Le premier avait été convaincu de meurtre sans préméditation, ce qu’il n’avait pas contesté. Sa victime était un comptable. Celui-ci avait joué aux cartes, avec Le Bolbec, le montant de la caisse de l’usine dans laquelle il travaillait et où il puisait avec autant de sérieux et de régularité qu’il mettait à en établir les comptes, naturellement faux. À la fin de la partie, Le Bolbec l'avait tué.
« Mais ce n’était pas du tout pour le voler, non ! ... » s'était défendu le meurtrier avec aplomb devant la cour d’assises et son président, renfrogné et incrédule.
« Mais parce que, ce soir-là, il avait triché ! Ce qui prouve bien qu'il avait tous les vices, monsieur le président… »
Le Bolbec n’était tout de même pas allé jusqu’à prétendre qu’il avait fait œuvre utile au profit de la société et des honnêtes gens... Déjà condamné auparavant pour plusieurs violences et pour divers trafics, il avait été reconnu coupable et considéré comme un élément indésirable pour la société.
Condamné à vingt ans de travaux forcés, il avait été expédié au bagne colonial de Guyane pour y purger sa peine sans possibilité de retour ultérieur en métropole.
« Eh bien, j’y jouerai aux cartes ! » avait-il crié, par manière de provocation, en quittant la salle d’audience.