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Citations sur Lady L. (112)

Sa platitude était de celles dont on attend en Angleterre de grandes choses.
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Ce qu'on appelle si pompeusement « le grand âge » vous fait vivre dans un climat de muflerie que chaque marque d'égards ne fait qu'accentuer : on vous apporte votre canne sans que vous l'ayez demandée, on vous offre le bras chaque fois que vous faites un pas, on ferme les fenêtres dès que vous apparaissez, on vous murmure « Attention, il y a une marche », comme si vous étiez aveugle, et on vous parle avec des airs faussement enjoués, comme si on savait que vous deviez mourir demain, et qu'on essayait de vous le cacher. (p.13)
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Pendant toute sa vie, elle avait mené une action terroriste implacable et sa campagne avait admirablement réussi : son petit-fils Roland était ministre, Anthony allait bientôt être évèque, Richard était lieutenant-colonel du régiment de la Reine, James présitait aux destinées de la banque d'Angleterre, et sa rivale n'avait jamais rien haï autant que la police et l'armée, si ce n'est l'Eglise et les riches.
"Ca t'apprendra", pensa-t-elle en regardant le pavillon.
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Annette s'était d'ailleurs découvert à cette époque un penchant pour les rois et elle regrettait qu'il n'y en eut pas davantage. Elle comprenait parfaitement qu'il fallait en tuer un, de temps en temps, pour leur apprendre à bien se conduire et à ne pas exagérer, mais elle aimait bien le panache qui entourait leur entrée, la pompe et la musique, le décor de pourpre et d'or, les sabres au clair et les plumes, les tiares et les révérences, on en avait vraiment pour son argent.[...]
Il n'y a jamais assez de couleur, d'éclat et de jolis costumes dans le monde et les rois sont là pour le plaisir des yeux. Pour le reste, il n'y avait qu'à les empêcher de gouverner. Peu lui importait d'ailleurs qu'ils finissent tous sous la guillotine, pourvu qu'on les y menât en grand tralala.
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C'était son premier contact avec l'Italie et, bien qu'elle en eût attendu beaucoup, rien ne l'avait préparé à cette bouleversante révélation. Elle tomba malade d'excitation et dut garder le lit pendant plusieurs jours, contemplant par la fenêtre ouverte la ville émeraude passer du rose de l'aube au jaune du couchant, jusqu'à ce que le docteur, ayant fort correctement diagnostiqué le mal dont elle souffrait, prescrivit tout bonnement de tirer les rideaux sur San Giorgio Maggiore, et quelques gouttes de valériane.
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Mais elle s'efforçait de ne pas trop penser : elle savait déjà que le bonheur était fait d 'oubli. D'ailleurs, l'avenir, c'était bon pour les hommes. Elle avait découvert un trésor nouveau, très féminin, insoupçonné : le présent.
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...l'humanité parvenait plus facilement au déshonneur avec la tête qu'avec le cul.
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Les enfants se font particulièrement insupportables lorsqu'ils deviennent des grandes personnes, ils vous assomment avec leurs "problèmes": impôts, politique, argent. Car on ne se gênait plus pour parler argent en présence des dames. Autrefois on ne se préoccupait pas de l'argent: on en avait ou on faisait des dettes. Aujourd'hui les femmes étaient de plus en plus considérées comme les égales des hommes: les hommes s'étaient émancipés. Les femmes avaient cessé de régner. Même la prostitution était interdite. Personne ne savait plus se tenir: c'était tout juste si on ne vous amenait pas des Américains à dîner. Dans sa jeunesse, les Américains n'existaient tout bonnement pas: on ne les avait pas encore découverts. On pouvait lire le Times pendant des années sans trouver autre chose que quelque reportage d'explorateur revenu des Etats-Unis.
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Ce qu'on appelle si pompeusement "le grand âge" vous fait vivre dans un climat de muflerie que chaque marque d'égards ne fait qu'accentuer: on vous apporte votre canne sans que vous l'ayez demandée, on vous offre le bras chaque fois que vous faites un pas, on ferme les fenêtres dès que vous apparaissez, on vous murmure "Attention, il y a une marche", comme si vous étiez aveugle, et on vous parle avec des airs faussement enjoués, comme si on savait que vous alliez mourir demain et qu'on essayait de vous le cacher. Elle avait beau savoir que ses yeux sombres, son nez à la fois délicat et fermement dessiné - on ne manquait jamais à son propos de parler de "nez aristocratique" - , son sourire - le célèbre sourire de Lady L. - forçaient encore toutes les têtes à se retourner sur son passage, elle savait fort bien que dans la vie comme dans l'art le style n'est qu'un suprême refuge de ceux qui n'ont plus rien à offrir et que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre, mais plus un amant. Quatre-vingts ans! C'était incroyable.
- Et puis, zut! dit-elle. Dans vingt ans, il n'y paraîtra plus.
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Lady L. avait toujours trouvé que le ciel anglais était un pisse-froid. On ne lui imaginait aucun émoi secret, aucune colère, aucun élan; même au plus fort des averses, il manquait de drame; ses plus violents orages se bornaient à arroser le gazon; ses foudres savaient tomber loin des enfants et éviter les chemins fréquentés; il n'était vraiment lui-même que dans la petite pluie fine et régulière, dans la monotonie des brumes discrètes et distinguées; c'était un ciel de parapluie, qui avait des manières, et l'on sentait bien que lorsqu'il se permettait quelque éclat, c'était seulement parce qu'il y avait partout des paratonnerres.
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