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4,27

sur 12442 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une amitié belle et pure, de celle qui fait fi des différences d'âge et de religion, les plus difficiles à ignorer. Celles qui séparent et divisent et nous rendent au mieux indifférent à l'autre, au pire hostile.

Momo, sauvé par Madame Rosa de l'assistance publique lui épargne une fin qu'elle refuse. Le petit garçon arabe et la vieille femme juive unissent leur destin d'exclus pour le meilleur. Avec Madame Rosa, l'ancienne déportée, la prostituée devenue nourrice naufragée de la vieillesse, Momo grandit et se construit. L'amour de la vieille femme lui donne un avenir, grâce à lui l'enfant sans racines a enfin la vie devant lui.

Romain Gary a choisi un pseudonyme pour signer ce magnifique roman. On dit que c'était pour donner un nouveau souffle à son oeuvre littéraire et s'offrir la virginité d'un auteur inconnu. Même si la mystification a fonctionné, La Vie devant soi porte les préoccupations récurrentes de Romain Gary. La judéité, l'amour des autres, l'enfance, le déclin de la vieillesse sont des thèmes qu'il a souvent abordés avec l'immense talent que l'on sait.
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Chef d'oeuvre.Dix ans avant la création de la famille Malaussène, Belleville reçoit ses lettres de noblesse avec les figures de Momo et de Madame Rosa, emblématiques de toutes les persécutions. Laissé en plan par sa mère, de père inconnu, Momo est élevé dans une tribu hétéroclite d'enfants laissés pour compte, confiés à une vieille femme malade qui trouve dans ce métier clandestin de nounou pour enfants de prostituées le couronnement d'une carrière et un complément de retraite bien utile quand on n'en a pas.
Avec le regard aigu de l'enfance, Momo, sous la plume de son créateur masqué, découvre la vie et philosophe avec naïveté et justesse sur la fragilité comme sur le caractère irremplaçable des liens humains.Dans sa quête d'amour et de sens, Il fait flèche de tout bois, Momo: la vieille femme juive, le grand-père arabe, les bobos généreux en mal d'enfant. Ajar, débarrassé du fardeau d'être Gary, et des honneurs de la République des Lettres dont il est accablé, retrouve la rage de vivre de sa jeunesse de juif immigré. Il donne de joyeux coups de plume au politiquement correct, pour le remplacer par le vrai respect des gens, surtout les petits. Fin connaisseur de la solitude, déjà illustrée dans la fable contemporaine qu'est Gros-Câlin, il est aussi un des meilleurs écrivains de l'enfance que j'aie lu.La transformation en mausolée, par Momo ,du trou à juifs de Madame Rosa, la creation d' Arthur, le parapluie fétiche, illustrent la phrase qui clôt l'ouvrage, à la fois aphorisme, constat, impératif kantien et formule salvatrice: il faut aimer.
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Mohammed dit « Momo » vit chez Madame Rosa, une vieille Juive qui s'occupe des « enfants de putes » dans un « clandé » pour les soustraire à l'Assistance publique.
Le quotidien de Momo, ce sont les « proxynètes », les dealers, les prostituées et les « travestites » qui colorent ce quartier de Belleville où l'action prend place dans les années 70.

C'est à travers la voix de Momo qu'on découvre le quartier et ses habitants hauts en couleur tantôt avec la maladresse due à son manque d'éducation tantôt avec l'innocence qui caractérise son âge. D'ailleurs, son âge exact, Momo ne le connait pas vraiment vu qu'il n'a jamais été « daté » mais aux dires de Madame Rosa, il aurait 10 ans.
Alors certes, Momo parle dans un langage peu châtié de sa vie et des occupants peu vertueux de l'immeuble mais dont il voit pourtant les bons côtés. Il faut dire qu'il ne manque pas de la maturité et de la clairvoyance des enfants qui sont obligés de grandir trop vite.
Conscient de son manque d'éducation, des classes sociales et du racisme, le jeune garçon dit d'ailleurs « qu'il ne savait pas qu'il était arabe avant qu'on l'insulte ».
Jamais à court de bons mots et de citations, Momo philosophe souvent avec une franchise désarmante pour échapper au « ralbol » de sa situation.
Plus tard, il voudrait écrire « Les Misérables » comme Monsieur Victor Hugo. Hors de question qu'il soit « psychiatrique » comme son père !

Depuis que Madame Rosa « se dégrade » et approche de la fin, Momo reste à son chevet afin de lui rendre la vie la plus agréable possible, aidé par les habitants de l'immeuble mus par un formidable élan de solidarité. Entre la vieille dame traumatisée par les camps d'Auschwitz qui vit ses dernières heures dans la hantise de devenir un légume et le singulier jeune orphelin, un indicible lien s'est tissé.

Attendrissant, émouvant, drôle et terrible à la fois, ce magnifique roman est un véritable condensé d'émotions aux accents de vérité et d'humanité.
La vie devant soi n'a pas volé son Prix Goncourt, remporté par Romain Gary sous le pseudonyme d'Emile Ajar qui a accompli l'exploit de remporter deux fois le prestigieux prix.

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Plus de 500 critiques sur Babelio, que pourrais-je dire de plus ?
Un livre exceptionnel : lumineux, tendre, doux mais si triste... et si actuel ! Les problématiques relevées sont (malheureusement) toujours d'actualité : le racisme, les problèmes entre religions, la fin de vie....
Un récit à hauteur d'enfant avec des phrases lumineuses et des erreurs syntaxiques comme peuvent les faire un petit.... J'ai adoré ce livre. J'avais aimé "les promesses de l'aube", je voulais continuer de découvrir la bibliographie de Romain Gary avec son autre facette. Quelle belle découverte ! Ce livre est un coup de coeur !
.
A noter que ma bibliothèque m'a laissé (encore une fois) l'original édité en 1975 donc ne portant que le nom d'Emile Ajar !....
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Quelle merveille !!!!

Je connaissais le film, vu (et quasi-oublié) il y a bien longtemps, pourquoi le livre m'avait échappé...je ne sais pas, mais je suis heureuse de l'avoir lu maintenant, à un âge où je peux apprécier pleinement le texte. Car texte il y a et quel texte !

Par la bouche du petit Momo, au langage très "Titi parisien", fils de pute, élevé par Madame Rose, on découvre des êtres humains aux vies hors norme, cabossées dans un Paris des années soixante-dix (qui m'a paru sacrément tolérant! ). Tous ces personnages qui vivent dans l'immeuble ou aux alentours sont terriblement attachants.

Et puis, il y a Madame Rose, un monstre, un monstre qui déborde de son corps, qui râle, qui pleure, qui gémit mais un monstre qui aime son petit Momo, quitte à lui mentir sur son âge pour mieux le garder.

Et puis il y a Momo, un gamin mais pas vraiment un gamin, comment être insouciant quand on a son parcours, mais un gamin car innocent, aimant au-delà du raisonnable sa Madame Rose.

Une histoire d'amour, une histoire sur la fin de vie, une histoire de tolérance, une histoire de pauvres, une si belle histoire.

J'ai été totalement conquise, émue, bouleversée par ce roman, la larme à l'oeil, le mouchoir à la main, touchée par les deux bouts de la vie au travers de ces deux personnages, Momo l'enfant, Madame Rose la vieille dame, une grande réflexion sur la vie.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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La Vie devant soi est et sera sans doute ce roman que j'ai plaisir à lire et relire régulièrement.
J'aime Romain Gary, j'admire son côté généreux et excessif. C'est un héros, je l'admire pour le héros qu'il fut de sa propre vie. Romain Gary est un personnage littéraire à part entière, comme s'il s'était inventé sa propre histoire.
Si j'ai bien compris, il arriva un temps où Romain Gary commença à être boudé par la critique littéraire et s'inventa alors un personnage, Émile Ajar, pour ressurgir, démontrer aux yeux du monde qu'il avait encore des choses à écrire, une âme pour inventer, un coeur pour nous émouvoir. C'est ainsi qu'il publia sous ce pseudonyme deux romans dont La Vie devant soi et décrocha avec ce dernier, contre toute attente, une seconde fois le prix Goncourt, prix amplement mérité. Les dieux des arts furent bien inspirés en accordant une seconde vie à cet écrivain hors norme...
La Vie devant soi nous parle de Momo, gamin arabe, orphelin, recueilli par Madame Rosa, une vieille dame devenue énorme et qui désormais ne quitte plus son appartement au sixième étage de cet immeuble du quartier de Belleville.
À première vue, c'est une histoire qu'on pourrait trouver relativement banale, l'histoire d'un enfant perdu recueilli par une vieille dame au cœur gros comme ça ! Du déjà vu, semble-t-il... Mais voilà, sous la plume inventive et flamboyante de Romain Gary, l'histoire devient une histoire d'amour universel...
La Vie devant soi, c'est un récit qui décrit la vie à hauteur d'un enfant à qui Romain Gary prête une voix gouailleuse et enchantée, un enfant que nous voyons grandir aux côtés de Madame Rosa. Momo est cet enfant qui nous prend par la main, nous hisse à sa hauteur d'enfant. Comment faut-il faire pour se hisser à la hauteur d'un enfant ? Lire et relire peut-être encore et encore ce roman qui nous donne l'itinéraire, le chemin à entreprendre. J'ai été touché par la force émotionnelle de ce livre.
La vie, si cruelle à bien des endroits, pourrait faire peur à un enfant, être un vertige. Mais La Vie devant soi, c'est la tendresse au bord de l'escalier. L'escalier que Madame Rosa ne peut plus emprunter depuis longtemps, son poids l'en empêche... Qu'importe... le coeur de Madame Rosa est immense. Il y a dans ce roman de la générosité et de la tristesse, une communauté qui croit au bonheur.
La Vie devant soi, c'est donc aussi l'histoire de cette Madame Rosa, c'est sa voix, c'est sa vie en fin de vie... En attendant la mort, Madame Rosa, ancienne prostituée juive, rescapée d'Auschwitz, donne cet amour pour cet enfant recueilli auprès d'elle, sous son aile. Madame Rosa a toujours su faire cela, recueillir des enfants nés de femmes prostituées... Madame Rosa sait mieux que personne qu'il est important de protéger les enfants les plus fragiles, Momo est de cela... La Vie devant soi, c'est l'histoire de l'enfance perdue, retrouvée, protégée...
La Vie devant soi est un roman où foisonne des délaissés, des gens de travers, abîmés par la société et la norme. Une humanité folle se dégage de chaque phrase. Chaque personnage est aussi merveilleux que cabossé, cet immeuble de Belleville est une vraie cour des miracles. J'ai été particulièrement séduit par cette galerie de personnages tous aussi attachants, pathétiques et touchants les uns que les autres.
Dans notre société parfois si complaisante avec les egos, devenue nihiliste par excès, ce roman est tout simplement jubilatoire !
En s'inventant une nouvelle identité, Romain Gary donne un nouveau rebond à sa vie d'écrivain, renaît de ses cendres, plus vrai que jamais, nous livre un de ses plus beaux livres. C'est un Romain Gary autre. Peut-être finalement que l'auteur de ce roman est bien Émile Ajar !
Romain Gary prolongea sa vie d'artiste avec panache alors qu'il mit un terme à sa vie d'homme à peine quelques années plus tard ; quand on pense à cela, la relecture de ce livre nous devient encore plus émouvante.
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La Vie devant soi, encore une merveille de ce facétieux Romain Gary déguisé en Emile Ajar...
Momo est un enfant arabe élevé dans une HLM de la banlieue parisienne par Madame Rosa, une mémé juive. Sur cette idée à la fois simple et incongrue, l'auteur bâtit une galerie de personnages truculents, hauts en couleurs, et le terme est à dessein : cohabitent dans ce presque huit-clos, jamais étouffant grâce à la fraîcheur du gamin, des arabes, des juifs, des noirs, et quelques blancs...

Momo a eu un père dérangé (qui a tué sa femme), et se retrouve sous l'aile protectrice de Madame Rosa, survivante des persécutions nazies et ancienne pute, grosse, vieille, malade. Il découvre la vie, dans des conditions souvent très dures (il traîne, il vole) avec une désespérance teintée d'humour, de philosophie, de méchanceté comme peuvent en être capable les gosses mais aussi d'une profonde humanité, momo étant très attaché à cette mère adoptive dont l'état de santé et le physique se dégradent inexorablement...

Une nouvelle fois, avec Romain Gary, je suis tenté d'employer bien des superlatifs, mais je ne suis absolument pas objectif, tellement conquis d'avance.
Ce livre est un témoignage des années 70, période miraculeuse d'immigration acceptée et heureuse, heure de gloire des tours de banlieues, où malgré les difficultés, la pauvreté, l'obligation parfois de se prostituer pour gagner sa croûte, on rêvait de réussite, de fraternité, dans une forme d'insouciance, parce qu'on avait la vie devant soi...En ce temps vivaient encore beaucoup de juifs marqués directement dans leur chair par les atrocités nazies...et les conflits israélo-arabes faisaient rage, avec récurrence...
Le génie de Gary est de réconcilier tout ce monde avec humanité, sans jamais céder au pathos. L'humour est incessant, c'est un festival, Momo employant des mots pour d'autres, à contresens, avec des traits d'esprit philosophiques déconcertants qui vous arrachent souvent des sourires et même des rires. Ah ! Et ses fameuses formules redondantes ! ("les femmes qui se défendent" pour parler des prostituées, et leurs "proxynètes"...)

Quelle impertinence de ton chez Gary, lui le juif qui aime tant son personnage de petit arabe qu'il peut se permettre de lui faire dire quelques horreurs sans qu'on puisse une seconde le soupçonner de racisme.

Un texte drôle, décapant et émouvant, formidablement actuel à l'heure des tensions dans la société française bigarrée et pluri-confessionnelle, exemplaire par son message de tolérance...Actuel aussi par sa problématique du droit à choisir sa propre mort, de l'euthanasie...Abordé de manière récurrente, ce sujet lié à la déchéance physique de Madame Rosa pourrait bien traduire les propres démons de l'auteur, qui se suicidera quelques années plus tard...

J'ai encore beaucoup d'oeuvres de Romain Gary à découvrir, et ma bibliothèque en est très fournie...Quels bonheurs de lectures à venir !!!

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Une vraie perle que ce roman !
Momo, jeune garçon arabe vit chez madame Rosa une juive âgée qui gagne sa vie en gardant des enfants de prostituées.
Il nous trace son histoire douloureuse d'enfant qui cherche ses racines, ses interrogations sur la vie, l'amour la mort. Se pose aussi la problématique de la fin de vie, du droit sacré des peuples à disposer d'eux mêmes.
Un petit roman plein de bons sentiments, une oeuvre jubilatoire !
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Que dire de plus de ce qui précède ? Ce juste équilibre entre la fatalité de la vie et l'humour des situations. Cette grande humanité qui transpire à chaque page, la solidarité des exclus touche inévitablement. Momo fait du mieux qu'il peut pour sauver Madame Rosa de l'hôpital et lui de l'assistance publique. Sans l'aide des voisins, ni son ingéniosité il n'y serait pas parvenu. Je dois dire que j'ai ri des situations abracadabrantes style les déménageurs aux gros bras qui font monter soit le médecin au 6ème ou encore descendre Madame Rosa. Il y a plusieurs situations de la sorte qui font sourire mais pourrait on de nos jours s'attendre à un tel dévouement pour aider son voisin ? j'en doute fort !
Une très belle leçon de vie que nous livre ici l'auteur avec ce petit garçon courageux qui a tenu la main de sa nourrice jusqu'au bout, qui prit soin de cette dame tout comme elle l'a fait pour lui. Beau et triste à la fois mais écrit avec tant de tendresse et d'humour qu'on ne peut qu'aimer ce roman.
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Souvenir de lecture.
Momo, fils de prostituée est mis en pension chez Madame Rosa afin de ne pas finir à l'assistance publique. Madame Rosa, mère de substitution, est une femme formidable, merveilleuse que mènera Momo sur son chemin d'homme, malgré tout...
J'ai adoré ce roman écrit à hauteur d'enfant, imbibé de mots durs, grossiers, mais ô combien révélateurs d'une grande misère et emprunts d'un si grand amour. C'est qu'ils s'aiment ces deux-là, le petit arabe et la vieille juive !
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