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3,84

sur 322 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Reçu hier dans le cadre d'une masse critique privilégiée, ce roman n'aura , hélas, pas survécu longtemps à mon enthousiasme . Oui , chères amies et amis babeliotes , je vous annonce la couleur , cinq étoiles sans le moindre défaut. Je sais , c'est sans doute un peu , Comment dire, " expéditif " ou " excessif ", mais non , je maintiens.

Figurez vous que la météo n'étant pas des plus " sympathique " , c'est sur mon canapé que j'ai décidé de passer une partie de mon temps ....J'étais vêtu comme pour un mois de mars , mais ce que j'ignorais , en tournant les premières pages de ce roman , c'est que j'allais me trouver propulsé malgré moi , dans les glaces de l'Arctique avec Anna , une journaliste qui souhaitait suivre une mission scientifique . Inutile de vous dire que le lieu de l'action a eu le don de "réchauffer " l'atmosphère dans laquelle je me trouvais et , sans mentir , si j'avais su où j'allais mettre les pieds, j'aurais cessé de râler contre mon " environnement " météo certes perturbé mais quand même....

Embarquement à Tiksi, en Sibérie, sur le " Yupik " , en compagnie de Jens, Margot , Erwan , Jeanne ,Loic , Louise et Zoe et puis , je l'oubliais , le " cerbére " de service , le militaire russe Valéry. Et oui , la Russie....

Commence alors pour nous un long périple dans des régions hostiles décrites avec maestria , il faut bien le dire par l'auteur . C'est incroyablement angoissant , tant par le cadre , la glace , la nuit , les ours ou autres loups , l'avidité et la cupidité des hommes et des Etats prêts à exploiter encore et encore une nature généreuse qui , fatalement , trouvera bien un jour le chemin de la vengeance . L'homme prédateur, l'homme humainement capable , aussi , du meilleur comme du pire comme on pourra le découvrir au fil des pages . Pour Anna , c'est une longue , une angoissante errance vers ...vers quoi , au juste , elle qui porte " des chaînes " pesantes ?

En alternance avec le périple, le récit d'une " descente aux enfers " , celle de Sacha , son frère, enfermé volontaire dans un monastère, Dom Joseph en quête de rédemption mais pourquoi .??? Anna et Sacha , deux chemins ...

Les personnages sont forts , leurs pensées deviennent nôtres et nous cheminons dans les épreuves à leur côté même si nous savons que l'on ne se relève jamais de certaines blessures , on lutte de toutes nos forces auprès d'eux car , et ce n'est pas le seul mérite de ce roman , on se sent comme un membre de l'expédition.

L'écriture est non seulement bien maîtrisée mais " colle " à la dramaturgie , les dialogues sont vifs , clairs , précis, sans excès et c'est plus l'atmosphère en permanence pesante qui est remarquable , le danger est partout , le salut jamais acquis .

Quant à la nature , ou l'absence de nature .. Que dire ? C'est comme pour un " tableau de maitre " sauf qu'ici , les mots remplacent les pinceaux capables de traduire les sentiments par les plus oppressantes couleurs . Même le silence est bruyant , c'est dire . Et le SILENCE , une terrible violence...

Je ne connaissais pas cet auteur qui m'a fait passer un moment extraordinaire . Tout dans ce roman a du sens , il maîtrise son intrigue et ses connaissances font de ce récit un récit dense , didactique sans être professoral , dramatique et beau . Une aventure dont on sort " bousculé ", mais à regret ...
Tiens ...mon canapé...et le soleil est revenu..... J'étais ...ailleurs, avec une certaine Anna....
Vous qui allez vous lancer sur ses traces à votre tour ( le contraire serait dommage ) , couvrez- vous bien....La température se trouve au début de chaque chapitre ...et franchement , ça caille !!!

Je remercie vivement l'équipe de Babelio et les Éditions Albin Michel qui m'ont permis de découvrir ce très beau et très bon roman . J'ai adoré mais , comme je le dis souvent , ce n'est là que mon modeste avis .
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Lors du spaciement, Dom Joseph est pour le moins étonné de se voir remettre, par une inconnue, un paquet contenant un carnet de voyage. À peine cette dernière lui a-t-elle murmuré qu'il venait d'Anna qu'elle a disparu. Anna, sa soeur dont il n'a guère de nouvelles depuis maintenant deux ans. Une fois dans sa cellule, Dom Joseph découvre la première page. Anna Liakhovic dédie ce carnet à Zora, Romane et Sacha. Un prénom qu'il n'a plus entendu ni lu depuis tant d'années...
Pour avoir travaillé en tant que journaliste pour France 3 pendant 5 ans, parlant anglais et ayant des connaissances en russe, Anna a été embauchée pour rédiger les comptes rendus, dans ces deux langues, des travaux scientifiques menés en Arctique, depuis le navire Yupik, lors d'un hivernage sur la banquise. Depuis les drames qui l'ont bouleversée, la jeune femme avait besoin de s'évader, de changer d'air. Mais, hélas, le périple ne va pas se passer comme prévu...

Loin des hommes, au coeur d'un environnement glacé, soumise aux dures lois (aussi bien de la nature que celles des hommes), Anna va tenter, par le biais de cette expédition, d'échapper à un passé bien trop douloureux. Mais peut-elle, viscéralement, oublier la disparition de sa compagne et le décès de sa fille ? Se sentant seule au coeur de cette immensité, parfois vulnérable, la jeune femme décide d'écrire un carnet de voyage, destiné aussi bien à Zora, sa fille, Romane et Sacha, ce frère désormais dans les ordres. Si l'on découvre, peu à peu, l'expédition d'Anna, l'ambiance glaciale mais aussi pesante qui règne, aussi bien à l'extérieur que parmi l'équipage, Dom Joseph se dévoile lui aussi, en quête de rédemption et tentant d'expier ses péchés. Terriblement sombre, violent, de par cette nature qui reprend ses droits et par la rudesse des hommes, glaçant, ce roman nous saisit dès les premières pages. La plume de Patrice Gain, éprouvante et vive, rend sublimement compte des drames qui se jouent et nous plonge parfaitement dans cette atmosphère intense.
Un roman bouleversant...
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Cet auteur n'en finit pas de me surprendre, de me balader, et de me laisser marquée et meurtrie quand je referme son livre.

Une sensation douce-amère en bouche et dans le coeur, je me remémore le chemin de croix que vient de me conter Anna à travers son journal de bord.
Est-ce qu'une femme, une mère qui a tout perdu peut continuer sa vie et poursuive son quotidien ? 
Lorsque votre enfant meurt puis que votre dernière compagne met fin à ses jours, pouvez-vous survivre à ces tragédies
Lorsque l'on vous apprend que votre petite fille, votre bébé, a subi des viols à répétition et que vous n'en avez jamais rien su, comment réagiriez-vous ?

Les mois ont passé et Anna, journaliste de télévision, a finalement décidé de s'exiler pour un temps au bout du monde, en Sibérie, loin de tout, lors d'une expédition scientifique.
Mais l'éloignement physique ne résout pas tout et les souvenirs, les démons et la culpabilité d'Anna vont ressurgir tout au long de son périple.
On pourrait croire que le froid endort la douleur et emporte les cris de chagrin dans son manteau blanc et silencieux. Mais là où elle cherchait la paix et l'oubli, elle trouvera une rédemption et, à force de réflexion, des réponses à certaines de ses questions.
En voulant aider et sauver les autres, elle aura peut-être réussi à alléger sa conscience en trouvant le vrai coupable.

Un nouvel hommage vibrant aux victimes silencieuses, trop nombreuses, qui subissent chaque jour les caresses de haine de leurs tortionnaires.
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Tout de suite happée par cette lecture je me suis dit : « cet auteur a-t-il écrit d'autres ouvrages susceptibles de m'emporter ainsi » et j'ai lu Jean-François Lemoine dont la critique m'a confortée ; oui, il y en a d'autres. C'est vrai qu'il est complet ce livre et que tout y est, l'histoire, l'écriture, les personnages, les lieux, présent, passé, complet et complètement réussi. Il s'agit d'une expédition de chercheurs aux confins de la Sibérie mais :
― Qui va là ? Des personnages au profil aventureux mais encore et là, je me défausse sur vous pour hiverner sur la banquise avec Anna et concocter un nouvel avis.
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La dernière page tournée, il m'est difficile de cerner le sujet de ce roman tant l'auteur jongle avec les idées. Solidement documenté, le récit, que j'ai lu d'une traite, est plutôt complexe et mieux vaut ne pas le lâcher si on ne veut pas être largué.
Cherchant à fuir ses fantômes, Anna rejoint l'expédition scientifique Ocean Arctic Protect en tant que journaliste et interprète (Elle parle russe) A Tiksi, aux confins de la Sibérie, elle retrouve les membres de l'expédition, hommes ou femmes, marins ou biologistes. le chef, c'est Jens, un colosse barbu intransigeant et omniscient. Tous embarquent sur le Yupik, un voilier conçu pour naviguer entre les glaces avec, à son bord, du matériel scientifique et des congélateurs pour conserver les prélèvements. Tout est prêt pour passer l'hiver sur la banquise
Valery, un militaire russe chargé de les surveiller car cette région de l'Arctique est sous hégémonie russe, embarque avec eux. Très vite, dans ce huis-clos étouffant, Anna perçoit les rapports ambigus entre Jens et la jeune glaciologue Jeanne. Elle consigne tout dans son carnet de bord, son histoire personnelle et les évènements quotidiens.
En parallèle se déroule l'histoire de dom Joseph, moine chartreux et frère d'Anna, qui cherche la rédemption dans le silence d'un monastère.
Tandis qu'Anna se confronte avec son passé douloureux, l'équipe doit faire face à de nombreuses avaries. Puis la tempête, violente, démesurée, les oblige à trouver refuge sur les côtes inhospitalières d'une île où rodent des ours menaçants. Il y a aussi les chasseurs iakoutes à la recherche de l'ivoire fossilisé des mammouths.
Dans ces espaces grandioses et magnifiques, la lutte pour la survie est permanente et façonne le caractère de ceux qui y vivent. Vivre est périlleux et l'on oublie cette rudesse dans l'alcool.
Le danger est partout, à la fois dans cette nature hostile où rôdent des bêtes sanguinaires, ours, loups, renards mais aussi dans ce sous-sol gorgé de méthane où des virus millénaires sont réactivés par le réchauffement climatique.
L'histoire est sombre, glaciale, à l'image même de la nuit polaire. Nous plongeons dans un univers rude et froid, immense et éblouissant mais ô combien inquiétant.
Patrice Gain nous mène avec assurance dans une aventure folle sur les pas d'Anna qui ne renonce pas à se battre. J'ai aimé la personnalité de l'héroïne, avec sa force, son obstination mais aussi ses failles et ses doutes qui la rendent profondément humaine.
C'est rudement bien construit, chaque strate nous rapproche de la vérité. On frissonne à chaque page, et pas seulement de froid…
Patrice Gain, que je découvre grâce aux éditions Albin Michel et à Babelio (Qu'ils en soient vivement remerciés) m'a bluffée.


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Je finis de lire la dernière page et je referme le livre ,un peu sonnée. Ce roman est une véritable claque, violent, dur, noir de bout en bout, impitoyable, glacial, sans happy end.
Je découvre cet auteur avec cette lecture et je me réjouis d'avoir d'autres romans de lui à me mettre sous la dent.
Anna est journaliste d'origine russe, elle fuit un passé qu'elle voudrait gommer de sa mémoire. Elle décide de s'embarquer comme traductrice sur un bateau avec une équipe de scientifiques qui part pour une mission sur le Pôle Nord sibérien. Malheureusement cette expédition est vouée à l'échec. Après un retard pour des problèmes administratifs (les russes sont tatillons) l'équipe va rencontrer de nombreux problèmes, tempête, avarie qui bloque le bateau. Décès de deux hommes de l'équipe, un accidentel l'autre plus suspect. Rencontre avec des pillards qui viennent voler des défenses de mammouths pris dans la glace. Tout ça, dans un froid polaire, sur la glace où rodent loups et ours blancs. L'équipe est prise au piège des éléments et bloquée dans cette atmosphère glacée et inhospitalière où les violences des hommes vont se déchaîner et Anna va avoir l'impression de revivre à un moment ce qu'elle cherche à fuir. Elle se confie dans son journal qu'elle écrit et adresse à son frère qui est entré dans les ordres, chez les chartreux, pour fuir son passé lui aussi.
L'auteur a écrit un roman violent, noir entre le thriller et le roman d'aventures dans une Sibérie implacable et inhumaine où les animaux seraient presque plus humains et empathiques que les hommes.
On en sort étourdi, interpellé par cette histoire et évidemment on en redemande.
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Je me suis laissée embarquer dans cette sombre et froide histoire avec un réel plaisir, et d'une traite, une panne d'électricité ayant privé ma ville 8 heures durant, (et ce dès l'aurore) c'est sur un banc que j'ai accompagné Anna, une journaliste française qui avait besoin de réapprendre à respirer après des malheurs intimes inimaginables Sa petite fille de 6 ans morte accidentellement(?) et le suicide de son amie.
Elle accompagne une équipe de scientifiques bien au delà du cercle polaire, ils sont sur un voilier qui sera pris par les glaces.
Hormis le climat que l'on imagine, un huis-clos sous tend toujours des frictions, voire des drames aussi.
Anna écrit un journal qu'elle remettra à une participante ,Jeanne, qui aura la chance de quitter la Russie avant elle. Il lui faudra remettre ce journal au frère d'Anna, devenu moine chartreux. Anna veut-elle venger les sévices subis par sa petite Zora? A t-il , lui quelque chose à expier? En effet , pour des raisons obscures Anna reste bloquée en Sibérie, seule une évasion pourrait la sauver , mais à travers la toundra à perte de vue, même accompagnée d'un loup, ce peut être mortel. A ce moment l'essentiel est d'accomplir sa vengeance. Ce thriller sombre, comme" Climax" de Thomas B. Reverdy rend compte lui aussi de l'agonie de la planète, de l'Arctique en particulier, de ses habitants, ainsi que des ours blancs, derniers grands prédateurs avant l'homme.Des virus à venir aussi avec la fonte du permafrost.
J'ai apprécié une remarque triste , mais juste: d'aucuns veulent recréer les mammouths mais ne sont pas fichus de protéger les derniers ours blancs chassés encore par une certaine oligarchie internationale, et surtout privés de leur immensités de glace.
Un superbe roman .Merci aux Edts A.Michel.
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Un bon roman noir en pays blanc .
Je me suis régalée dans ces histoires qui se répondent entre la Sibérie et un monastère français.

Les portraits sont attachants, le rythme est vif, on voyage, on a froid... dans le dos ! On apprend plein de choses! Pas mal pour ce court récit, glaçant comme le froid polaire.

Anna , journaliste s'inscrit dans cette mission scientifique pour fuir ses morts et, les retrouver aussi car elle les porte en elle. Elle est bénévole, parle le russe , ses talents d'interprète seront mis à rude épreuve...

je n'en dis pas plus, ce serait dommage..pour vous. Je vous conseille vraiment cette lecture prenante.

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Enorme coup de coeur pour ce 4e roman de Patrice Gain que je lis.
Encore plus intense que les précédent qui m'avaient eux aussi pourtant déjà scotchée. Comme si c'était encore possible ?
Mais alors ça raconte quoi "Le silence des loups"
Anna rejoint l'expédition scientifique Ocean Arctic Protect en Nouvelle-Sibérie, une région sous hégémonie russe où la fonte des glaces libère des menaces issues du passé de l'humanité. Pris dans une tempête glaciaire, le bateau s'échoue sur une île peuplée d'ours et de loups. Quand les hommes de l'équipage, happés par la folie, deviennent violents, Anna entame un journal de bord.
Il se dégage une telle force, une telle puissance des mots de Patrice Gain, que je suis encore sonnée par ce nouveau polar à la fois roman noir, polar écolo et pur thriller. Totalement prise et éprise par l'atmosphère incroyable qui se dégage de ce livre que j'ai du mal à mettre des mots sur mon ressenti de lecture et à exprimer toute l'intensité qui émane de ce bouquins.
Alors...Bon promis, on revient vous en dire plus dans quelques jours. Mais ce qui est certain c'est que nous avons adoré ce titre sur Collectif Polar
Lien : https://collectifpolar.com
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Il y aurait cette main de glace, comme une plante carnivore, qui vous attire vers elle. Il y aurait ce silence auquel vous aspirez, pour ne plus étouffer ces acouphènes aux ondes mortifères. Il y aurait tout ce blanc, infini, cette page entière à écrire, à réécrire, parce que vous auriez tout perdu. Puis le blanc aveuglant disparaîtrait, pour laisser place à une nuit totale.
En cette nuit polaire, Anna nous partage son journal de bord. Journaliste à France 3, elle embarque avec une équipe scientifique pour couvrir une expédition proche du cercle polaire. Elle part le bagage léger et l'esprit lourd. Son deuil encre chaque page qu'elle noircit. le deuil de sa fille, Zora, victime d'un accident domestique. Elle part avec des hommes et des femmes qui connaissent la violence ; celle de la nature, et celle des hommes. Elle part en gardant l'oeil tendu vers ce frère qui a choisi de faire voeu de silence, depuis son monastère. Elle lui raconte. Elle nous raconte. le beau et l'indicible. Les découvertes sublimes, et le gâchis. Elle se fond peu à peu à cette nature féroce, qui lui tend la main. Elle rencontre son ami Loup, et lui dédie une ode que je lui envie.

"Dehors, il fait froid. Un froid de loup, je suppose. Pas seulement parce que je le vois dans le cadre de la fenêtre qui fait face à mon couchage. Il reste là, le regard figé dans le silence et l'immensité vaporeuse de la toundra. Des sautes de vents blancs retroussent sa fourrure, mais il semble indifférent aux bourrasques glacées. Il tourne parfois la tête, brusquement, comme s'il quittait un songe, fixe la fenêtre, regarde derrière lui avant de reprendre sa pose. Il m'a conduite ici hier. Sans lui, je ne serais rien. Rien qu'un être inapte à la vie dans un désert froid. L'intelligence est partout en lui. Il est l'équilibre qui me manque."

Anna partage un journal de cette expérience, decouverte au fil de l'eau par son frère, quelques mois plus tard. Un frère auquel elle raconte, auquel elle confesse, et un frère qui commence une descente aux enfers à distance. Une descente silencieuse, qui vaut bien la tempête fracassante qui s'abat sur l'équipe.

L'expédition a effectivement tourné au chaos, emportant Yupik, le bateau vaillant, dans mille tourments.
"Avant le lever du soleil, des nuages sombres ont voilé le ciel et la mer s'est formée. Quatre heures ont plus tard, elle roulait des épaules comme un boxeur prêt à monter sur le ring. C'était effrayant de voir des montagnes liquides s'élever derrière nous et le vent les écrêter en arrachant des gerbes écumantes. Les déferlantes emportaient Yupik dans des surfs effrénés. Au moment où elles nous soulevaient, juste avant l'accélération, je retenais mon souffle. Les longues glissades nous menaient droit vers des gouffres mouvants. L'étrave en déchirait le fond dans un épouvantable fracas et semblait vouloir s'y perdre à jamais. J'étais fascinée et terrorisée à la fois. Á travers les hublots du roof, j'ai vu passer Loïc dans sa combinaison rouge. J'ai cru à un fantôme intrépide. Il était sorti pour mettre à la traîne une ancre flottante censée freiner le bateau et éviter qu'il ne chavire en plantant son étrave dans une de ces vagues monstrueuses. Quand il a quitté mon champ de vision, il ne restait que les mâts qui se couchaient à toucher l'eau, nus et fragiles comme des scions de bouleau, Yupik grinçait comme un moulin à vent. du fond des gouffres, les énormes vagues semblaient totalement infranchissables. Comment un si petit bateau pouvait affronter un tel déchaînement ?"

Ce roman renferme toute l'histoire de l'Humanité, du chaos qu'elle sème à celui qu'elle subit. Il renferme toute la beauté du Monde, pour peu que l'on veuille bien encore le regarder dans les yeux. Il renferme toute mon admiration pour Monsieur Loup, sa force et son regard doré. Il renferme toute la violence des hommes, emportant leurs hurlements et ceux de la planète, des hurlement comme celui de ce loup gravé sur la couverture de ce roman de Patrice Gain, une couverture et un auteur qui entrent dans mon coeur par la très grande porte.
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