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sur 1138 notes
Assem Graïeb doit mener peut être sa dernière opération, peut être la plus périlleuse : se rendre auprès de Job, américain passé après la mort de Ben Laden, dans le camp des trafiquants.
Assem rencontrera Mariam, archéologue irakienne au détour de son voyage, ils s'aimeront une nuit mais cette nuit restera dans leur mémoire tout au long de leur long voyage. Mariam atteinte par un mal incurable en mission par l'Unesco, essaie de préserver de la destruction les objets des musées menacés par l'Etat Islamique et met ses dernières forces dans cette opération de sauvetage.
Parallèlement à ces deux personnages, l'on suit le Général Grant dans sa plus grande bataille face au Général Lee, Hannibal marchant sur Rome et Hailé Sélassié tentant de combattre le fascisme et de retrouver son royaume.
Je suis très partagée sur cette lecture car le roman passe d'un personnage à l'autre de pages en pages, même si l'auteur nous fait partager les états d'âme des différents protagonistes, sur leurs réflexions sur l'art de la guerre et sur le fait qu'une victoire est-elle une victoire quand elle a provoqué la mort de milliers d'hommes, de femmes et même d'enfants ? Même si Laurent Gaudé nous a habitués à faire des récits où les différents personnages ont un même but final, peut être parce que je suis une femme mais tous ces actes de guerre, de violence m'ont un peu « ennuyée » je dois l'avouer. C'est bien écrit, c'est épique et historique aussi mais à fur et à mesure des pages j'ai eu envie de laisser tous ces hommes s'écharper. Comment peut-on appeler une victoire ainsi alors qu'elle est bâtie sur du sang, des larmes, oui bien sûr l'idée est belle et bien trouvée mais je n'y ai pas trouvé du plaisir. Je l'ai lu jusqu'au bout malgré tout et cela c'est déjà une victoire.
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Trois histoires qui se recoupent se passent de nos jours, et trois histoires plus anciennes viennent s'intercaler et se fondre dans les trois premières.

Chaque paragraphe reprend une de ces six histoires. J'ai été un peu perdue au début, mais rapidement le rythme se prend. On ressent toute l'émotion, la douleur, le poids des décisions à prendre, la tension, l'horreur de la guerre et des batailles sanglantes, la folie des hommes.

Quelque soit le lieu et l'époque, on est devant l'humanité qui se tue. Chaque victoire est aussi une défaite, celle des vaincus bien sûr, mais aussi celle des vainqueurs qui ont été trop loin, qui sont devenus des barbares couverts du sang des soldats morts au combat.

Écoutez ses défaites, c'est aussi transmettre : par les oeuvres d'art qu'essaye de sauver Mariam, par la vie qui continue, par les champs de bataille recouverts de corps qui vont se transformer au fil des ans en terres cultivées, en paysage doux et paisibles.

C'est un roman très dense qu'il faut prendre le temps de lire et de digérer. Un magnifique roman sur le thème de la victoire et de la défaite. Une note d'espoir à travers l'amour, l'art et la culture. Une écriture ciselée et fluide qui donne envie de relire plusieurs fois des phrases.

Un livre à découvrir.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Quel beau livre ! Très belle écriture. Structure très originale!
Par petites touches , Laurent Gaudé, nous narre les d'états d'âme de 5 personnages dont 2 sont nos contemporains. Trois sont des héros historiques, d'époques et de continents différents machines de guerre détruisant tout sur le passage de leurs troupes mais derrière ces visages, ce sont des humains avec des émotions qui les traversent dans tous les sens. Que de sacrifices pour gagner une guerre.
Ce livre nous amène à réfléchir sur la situation internationale actuelle . Les grands de ce monde n'ont donc rien retenu du passé et continuent à se battre au nom de causes qu'ils estiment bonnes
.
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Laurent Gaudé nous a habitués à une langue belle et évocatrice, à des histoires charnues qui tiennent le lecteur en alerte. « Écoutez nos défaites » se démarque de ces pratiques en ceci qu'il ne s'agit pas exactement d'un roman au sens réel du terme. Certes, il existe dans ces pages des personnages de fiction et d'autres qui sont réels mais dont la vie est, comme on dit, « romancée », même s'il vaudrait sans doute mieux dire qu'elle est nourrie, complétée, avec sang et chair, par la restitution – fiction de moments qui certes, n'ont pas pu être consignés dans les récits d'époque, mais qui sont vrais tant ils sont vraisemblables.

Trois parcours se croisent, se répondent, trois personnages vibrant d'émotions violentes sur les mêmes lieux au travers des siècles : Haïlé Sélassié, le Négus, attaqué par l'Italie de Mussolini et abandonné par les Nations avant de redevenir un point d'intérêt géopolitique pour finir sous les coups des traîtres de son propre camp. Hannibal, le Carthaginois qui a défié Rome, dans un délire d'ambition et dont l'épopée nous est contée avec brio mais aussi avec beaucoup de sensibilité. Et enfin Ulysses Grant, vainqueur De Lee, futur Président des États-Unis, surnommé « le boucher » par ses troupes tant il a mené de jeunes hommes à la mort.

Trois destins de guerre, de violence, de mort et de sang, dont l'auteur n'édulcore rien, ni la peur, ni l'horreur, ni la pestilence des viscères gisant au sol. Et la même question revient : de qui est-ce la victoire ? On entend la phrase qui répond : « Mort, où est ta victoire ? ». Longue réflexion sur la vanité des guerres, l'illusion des combats dits « justes », l'horreur qui semble, aujourd'hui, justifiée, mais dans un siècle ? Dans cent siècles ?

Pour compléter ce cheminement, Laurent Gaudé introduit une intrigue mettant en scène deux espions, l'un de la DGSE, l'autre de la CIA. le premier, Assem Graïeb, a assisté, participé sans doute, à la chute de Khadafi. le second, Sullivan Sicoh, a participé à la mise à mort de Ben Laden. Deux destins de traques secrètes, de rencontres au bout du monde, de danger, qui les mènent au Moyen-Orient et au Pakistan puis les font se rencontrer selon un scénario étrange : le Français est chargé par les Américains de « tester » son collègue, voire de l'exécuter s'il est considéré comme perdu pour les services. Il fait du trafic d'oeuvres d'art, vandalisées, volées, en Irak, en Syrie, en Égypte.

Alors intervient une histoire d'amour fugace entre l'archéologue Miriam et Assem, jolie parenthèse entre deux mondes, deux moments, seule petite lumière de ce roman. Comme nous, Laurent Gaudé semble avoir été horrifié par la disqueuse qui a scié les pieds du colosse de pierre, par le sac du musée de Mossoul, par la destruction (finalement pas totale, heureusement) de Palmyre. Miriam est chargée de pister tous les objets volés, vendus, au profit de terroristes ou de voyous ayant pignon sur rue.
Devant toutes ces horreurs, Miriam a sauvé de la destruction une statuette du dieu égyptien Bès, symbole ici de la protection des hommes, de l'objet-fétiche qui passe de main en main, jusqu'à se retrouver à sa place, dans la terre des Anciens.

Il y a de purs moments de grâce dans ce roman, au milieu de récits atroces. Les parcours des personnages se croisent, se ressemblent et divergent, nous menant des rives de la Méditerranée aux théâtres de guerres au Moyen-Orient. On pourrait croire qu'on va se perdre, ne plus suivre puisqu'à chaque paragraphe on change de lieu et d'époque, mais il n'en est rien, très vite on se replonge dans le récit un moment interrompu, comme si l'auteur voulait nous laisser le temps de réfléchir, d'imaginer les faits et les lieux. du grand art.
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Comme lors de la lecture de « Confiteor » de Jaumé Cabré, le début du livre m'a déstabilisé par les changements de personnages, d'époques qui se font sans avertissement pour le lecteur, mais on s'y fait vite. J'ai trouvé l'écriture dense et très agréable.

Je vois dans ce livre, en plus de tout ce qui a déjà été dit, un vibrant plaidoyer pour l'archéologie qui permet de transmettre à travers le temps des témoins du beau, de l'art dont l'Homme est capable malgré tous les massacres successifs qui jonchent son histoire.

Ce livre m’a évoqué le film « Apocalypse Now » où, pendant la guerre du Viêt Nam, les services secrets militaires américains confient au capitaine Willard, ici Assem Gaieb, la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz, ici Sullivan Sicoh alias Job, dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la jungle pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme très différent de l’idée qu’il s’en faisait. Kurtz explique à Willard que ce sont les horreurs auxquelles il a assisté qui l'ont décidé à monter son projet. Willard finit par assassiner Kurtz, et repart. Dans les deux scénarios, le colonel Kurtz dans le film et Sullivan Sicoh dans le roman ont été abîmés par la guerre, forcés à faire des choses abominables qui les ont changé à jamais, les rendant désormais incontrôlables, il faut les éliminer !

En plus de Grant, d'Hannibal ou Hailé Sélassié, il y a un quatrième personnage dont je pense que l'Histoire se souviendra. Un personnage défait par Daesh, mais victorieux car son exemple et son martyre resteront à jamais dans l'Histoire : Khaled al-Assaad, directeur des antiquités et des musées de Palmyre pendant 40 ans, décapité par Daesh le 18 août 2015 alors qu'il avait 82 ans. Victorieux parce que malgré les tortures que lui ont infligées les séides de Daesh pour qu'il livre les trésors de Palmyre, il a résisté et n'a pas parlé.
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Ecoutez nos défaites est construit sur une idée très originale: parallèlement à la mission d'Assem d'aujourd'hui, se déroulent trois batailles historiques à des époques et en des lieux différents: le général Grant face aux Confédérés pedant la Guerre civile américaine, Hannibal et ses éléphants à l'époque de l'Antiquité romaine et Haïlé Sélassié en Ethiopie contre l'envahisseur italien pendant la seconde guerre mondiale. Des batailles qui vont se terminer en semi-victoires car au prix de combien de vies? Ne sont-elles pas plutôt des défaites? Elles nous sont racontées en alternance par épisodes comme si elles n'étaient qu'une seule et même guerre, celle qui est menée par la folie humaine.
Le lecteur peut se demander pourquoi Laurent Gaudé a choisi de remonter ainsi dans le temps pour parler d'aujourd'hui. A dire vrai, je ne me suis pas vraiment posé la question, j'ai laissé l'auteur , dont j'admire l'écriture, me conduire là où il voulait m'emmener. Je lui ai fait une confiance absolue. Même si j'ai parfois été perturbée par le fait que même 'il changeait de personnage, il utilisait seulement le pronom "il". Il me fallait donc en lire davantage pour comprendre de qui il parlait. Mais cela a-t-il vraiment de l'importance? N'est-ce pas le processus qui importe plutôt que le personnage?
Bien sûr, et on pouvait le deviner rien qu'en lisant le titre, Ecoutez nos défaites est un roman sombre, même s'il y a quelques lueurs d'espoir. On comprend que seul l'art peut sauver l'homme et le monde. Laurent Gaudé sait parler de la tragédie et la rendre belle, la transcender par son art. Même si ce roman n'est pas mon préféré de l'auteur.
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Écoutez nos défaites : un long poème choral qui embrasse l'histoire pour un baiser de judas à tous ces vaincus , hommes soldats, chefs de « guère », « chefs des tas » … de cadavres... Laurent Gaude l'écrit et le démontre tout au long de ce roman épique « Les hommes finissent toujours vaincus » .
Il tresse inlassablement ces histoires personnelles et universelles qui se croisent, se répondent, s'interpellent, s'interrompent mutuellement dans un dédale déroutant au début pour le lecteur … mais bientôt familier avec des personnages récurrents qu'on a plaisir à retrouver au fil des pages, au long des chapitres décrivant une géographie de villes familières dans leur nom entendus dans nos cours d'histoire ou aux « actualités »
Oui des vaincus seulement ; même dans des victoires passagères , des batailles gagnées par un coup du sort, un génie tactique ou une intuition psychologique…
il en est ainsi de tous les « héros » de batailles sanglantes, qui peuplent ces pages de l'Histoire (avec le grand H) - Hannibal et ses frères face aux consuls romains … ou bien Grant , Sherman, Custer et autres généraux de l'Union nordiste,  « bouchers » de la guerre civile dite de « sécession » face aux officiers confédérés sudistes dirigés par Lee … ou encore Hailé Sélassié roi des rois en Éthiopie pendant la seconde guerre mondiale qui accepte que son peuple soit affamé alors que lui collectionne les Rolls Royce (27!) … ou enfin les généraux américains « faucons » ou plutôt « vautours » qui pourchassent et font exécuter dans les années récentes leurs anciens alliés Khadafi ou autres Ben Laden … Tous des vaincus au final, devenus fous à force d'être hantés par les dizaines de milliers de morts qu'ils ont provoquées.
Il y a sans doute aussi un peu de « Apocalypse now » (et for ever ?) dans la quête quasi mystique d'un des officiers des services secrets français Assem qui va à la rencontre d'un héros de guerre des marines - un de ceux qui ont traqué et exécuté Ben Laden dans son repaire au Pakistan- et qui a basculé dans la folie …

Pas de femmes dans ces catégories . La seule , Mariam, qui traverse ce livre du premier au dernier chapitre est gardienne de mémoire, de culture, sorte de vestale libérée des obligations sociales habituelles de se marier et de donner naissance à des enfants. Elle aussi a fait le voeu de se consacrer à l'étude et au respect des traces du passé , dans les musées où les sites historiques d'orient ou de moyen orient. « D'Alexandrie à Bagdad. de Tunis à Palmyre, elle va poursuivre jusqu'à l'épuisement mais qu'importe puisqu'il ne peut y avoir de défaite. » Pour elle seule.

Pas de repos, pas de rédemption pour tous les autres
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Laurent Gaudé a une haute image de son lecteur. Il ne craint pas de le perdre, il a confiance en lui.
Quelque soit le livre qu'il écrit, demeure une grande exigence littéraire qui nous hisse vers le haut et nous oblige.

Avec ce livre, une nouvelle fois il entremêle des époques, des lieux sans même prendre la peine de faire des signes à son lecteur par un changement de chapitre ou de page, non il ne nous épargne rien, il nous conduit sans répit - et avec quel talent - auprès de ces hommes avides de pouvoir qui méprisent les autres hommes pour arriver à leurs fins.
Mais dans le même temps il leur octroie une cruelle lucidité sur eux même qui nous permet de les considérer - sans les absoudre - avec plus d'épaisseur et non seulement comme des sanguinaires égocentrés.
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"Écoutez nos défaites" est un livre de Laurent Gaudé. Et chaque page de Laurent Gaudé est une belle page, comme j'ai déjà eu le plaisir de le constater dans plusieurs de ses livres. Néanmoins, le tout est plus que la somme de ses parties et pour ce livre-ci, j'ai été un peu déçu de l'arrangement de toutes ses belles pages.
Les histoires de plusieurs personnages s'entremêlent. Des personnages différents, éloignés dans le temps et dans l'espace: Hannibal, Haïlé Sélassié, le général Grant, et quelques autres. Pour chacun, Laurent Gaudé raconte une défaite, qui peut être une défaite au sens large, conséquence d'une victoire; par exemple, la "défaite" peut se trouver dans le nombre de soldats qui ont dû être sacrifiés dans une bataille victorieuse, ou se trouver encore dans le saccage du musée de Mossoul, mais la défaite peut également être plus personnelle.
Assurément, cette analyse de la défaite est originale et incite à la réflexion. Je vous renvoie aux excellentes critiques de mes distinguées compatriotes ClaireG (25/09/2016) et latina (27/10/2016), par rapport auxquelles ce que je serais capable d'écrire ne serait que babillage.
Comme je l'annonçais plus haut, la structure du texte m'a déçu. Elle m'a fait ressentir le texte comme un immense exercice de style. Cet aspect-là m'a dérangé, de plus en plus, au point de désacraliser la valeur que l'on trouve dans chaque page. J'ai le sentiment que le texte aurait gagné en force s'il avait été organisé en chapitres consacrés à un seul personnage. Je n'ai pas fait l'exercice, qui suis-je donc pour juger ?
Malgré ce ressenti négatif, je vous conseille ce livre pour toutes ses belles pages et pour les réflexions qu'il suscite. de Laurent Gaudé, qui reste dans mes grands favoris, j'ai préféré "Cris" et "Eldorado", je vous conseillerais de commencer par ceux-là si vous souhaitez découvrir ce brillant auteur.
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Difficile d'avoir un avis tranché sur le dernier roman de Laurent Gaudé. Il y a quelque chose de très agaçant dans Oubliez nos défaites: le sentimentalisme niais du bobo qui constate que la guerre c'est vilain. Sans blague !
Pourtant, il semble qu'après les soporifiques Ouragan et surtout Dansez les ombres, Laurent Gaudé renoue enfin avec l'épopée et surtout le talent. Oubliez nos défaites est un roman sur la guerre (celles, récentes, de Libye, d'Afghanistan et d'Iraq mais aussi la guerre de Sécession, les guerres puniques, la guerre italo-éthiopienne .) C'est une réflexion sur la victoire, la défaite et le rôle des archéologues.) C'est remarquablement bien écrit et j'ai appris un tas de choses passionnantes sur Hailé Sélassié (dont je n'avais que vaguement entendu parlé) et sur la guerre de Sécession dont je n'avais pas mesuré le niveau de barbarie. Bon allez, c'était bien.
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