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sur 845 notes
Cris est le premier roman de Laurent Gaudé, et pourtant, déjà son style est avéré.

Laurent Gaudé a cette forme d'empathie dans ses textes, cette façon de se mettre à la place de ses personnages et de faire ressortir leurs sentiments comme s'il vivait ou avait vécu lui même leur vie, un atout pour écrire des pièces de théâtre ou des scénarios sans aucun doute.

Dans ce roman, l'auteur nous plonge dans la première guerre mondiale, au coeur des combats et dans les tranchées. Il retranscrit toute l'horreur de cette guerre, de ces hommes qui ont été extirpés de leur vie quotidienne pour être jetés dans des trous de boues pour se protéger des ennemis d'en face, mais qui ne les protégera pas des visions d'horreur, des dangers, de la mort et de la folie.

Le roman est court, à peine 128 pages, mais les sentiments qui en ressortent sont très forts.

Chaque personnage a la parole et nous mène en immersion dans leurs tranchées boueuses jonchées de cadavres et noyées dans l'horreur, et par là même, l'auteur retransmet leur humanité. Pas de soldats héroïques, pas de Rambo, pas de super-héros... juste des hommes confrontés à la guerre et tout ce qu'elle représente d'inhumain justement. Laurent Gaudé remet les choses à leur place en quelques sortes.

Danser les ombres reste pour le moment mon roman préféré de cet auteur, s'il en faut un.

Lien : https://pasionlivres.blogspo..
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L'année du centenaire de la Guerre de 14-18 se termine....Quelques célébrations, et puis, on passe à autre chose. Oubliés ce passé, cette émotion !
L'actualité nous pousse.....on ne va pas ressasser en permanence ces horreurs. La veste bleue horizon n'est plus à la mode, elle est depuis remplacée par des gilets aux couleurs jaunes ... un jaune cocu, je le crains.
Hasard de la vie...je lisais ce premier livre écrit par Laurent Gaudé, alors que les Champs Elysées étaient mis à sac, qu'était vandalisé l'Arc de Triomphe, sous lequel repose un soldat inconnu mort au cours de l'une de ces batailles que Gaudé met en scène dans "Cris".
Hasard qui donna encore plus de poids, encore plus d'émotions à ma lecture, encore plus de tristesse et d'indignation devant notre monde...Cette lecture de Cris faisant passer pour bien vains, pour bien mièvres et bien futiles les combats, les violences, les cris de notre XXIème siècle. de nos jours l'ennemi c'est le bleu du flic, les tranchées sont dorénavant des boulevards où s'étale le luxe de notre société, ou bien des ronds-points. le mot d'ordre reste le même : "On ne passera pas". On ne se bat plus pour quelques mètres de terre, mais pour quelques centimes...et les médias jouent sur notre émotion en présentant quelques blessés, graves certes et regrettables...Les balles sont devenues des flashballs, casques, grenades, uniformes ont évolués. de part et d'autre, les hommes courent toujours vers celui qu'il faut combattre; le Lebel est devenu matraque ou gourdin. La hargne et la violence sont toujours des moteurs intérieurs puissants.
Gaudé nous propose de suivre quelques soldats, qui se préparent à l'assaut, Boris, Jules, Marius, qui combattent ou qui bénéficient d'une permission...Leur cadre de vie : la terre retournée, hachée par les obus, les gaz....la dernière gorgée de gnôle pour se donner du courage, les copains morts ou hachés menus par les obus. Chaque page est une page d'émotion, de peur, de détermination, de courage et d'abnégation ! Chacun sait sait que la mort, la blessure sont possibles.
Balles et obus ne font aucune différence entre les plus vieux combattants, là depuis des semaines, voire des mois, et la relève qui arrive dans la tranchée, une relève de plus en plus jeune de soldats qui connaîtront cette peur pour la première fois, accompagnés de jeunes officiers frais émoulus de leur école militaire. Vieux briscards ou nouveaux arrivés ont la même peur, courent les même risques. Gaz et folie guettent chaque homme. Des dizaines montent à l'assaut pour reprendre ces quelques mètres perdus il y a quelques jours, peu en reviendront! Corps ennemis ou français sont mêlés dans la mort, au fond des tranchées, qu'on vient de gagner ou de perdre. Sous eux des mutilés qui attendent les brancardiers .
Banalité de la mort, de la blessure après quelques minutes ou des mois de guerre....une banalité que nous refusons aujourd'hui ! Horreur souvent et inhumanité de certains devenus fous au point d'exécuter froidement un prisonnier. Râles et délires d'un gazé qu'on entend gémir.
Nombreux sont ceux qui ont décrit ces batailles dans lesquelles les ils risquaient leur vie. Gaudé, quant à lui en parle, mais surtout pour imaginer les pensées, les émotions d'hommes qui savent qu'ils vivent peut-être leurs dernières minutes, ou qui retrouvent pour quelques heures le monde sans guerre. Un monde dans lequel les copains disparus ne vivront plus que dans leurs mémoires.
Premier livre de Gaudé ! Et quel livre, bien qu'il soit court !
Ah ! Que j'aime Gaudé, les émotions qu'il déclenche lors de chaque lecture. J'apprécie cet auteur, son ouverture aux autres, son attention, son humanité, sa discrétion, son pacifisme, sa capacité de nous émouvoir, de nous retourner !
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Je vous recommande vivement ce livre, dont la lecture m'a bouleversé. On s'y retrouve dans la peau de quelques soldats des tranchées de la Première guerre mondiale. L'auteur y transcrit les pensées de chacun, en alternant les personnages tous les deux où trois paragraphes. On voit ainsi comment chacun réagit aux épisodes de la journée, avec ses petites joies perdues dans les peurs et les tristesses.
Et c'est terrible ! En lisant les citations, vous verrez vite que Laurent Gaudé n'a pas son pareil pour rendre des ambiances (outre ce livre-ci, voyez par exemple les migrants traversant la Méditerranée dans "Eldorado"). Ici, sur un champ de bataille, il parvient à individualiser quelques pions de cet immense échiquier, remettant ainsi l'homme et non la troupe, au premier plan.
L'homme est un animal doué de raison, disait Aristote. Je suis toujours en rage quand je vois deux hommes devenir des animaux dépourvus de raison en utilisant leurs poings pour régler leurs conflits. Ici, c'est pire encore: des messieurs qu'on nomme grands utilisent les poings d'autres humains pour régler leurs conflits ! Et c'est bouleversant, très bouleversant, de voir ces humains devenir peu à peu des êtres dont les seules préoccupations sont de survivre et, heureusement, d'aider leurs camarades à survivre. On sent combien cette guerre les dépasse, combien ils sont des petites pièces dans une énorme machine de guerre.
Ce livre donne des forces pour résister. Il faut le lire !
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Gaudé prend le parti pris du regard des hommes du front, celui des descriptions à travers leur vision... La guerre à l'intérieur des têtes.

Les descriptions erratiques, imaginaires sont éloignées du naturalisme de la guerre et sublimées par le texte auquel je n'ai pas adhéré.

Le style est vivant, ciselé mais je suis passé à côté de ce cri choral.
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"Cris". Cris du gazé qui agonise. Cris des soldats qui chargent. Cris des blessés, mutilés, déchiquetés, troués... sous les mains du docteur. Cri du fou perdu dans les brouillards du no man's land.

Laurent Gaudé nous jette dans la furie et folie de la Première Guerre mondiale, au côté de ces hommes qui n'ont qu'un instant pour se connaître puis mourir ensemble. C'est la guerre des tranchées, nous y sommes.
Marius, Boris, Ripoll, Messard, Castellac, le lieutenant Rénier : nous marchons dans leurs pas, au coeur des boyaux de boue où les hommes creusent, se terrent et crèvent comme des rats.
Pluie d'obus, fournaise, déluge de gaz et d'acier. Au sein de cette chorale fraternelle, nous partageons leurs pensées, leurs espoirs et leurs peurs. Soulagement éphémère d'une bataille gagnée, terreur face à l'assaut final qui broie tout sur son passage.
Qui en réchappera ? Peut-être ce fou qui hurle à la nuit la folie des hommes. Peut-être Jules, le permissionnaire, qui de village en village devient le héraut de ses frères d'armes.

Dans une écriture poétique, terrible et incantatoire, Laurent Gaudé porte la mémoire des hommes. Au coeur d'un événement historique largement commenté et commémoré, c'est en effet ici l'humain qui est mis en avant.
Un livre magnifique, saisissant de réalisme.
Tout simplement bouleversant, et un coup de coeur assurément.
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Jamais misérabiliste, toujours profondément humain,ce texte, fait de petits morceaux comme pour faire mieux supporter les horreurs de cette guerre de 14/18 , nous dépeint le côté individuel des soldats et non celui d'une armée impersonnelle et le rend plus dur, plus touchant. Songez que dans chaque village, même le plus petit, se trouve un monument aux morts de cette guerre (et des suivantes) . Ecriture magnifique. A lire sans modération.
Lien : https://www.ibbi.fr
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Et voilà encore une fois touchée par la grâce de Laurent Gaudé. La grâce qui pourtant raconte l'horreur, la crasse, la douleur, l'indicible de la guerre de 14. La grâce surtout pour parler de la fraternité au milieu de la folie de la guerre.
L'humanité et la sensibilité de Gaudé imprègnent chaque mot, chaque phrase. Un très beau texte qui donne des frissons.
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J'étais passé à côté, lapsus de saturation pour cause de commémoration abusive. J'ai eu tort. C'est un très beau texte. DU théâtre récit intérieur qui décrit sans esthétisation abusive, le magma émotionnel, pulsionnel et complètement fou de la guerre. Tout est court, sec, tranchant, humide. Les phrases sont des images qui imprègnent la rétine. Tous les sens sont aux abois. le génie de l'écriture consiste à être muet et à donner toute la place au corps. le conflit est raconté dans sa plus pure et absolue brutalité, sans pathos, avec même une forme de résilience désespérée sur la fin, muette, toujours, sourde à l'après, juste se souvenir des gueules cassées, les faire ressortir de la terre. Un grand texte.
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Par le choix de son sujet, Laurent Gaudé semble avoir cherché à rendre Cris inattaquable. A travers des récits focalisés sur les différents points de vue de Marius, Ripoll, Boris, Barboni, Rénier et M'Bossolo, l'atrocité meurtrière des combats dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale est décrite dans toute sa diversité. Au moment présent, les personnages s'emparent de leur subjectivité pour nous faire part des implications psychologiques du combat. Qu'on se le dise : Laurent Gaudé est un pacifiste et par le contre-exemple, il va nous prouver que la guerre est une activité qui n'a rien de confortable et que ses combattants partagent un sort qui n'a rien d'enviable. Si je viens d'enfoncer une porte ouverte, Laurent Gaudé ne cessera de le faire lui aussi à travers ses Cris.


Il en est de cette guerre comme d'une sélection anti-darwinienne. Laurent Gaudé choisit toujours de tuer ou de mutiler les plus beaux sujets de l'humanité, nous prenant pour des boeufs incapables de nous émouvoir si l'instinct de destruction ne venait frapper que les vieux, les défigurés et les méchants. Les personnages jouent aux manchots, semblant découvrir le monde pour nous persuader que nous le découvrons nous aussi, nous ensevelissant d'évidences incontestables pour nous faire croire que nous n'y avions jamais pensé (« Je ne pensais pas que la mort pouvait avoir le visage d'un gamin de dix-huit ans. Ce gamin-là, avec ses yeux clairs et son nez d'enfant, c'était ma mort »). Mais peut-être le fallait-il, eut égard au lyrisme empêtré de métaphores dont se charge Laurent Gaudé. C'est vrai qu'à force de recourir aux comparaisons et aux images –même sans aucune originalité- on s'éloigne dangereusement de la réalité. On se demande souvent ce que le lyrisme vient faire là. On se demande souvent si, finalement, toute cette atrocité meurtrière dont Laurent Gaudé fait mine de vouloir s'offenser ne lui convient pas puisqu'elle lui permet de laisser libre cours à l'envol (raté) de sa plume, qui prend avec délice ses sources dans la bourbe («Le ciel est une tâche d'encre de Chine. Je sens mon corps lourd s'enfoncer doucement dans la terre. Je n'aurai jamais la force de lever le bras. Pourtant j'aimerais jouer du bout des doigts avec une de ces étoiles. Mais la terre s'ouvre sous moi. La terre se dérobe et m'aspire»). Partant de ce lyrisme douteux, on ne s'étonnera pas de découvrir finalement que le personnage principal n'est que le concept personnifié de la mort. Ayant découvert quels formidables jeux pouvaient lui permettre cette figure de style, Laurent Gaudé en use et en abuse, se lançant dans un combat gagné d'avance : la mort, c'est nul (« La mort s'est jouée de lui. Elle l'a pris de plein fouet. Pour sa première charge. C'était un homme et il méritait mieux que cela »).


Autres combats d'un autre temps ? Il s'agit de dénoncer la religion et ses Dieux injustes qui permettent à l'infamie de se déchaîner (« Et je me demande bien quel visage a le monstre qui est là-haut, qui se fait appeler Dieu, et combien de doigts il a à chaque main pour pouvoir compter autant de morts ») ou de respecter la parité raciale en faisant sagement se succéder les points de vue d'hommes de différentes ethnies –au cas où nous aurions encore pu douter que, quelle que soit la nature de son patrimoine génétique, les hommes ne souffraient pas de la même façon.


La sensation qui résulte de cette lecture est celle d'un malaise qui trouve mal son objet. Qui Laurent Gaudé essaie-t-il de convaincre ? Que l'on soit fanfaron de la guerre ou que l'on ne le soit pas, dans les deux cas, l'invasion de clichés, le langage creux et rhétorique, la sentimentalité à l'eau de rose desserviront leur sujet. Bien beau de vouloir magnifier sa prose mais gare à l'abstraction pure. En personnifiant la mort, en invoquant Dieu, en pariant sur la métamorphose des hommes en animaux, Laurent Gaudé perd de vue son objectif et oublie de s'en prendre aux premiers responsables de la guerre : les hommes.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Récit polyphonique sur la Grande Guerre, « Cris » raconte des morceaux de vie et de débâcle de poilus jetés dans la boue gelée des tranchées et l'horreur rageuse des combats. Les offensives s'enchaînent comme la marée, tantôt montante tantôt descendante, et la violence du ressac désarticule les corps comme les esprits.

Il y a Boris, Marius et Jules, unis par les liens d'une amitié solidaire qui dépasse les frontières du conflit. Il y a les soldats Ripoll et Barboni, le lieutenant Rénier et le médecin qui soigne les plaies purulentes à l'arrière du front. Il y a le jeune Castellac et le salutaire M'Bossolo. Sous la menace des obus, des baïonnettes et des lance-flammes, tous doivent affronter le spectre de la mort et de la folie, lutter contre les cauchemars réels ou imaginés. Car de l'autre côté des tranchées, dans les champs boueux et dévastés, grêlés de trous d'obus, agonise un gazé perdu entre deux camps, et hurle l'homme-cochon, créature bestiale et nue qui erre dans la dévastation comme une âme en peine ou un monstre prêt à faire jaillir le sang.

Les voies de ces hommes perdus loin de chez eux, jetés par la folie humaine dans une folie plus grande encore, alternent et résonnent, comme autant de tristes témoignages, de cris tragiques dans la nuit. D'innombrables récits ont été écrits sur la Grande Guerre. Celui-ci ajoute une petite pierre à l'édifice du souvenir. Dans un récit polyphonique, j'aime la diversité des voix et des styles, chose que je n'ai pas vraiment retrouvée ici. On ne sait rien de ces hommes, de leur histoire, ils sont vides et interchangeables. Mais c'est ce qu'ils sont pour les gradés qui les envoient au front après tout. Juste de la chair à canon. Seul Jules en permission loin de ses camarades laisse entrevoir quelques bribes de son existence hors des tranchées.

J'ai apprécié dans ce récit l'irruption de la folie, à travers la dérive de Barboni ou plus encore dans la silhouette spectrale de l'homme-cochon. Ce n'est pas dans cette histoire que Gaudé brille le plus par son style et sa verve épique, mais il parvient à saisir l'attention tout de même et à aiguillonner l'esprit.
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