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sur 12442 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Véritable coup de coeur pour ce roman de Romain Gary (Emile Ajar). Véritable coup de coeur pour ce gamin de 10 ans – qui en a en fait 14 – pas comme les autres. La vie devant soi raconte l'histoire de Momo, petit garçon musulman, recueilli par Madame Rosa, vieille dame juive, alors qu'il n'a que trois ans, parce que sa mère « se défendait » aux Halles. le petit Momo aime énormément Madame Rosa, même si elle est « moche » et qu'elle n'a plus que 32 cheveux sur la tête. Il l'aime tellement qu'il va l'accompagner jusqu'au bout et ne la laissera pas « en baver » à l'hôpital. Car Madame Rosa « disait qu'en France on était contre la mort douce et qu'on vous forçait à vivre tant que vous étiez encore capable d'en baver ». Et autour de ces deux personnages centraux gravitent d'autres personnages hauts en couleur : Monsieur Hamil qui a « tout appris » au petit Momo et qui est fan de Victor Hugo, Madame Lola une « travestite » qui est un ancien boxeur sénégalais et qui « se défend » au bois de Boulogne, le docteur Katz, le petit Moïse, Madame Nadine et son mari le docteur Ramon, etc. Tout cela se passe à Belleville, un quartier que je connais bien, le plus souvent, au sixième étage d'un immeuble - l'étage est presque personnifié tant il est présent dans le livre et représente une grande partie des difficultés que rencontrent Madame Rosa et d'autres personnages.

La vie devant soi est un roman drôle et triste qui donne aussi matière à réflexion car nombreux sont les sujets abordés : la prostitution, les enfants des prostituées et les « proxynètes » (oui, Momo déforme beaucoup de mots), la pauvreté et l'immigration, la vieillesse, la sénilité et le « droit sacré des peuples à disposer d'eux-mêmes », la délinquance des gamins livrés à eux-mêmes, etc. Et l'on suit Momo au milieu de tout ça, Momo qui en a souvent « ralbol » et qui aimerait bien rembobiner certains événements parfois. Pour moi, La vie devant soi a été une lecture magnifique qui méritait bien sûr ses cinq étoiles ! Il ne s'agit pas là de « rumeurs d'Orléans », « comme j'ai eu l'honneur », mais bel et bien de mon ressenti sur ce sublime roman. Un excellent début avec Romain Gary/Emile Ajar !
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L'écriture est géniale: oublier les fioritures littéraires et inventer le langage parlé d'un enfant de dix ans avec intelligence et finesse. Dire crument et avec lucidité les réalités de la prostitution, de la drogue, de la shoah, du racisme ordinaire, de la déchéance physique ( stop, n'en jetez plus !); Une histoire tragique et drôle à la fois , grâce à ce style unique, enrobé dans un humour labellisé « haute qualité sociétale »
Petit extrait: Momo s'adresse au docteur Katz
… des fois ça vaut mieux d'avoir le moins de pères possibles, croyez-en ma vielle expérience et comme j'ai l'honneur, pour parler comme Monsieur Hamil, le copain de Monsieur Victor Hugo, que vous n'êtes pas sans ignorer. Et ne me regarder pas comme ça, docteur Katz, parce que je ne vais pas faire une crise de violence, je ne suis pas psychiatrique, je ne suis pas héréditaire, je ne vais pas tuer ma pute de mère parce que c'est déjà fait, Dieu ait son cul, qui a fait beaucoup de bien sur cette terre, et je vous emmerde tous, sauf Madame Rosa qui est la seule que j'ai aimé et je ne vais pas la laisser devenir champion du monde des légumes pour faire plaisir à la médecine et quand j'écrirai les misérables je vais dire tout ce que je veux sans tuer personne parce que c'est la même chose et si vous n'étiez pas un vieux youpin sans coeur mais un vrai juif avec un vrai coeur à la place de l'organe vous feriez une bonne action et vous avorteriez Madame Rosa toute de suite pour la sauver de la vie qui lui a été foutue au cul par un père qu'on connaît même pas et qui n'a même pas de visage tellement il se cache....
C'est là tout le talent de Romain Gary
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L'avortement ? C'est l'euthanasie.
Se défendre ? C'est se prostituer...

Je remercie d'emblée JacobBenayoune de m'avoir motivée à lire La vie devant soi. Je n'avais jamais lu Gary et il était temps...
Lire La vie devant soi revient à se retrouver immergé dans un monde étrange : celui de la prostitution, de l'amour et de la mort qui vient, d'un amour fou : celui d'un enfant pour celle qui l'a recueilli et élevé.
Momo est habité par la justice. Dix-ans, puis immédiatement quatorze, beau garçon, "fils de pute".

(Au docteur Katz)
"- Je ne suis pas votre enfant et je ne suis même pas un enfant du tout. Je suis un fils de pute et mon père a tué ma mère et quand on sait ça, on sait tout et on n'est plus un enfant du tout."

Momo, toujours, prendra soin de Madame Rosa jusqu'à sa mort et même au-delà.
Le portrait d'Hitler ne la fait plus réagir... Pourtant, lorsque Madame Rosa était très malheureuse, elle regardait ce portrait qui avait le pouvoir d'alléger son existence. Son passé, en tant que juive, ses souvenirs resurgissaient et s'emparaient de son esprit. Alors, le présent devenait plus vivable, acceptable. Elle pouvait l'affronter.
Souvent drôle, parfois glaçant, et toujours passionnant, ce livre porte authentiquement les vertus de l'ouverture, de la fraternité et "du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Ce qui implique le droit à l'euthanasie et la volonté que chacun puisse être complètement libre. Et pouvoir vivre. Ensemble.



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Un petit garçon et sa vieillle ... tante
OU
Reflets dans un mirroir.

Ce roman nous convie à voir le monde au travers des yeux d'un petit garçon, Momo. Sa maman a un métier qui rend la maternité bien difficile, et son papa étant tout bonnement inconnu, il est placé en pension chez Mme. Rosa. Mme. Rosa connait bien le problème, pour avoir jadis fait le même métier, et elle s'occupe des enfants dans le cas de Momo, en échange de quelque argent. Momo, qui ne se souvient pas de sa maman, et qui ne semble même pas avoir la notion de "père", croit que Mme.Rosa est sa bienfaitrice, qui sait, peut-être même sa mère après tout ?

Une des premières choses que Momo apprend, est que Mme.Rosa est payée pour s'occuper de lui. Il en a pleuré toute la journée ! L'amour n'existe pas ? C'est ainsi qu'il commence à découvrir le quartier de Belleville, tel que vu par Romain Gary. Beaucoup d'immigration, de la prostitution, de la drogue, de la délinquence, de la violence....Mais aussi la solidarité des sans-le-sou, des rejetés, des sans-papiers. Les mille et un trucs pour survivre. Et comme Momo est un enfant, il voit tout ceci avec humour, un peu comme si la vie, le monde, étaient des plaisanteries, noires, bien sûr, mais des blagues quand même. Tout ceci est bien rendu par l'écriture pseudo-infantile qu'adopte Romain : un français très correct mais où les figures de style se téléscopent dans un joyeux carambolage qui reflète l'esprit et le monde chaotiques de son personnage .

Un roman tendre, humoristique, original donc ? Oui, mais il y a plus. Car Momo, c'est aussi un Romain Gary qui a toujours cherché l'Amour Absolu dans un monde marqué par la promesse de l'aube, sans le trouver. Comme Momo, il est sans cesse en recherche d'attention, même prêt aux exhibitions les plus étranges pour s'en approprier quelques précieux instants. Songeons à l'occasion où, étudiant en droit, il avait photocopié et distribué à ses camarades le portrait - abominable ! - qu'une psychanalyste avait tracé de lui sur base d'un de ses premiers romans - d'ailleurs refusé par l'éditeur, qui le renvoya avec l'analyse en annexe. Complexe de castration, nécrophilie - tout ca ne lui fait pas peur, qu'on se le dise ! Au moins, ils parleront de moi.

Madame Rosa, quant à elle, se fait l'interprète des angoisses d'un Romain Gary vieillissant : il se suicidera cinq années après avoir publié " La vie devant soi". Madame Rosa devient sénile - à une vitesse record - et Romain insiste lourdement sur l'incontinence, la quasi paralysie, la démence, le délabrement physique de Mme.Rosa devenue moche, abominablement. Elle semble cumuler à elle toute seule tout ce qui peut possiblement arriver à une personne dont le système nerveux se déteriore. Romain Gary nous montre ici un crystallisé de ses angoisses. En dissimulant la pire ; celle de ne plus pouvoir être aimé, parce que moche, incapacité.

Pourtant, Mme.Rosa est aimée jusqu'à la fin, puisque Momo ne la quitte pas et la soigne. Il fait même plus que ca : mourante, il la cache dans une cave qu'elle avait aménagée en abri pour les coups durs : fauteuil, lit, des centaines de boîtes de sardines, des bidons d'eau. C'est là qu'on le trouve, finalement, aspergeant un cadavre de parfum et essayant de maquiller les tissus en décomposition.

Dans ma chronique concernant "La Promesse de l'Aube", j'avais avancé qu'un amour fusionnel unissait Romain et sa mère. le propre d'une telle relation, est qu'elle crée un être hybride, une composition des deux, un peu comme si l'on avait des jumeaux siamois. L'un vit pour l'autre et par l'autre, et réciproquement. Quand l'un des deux meurt, l'hybride meurt, lui aussi. Reste alors à savoir si ce qui a fait partie de cette union peut devenir une personne, un être autonome. Dans le cas de Romain, la réponse ne saurait être positive. Il a continué à assumer la "mission" qu'il avait recu de sa mère, maintenant défunte : devenir un guerrier victorieux, un diplomate et un artiste à succes. Il a continué à asperger le cadavre de parfums...Jusqu'à épuisement. La perspective de la vieillesse à venir lui semble avoir été trop répugnante. Ou alors il n'avait plus rien à donner: le flacon était vide. Et il est allé rejoindre celle qui l'avait enfanté. Espérant trouver la paix dans l'hybride reconstitué. Et, qui sait, l'Amour, le vrai ?
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Chaud devant! poussez les murs , faîtes de la place ! La vie devant soi de Romain Gary/ Émile Ajar vient d'entrer dans mon petit monde étiqueté livres inoubliables! Maintenant "pondre "une énième critique sur ce magnifique roman je n'en vois pas vraiment l'utilité . Tout ici a été dit ou presque. L'histoire d'amour mère adoptive-Madame Rosa/ fils adoptif Mohamed dit Momo, elle juive, ancienne déportée, pute au grand coeur reconvertie en nourrice pour tous ces enfants de femmes qui se défendent et non pas le droit à la maternité, lui le gamin musulman qui accompagne, soigne veille sur Madame Rosa la prunelle de ses yeux. Cet immeuble véritable microcosme où d'un étage à l'autre on s'entraide... et cette route qui mène lentement mais surement vers le bout du chemin et l"avortement" qui est interdit pour les vieux mais recommandé pour les chiens. Gary ose aborder des sujets à l'époque tabou,je dis à l'époque mais ...: la prostitution, la transsexualité, l'euthanasie , entre rires et larme sil nous livre un roman magnifique ! .
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Passage à la vie adulte de Momo, enfant qui se retrouve périmé d'un coup.
Sûrement trop à l'étroit dans sa peau de gosse qu'il n'est plus.
Il lui faudrait une mue au petit Momo.


Entouré de personnages farfelus ; s'ils sont réalistes c'est dans leurs sentiments.

Madame Rosa, ses kilos en trop et ses peurs, ses maladies et sa tendresse.

Monsieur Hamil, avec sagesse et lucidité même dans sa déchéance.
Et avec une ironie mordante qui allège la gravité du propos.

« - Je suis beaucoup trop vieux pour me marier, disait Monsieur Hamil, comme s'il n'était pas trop vieux pour tout. »


Le docteur Katz, impitoyable retour à la réalité, quant à l'origine de Momo, certifiée, quant à la destination de Madame Rosa, avariée.

D'autres personnages fantasques viennent agrémenter le décor, tels madame Lola, ex-champion de boxe sénégalais du bois de Boulogne plutôt maternel(le), monsieur Waloumba et ses « frères » qui, sous prétexte de chasser les démons, arrivent au moins à éloigner le cafard.


Momo va y perdre insidieusement son vocabulaire inadapté, mais surtout ses illusions de mioche, qui ne se rendait pas toujours compte comme la vie peut être plus grossière que les mots.

« Si vous voulez mon avis, si les mecs à main armée sont comme ça, c'est parce qu'on les avait pas repérés quand ils étaient mômes et ils sont restés ni vus ni connus. Il y a trop de mômes pour s'en apercevoir, il y en a même qui sont obligés de crever de faim pour se faire apercevoir, ou alors, ils font des bandes pour être vus. »


Nous passons tout le livre avec Momo, narrateur, alors qu'une des réflexions les plus présentes concerne la vieillesse et même la fin de vie.

« Elle se réveillait en hurlant parce que chez moi c'était un rêve mais chez elle ça devenait un cauchemar et elle disait toujours que les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant. »


Cela crée un décalage peu crédible entre l'état d'esprit qui devrait être celui de Momo, même pas encore jeune, et des préoccupations de vieux qui vont accompagner ses journées.
Ou bien, vous êtes irrémédiablement sous le charme de Romain Gary, de sa sensibilité, et vous y voyez une empathie envahissante à l'égard de ses semblables.
Empathie qui vous rentre jusque dans les tripes lacrymales.

« Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux. »




Ce livre est celui pour lequel Romain Gary a reçu son deuxième prix Goncourt, en 1975, sous le pseudonyme d'Emile Ajar.

« Je n'avais encore jamais vu quelqu'un qui pouvait parler ainsi de lui-même comme si c'était possible. » (il s'agit toujours d'une citation de la vie devant soi).


A l'annonce du prix, Romain Gary s'est laissé avoir à l'accepter, l'obligeant ainsi à trouver un « visage » à son personnage, sous les traits de son neveu Paul Pavlowitch.

Ce qui lui a bien compliqué la vie. Il n'a jamais accepté ensuite, de son vivant, de révéler la supercherie, pour garder son honneur face aux compagnons de la libération, devant lesquels il ne pouvait assumer le mensonge commis.

Mais une deuxième vie aurait été de trop pour Gary qui décida d'écourter la sienne à soixante-six ans, à bout de souffle



« Il cherchait à me faire peur, ce salaud-là, ou quoi ? J'ai toujours remarqué que les vieux disent « tu es jeune, tu as toute la vie devant toi », avec un bon sourire, comme si cela leur faisait plaisir. »





Ça donne soif, tout ça :
« […]
Elle aurait pu l'écouter des nuits entières
En oublier de laver ses verres
Abandonner le bar à ses clients
Et avec lui s'enfuir éperdument
Mais quand c'est à elle qu'il a parlé
C'était pour dire « ma p'tite dame, combien qu'ça fait ? »
Alors elle a dit c'est pour la maison
Et dans l'bistrot ça a fait sensation
Alors il est parti comme il était venu
Arraché par la rue
Et depuis, elle ne pense qu'à lui
Sous le regard des autres
Et depuis elle ne pense qu'à lui
Et dans son coeur le manque se vautre
Et chaque jour elle entend tout bas
Ce petit refrain qui cogne à sa porte

J'ai soif de la vie qu'on m'en apporte
Et que dans un grand tourbillon elle me transporte
[…] »

Extrait de « Soif de la vie » de l'album « Dehors », Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤34De Boulogne 30¤££¤4


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La vie devant soi racontée par Momo, fils de pute, petit bonhomme musulman qui croit avoir dix ans, et habitant chez une ancienne prostituée juive, au gros cul mais au grand coeur, est une bouffée d'air frais, un bol d'oxygène. Une belle leçon de tolérance avec des questions existentielles, la quête du père, le droit de mourir dignement, ce livre est un petit chef d'oeuvre. Donner la parole à un enfant débrouillard vivant des moments tragiques avec déjà un humour féroce mais tendre est une idée de génie de la part de l'auteur. Une façon de remettre les idées en place…


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Quand le challenge multi-défis 2022 me propose « un livre que vous avez toujours voulu relire sans l'avoir jamais fait », j'ai hésité entre deux titres le monde selon Garp de John Irving ou La vie devant soi d'Emile Ajar, alias Romain Gary. C'est finalement sur ce Goncourt 1975 que j'ai jeté mon dévolu, plus de trente ans après ma première lecture.
Momo, « fils de pute » au sens littéral du terme est élevé par Madame Rosa, ancienne prostituée dans le quartier de Belleville à Paris dans les années 1970. Elle élève de nombreux enfants de prostituées, même si certaines ne paient plus la pension depuis de nombreuses années.
C'est l'histoire de l'attachement et d'un immense amour d'un petit Mohammed de 10 ans pour sa nourrice juive qui vit au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur peuplé de travailleurs immigrés venus pour balayer la France, il va la voir vieillir et approcher les cent kilos au point de ne plus pouvoir se déplacer sans aide. Alors avec l'appui de Monsieur Hamil, du docteur Katz, des frères Zaoum les déménageurs, de Madame Lola, ancien champion de boxe transsexuel et de Monsieur Waloumba, il va mettre en place, à sa manière un réseau de solidarité pour lui éviter l'hôpital.
Romain Gary a su, par son talent, écrire comme l'aurait fait cet enfant, il fait passer son lecteur par toutes les émotions, du rire aux larmes, une prouesse littéraire, un chef d'oeuvre sans aucune hésitation tellement c'est une belle et triste histoire racontée avec brio. Plus j'avance dans la lecture, plus je classe Romain Gary dans le top 5 des plus grands écrivains.
« Madame Rosa et moi, on peut pas sans l'autre. C'est tout ce qu'on a au monde ».
Trente ans après ma première lecture, la même émotion, intacte. Irving peut attendre !


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Tout au long de cette relecture, j'ai repensé à ce que je connaissais de Romain Gary: son enfance et la manière dont il l'évoque dans Promesse de l'aube, son couple avec Jean Seberg, son suicide 5 ans après l'écriture de ce roman... j'en viens à la conclusion que Romain Gary fait partie de ces êtres multiples, changeants, capables de s'identifier au pluriel - ce que ses nombreux pseudos confirment.
Car, entre la Promesse de l'aube et La Vie devant soi, il y a quand même une sacrée différence stylistique, même si, c'est vrai, on y retrouve cet amour inconditionnel d'un jeune garçon pour une femme - une mère - seule et farouchement protectrice.
Comme lors de ma première lecture, c'est vrai que j'ai parfois trouvé éprouvant cette oralité de la langue et les multitudes de double sens qui en découlent, mais je ne peux qu'admirer ce travail d'orfèvre qui fait que d'erreurs syntaxiques, lexicales, découlent d'autres vérités subtilement subversives.
Mais, surtout, Momo est un garçon terriblement, terriblement attachant qui fout le cafard comme ce n'est pas possible... sans parler de madame Rosa, traumatisée à vie de la déportation dont elle est revenue à jamais changée.
Ce livre est d'une humanité incroyable, et il faut le lire et le faire lire à nos jeunes.

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Momo a dix ans (ou plus..). Il vit à Belleville avec Madame Rosa et d' « autres fils de putes » que celle-ci élève au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur. Elle-même, ex-prostituée juive, s'est reconvertie afin que les enfants ne soient pas embarqués par l'Assistance publique. Il faut dire qu'elle a peur de tout Madame Rosa : les services sociaux, la police. C'est que la police française l'a collée au Veld'hiv, livrée aux Allemands, puis embarquée vers Auschwitz…
Ils vivent chichement des loyers que paient parfois les mères des enfants. Et Madame Rosa avec ses mauvaises jambes, les escaliers… Et puis sa tension, son asthme, son coeur… et pour finir même sa tête qui bat la campagne.
Grâce à la solidarité des habitants de l'immeuble, du quartier, Momo s'occupe de Madame Rosa. Les hommes de la tribu des éboueurs chantent et dansent pour exorciser la vieille femme quand elle a des absences, les frères Zaoum portent le docteur Katz dans les escaliers lors de ses visites, et surtout Madame Lola ex-boxeur travestie du bois de Boulogne apporte de la nourriture, donne de l'argent…
C'est toute la communauté de ce quartier de Belleville où vivent Juifs, Arabes, Noirs, Viets que Romain Gary, par la voix et le regard de Momo nous fait découvrir.
J'ai enfin réparé une lacune dans mes lectures avec ces moments passés en compagnie de Momo, de son regard mature sur la vie. J'ai été touchée par ce gamin en quête d'amour qui tiendra coûte que coûte la promesse faite à sa mère adoptive.
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