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sur 7679 notes
Un roman magnifique sur l'amour d'une mère pour son fils. Abandonnée par le père, Mina élève son fils Roman né en 1914 à Vilnius en Lituanie. Artiste, couturière, excellente vendeuse, elle cumule les petits boulots pour que son fils ne manque jamais de rien car il va devenir quelqu'un. Qui exactement ? C'est par test qu'elle procède : musicien, chanteur, danseur, peintre … elle élimine progressivement les options (risques d'alcoolisme et maladies vénériennes, voix de fausset, …) et s'arrête sur écrivain ET ambassadeur.
Beaucoup d'humour et d'autodérision transparaissent dans le récit autobiographique de Romain Gary, mais autobiographique jusqu'à quel point ? Évidemment je suis allée chercher des infos sur un certain monsieur Piekielny 😊
Puis ils arrivent en France, pays que Mina encense : il faut devenir français pour réussir sa vie ! Et c'est à Nice qu'ils s'installent, toujours avec peu d'argent mais plein de rêves.
Puis vient la seconde guerre mondiale et l'engagement de Romain dans la résistance auprès du général De Gaulle, un autre moyen de briller.
Un roman très touchant et très drôle qu'il faut absolument lire !
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Nina Kacew a une revanche à prendre sur le monde. Son fils Roman doit promettre d'en être à la hauteur. Il doit se vouer corps et âme à la réalisation de l'idéal maternel, où surnagent hauts faits, grandeurs et amour féminin infini. Pas d'objection possible. La vie de Roman s'écrira sous les auspices d'un romantisme délirant.

Mais dans l'art du Roman, la vérité passe par la mystification. Pour devenir lui-même, Roman sera contraint de changer d'identité, comme un python qui mue. Il en viendra à se transformer en Romain Gary. Avec La Promesse de l'Aube, il écrit le récit de cette lente métamorphose pleine de constrictions grotesques imposées par cette mère excessive, aussi fervente que tyrannique, à laquelle est rendue ici un hommage paradoxal.

De tels parents ne sont pas si rares. Il n'y a qu'à se pencher sur le monde du sport pour s'en convaincre. D'ailleurs, s'il avait fait une meilleure impression au roi de Suède, Romain Gary aurait pu jouer à Roland Garros (le stade). Au lieu de cela, il a du jouer à Roland Garros (l'aviateur). Sans oublier non plus de réaliser la prophétie maternelle énoncée dès le premier chapitre : devenir écrivain et ambassadeur de France, pays de fantasme, qui n'est pas le sien à l'origine.

Cela fait beaucoup d'identités à emprunter, de talents à cultiver, de cultures et de langues à assimiler. Mais l'animal est doué en la matière. Et il ne se prive pas de nous le montrer, même si les sifflements d'auto-dérision ont une place très importante dans la description de tous les tâtonnements et échecs du couple fusionnel qu'il forme avec sa mère. L'humour de Romain Gary apparaît comme une défense face à la vision du monde que lui a inoculée sa génitrice, une vision trop emplie d'espoir et d'humanisme pour être supportable une fois confrontée à la réalité.

La dernière partie du roman peut dérouter par son aspect délibérément décousu, entre débâcle, attente stérile et combats survolés (dans tous les sens du terme), presque résumés à une litanie de noms emportés par le vent. Au milieu surnage un chapitre d'anthologie, à mi-chemin entre Kafka et les Marx Brothers. le conflit y devient un duel farcesque entre patriotes plus ou moins polonais, perdus au milieu de la bataille d'Angleterre.

Jusque dans les exploits qui lui vaudront les plus hautes reconnaissances, Gary cultive donc l'art du contrepieds. Un trait de caractère qui pousse l'ex-Roman à se réinventer continuellement, sans jamais délaisser le souvenir de sa mère. A la fois ange gardien et dibbouk, Nina Kacew conditionne totalement l'existence de Romain Gary, et son idéalisme pathétique irrigue l'oeuvre de ce dernier, nostalgique du gros câlin que seule une mère aussi étouffante peut offrir.
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Après avoir fini l'année 2020 en compagnie de Romain Gary, j'ai eu envie de commencer 2021 avec lui. Et comme cela m'a plu, il y aura d'autres titres de lui cette année.

Cette évocation de son enfance sous l'oeil de sa mère, pétrie d'amour pour lui mais tellement excessive et exigeante, m'a beaucoup questionnée puisque comme elle j'ai élevé seule un fils unique né alors que j'avais 33 ans et que je n'avais pas de travail fixe.
Une mère qui lui déclare par exemple que la prochaine fois qu'on parlera mal de sa mère devant lui, elle veut le voir revenir sur des brancards, qui lui fixe comme rôle de la venger de sa vie qu'elle juge quelconque et surtout anonyme (sans le dire ouvertement). Je ne me vois pas parler ainsi à mon fils.
Il est vrai qu'elle possède une énergie qui suscite mon admiration et qu'elle trouve toujours des solutions pour fournir ce qu'elle estime être indispensable à son fils chéri.
Mais je suis surtout fascinée par l'amour que Romain porte à sa mère et qui lui fait accepter toutes les humiliations qu'elle lui impose comme devant le roi de Suède entre beaucoup d'exemples. Et je dois reconnaître qu'elle était clairvoyante sur le besoin qu'il avait d'elle pour se surpasser.
Une relation mère fils extrêmement puissante dont je ne suis pas absolument certaine qu'il faille la souhaiter à un enfant mais qui semble avoir réussi à Romain Gary même si elle lui a créé de nombreux chagrins dont la nostalgie de cet amour absolu.



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Autobiographie augmentée, élevée, sublimée! Que dire de plus, ce livre est un vrai bonheur de lecture. Tant d'affection, d'humour, de vie, de fierté et de d'humilité, de vantardise et de modestie. J'ai ri, pleuré -presque- espéré, craint, souffert avec lui... tous les sentiments humains y sont... Mis à part l'aigreur, la rancune, la colère....
Un livre à la gloire de sa mère, Romain Gary reconnait tout ce qu'il lui doit. Il semble raconter sa vie, mais c'est celle de sa mère qu'il raconte, puis celle de ses camarades morts en combattant, noms oubliés, perdus pour nos mémoires, courageux combattants morts pour que je vive libre...
A travers le récit de la vie de sa mère, c'est celui de tous les juifs d'Europe de l'est pour lesquels la France était le pays de la liberté auquel ils croyaient tellement et qui fut pour tant d'entre eux, d'entre elles, celui de la trahison et de la déportation, de la mort.
A travers le récit de la vie de sa mère, c'est le courage et la détermination de toutes ces familles qui fuyaient la mort, rêvaient la France, travaillaient d'arrache-pied, étaient nourries, pétries de culture française et particulièrement de sa littérature et de son histoire.
Bien sûr, il aurait pu devenir fou, peut-être l'était-il au fond? à devoir à sa mère ce qu'un enfant ne peut rendre. Elle lui a donné la vie, lui a donné sa vie, entièrement vouée à sa réussite à lui, à sa gloire, à son succès. Mère courage, mère exigeante, exubérante aussi et envahissante.
A travers ce récit, tous les M. Piekielny sont à nous présents, rendus à notre mémoire, par la promesse que Roman fit enfant à ce voisin qui ressemblait à une souris triste, tristesse prémonitoire de ce qu'il advint au peuple juif d'Europe.
Deux parties dans le récit, d'abord l'enfance, la migration et l'installation à Nice. Ensuite la guerre et l'engagement immédiat auprès des anglais, de de Gaulle.
Par ce livre, ce récit, Romain Gary s'acquitte autant qu'il est possible des dettes vis à vis de sa mère, de ses compagnons de combat et de résistance, de la France et de ses auteurs, des femmes. le hasard et la détermination l'ont guidé tout au long de sa vie.
Une belle écriture, travaillée, ciselée, de belles métaphores aussi. Un vrai bonheur!



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Je referme les pages de ce livre, le coeur en bandoulière, les larmes coulent, faisant des traces sur leurs sillages, marquant le sel de ses pages. J'ai vécu, dira Gary, sur cette plage de Big Sur, entourés de phoques, et l'océan à perte de vue. Je l'aperçois regardant l'horizon, fixant son regard sur des ailleurs. Lui, le petit garçon devenu grand. C'est d'une promesse tacite, d'une promesse faite enfant à sa mère. Une promesse qui le suivra dans ses missions, une promesse murmurée comme une prière à des dieux indociles et moqueurs. Elle voulait qu'il soit un artiste, un écrivain, l'ambassadeur de France. Elle voulait que son fils soit un héros, elle, cette femme tombée en adoration pour cette France. C'est promis, c'est chose due, il sera tout, il sera l'immensité pour elle, elle qui a tant confiance en lui.

C'est un amour inconditionnel, l'amour ravageur d'une mère, cet amour gigantesque et étouffant que nous racontent les mots de Romain Gary. L'amour d'une mère à son apogée, pour son petit garçon, en qui elle mettra tous ses espoirs déchus, tous ses rêves et ses espérances.
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Que pourrais-je dire sur La promesse de l'aube qui n'ait été déjà écrit sur Babelio, et en bien mieux que je le ferais si je m'y essayais?
Sans doute pas grande chose, soyons honnête!
Je peux dire que j'ai été enthouiasmée par ce portrait de mère, par le duo qu'elle forme avec son enfant et dont elle est la locomotive, car c'est dans la direction de son choix qu'il est traîné, toujours. Je peux dire que j'ai été frappée par l'humour de ce texte. Je ne sais pas pourquoi, je ne me l'imaginais que larmoyant, vu les épreuves traversées...et j'ai été surprise par le ton qui refuse de se prendre au sérieux, par le style superbe tout en légèreté, par la grande tendresse qui ne se limite pas à sa mère, mais à toute l'humanité...
Un grand, très grand roman, où l'auteur s'arrange parfois apparemment avec sa propre histoire, mais comment lui en vouloir, quand le résultat est si beau?
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"La promesse de l'aube" est un roman d' Emile Ajar alias
Romain Gary .Il s'agit de l'amour démesuré ,fou et excessif
d'une mère posséssive pour son cherubin .Elle va tout faire
pour qu'il réussisse car elle a de grands projets et des ambitions pour lui .Elle arrivera grâce à sa tenacité a lui assuré "une place au soleil" car son fils a des aptitudes ,il est doué et intelligent .Il est aussi drole et facétieux .
Une fois adulte ,Romain a donné entièrement satisfaction
à cette merveilleuse et prévenante mère :il devenu aviateur,
écrivain ,diplomate ...
Une lecture prenante ,plaisante tellement les ton de l'auteur est sincère . On apprécie cette reconnaissance du fils envers celle qui l'a mis au monde .
Un très beau roman . Un hymne à la l'amour maternel .
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Certains livres sont des monuments. Ils sont tellement encensés, adulés , tant qualifiés de chef-d'oeuvres que l'on craint presque d'en débuter la lecture, un peu apeuré que notre lecture ne soit pas à la hauteur de ce qualificatif.
Et puis un jour on ose. Un peu tremblant, un peu hésitant, et dès les premières pages, on sait. On sait que cette lecture sera inoubliable et que ce livre marquera, longtemps, qu'il restera durablement dans notre coeur, et on comprend qu'il soit autant cité dans les préférés de nombreux auteurs.

Pour une fois je ne vous dirai rien de l'histoire. Je citerai seulement ces phrases , peut-être les plus belles de la littérature française :
« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. […] Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. […]Partout où vous allez, vous portez en vous, le poison des comparaisons, et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. »

Un passage qui à lui seul résume tout. Qui nous dit combien ce roman est beau est sublimement écrit. Qui en quelques lignes pose le contexte d'une des plus belles histoires d'amour que j'aie pu lire. La plus tendre, la plus incandescente et la plus bouleversante. L'amour infini et inconditionnel d'une mère et d'un fils.

Alors si vous n'avez pas encore lu ce texte, vous êtes finalement chanceux car vous avez devant vous une lecture intense à venir, et le bonheur de le découvrir. Parce qu'il contient tout ce qui fait les grands textes, mêlant réflexion et humour, malice et émotion, tendresse et romanesque. Parce qu'il est le plus bel hommage qu'un fils puisse faire à sa mère et le plus fort qu'un homme puisse rendre à sa patrie.

Et maintenant que je l'ai lu, à mon tour je peux désormais aussi le dire. Ce livre est un chef d'oeuvre.
Lisez le. Ou relisez le. C'est une merveille
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La promesse de l'aube est sans nul doute LE roman autobiographique de Romain Gary qu'il faut avoir lu, chose que je n'avais pas encore faite, eh bien voilà, ça y est.
Chacun se souvient du film d'Éric Barbier sorti en 2017, avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney, (que je n'ai moi-même pas vu) et qui dresse le portrait d'une mère exceptionnelle dans son amour démesuré et prête à tout pour porter aux sommets son fils adulé.
Le roman est riche de précisions et d'anecdotes souvent succulentes sur les ambitions que cette mère projette pour son fils, n'hésitant pas à surenchérir sans cesse ses objectifs qui frisent l'obsession et même la folie.
Le livre est aussi la voix de l'écrivain qui n'a d'autres choix que d'obéir aux injonctions de sa mère chérie, et l'on voit combien la barre est haute.
L'auteur livre dans ce roman autobiographique-même si l'on ne peut s'empêcher de penser que la réalité est sans doute un peu enjolivée- le point de vue de l'enfant qu'il était, aux prises avec des émotions et sentiments contradictoires face à cette mère extravagante.
Un roman très fort, à lire absolument.
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Waouh. Difficile de trouver des mots pour décrire un tel chef d'oeuvre…

Dans ce récit autobiographique, Romain Gary (né en 1914) raconte son enfance et sa jeunesse jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec pour fil conducteur sa relation fusionnelle avec sa mère. En effet, Nina adore son fils, qu'elle élève seule, et place en lui de grands espoirs : il sera un grand écrivain et un grand diplomate français, lui assure-t-elle alors qu'ils vivent dans la misère à Wilno.

Ce livre est tout simplement merveilleusement bien écrit. On a envie de relire les pages encore et encore, pour en profiter pleinement, être sûr de bien profiter de la perfection de toutes ces phrases. Il y en a des belles, poétiques, des plus ironiques, des franchement comiques, d'autres qui portent un regard critique sur la politique, la société, les travers humains, mais tout semble toujours parfait avec Romain Gary. Et c'est d'autant plus extraordinaire lorsque l'on sait que le français n'était pas sa langue maternelle ! Un peu comme avec Irène Némirovsky, je m'émerveille toujours de ces auteurs qui écrivent mieux que la plupart des écrivains qui ont côtoyé le français depuis l'enfance…

Grâce à son style et son humour, Romain Gary ne nous ennuie jamais lorsqu'il nous raconte sa vie. Et quelle vie ! Après avoir grandi à Wilno et à Varsovie, émigré à Nice, connu la pauvreté, il est devenu aviateur, un de nos plus grands écrivains, consul général de France, Croix de la Libération ou encore chevalier de la Légion d'Honneur, et a connu un quotidien plein de péripéties et d'anecdotes !

Je dois avouer qu'il y a tout de même certains passages qui m'ont agacée (des répétitions, ou lorsqu'il écrit pour la énième fois que cela lui arrive « encore aujourd'hui »…) mais je comprends mieux ces moments après avoir lu que ce livre n'était pas destiné à être publié et était au départ une thérapie personnelle.

La fin est absolument bouleversante, et vient clore une petite merveille dans laquelle on passe sans cesse du rire aux larmes et des grands sentiments au second degré le plus pur.
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