Gandahar, tome 22 : Pierre Gévart

Sur le fond blanc des murs, les huisseries outremer se détachaient avec une netteté presque douloureuse. Tout un pan de mur était recouvert d’une photographie d’océan en furie, comme cela en était la mode à la fin du siècle précédent. Lucas y avait installé une rambarde semblable à celles qu’on pose autour du pont des paquebots. Il y avait même accroché, pour parfaire l’illusion, une bouée de sauvetage. Au beau milieu de la pièce, une roue de barre bien patinée tournait autour de son axe solidement fixé au plancher. Un tube de parlophone descendait du plafond, et sur une table en retrait, le couvert était disposé, assiettes et verres bien calés dans leurs taquets anti-roulis.
Lucas se saisit d’une télécommande et la pièce s’emplit aussitôt d’explosions d’écume et de longs hurlements stridents de goélands, de rires de mouettes, de cris stridents de fous de Bassan ou d’appels rauques de macareux. L’effet était saisissant.
Extrait de « Un dîner pour les Morgenstern »