'un zoo ornithologique."

La ville et la société se détraquent de plus en plus, même si nous suivons cela de très loin. Anton va rencontrer une femme, retrouver son frère, puis refaire le chemin vers le Jardin de son enfance.

Cela n'a pas été une lecture désagréable, pas un immense coup de coeur non plus. L'écriture est belle, poétique, Valerie Fritsch crée des tableaux, des ambiances, assez somptueux. Mais il n'y a pas de véritable récit, c'est plutôt une suite de scènes, d'images. Et cela m'a un peu frustré. L'auteur est par ailleurs photographe, et même si l'écriture est très littéraire, il y a quelque chose dans la démarche qui consiste à saisir un instant, à le poser là, puis un autre et encore un autre que d'être dans une continuité.

Mais un livre prometteur certainement, ce sera intéressant de voir comment elle évolue dans son oeuvre et son écriture.
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Il est vrai que c'est un livre assez étrange dans son genre, il se situe entre le récit apocalyptique et le romantisme. Il nous emmène rapidement dans son univers où on y rencontre Anton Winter, le protagoniste qui va surtout nous parler du jardin de son enfance, tout en décrivant son présent : la fin du monde, en tout cas de l'humanité.

On apprend assez vite que c'est la fin du monde, l'apocalypse est là, l'humanité va être décimée, mais on ne sait pas pourquoi, ce qu'il s'est passé ou autre, les raisons sont floues, on doit juste accepter ce constat : c'est la fin.
Comme souvent quand l'on se sait au bord de la mort, l'homme se remémore sa vie passée, son monde disparu. C'est le cas d'Anton, qui vit dans la ville, mais qui est resté en partie chez lui, dans ce jardin où il a passé son enfance, entouré de sa famille, ses grands-parents, ses parents, son frère.

Il nous parle ensuite de son départ - on suppose que les raisons de ce dit départ sont liées à la grand-mère - il décrit ensuite une vie solitaire, au sommet du plus grand immeuble de la ville. C'est dans cette tour d'ivoire qu'Anton s'est réfugié, qu'il vit parmi les oiseaux. On sent une certaine distance lorsqu'il décrit le jardin de son enfance, distance mêlée à de la nostalgie.

Forcément, on comprend dès le début que le jardin a une importance primordiale pour Anton et donc aussi pour nous. Évidemment il y a toutes sortes de symboliques dans cette vision du jardin, celle du Paradis, d'un paradis qui a disparu lorsqu'Anton a grandi, qu'il a été confronté à la solitude, à la mort et qu'il a dû partir parce que ce paradis était désormais entaché par la douleur. Il doit sans doute y avoir plein de lectures possibles quant à ce jardin, qui est présent tout au long du livre, sur ce personnage qu'est le jardin et qui paraît être plus important encore que le protagoniste Anton - pour preuve, c'est lui qui figure d'abord dans le titre, c'est d'abord le Jardin, puis le nom de famille d'Anton.

Le personnage d'Anton est attachant, mais il est comme déjà disparu, il est déjà mort alors la distance entre lui et le lecteur se creuse toujours plus. Pour les autres personnages qui sont au nombre de trois (je ne compte pas le bébé évidemment) ils semblent être des coquilles vides. La copine d'Anton a l'air complètement à côté de la plaque, je crois qu'elle n'a pas bien compris que c'est la fin de tout. C'est pareil pour le frère d'Anton, la distance entre les deux frères est si grande qu'on ne peut pas s'attacher à lui. Tout ce qu'on peut faire c'est suivre leur destruction de loin sans rien pouvoir faire, sans avoir à imaginer une autre alternative parce que l'on sait qu'il n'y en a pas, que la sentence est connue depuis le début et qu'il va falloir l'accepter.

Symbole de la fin du monde, du passage de l'enfance à l'âge adulte, du retour aux origines, le Jardin de Winter est tout ça à la fois et bien plus encore.

Le point fort de ce livre est sans conteste son écriture, la poésie des mots. Franchement pour un premier roman, un premier essai, Valérie Fritsch a réussi avec brio. le style est poignant, il est touchant et j'ai vraiment ressenti beaucoup de plaisir à lire un texte si juste et si étrange à la fois. C'est le troisième Phébus que j'ai lu jusqu'ici et je ne peux pas le dire avec certitude (je ne sais pas parler autrichien), mais j'ai bien l'impression que les traducteurs font un boulot très minutieux pour traduire au mieux la volonté de l'auteure et si c'est le cas, bravo parce que franchement, j'ai été conquise.

Mon avis est en intégralité :
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La fin du monde arrive, et Anton Winter se remémore son enfance dans un jardin luxuriant au coeur d'une communauté aimante. Maintenant, il vit dans la grande ville et la nature n'a plus vraiment sa place ici... Il essaye alors de profiter des derniers jours avec celle qu'il aime.

Voici une lecture plutôt difficile.
Il n'y a pas réellement d'histoire, il s'agit plus d'instantanés de la vie avant la fin du monde. de réminiscence de l'enfance, de découverte de l'amour et de la vie et la mort qui doucement se lient pour se confondre.

On sent dans l'écriture de l'autrice qu'elle a un autre métier, celui de photographe. Elle capte les scènes comme des arrêts sur image. Son style est très visuel et les émotions passent très bien. Comme de bonnes photographies.

Malgré le style magnifique j'ai eu du mal à accrocher. le fait qu'il n'y ai pas d'histoire m'a déranger car je n'arrivais pas à me plonger dans la lecture. La beauté ne l'a pas suffis à complètement apprécier cet ouvrage. Mais je reste heureuse de cette découverte (et d'avoir appris de nombreux nouveaux mots).

Ce n'était peut-être pas le moment pour moi de lire ce livre mais je le conseille vivement pour des passionnés de photos mais aussi pour les personnes qui aiment les mots.
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