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Nous avons sillonné le causse sur des routes étroites et étrangement sinueuses .
Des troupeaux de brebis s'égayaient sur de douces ondulations et animaient le paysage aride et monotone .
[...]
Le soleil jouait avec les chaumes qui transpiraient un parfum de moisson .
Il s'engouffrait par les vitres ouvertes et venait chasser celui de la terre chaude .
Quelques maisons de pierres grises , coalisées contre le désert et la solitude , apportaient un peu d'humanité .
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C'est épuisant d'arpenter son âme , de marcher d'un bout à l'autre de soi-même pendant des jours et des nuits .
Il arrive qu'on en perde la raison .
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On croit connaître les gens, mais au bout du compte on ne sait rien d'eux. Pas beaucoup plus que de nous-mêmes peut-être bien.
Le canyon tonnait son hostilité, sa sauvagerie, sa démesure. La pluie ne s’est pas fait attendre. Dense, brutale. Elle hérissait la surface de la rivière de milliards d’impacts. Le paysage n’était plus qu’obscurité et grondement.
Les gorges semblaient plus profondes que jamais. Le vert intense de la végétation alternait avec d'infranchissables falaises calcaires zébrées de longues traînées noires et humides.
C'est un truc difficile à apprivoiser, la solitude. Elle donne à écouter le vent, à échanger avec l'orage, à chercher un sens aux choses et aux mots, à la pluie qui tambourine sur la tôle du camion, à la vie quoi.
Est-ce que la guerre conduit tous les hommes à faire ce genre d’abomination, ou bien seulement ceux qui ont ça d’ancré au fond d’eux ? Est-ce qu’une fois les conflits terminés, les bourreaux reprennent une vie normale ? Peut-être bien que face à la peur de l’autre, par vengeance aussi, sommes-nous tous des criminels de guerre en puissance !
Elle était comme ça, Luna, un visage farouche, perché sur une quenouille, qui attire les regards, mais ne montre pas grand-chose de ses émotions.
Luna était la chandelle qui tenait à distance mes craintes et m’invitait à goûter la quiétude des nuits d’été.
Maman avait l’élégance des femmes qui ne la cultivent pas.