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Citations sur De silence et de loup (146)

Le brouillard dégoulinant masquait tout ce qu'il y avait à voir au-delà des barres d'immeubles frappées du sceau de l'ex-URSS.
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Enfin il neige. Il vente un air vif et froid. L’été avait fauché l’automne et semblait déterminé à poursuivre sa moisson avec l’hiver.
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Assise près du poêle, Elena chantonne. Ses mains remontent à contre-courant la fourrure dense du chien. Elle regarde les poils s'écouler entre ses doigts. Il ne bouge pas. Il lui lance de temps à autre un regard tendre. C'est un refuge. Son refuge. Un gros husky qui craint moins la férocité des ours, le froid abominable de la longue nuit polaire que la brutalité des hommes. Il sait ça, le chien, qu'il faut les craindre. Son corps se crispe dès qu'il croise un bipède, moi comprise. Mais pas Elena. Ces deux-là ont des choses à se dire, des douleurs à partager.
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C'est drôle comme on idéalise un projet, en oubliant, dans les promesses d'une aventure, que la nature humaine ne change guère, quel que soit le lieu.
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On peut faire dire ce que l'on veut aux mots, pas au silence. Il ne ment pas.
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C'est drôle comme on idéalise un projet, en oubliant, dans les promesses d'une aventure, que la nature humaine ne change guère, quel que soit le lieu.
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Ce matin, par la fenêtre, j'ai vu la silhouette massive d'un ours blanc se dessiner dans la toundra. Il se dirigeait vers moi. Une décharge électrique a parcouru ma colonne vertébrale et mis mon cerveau en panique. Mon cœur s'est accéléré. Instinctivement, je me suis décalée pour l'observer sans être vue. Sa démarche était nonchalante. Son épaisse fourrure ondulait. II humait l'air. Je pouvais voir sa truffe noire chercher les molécules qui trahissaient ma présence. Il s'est dressé contre la herse fixée devant la fenêtre. J'ai fui son regard. Est-ce la lumière de la lampe à pétrole ou mon odeur qui l'avait attiré jusqu'à moi ? Après une longue observation, il est allé à la porte. J'ai senti son souffle puissant et chaud passer dessous. J'ai entendu ses griffes gratter le bois. Elles se sont immiscées dans les moindres interstices, d'effrayants crochets bruns cherchant une prise pour I'arracher. J'étais un lapin au fond de son terrier qui voit s'avancer la gueule du renard. J'étais terrorisée. J'avais une idée très nette de ma place dans la chaîne alimentaire, un maillon pas plus représentatif qu'un lemming. J'étais sous la menace du plus grand prédateur terrestre et elle ne pesait pas moins de cinq cents kilos. Puis il a grogné. J'ai entendu ses pas dans la neige. Je suis retournée à la fenêtre et j'ai vu le loup qui tournait autour de lui en montrant les crocs. Les deux se jaugeaient à distance. La puissance d'un côté et la rapidité de l'autre. L'ours bondissait soudainement vers le loup, la gueule ouverte et écumante. D'un saut, le loup esquivait et s'écartait de quelques mètres en trottinant. L'ours revenait alors mettre son nez sous la porte, mais le loup ne lui laissait aucun répit. A ce jeu, l'ours s'est fatigué en premier. Il s'est enfoncé dans la nuit. Le loup est resté. 

 Je suis sortie, encore tremblante, et me suis adossée à la cabane. J'ai fermé les yeux un instant sous la morsure du froid. En les ouvrant, j'ai vu le loup assis sur un hummock, un monticule formé par le gel du sol, et de ce modeste trône il contemplait son territoire. J'ai dit : 

- Merci, loup. Merci mille fois. Comment t'exprimer ma gratitude ? Je ne sais pas comment on fait avec les loups. Je n'ai même jamais eu de chien. J'ai une idée, ne bouge pas, je reviens. 

Je suis allée prendre une feuille dans mon carnet de route

- Écoute un peu. C'est signé Romain Gary, mais ça tu t'en fous. Est-ce que tu m'écoutes, loup ? C'est pour toi et ça en dit beaucoup sur nous. 

Il a tourné la tête et ses yeux ont croisé les miens. 

- «A mes yeux, monsieur et cher éléphant, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd'hui menacé d'extinction au nom du progrès, de l'efficacité, du matérialisme intégral, d'une idéologie ou même de la raison, car un certain usage abstrait et inhumain de la raison et de la logique se fait de plus en plus le complice de notre folie meurtrière. II semble évident aujourd'hui que nous nous sommes comportés tout simplement envers d'autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes »... Je peux te refaire la lecture en remplaçant «cher éléphant» par «cher loup» si tu veux. Ce ne serait pas moins vrai. Tu sais qu'il y a des hommes qui veulent cloner le mammouth et le faire renaître alors même que nous sommes incapables d'assurer la protection et la survie de son cousin l'éléphant ! Jeanne dit que l'on sait déjà tout ce qu'ily a à savoir sur le mammouth, qu'il n'a pas plus de secrets pour les scientifiques qu'une vache ou un cheval. Des mines vont être creusées partout sur ton territoire, des gisements de pétrole forés. Tu as remarqué comme le sol s'autocannibąlise? Il dégèle et il est ensuite englouti par ses propres entailles. Pour alimenter toute cette batterie d'industries, des centrales nucléaires flottantes vont être installées en mer pour ne pas avoir à subir l'instabilité de la terre, alors qu'il faudrait panser les plaies de notre planète et prendre à bras-le-corps les maux qui la rongent et nous condamnent inexorablement. L'homme est ainsi fait. Il est si cupide ! Il ensemence la planète de projets mortels sans trembler. Si la souffrance produisait une énergie exploitable, je ne doute aucunement que l'un d'entre nous aurait depuis bien longtemps eu l'idée de créer des centrales à géhenne pour produire de l'électricité. Et notre conscience aurait fini par s'en accommoder. On le fait déjà avec beaucoup d'autres choses, des milliers d'êtres d'humains. Voilà ce que nous sommes devenus, loup, des créatures au goût démesuré d'elles-mêmes. Le mal est là, il est en nous et il te crache à la gueule.
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Puis je suis remontée jusqu'au centre-ville et j'ai cherché I'adresse qu'il m'avait recommandée. C'était une barre d'immeubles semblable à toutes les autres. Le conteneur poubelle, situé à deux pas de l'entrée, était renversé et les déchets qu'il renfermait étaient méthodiquement explorés par des chiens efflanqués, une flopée de goélands querelleurs et trois jeunes renards arctiques. Les chiens m'ont jeté un regard torve. Je ne me suis pas attardée. C'est le genre d'endroit que l'on ne peut apprécier que poursuivi par une horde d'ours polaires.
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C'est dans le fracas de l'absence que l'on mesure les bonheurs de nos vies
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La douleur est sans frontière, sans ethnie.
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