Sandman, volume 1

Arrêtes de jouer au pitoyable bloc de saindoux tremblotant, débile et pleurnichard. Ouvres la boite ! Enlève le ruban !

Ça fend le cœur, sire, n'est-ce pas ?
Ce qui s'est passé ? C'est vous, l'incarnation de ce temps du rêve, sire. Et sans vous, les lieux se sont décatis, effondrés peu à peu...
D'abord, un lent processus, sire. Dans le monde du rêve, les choses ont muté. Je le sentais dans ma bibliothèque... Peu à peu, les mots se sont effacés. Peu après votre disparition, mes livres sont devenus des liasses de papier blanc ; le lendemain, toute la bibliothèque avait disparu. Je ne l'ai jamais retrouvée.

Tu étais mon chef-d'œuvre, je le croyais. Un cauchemar, créé pour être le noir et la peur du noir dans chaque cœur humain. Un miroir obscur, conçu pour refléter tout ce que l'humanité ne veut pas affronter en elle.

Écoutez : vous entendez des sanglots. Sur l'autoroute, des pleurs de détresse montent des sculptures broyées de métal tordu et cloqué, des pneus qui brûlent, des vitres brisées. Dans les rues de New York, un groupe d'intégristes sait que c'est le jugement dernier et ils sont toujours là, piégés sur terre. Procès de ravissement, ils pleurent cet abandon par ce dieu soudainement loin d'eux. Écoutez la douleur d'un monde où les choses mauvaises commencent à émerger du noir. Au central, Nan Flower sait qu'elle n'a plus d'ambulance à envoyer, mais les appels n'arrêtent pas pour autant... Écoutez un monde qui souffre. Écoutez. Vous l'entendrez.

Selon toi, je n'ai pas de pouvoir ? Peut-être as-tu raison... mais... tu dis que les RÊVES sont sans pouvoir ici ? Dis-moi, Lucifer, Astre du Matin... et demandez-vous, vous tous... quel pouvoir aurait l'Enfer si ceux qui sont captifs ici ne pouvaient pas rêver du paradis ?

Je vais démembrer le monde, je crois, et après, danser sur les décombres.

Mais... tu dis que les RÊVES sont sans pouvoir ici ? Dis-moi, Lucifer, Astre du Matin... Et demandez-vous tous...
Quel pouvoir aurait l'ENFER si ceux qui sont captifs ici ne pouvaient pas rêver du PARADIS ?

— Je suis l'anti-vie, la Bête du jugement, l'obscur au terme de tout, la fin des univers, des dieux, des mondes... de tout.
Sss. Et vous, qu'êtes-vous, roi des rêves ?

— Je suis l'espoir.