Citations sur Le sourire du scorpion (111)
Le ciel s'était encore assombri. Le paysage était devenu l'allégorie de l'absence, ça en était fascinant. Les bosquets de buis et de genévriers n'étaient plus que des cônes de neige qui peinaient à ponctuer les rotondités du plateau.
Venimeux, c’est ce qu’ils étaient. Deux cent cinquante Scorpions à l’idéologie ultranationaliste, ultraviolente et sauvagement féroce. Une armée génocidaire. Une troupe de destruction massive.
Là où chacun d’entre nous voit un fruit avarié, Luna voyait les graines à l’intérieur, elle sentait la vie en devenir. Luna, c’était l’espoir, Luna, c’était ma sœur.
J'aime ces endroits où l'on n'a pas idée de ce qu'il y a derrière l'horizon.
Et puis un jour, j’avais vu débarquer Luna. Elle avait le visage plus fermé encore qu’à l’accoutumée, mais elle était en forme. J’avais couru vers elle. J’avais vu ce jour-là dans ses yeux bleus quelque chose qui tenait de l’éclosion des fleurs d’abricotier un matin de printemps encore gélif. Luna apportait beauté et lumière.
Quand même, les guerres sont tellement horribles. Elles se nourrissent des pulsations haineuses des hommes, assouvissent leur besoin de tuer, d’exterminer sous couvert de son blanc-seing. Puis vient le jour où il faut rendre des comptes pour les uns, apaiser et reconstruire pour les autres. Ça prend du temps. Les guerres tuent longtemps encore après le dernier coup porté.
Elzéard Bouffier, le berger de Giono qui plantait des arbres dans un coin désertique des Alpilles. Maman nous racontait cette histoire avant de nous endormir et je ne compte plus les nuits où j’ai semé des glands. Plus tard, une forêt avait rendu le désert moins aride, comme ici.
« On se dit que c’est un mauvais rêve.
On se dit qu’on est mort soi- même, pas les autres. et qu’on s’est réveillé en enfer.
Mais on sait bien que c’est faux .
Les rêves ont une fin, et là, il n’en y a pas » …
Jim Thompson , l’échappée…
( traduction Pierre Bondil ) .
Il arrive que notre esprit se laisse aller avec la météo du jour, mais l'inverse ne se produit jamais. La nature n'a pas d'état d'âme et c'était déconcertant de devoir confronter la douleur du moment à des lumières enivrantes, à de musculeux arbres centenaires et aux trilles des paresseaux qui peuplaient leur branchage.
Il en va des dates comme des sons, des images ou encore des odeurs : elles ont le pouvoir de vous précipiter, avec la même fulgurance, dans des souvenirs délicieux ou tourmenteurs.