Elizabeth Gaskell n'est plus à présenter et alors que j'ai déjà réalisé la lecture des plus importantes oeuvres de sa bibliographie, je me revois étonné de découvrir un ouvrage dédié au tristement célèbre procès de sorcières s'étant déroulé à Salem. Appréciant fortement sa plume satinée ainsi que son aiguisé style, c'est avec plaisir que je me suis lancé dans cette courte nouvelle.
Étonnement et bien que appréciant assez peu ce format pour sa densité, je dois bien admettre que la romancière est parvenue à m'immerger avec aisance et rapidité dans sa revisite de ce fait historique que je commence à fortement bien connaître. Malgré cette familiarité, c'est avec plaisir que je me suis laissé imprégner par l'ambiance instaurée avec rigueur et réussite par
Elizabeth Gaskell et davantage encore par son style dramatique à souhait. Pour autant, il faut bien admettre que ce court écrit n'a pas l'envergure ni la carrure de ses autres parutions telles que
Nord et Sud par exemple même s'il reste une belle porte d'entrée dans le travail de cette dernière du fait de son extrême facilité d'écriture. Sans se dévoiler sans charme ni intérêt, j'admets bien volontiers que son style m'a semblé bien moins singulier qu'à l'accoutumée et assez ordinaire cette fois-ci.
Pour autant, je n'ai nullement boudé mon plaisir et c'est avec entrain que j'ai visité une nouvelle fois la ville de Salem en compagnie de Loïs, jeune héroïne des plus touchante à découvrir. L'auteure apporte toujours autant de soin dans la construction de ses protagonistes et quand bien même un manque de profondeur imputé au format opté par cette dernière, j'ai adoré les grandes lignes esquissés autour des trois grandes parties que comporte ce roman. Malgré une funeste et fatale issue, c'est baigné d'empathie et de compassion que j'ai suivi la déchéance de cette jeune orpheline, victime d'un obscurantisme toujours aussi affreux que révoltant. L'auteure parvient à dépeindre toute la noirceur et la violence de cette sombre période avec rythme et pourtant nuances. Dès les premières pages, une douce mélancolie berce ce récit qui, au fil des évènements, tend à évoluer dans une extrême paranoïa, mêlée d'une abject perfidie. A l'aide de personnages connus de ces procès tels que le pasteur puritain Cotton Mather ou de simples protagonistes de fiction,
Elizabeth Gaskell met en lumière avec brio les excès des persécutions et d'oppression subit par une population en marge du système imposé par l'église et son courant religieux.
C'est pourquoi et bien que déjà maintes et maintes fois revisité, j'ai apprécié redécouvrir ces célèbres procès grâce à la délicieuse plume d'
Elizabeth Gaskell qui, sans être aussi finement aiguisée que lors de ses célèbres oeuvres, se dévoile plaisante et agréable à parcourir. Avec facilité et tout en rythme, l'auteure dévoile le touchant portrait d'une jeune innocente, coupable seulement d'isolement et victime de son arrivée au sein d'une société révoltante, à laquelle cette dernière n'appartient malheureusement pas.
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