AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 818 notes
5
18 avis
4
33 avis
3
16 avis
2
6 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai passé un excellent moment avec Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable acheté sur une brocante. Je souhaite remercier les babéliotes qui ont déposé une critique. C'est un roman drôle et triste à la fois malgré que le sujet ne s'y prête pas vraiment en l'occurrence l'andropause, c'est aussi un sujet tabou pour de nombreux hommes jusqu'à aujourd'hui. Ce qui m'a le plus touché c'est que le personnage principal, Jacques a une haute estime des femmes et est un vrai gentleman. Une histoire à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          533
Dur, dur, de vieillir, surtout quand on devient mou du zgeg.
Et qu'on se borne, comme Jacques Rainier, à vouloir vivre, à soixante ans, la même sexualité qu'à vingt ans, avec d'ailleurs une jeune femme qui elle a dans les vingt ans et quelques…
Tiens ! Gary donnerait-il dans le cliché du vieux beau qui séduit la jeune belle étourdie éperdue d'amour pour… pourquoi d'ailleurs ?


Au-delà des bornes, il n'y a plus de limite !
Alors passons dans un au-delà, tout à fait terrestre, celui-là, et laissons-nous effleurer, chatouiller par la plume de Gary.


Laura est jeune et belle, un peu fantasque, elle maîtrise mal le français, ce qui lui donne un charme indéniable. Mais c'est à peu près tout ce que l'on sait d'elle.
Gary laisse-t-il ici toute la place qu'il faut pour une identification large au personnage - après tout, sa moitié, on la voit toujours jeune et belle, non ?
Et quand en plus elle parle mal le français, c'est la garantie, pour Gary, de ne pas tomber dans l'incompréhension réciproque que génère invariablement une langue commune.
Allons même pour Laura jusqu'à un symbole de fraternité et d'humanité.



Jacques est un ancien héros de la résistance, sans gloire, comme tant d'autres.
A la limite, on peut trouver énervant que ce monsieur se préoccupe tant de ses petites affaires.


Mais Gary le fait sans limite aucune, il ne nous épargne pas ses problèmes de sexe mou, d'urètre et même d'anus.

« Je demeure sur le bidet glacé un bon moment, renouvelant l'eau. Les coups de rapière sous les couilles s'atténuent et cessent. Mais il reste une lourdeur de pierre entre l'anus et le bas de la verge. Je n'ai pas regardé ma montre mais Laura s'attardait et ça a dû bien durer vingt minutes. Si seulement j'étais arrivé à décharger, ça décongestionne. Je presse le bout de l'urètre : pas trace de sang. Mais la peau de la verge est pas mal irritée par le frottement. Voilà que ça recommence. Ça fait un mal de chien, quelque part au fond de l'anus et vers l'aine, du côté gauche, ma mécanique a pris un sacré coup. Il y a moins de sécrétion qu'autrefois, la quantité de liquide prostatique a diminué, ce n'est plus assez huilé, ça travaille à sec. »


Et tout cela pour monter par contraste, je crois, et au travers quelques envolées lyriques à quel point cela le désespère de ne plus pouvoir se préoccuper autant qu'il le voudrait de l'objet de son désir et de son amour, Laura, dans un oubli de soi salutaire à satisfaire l'autre, qui ne se limite sûrement pas aux affaires de sexe.

« Il me semblait qu'avant notre rencontre ma vie ne fut qu'une suite d'esquisses, brouillons de femmes, brouillons de vie, brouillons de toi, Laura. Je n'avais connu que des préfaces. Les mimiques d'amour, la multiplicité, la variété, les coucheries, tous ces au revoir et au plaisir, sont une absence de don authentique qui se réfugie dans le pastiche, dans un « à la manière de » de l'amour. C'est parfois fort bien torché et le métier ne se voit pas trop, le savoir-faire dissimule son habileté, il y a de l'aisance, on peut vivre de moins que rien et pour pas cher, même seulement de plaisir, et d'ailleurs on ne peut pas passer sa vie à attendre qu'elle se révèle capable de génie. La vie s'était montrée capable enfin de génie à mon égard lorsqu'elle m'avait fait rencontrer Laura, mais ce fut seulement dans un moment de cruauté. Ce n'est pas que mon corps automnal refusât de servir, mais il me parlait de plus en plus de moi-même et de moins en moins de Laura. Il s'imposait lourdement à moi dès le début de l'étreinte, tardait à répondre, me rappelait ses limites et, cependant que je brûlais de ferveur impatiente, il exigeait des ménagements, des mises en état et des soins. Tout ce qui avait été chant était devenu murmure… »


La puissance virile est mise en parallèle à la puissance économique, dans un clin d'oeil qui se veut drôle mais surtout je crois un peu moqueur.
Prétexte aussi à réflexion sur la puissance occidentale, son déclin, avec regrets d'un homme vieillissant qui pressent qu'il a raté l'avenir en se préoccupant trop du passé.

« Quand les Américains sont allés sur la lune, on a gueulé que c'est une nouvelle époque qui commence. Mais non : c'était une époque qui finissait. On a oeuvré à réaliser Jules Verne : le dix-neuvième siècle… le vingtième siècle n'a pas préparé le vingt et unième : il s'est épuisé à satisfaire le dix-neuvième. le pétrole comme sine qua non d'une civilisation : tu te rends compte ? Toutes nos sources d'énergie sont chez les autres… C'est l'épuisement… »



Pour moi pas le meilleur des Gary, pour l'histoire, limite, limite…
Mais le style est toujours là ! Juste en une phrase :

« Vous pouvez évidemment vous agenouiller et vous mettre à la lécher, si vous n'êtes pas chevalier de la légion d'honneur, mais alors vous léchez en vaincu, monsieur, vous léchez en débandade, le front s'est écroulé, vous ne savez même plus où sont vos troupes et votre artillerie, vous jouez les utilités, elle voit bien que vous n'existez plus et, pour peu que ses couronnements lui viennent de l'intérieur et que les rôdeurs ne l'intéressent qu'à demi, arrive toujours ce moment pénible entre tous, où elle repousse doucement votre tête, et il y a entre vous un silence de ballon crevé, plein de compréhension réciproque, où chacun essaie de dominer sa frustration et sa rancune par une attitude de détachement civilisé. »





Dure limite…
« Est-ce l'envie
Où est-ce ton corps
Est-ce notre vie
Qui fait que ça dure encore

Est-ce ton bonheur
Où est-ce mon honneur
Qui me tient prisonnier
Ou qui me fait geôlier

Est-ce l'habitude
Toujours la même attitude
Le vide de chaque jour
Ou le manque d'amour

Est-ce l'amour,
Etrange amour
Est-ce la douceur
De tes caresses, mon coeur

Une dure limite, un mur d'amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr
[…] »

Extrait de « Dure limite », Téléphone :
https://www.youtube.com/watch?v=3QGlQiezgmU
Commenter  J’apprécie          263
" Vivre est une prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer ".
Mais quand le ticket n'est plus valable, que le désir demeure mais que " tout fout le camp ", quand l'andropause vient perturber les troubles de l'érection : un homme comme Jacques Rainier, 59 ans, gros industriel, ancien résistant, pétri de fierté va être obligé de se remettre en question ! D'autant qu'il vit une grande histoire d'amour depuis 6 mois avec une belle brésilienne de 22 ans, que son ami Jim Doley qu'il a rencontré à l'Hôtel Gritti à Venise lui a parlé de ses aventures sexuelles mais des pannes dues à leur âge !
De retour à Paris, inquiet, il va consulter le docteur Trillac qui lui trouve une prostate trop grosse, lui conseille de " faire l'amour à la papa" et lui prescrit des suppositoires , des bains de siège ! Mais il commence réellement à douter, et plus il doute plus ses " performances " déclinent ! de plus, sa multinationale accuse des baisses de 80 %, ses actions ont perdu 3/4 de leur valeur : il y a la crise de l'énergie (1975), l'inflation galopante et avec son fils Jean Pierre, ils tentent d'obtenir des crédits..il pense même à tout abandonner ! Il va chez un endocrinologue : le Professeur Mingard pour vérifier ses problèmes érectiles : ce dernier confirme le diagnostic de Trillac mais lui suggère de faire preuve d'imagination, d'avoir recours à des phantasmes pour " bander " et tenir !
Le soir, il a la visite d'un " monte en l'air " qui lui met un couteau sur la gorge, lui pique sa montre et devant la défense ferme du vieux résistant prend la fuite ! Ruiz est un bel andalou, et Jacques va en faire son phantasme pour gagner du temps...Hélas, ce subterfuge ne lui suffit plus, il est désespéré et il veut qu'une maquerelle : Lili Marlène qu'il a connu pendant la Résistance, lui trouve un tueur pour en finir avec sa " déchéance ". le dénouement est à découvrir !
Romain Gary, a 61ans quand il écrit ce roman sur ce sujet tabou, il n'aura pas eu le temps de connaitre la vogue du viagra : ce qui nous donne le plaisir de lire ce roman lyrique au style flamboyant, émaillé de métaphores relatives à la virilité, avec beaucoup d'humour noir, grinçant et drôle parfois ( en autre la visite chez les docteurs Trillac et Mingard ! ).
L.C thématique de février2022 : les petits livres.
Commenter  J’apprécie          220
Jacques Rainier, chef d'entreprise, aborde la soixantaine aux bras de Laura, une brésilienne magnifique de 35 ans sa cadette. Beau, riche, un passé de résistant respectable et respecté tout semble bien aller pour lui. Mais intérieurement c'est un homme rongé. Sur le plan des affaires d'abord, il lui faut trouver de l'argent, c'est la crise et sa société est trop petite pour survivre dans cette tempête où des requins rôdent. Mais le pire pour lui n'est pas là, sa sexualité bat de l'aile, il sent ses capacités en chute libre. Laura l'aime et il aime Laura, alors il va consulter des médecins, des amis, chercher des palliatifs, des « trucs », il est prêt à tout même à en finir. Aimer vraiment à son âge, pour la première fois, il est amoureux !!
Humour, amour, tendresse, Gary dresse un panorama exhaustif de l'homme amoureux mais qui n'a plus les moyens d'honorer sa compagne comme il le voudrait. Il doit faire face à la dure réalité de l'âge et de ses effets, Roth a fait de même dans plusieurs livres, rien à faire, «  au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable »
Un livre qui touchera bien évidemment les lecteurs les plus atteints par cette limite, les plus jeunes penseront qu'ils ont bien le temps…d'y penser! Superbe.
Commenter  J’apprécie          180
Un très beau livre sur un sujet atypique pour un roman : l'angoisse d'un homme qui, passé la cinquantaine, a une liaison avec une jeune femme d'une trentaine d'années, et craint de ne plus parvenir à la satisfaire au lit. Amour, sexe, fierté masculine, maladresse féminine... Romain Gary analyse parfaitement la situation de ce couple tout en livrant un hymne à l'amour et à la vie à deux. Très bien écrit, très juste.
Commenter  J’apprécie          140
Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable/Romain Gary
Avec lyrisme et une grande maîtrise, l'auteur des « Racines du Ciel » et de « La promesse de l'aube », deux livres magnifiques et très différents, nous offre ici un beau roman d'amour, une ode véritable à l'amour et à la femme comme le dit un lecteur.
Le héros, Jacques Rainier, homme d'affaire parvenu à l'aisance connaît des problèmes sexuels avec sa nouvelle liaison beaucoup plus jeune que lui. Aujourd'hui, la solution serait médicale. Mais nous n'en sommes pas encore au Viagra à cette époque. Avec humour et autodérision, cette histoire pour homme en âge avancé se déroule au fil des chapitres, avec amertume mais aussi avec tendresse. Je n'ai pu m'empêcher de trouver quelques traits autobiographiques à cette histoire.
Extraits : « La vrai maison de l'amour est toujours une cachette. »
Et quel style ! « Chaque fois que nous étions unis ensemble dans le silence des grandes profondeurs qui laisse les mots à leurs travaux de surface…. »
« Vivre est une prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer. »
La consultation chez le médecin est un véritable morceau d'anthologie. Et tous les détails y sont. Avec humour encore : « La tombe ne me fait pas peur à condition d'y arriver en pleine possession de mes moyens. »
« C'est un sale truc, être toujours jeune, quand on vieillit… »
Et puis à la fin cette réflexion sublime : « L'univers est né d'une goutte d'ironie dont l'humanité n'est qu'un sourire. »
A lire sans restriction.
Commenter  J’apprécie          134
« Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable » est le premier livre de psychologie masculine que j'ai lu, il y a déjà fort longtemps et c'était mon premier roman de romain Gary. Il m'a vraiment marqué d'autant plus que le sujet était encore tabou dans les années 70.
Et puis, je viens de lire l'excellent "Mariage en douce" d'Ariane Chemin qui raconte le mariage secret en Corse de romain Gary et Jean Seberg, en 1963.
L'actrice américaine était beaucoup plus jeune que lui et se fut un couple passionnel, hors du commun. Gary alla même jusqu'à provoquer en duel Clint Eastwood pour avoir eu une relation avec Jean sur un tournage. Ils vont pourtant se séparer et en souffrir.
Dans ce roman, Romain Gary laisse percer son angoisse du déclin et de la vieillesse.
L'histoire peut se résumer ainsi : Jacques Rainier, industriel d'une soixantaine d'années, est amoureux fou de Laura, une jeune brésilienne de vingt ans. Son entreprise vacille et sa virilité flanche. Sa vie a pourtant été brillante et son fils marche sur ses traces mais lui-même est désormais obsédé par des images de chute et de suicide. La vieillesse ne lui convient pas. Il se sent atteint par la ligne fatidique, celle où les tickets ne sont plus valables. La fierté, l'orgueil, l'envie de sauver son amour à tout prix se mêlent à un humour fataliste et amer mais très vite, la folle tentation d'utiliser un bel Andalou, voyou menaçant, comme fantasme pour arriver à ses fins, l'emporte jusqu'à la frénésie.
On sent qu'il y a du vécu et surtout, ce roman montre que Gary était en avance sur son temps.
Commenter  J’apprécie          120
Relecture. C'est l'histoire d'un sexagénaire qui rencontre des difficultés en affaires au moment même où, très amoureux d'une jeune brésilienne, sa virilité commence à faiblir. En résumé : tout fout le camp ! Comment va-t-il s'en sortir ? Grâce à son immense talent de narrateur, Gary, sans apitoiement ni complaisance, nous livre à la première personne, une réflexion parfois crue mais très humaine sur le déclin professionnel et physique - il a lui-même la soixantaine en 1975 au moment où paraît le livre. le sujet est certes grave, angoissant, mais servi par le sens des formules percutantes et l'humour de l'auteur, le roman s'achève sur un message d'espoir. L'histoire est fort bien bâtie, magnifiquement écrite, comme toujours chez Gary ; un de mes livres préférés de Gary, après Chien blanc et la promesse de l'aube.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre reprend l'histoire de Jacques Rainier, homme approchant la soixantaine, et très angoissé à l'idée de se voir moins performant lors de ses rapports avec sa jeune compagne.
Gary reprend ici très bien les mythes de la virilité flirtant sensiblement avec la toute-puissance dans la rencontre amoureuse.
Après des considérations techniques de son angoisse d'impuissance, Jacques Rainier se trouve au coeur de plusieurs conflit de loyauté entre ce qu'il estime devoir incarner dans sa posture masculine et le bien-être authentique qu'il ressent avec cette femme plus jeune que lui.
C'est un très beau texte, époustouflant d'amour et d'authenticité.

Commenter  J’apprécie          70
L'obsession de l'homme à l'andropause ! Pourtant pas si vieux. Les mêmes angoisses que Philip Roth après son cancer de la prostate et face à son impuissance, un peu angoissant pour les plus de 60! Romain Gary et Émile Ajar sont deux grands écrivains de la littérature française. Merci pour votre oeuvre.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1976) Voir plus



Quiz Voir plus

Tout sur Romain Gary

Dans quelle ville est né Romain Gary ?

Kaunas
Riga
Vilnius
Odessa

12 questions
609 lecteurs ont répondu
Thème : Romain GaryCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..