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Natalia Garcia Freire signe avec Mortepeau (en anglais This world does not belong to us) un premier roman hors du commun, à l'écriture lyrique et sensorielle, qui réussit à charger de beauté et d'une curieuse lumière (c'est d'ailleurs l'étymologie du nom du personnage principal, Lucas) ce qui est propre à susciter le dégoût : les insectes, la putréfaction du corps, la pourriture, la mort. Lorsqu'il était enfant, deux hommes à cheval se sont présentés à la grille du domaine familial où Lucas habitait avec son père, sa mère et leurs quatre domestiques. Qui sont-ils, d'où viennent-ils et pourquoi sont-ils là, cela reste flou, de l'ordre du conte. Invités par le père à y résider, ils vont prendre possession des lieux et assujettir les occupants de la maison de leur présence violente, énigmatique et nuisible, et leur destin à tous sera funeste. Je ne connais pas l'histoire de l'Équateur, dont est originaire l'auteure, cependant il m'a semblé, dans le retour de Lucas et son adresse au père, qu'étaient évoqués des aspects de l'histoire de ce pays tels que le patriarcat, l'emprise du religieux, et le passé colonialiste : « Que suis-je venu chercher, Père ? le silence ? Un mirage ? Une patrie ? Celui qui revient n'a pas de nom, il ne sait pas ce qu'il cherche et vit comme un hôte dans sa propre demeure. » le monde appartient aux insectes, qu'on se le tienne pour dit. Une pépite noire.
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Lucas, en un long monologue, s'adresse à son père décédé et enterré dans le jardin. Il revient sur les événements passés et comment deux hommes, dont on ne sait rien, sont venus vivre chez eux et ont pris possession de la maison et de la famille et exerce une puissante emprise.

Ce roman très sombre est un roman d'atmosphère et avant tout un exercice stylistique. Les phrases sont superbes, les métaphores et les images marquantes. Il faut réussir à se laisser emporter par cette prose poétique. Et je suis restée à quai.

Si la langue est belle et lumineuse, ce conte est très dur, j'ai parfois été dégoutée par les descriptions d'insectes et de larves. Ça grouille et ça dégouline ! Il y est aussi beaucoup question de décomposition, de putréfaction et de fluides organiques... Sans compter que l'atmosphère malsaine est très lourde.

J'ai donc manqué d'air et surtout de réponse. Qui sont ces deux hommes ? Est-ce une allégorie de l'invasion coloniale ou encore de la folie humaine ? Et quel âge a le jeune Lucas ? Il a la maturité d'un vieux sage et ses propos sont pour moi en décalage avec son âge supposé.

Ces interrogations ont beaucoup pesé. J'aime être touchée par une plume et par un univers, mais la forme ne doit pas se substituer au fond.
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Lucas, tout jeune homme, revient dans la maison de son enfance, ou plus précisément dans le jardin où son père est enterré. Par les fenêtres, il observe les habitants de la maison. On comprend progressivement qu'il s'agit des servantes qui ont pris soin de lui lorsqu'il était plus jeune, et de deux hommes haïssables. Dans une longue harangue à son père défunt, il revient sur ce moment où le père a introduit ces deux individus chez lui. Pour quelle raison, on ne le sait pas, et pourquoi le père et ses comparses tiennent la mère de Lucas pour folle, non plus. C'est une folie bien douce, alors, qui consiste à s'occuper de son jardin et à constituer des herbiers. Tout cela va mal tourner, on ne peut que le deviner.

Me voilà bien ennuyée, car je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. Court, il ne manque pas d'originalité ni de profondeur. L'écriture est intéressante, loin des platitudes ou des clichés. Cependant, je n'ai pas réussi à aimer ce roman que je peine même à définir : roman gothique, roman noir, histoire de famille ou roman d'initiation ? Un peu tout cela à la fois sans doute. Pas un roman psychologique en tout cas, puisque tout est vu à hauteur d'enfant, et aucune explication n'est donnée. Une grande place est donnée au lecteur, ce qui pourrait vous plaire, peut-être ?
De mon côté, j'ai eu du mal à avancer dans le roman, je n'ai pas succombé à sa langue poétique. Parvenue à la fin, j'admets que celle-ci réussit à surprendre et à toucher, même s'il faut passer auparavant par beaucoup de passages malsains, par de nombreuses allusions à des fluides corporels et par des descriptions d'êtres humains bien plus repoussants que les insectes et autres animaux qui pullulent dans le roman.
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A propos de son premier roman, Mortepeau, l'Équatorienne Natalia Garcia Freire évoque trois thèmes majeurs : la terre (sacrée), la famille (dysfonctionnelle) et la folie (inéluctable). Ces éléments sont en effet consubstantiels à cette oeuvre inclassable dont la langue envoûte alors que l'intrigue, qui entretient un certain flou sur les événements passés ou présents, ne prend jamais le pas sur l'atmosphère générale, que le terme de gothique ne retranscrit qu'à moitié. Aucun terme ne convient d'ailleurs parfaitement pour décrire l'ambiance macabre du livre, dans ce monologue d'un fils destiné à un père décédé et coupable d'avoir introduit le mal dans la maison familiale, sous la forme de deux étrangers sales et méprisants. D'aucuns pourraient y voir la symbolique de la colonisation de l'Amérique latine mais ce n'est qu'une interprétation possible et cela n'a qu'une importance relative dans ce bref roman qui enregistre la décomposition progressive de la société humaine, amenée, tôt ou tard, à céder la place au monde des insectes. Il est beaucoup question de pourriture dans Mortepeau, noble à sa manière, dans le sens où elle précède l'avènement d'une nouvelle ère, respectueuse des équilibres naturels. Au fond, le livre, qui célèbre le cycle de la vie et de la mort et fustige l'orgueil démesuré des humains (et de quelques-unes de ses valeurs comme la religion) est surtout une porte ouverte à l'imagination du lecteur, qui ne peut être que fasciné par la force symbolique, tellurique et poétique du texte.
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En cette rentrée littéraire 2021, les éditions Christian Bourgois publient le premier roman d'une jeune autrice Equatorienne : Natalia Garcia Freire.
Mortepeau est un roman noir troublant.
Lucas est un homme qui revient sur les lieux de son enfance après la mort de sa mère. Il se rend sur la tombe de son père dans le jardin de leur ancienne demeure familiale désormais habitée par deux hommes leur ayant tout volé il y a des années.
Lucas, loin de se recueillir sur cette tombe, parle à son père et extériorise douleur, chagrin, rancune et colère envers ce père qui, plus que de ne pas les avoir protégés des deux hommes, a contribué à la destruction de sa famille et à sa propre mort. Il ne pleure pas son père mais c'est à sa mère, passionnée par ses fleurs et son jardin, qu'il pense et à son père qu'il reproche sa disparition.
« Dans la nuit, le livre entre les mains et le corps fébrile, j'ai pris la décision de quitter cette maison. Je devais sortir ma mère de là et nous irions dans un endroit où nous pourrions créer un jardin gigantesque, mélodieux et regorgeant de vie ? Pour la première fois, père, j'ai pensé que vous deviez disparaître de notre existence. Dans l'obscurité, j'ai serré fort les dents et une sombre démangeaison a picoré mon corps. On peut vivre sans père, me suis-je dit, mais pas cohabiter avec Napoléon.
Je ne crois pas avoir songé à votre mort ou peut-être que si, mais je me rappelle vous avoir imaginé déjà trépassé. Un jour vous existiez et le lendemain il me suffisait de croiser les doigts pour que vous ne soyez plus là.
L'esprit d'un enfant ne résout pas les problèmes et n'envisage pas de sauter des obstacles. Il se demande seulement ce qui adviendrait s'il était victorieux. »
Mortepeau est un texte envoutant.
Lucas est passionné par les insectes, volants ou rampants.
Les insectes, dans ce roman, sont presque des personnages à part entière tant leur présence agit sur Lucas et sur la trame de l'histoire.
Ils sont aussi un symbole. Face à un personnage du père très croyant que sa foi a rendu cruel, l'autrice oppose ici ces animaux qui oeuvrent à faire disparaître les corps dès leur mise en terre : vers, mouches et autres insectes qui s'en nourrissent. Ils sont aussi des rappels de croyances plus « terrestres » comme nos anciens qui pensaient que lorsque les araignées rentrent dans les maisons cela veut dire que le froid arrive. Cette volonté d'opposition à la religion avec une ambiance très noire à la limite du mysticisme est donc plus que suggérée mais sous forme de paraboles poétiques superbes.
Mortepeau est un superbe texte.
Empreint de poésie, en fond sonore le bruissement des ailes des insectes, le discourt funeste de Lucas est emprunt de regrets, d'un manque qui ne peut plus être comblé, d'un sentiment d'impuissance face à des évènements qui auraient pu être évités. C'est un premier roman et l'écriture est déjà belle, mature.
Superbe découverte donc que ce roman noir.

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Lucas est de retour à la maison après en avoir été chassé après la mort de son père. Et c'est d'ailleurs sur la tombe de celui-ci, au plein milieu du jardin de la maison familiale, qu'il nous raconte, en un long monologue, la descente aux enfers de sa famille. Dès lors que son père a accueilli deux hommes, Felisberto et Elroy chez eux, la vie n'a plus jamais été la même. Comme si, la mort elle-même s'était invitée chez eux afin de semer une graine qui petit à petit corrompra tout autour d'elle.

Mortepeau est une livre hybride. Entre la prose et la poésie. Entre le réel et le surnaturel. Entre la beauté (du jardin de la mère du protagoniste) et l'horreur. Qui oscille entre les souvenirs du passé et le présent.
Mortepeau est un livre qui m'a laissé perplexe. Malgré le peu de pages (moins de 200), j'ai eu du mal avancer dans ma lecture. Certains passages sont remplis de poésie alors que d'autres m'ont rebutés. D'où ma note en demi-teinte.
Lucas est un jeune homme énigmatique, amoureux des insectes (il se lie d'amitié avec une araignée...), et qui aime l'odeur d'ammoniac que dégage l'urine (oui oui).
On ne connaît pas son âge. C'était un jeune garçon/ado quand son père est décédé et il semble être devenu adulte ou presque. Et pourtant il réagit encore parfois comme un petit garçon.
On comprend très vite qu'il en a voulu à son père et qu'il lui en veut encore alors même que celui-ci a passé l'arme à gauche. Il lui en veut d'avoir accueilli à bras ouverts les deux hommes qu'il tient responsable de la déchéance de sa famille. Ces deux hommes qui, des années après, habitent encore chez lui. Ces deux hommes dont on ne sait rien, et dont on ne saura rien jusqu'à la fin. D'où viennent-ils? Que font-ils à longueur de journée? Pourquoi se sont-il imposés chez Lucas? Mystère et boule de gomme.
J'ai encore plein de questions qui malheureusement resteront sans réponse.
La couverture et la quatrième de couverture m'avaient donné envie de lire ce livre, mais je ressors déçue de ma lecture.
Je peux comprendre les commentaires dithyrambiques des autres lecteurs car il est vrai que la prose est belle. Natalia Garcia Freire arrive a écrire des horreurs poétiques. C'est beau et en même temps dérangeant, une sorte d'oxymore, une beauté horrifique.
Mais au delà de l'écriture, le contenu de ce roman ne m'a pas enthousiasmé. L'histoire est tirée par les cheveux et surtout, surtout je n'ai aucune réponse aux questions que je me pose.


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C'est l'histoire de Lucas, celle qu'il nous raconte ou plutôt le monologue qu'il adresse à son père décédé, celui par qui le mal est arrivé. Celui qui a laissé entrer deux individus dans leur maison et qui l'ont dépossédé de son statut et de ses biens.

Entre conte macabre et récit lumineux à la fois, métaphorique et poétique, on avance dans un texte totalement envoûtant où les mots ont un rôle plus important que l'histoire en elle même.

Les pages sonnent comme une mélodie dédiée à nature et à l'univers grouillant qui se niche dans l'humus. Tout nous rappelle d'où nous venons et où nous retournerons.
Nous accompagnons Lucas prince déchu, de retour dans son royaume déliquescent.

Nous le laissons nous parler de cette mère fée qu'il a tant aimé et de ce père qu'il en est venu à haïr de toute son âme, et de sa fascination symbolique pour les insectes qui prennent une place prépondérante dans son histoire.

Un premier roman puissant, ensorcelant et très singulier
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Ce livre m'a fait vivre une expérience de lecture peu commune via le souffle lyrique et déstabilisant du monologue d'un fils s'adressant à son père décédé, comme il n'a jamais pu le faire de son vivant.

Né de l'imagination d'une auteure uruguayenne, ce 1er roman traite d'un retour sombre, inexorable et sensoriel vers une terre natale ; sous la forme d'une succession d'événements, de supplications et de sauts dans le temps qui maintiennent le lecteur en tension d'un bout à l'autre du récit.

Elle nous offre ici une fable, dans laquelle elle bestialise les hommes et humanise le monde animal et végétal, dans une sorte de confrontation entre le sacré et le profane, le pur et l'impur, la vie et la mort. Afin que nous puissions percevoir, entre les lignes, une humanité tyrannisée par le pouvoir (patriarcat, religion, traditions, etc.), sur une terre moribonde dont elle est déconnectée depuis trop longtemps, où il finira par ne rester que des insectes, au train où vont les choses. Puissant et édifiant !
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🌷 « Parfois je me pose des questions auxquelles je suis incapable de répondre, alors j'invente.
Que devient la cire de la bougie qui s'éteint ?
Où va-t-elle ?
Elle se change en cauchemar nocturne.
Un cauchemar pareil à un fin brouillard qui pénètre dans les oreilles. »
(P.69)

🌷Je ressens la terre humide, cette odeur entêtante après la pluie de l'eau mêlée à la terre, le ciel est bas, les nuages lourds, tout est gris, d'un gris à la fois aveuglant et orageux, à l'horizon, il semblerait que le ciel rejoigne le jardin, ce jardin jadis havre de paix qui entoure la maison, ce paradis perdu, cet éden à présent en friche, ces boyaux retournés et désormais à ciel ouvert. Josefina mettait un point d'honneur à faire de son jardin un trésor intouchable, avec entêtement et passion, avec folie, peut-être. le vert émeraude des plantes étincelantes et gorgées de soleil éblouissait quiconque leur rendant visite.

🌷 Jusqu'au jour où deux hommes, aux pas lourds et à l'attitude sombre, au regard aussi noir que l'enfer, sont venus fouler ce précieux sol. Et alors, lentement, insidieusement, tout l'équilibre du jardin, de la maison, de la famille, tout ceci s'est envolé. Un à un chassés, humiliés ou manipulés, les membres de cette famille sont devenus poussière, vermine, ou vague souvenir.

🌷 Dans une longue lettre qu'il adresse à son père qu'il tient pour responsable de cette déchéance, Lucas décrit l'enfer qu'il a vécu, il raconte sa haine envers cet étranger qu'il ne reconnaît plus, il pleure sa mère, ses nourrices, sa vie détruite.

🌷L'écriture de l'auteure est à la fois gothique et merveilleusement poétique, son univers est unique, inédit, presque insaisissable. Ce premier roman est une incroyable réussite, une expérience aussi déroutante que dérangeante.
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Au milieu des ronces et des fleurs desséchées, Lucas s'adresse à son père défunt, enterré dans le jardin familial. Un jardin autrefois splendide et aujourd'hui tombé en ruines, à l'image de l'histoire familiale qui compose le monologue de Lucas. Les souvenirs les plus sombres de son enfance brisée se mêlent à un présent cousu de rancoeurs, particulièrement meurtri par un amour profond dont l'expression a été lourdement empêchée: l'amour de Lucas pour sa mère, éloignée contre son gré de sa famille. La figure du père, d'apparence médiocre, revêt peu à peu les traits du mépris, de la lâcheté et de la violence, dès lors qu'il décide d'accueillir au sein du foyer familial deux inconnus, Eloy et Felisberto. Deux êtres abjects qui vont rapidement détruire la famille de Lucas et plonger son enfance dans des abîmes de peur, de colère, de haine et d'impuissance.
Natalia García Freire signe avec Mortepeau un premier roman fascinant, qui explore avec finesse les rouages de la décomposition d'une famille, à travers une écriture tellurique qui, tour à tour répugnante et poétique, vient illuminer l'obscurité d'un récit proche du conte gothique. L'omniprésence du lien humain à la terre et du monde mystérieux des insectes donne corps à l'étrangeté captivante du récit et illustre à merveille la vulnérabilité des relations humaines.
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