Pourquoi continuer ? Pour remuer encore et encore le couteau dans la plaie ? Non. Si je voulais me projeter dans un avenir serein, je devais tourner cette page, passer au chapitre suivant.
C’est plus facile à dire qu’à faire…
Nos relations sont maintenant claires comme de l’eau de roche. Exit les parties de jambes en l’air qui n’étaient finalement qu’un substitut à nos solitudes. Nos rires sont francs. Nos discussions sont saines. Notre connexion est sans ambiguïté. Nous nous retrouvons même régulièrement, seuls, des soirées entières, à refaire le monde. Il est toujours perdu entre son boulot qui est très difficile psychologiquement et les rêves qu’il a pour son avenir, sans toutefois savoir ce qu’il attend vraiment.
Il y a bien des moments où je positive. Des moments où je suis satisfaite, à défaut d’être heureuse, du chemin parcouru. Dans ces moments-là, je me dis « mais que de chemin parcouru ! » également. Après mon viol — eh oui, j’ai réussi à l’admettre que mon agression était un viol —, Jaxson est parti. Sept longs mois que je n’ai plus de nouvelles.
Je sais qu’à un moment j’aurai l’opportunité de faire payer à tous ceux qui m’ont fait souffrir, qui m’ont forgé, qui ont fait celui que je suis aujourd’hui. Je ne désespère pas de confondre ceux qui ont tué Vyvian, ma femme. Je sais qu’un jour je pourrai envoyer chier mon père.
Et je vire schizophrène, car se catapultent mon envie de le revoir et la peur de le décevoir, l’évidence de notre avenir commun et la certitude que je ne suis pas à la hauteur.