L’éthique de nos parents était de dire que redouter quelque chose c’était l’attirer, que l’insouciance était le meilleur rempart contre les mauvais coups. Pourtant maman s’était mise à avoir peur.
Une vie n’est que l’empilement de tout un fatras de choses, bonnes ou mauvaises, goûteuses ou fades, et la dernière que l’on pose sur le tas fait s’écrouler l’ensemble et elle s’arrête là.
Une bruine froide s'échappait de hauts nuages et posait un vernis glacé sur la roche nue du plateau granitique qui dominait les eaux noires du fjord.
Autrefois, en Yougoslavie, nous cohabitions tous ensemble, chrétiens, musulmans, orthodoxes, et maintenant chacun d’entre nous n’est plus que la somme de ses haines, de ses désirs de vengeance et de ses peurs.
De l’art rupestre aux graffitis militants, il y a une franche décadence, une négation du support, un irrespect de la matière, un mépris des paysages.
Je me demandais ce qui nous définissait : était-ce l'ensemble de nos actes ou seulement les conséquences de nos erreurs?
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[...] le Causse .
Perchés sur un rocher , on écoutait le vent tiède souffler sur la steppe .
Les délicats épillets de stipa , fins comme des cheveux d'ange , moutonnaient dans la lumière du soir comme des vagues argentées .
C'était fascinant de voir ces ondes traverser les vastes étendues pour aller s'éteindre avec les dernières lueurs du soleil .
Quelques genévriers ou d'agressifs prunelliers , adossés à de fantomatiques roches ruiniformes , accrochaient le regard dans la prairie .
Pas un arbre digne de ce nom
[...]
J'aime ces endroits où l'on n'a pas idée de ce qu'il y a derrière l'horizon .
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Je n'aime pas ce terme. On ne refait pas sa vie, on la poursuit, avec d'autres horizons parfois, d'autres personnes souvent, mais on n'efface pas le passé. Une vie n’est que l'empilement de tout un fatras de choses, bonnes ou mauvaises, goûteuses ou fades, et la dernière que l'on pose sur le tas fait s'écrouler l'ensemble et elle s'arrête là.
C’est difficile de trouver un endroit où aller quand on est de nulle part.
Dans le meilleur des cas, la vie est comme un cognassier, avec de beaux fruits jaunes qui sentent bon, mais sur lesquels on se casse les dents dès qu’on veut croquer dedans. On peut se battre, ce sera toujours ainsi.