Voici un livre dont j'avais entendu parler depuis bien longtemps : mon mari et moi avons le film quelque part dans notre DVD-thèque ; et mon fils aîné a dû lire ce livre en vo dans le cadre de son cours d'anglais l'année passée. Pour autant, je n'ai jamais vu le film (le DVD est toujours sous film plastique !) et, malgré le fait que j'avais envisagé de le lire en même temps que mon fils, finalement je ne l'ai jamais fait… Je l'ai pourtant ressorti dans le cadre d'une lecture commune, et je ne sais toujours pas très bien si j'en suis heureuse ou non !
Il faut dire que, pour commencer, j'ai eu la surprise de découvrir que non seulement mon fils aîné (désormais 14 ans et demi) connaissait le livre, mais en plus ma fille (13 ans) a vu le film lors d'une pyjama party chez une copine, je ne sais pas trop à quel âge, et mon petit dernier (9 ans) l'a vu tout récemment lors d'une récré (!!) : comme il faisait vraiment trop moche pour sortir, la maîtresse a décidé de passer ce film à ses enfants de 4e primaire (CM1 pour mes amis français)... Ainsi, mon gamin m'a aussitôt dit : « Tu vas vraiment lire ça ? mais c'est flippant ! » Autant dire que ça commençait fort (mal), pour moi qui n'aime pas trop ce qui est classé comme « horreur », même si on n'est pas tout à fait dans ce registre… mais bon, mon petit n'avait pas l'air particulièrement traumatisé, et puis je suis adulte n'est-ce pas ?
Avant de parler plus avant de ce livre, je dois ajouter que j'avais d'abord envisagé de le lire en vo anglaise, ce qui ne devrait me poser aucun problème – si ce n'est quelques vérifications de vocabulaire. Toutefois, après de longues tergiversations avec moi-même, et pour des raisons strictement personnelles, j'ai finalement décidé de le lire en traduction française malgré tout… J'y ai sans doute perdu au charme de la langue originale, ce que j'ai gagné en rapidité : ce livre, déjà très court à la base (à peine plus long qu'une novella, on est plutôt de l'ordre du conte), se lit extrêmement vite, car il ne présente vraiment aucune difficulté. de plus, sans être tout à fait un page-turner, il se laisse lire avec intérêt.
En parlant de conte : j'ai lu (je ne peux décidément pas m'en empêcher !) divers avis comparer ce livre à «
Alice au pays des merveilles » ou au monde de
Tim Burton. Pas de chance pour moi (ou bien si ?) : je n'ai jamais lu l'oeuvre de
Lewis Carroll, et la version dessin animé de
Walt Disney fait partie de ceux que j'ai le moins aimés ! et dont je n'ai que de très vagues souvenirs. Quant à
Tim Burton, cet univers ne m'a jamais attirée, donc je n'en ai jamais rien vu non plus… Je suis donc incapable de soutenir l'une ou l'autre de ces comparaisons, sachant en plus que, de toute façon, je n'aime jamais trop comparer des oeuvres différentes – sauf si l'idée me vient spontanément !
Néanmoins, on est bel et bien dans un univers proche d'un conte, avec une personnage qui vit des aventures tout à fait extraordinaires après avoir transgressé une directive (ses parents lui ayant plus ou moins interdit d'ouvrir cette porte qui ouvrait sur un mur !), poussée par son ennui de fille unique qui se sent seule, vaguement rejetée alors que ses parents doivent tout simplement travailler (même s'ils sont à la maison, un sujet qui résonne tout particulièrement en cette période où le télétravail est devenu quelque chose de tout à fait normal pour toute une série de professions !).
Sauf que ces aventures extraordinaires tournent très vite à quelque chose qui relève de l'illusion, mais alors du côté sombre de la force, et qui donne au lecteur un sentiment persistant, parfois presque pesant, de bizarrerie. Avec ça, on a de nombreux rebondissements, dont certains m'ont réellement surprise !
Cela dit, si je suis capable d'apprécier la valeur de la construction très maîtrisée de cette courte histoire, les descriptions très réalistes et effectivement « flippantes » des événements (même si l'adulte en moi ne réagit clairement pas de façon aussi émotionnelle qu'un jeune enfant) ; si j'ai parfois ressenti une certaine inquiétude pour
Coraline, je ne me suis jamais réellement attachée à aucun des personnages – sauf peut-être au chat dont j'ai apprécié l'esprit indépendant malgré un comportement qui peut sembler hautain.
Peut-être est-ce à cause de ce qu'on m'a rabâché quand j'étais (jeune) maman : qu'il faut parfois laisser les enfants s'ennuyer, que c'est bon pour eux, pour leur imaginaire ? Dès lors, je suis partagée entre un vague sentiment d'irritation envers cette gamine relativement privilégiée qui, d'une certaine façon, fait des caprices parce qu'elle s'ennuie (elle m'a tellement rappelé certains moments avec les miens, d'enfants qui tournent dans les pieds des parents à les rendre fous ! cela dit avec toute la gentillesse d'une maman parfois débordée, en vrai j'adore mes enfants !) ; et la force de cet imaginaire, qui a d'ailleurs valu plusieurs prix à ce petit livre, mais qui a effectivement un côté « flippant », même s'il ne relève pas de la pure horreur et n'affecte pas vraiment le lecteur adulte.
Une lecture plutôt en demi-teinte, donc, et si plusieurs copinautes ne m'avaient pas dit tant de bien de l'auteur par ailleurs, ce ne serait définitivement pas ce livre qui me donnerait envie de le découvrir davantage !