Et il ne restera que poussière.
Une poudre immonde baignant l'atmosphère d'une sale lumière, teintant l'espace d'une tonalité de l'abandon, recouvrant les mots, tus dans un silence de mort. Ici, tout est enseveli sous la crasse, pétrifié par la saleté, momifié dans les souillures.
La vie n'est plus, la mort espère; dans ce purgatoire obscène ; elle qui vide les êtres de leur substance, ainsi nourrie d'une sève gangrenée. L'immonde peur pulluler, la puanteur se répandre ; la vie pourra enfin renaître de la décomposition.
La terre a recouvert ceux condamnés à errer dans l'ancien monde, mère nourricière d'un paradis de la pourriture, la résurrection par la chair, grouillante d'une énergie née de la purulence.
La mort donne vie aux gardiens d'un nouveau culte. La métamorphose est son miracle, la chrysalide est son martyr, symbolique peau morte de la résurrection ; prodige sacré en ce royaume sépulcral.
Il en sera le prince, ange d'un Enfer duquel il a réchappé, invoquant les divins insectes devant leur autel infesté, en un chant des cigales annonciateur d'un nouvel ordre.
L'âme habitée de la douloureuse mémoire d'une époque révolue, il offrira son corps à ses maîtres dans l'espoir d'en transcender le souvenir. de métamorphoser une funeste colère en un souffle d'une vie ardente.
De sublimer la pourriture en une esthétique du sublime nauséabond.
Il est Lucas.
Narrateur de ce conte noir de toute la poussière recouvrant les murs de sa maison abandonnée, assombrissant ses souvenirs d'une époque heureuse, envahissant le cadavre de son père enterré dans le jardin.
De la mort naîtront les mots en une métamorphose du silence établi, tissant la toile du sublime symbolique. Lyriques, poétiques, hypnotiques, ils grouilleront en un monologue habité du souvenir de ses proches avant que tout ne bascule, animé d'une colère contre ce père auquel il s'adresse.
Ce sont les mots de la terre, miroir de la vie qui renaît dans le reflet de la mort.
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