Conquise par
Romain Gary avec
La Vie devant Soi,
L'Angoisse du Roi Salomon,
Clair de Femme et
Gros-Câlin, il fallait bien que ça arrive : le temps d'un roman, 250 pages, j'ai rompu avec Romain.
Jacques Rainier, 59 ans, industriel, est aux prises avec des difficultés dans ses affaires au moment même où sa liaison avec Laura, une jeune Brésilienne, lui fait vivre ses jours les plus heureux. Un matin, à Venise, les confidences cyniques et angoissées d'un homme de son âge obsédé par le mythe de la virilité et le déclin sexuel éveillent le soupçon en lui-même, sur lui-même. La peur de l'impuissance, d'abord insidieuse, ensuite envahissante, destructrice, ne le quitte plus.
Rien à redire il est vrai sur l'écriture elle-même : Gary aborde cette question clé – tabou en 1975 – avec l'humour caustique qui est le sien, et une sensibilité exacerbée. Extrait : « Depuis que l'homme rêve, il y a déjà eu tant d'appels au secours, tant de bouteilles jetées à la mer, qu'il est étonnant de voir encore la mer, on ne devrait plus voir que les bouteilles. »
Malheureusement, même si ma capacité d'identification avec les personnages est forte, ici il m'a été impossible de comprendre, compatir et ressentir avec Jacques Rainier, beaucoup trop préoccupé par son dessous de ceinture, et la perte de sa masculinité. La seule chose que j'ai pu tirer de ce texte, c'est finalement l'angoisse qui y transpire : celle de la perte de virilité, qui va avec la vieillesse et la peur de la mort, ces trois peurs qui étaient si profondément ancrées en Gary qu'il préféra se donner la mort cinq ans après l'écriture de ce roman, à l'âge de 66 ans, avant de les connaître.
Ce qui m'a finalement étonné, c'est qu'en parallèle, il se transforme en Émile Ajar, plein de vitalité, de verve et d'humour, qui produit
La Vie devant Soi, un de ses chef d'oeuvre. Étrange Gary, que je ne parviens pas à cerner. Bizarre Romain, que je vais continuer à découvrir pas à pas, malgré cette déception …
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