Il n'avait jamais rien vu de tel. Le fleuve était immense, faisant un demi-mille de large. Ses eaux profondes formaient une étendue bleu nuit sous le soleil. De chaque côté se dressaient de hautes falaises et des collines onduleuses si densément boisées qu'on ne voyait presque pas la roche dessous. Il faisait chaud et le ciel immaculé était d'un bleu profond. Un bourdonnement sonore résonnait dans la végétation luxuriante - sans doute des insectes et des oiseaux -, accompagné d'un grondement d'eau, peut-être des torrents et des cascades. C'était comme si la nature chantonnait d'une voix que seul son sang pouvait entendre. A ses côtés, Tom frémissait d'excitation. Il roulait de grands yeux fascinés, ne voulant rien perdre.
Il se pencha soudain vers Grey.
- Sacrebleu ! C'est un Peau-Rouge, là-bas ?
- Je ne vois pas ce qu'il pourrait être d'autre.
L'homme en question se tenait sur la grève. Il n'était vêtu que d'un pagne et d'une couverture rayée jetée sur une épaule. Ses membres étaient enduits d'une sorte de graisse qui les faisait luire.
- J'aurais cru qu'ils seraient plus rouges, chuchota Tom, reflétant la pensée de Grey.
Nettement plus sombre que celle de Grey, sa peau était d'une jolie couleur brun clair, un peu comme des feuilles de chêne séchées.
L'Indien semblait les trouver aussi intéressants qu'ils le trouvaient eux-mêmes. Il observait particulièrement Grey d'un air concentré.
Il le sentait, là, quelque part dans l'obscurité derrière lui. Il ne pouvait encore l'entendre.
Les soldats combattent pour toutes sortes de raisons, la plupart abjectes. Notre monde est chaos, mort et destruction, mais des gens comme toi, comme ton frère, ne l’acceptent pas. S’il y a de l’ordre et de la paix, c’est grâce à de rares personnes telles que toi.
Parfois, la situation nous échappe. On fait des choses sans en avoir l’intention et on donnerait tout pour revenir en arrière.
L’un des plaisirs d’écrire un roman historique est que les meilleures parties n’ont pas besoin d’être inventées.
Il glissa un bras autour de ses épaules et attira sa tête contre lui. Ils restèrent assis en silence, attendant le lever du jour.
- Em, dit-il doucement les yeux fermés. Je suis désolé.
Puis il ajouta, si bas qu'il s'entendit à peine lui-même :
- Tu me manques. Mon Dieu, comme tu me manques !
La mort avait emporté l’un de ses amants, la trahison l’avait éloigné d’un autre. Le troisième…Il pinça les lèvres. Pouvait-on appeler « amant » un homme qui ne vous embrasserait jamais, que la seule idée de vous toucher répugnait ? Non. En revanche, comment définir un homme dont l’esprit touchait le vôtre, dont l’amitié épineuse était un présent, dont le tempérament et l’existence donnaient un sens aux vôtres ?
La vanterie héraldique et la vaine pompe du pouvoir, Tout ce que la beauté, même les richesses jamais ne donnent, Attendent également l’heure inévitable, et sans espoir...
Qu’au tombeau seul les chemins si beaux de la gloire nous moissonnent.
Normalement, tout soldat avait le droit de conserver le fruit de son pillage. La marine avait son propre système de redistribution des prises. Toutefois, la marine était la marine; les équipages fonctionnaient davantage comme des entités isolées, ce qui n’était pas le cas des compagnies de l’armée. Des tribunaux maritimes s’occupaient de la vente des navires saisis à l’ennemi.