- Viens, je vais te montrer un truc.
- Qu'est ce qu'il se passe ? attaquai-je alors que nous entrions dans le bâtiment. Qu'est ce que tu veux me montrer ? Et je te préviens, si tu réponds "mon cul", ça ne va pas me faire rire.
Son corps était mince et bien dessiné, et je ne sentais pas la moindre graisse sous mes mains alors que je resserrai mon étreinte.
- Tu es censée t'accrocher, pas me tripoter, observa David.
— Tu m’as… transformée ? En une espèce d’extraterrestre ?
— Nous préférons le mot « Chevalier ».
— C’est du délire.
— C’est un rituel.
— Tu veux boire un truc ?
— Je sais pas, t’as quoi ?
— Du Coca light, de l’Orangina light, de l’Ice Tea light, tout ce que tu veux tant que c’est light. Il haussa un sourcil.
— Sportive comme tu es, je ne t’imaginais pas faire aussi attention.
— Ce n’est pas moi, c’est ma mère. Mais tu ne te rends pas compte de tout le sucre qu’on trouve dans les sodas classiques.
— Non, c’est vrai, c’est bien mieux de le remplacer par de l’aspartame qui donne le cancer.
— Je ne plaisante pas ! Je suis allée jusqu’à me planter une lame dans la main !
— Et ? Je lui montrai ma paume, furieuse.
— Et rien ! Rien du tout !
— C’est normal.
— Ah. Merci de me le confirmer. Je me sens bien mieux, maintenant que je sais que je suis normale.
Il soupira, remonta ses lunettes contre son nez. C’était un vrai tic, chez lui. J’allais finir par les lui faire avaler !
— Je t’ai dit que tu étais devenue une… un Chevalier. Cela a de nombreuses implications. Et je t’expliquerai tout, promis. Simplement, pas maintenant, pas ici.
— Pourquoi ? le défiai-je, les mains sur les hanches.
— Parce qu’il fait froid ! Parce qu’il est 22 heures ! Parce que j’ai sommeil ! J’ai mal dormi la nuit dernière !
— Tu as… mal dormi ?
— Oui. J’étais un peu stressé à cause du cours de Besson. Ce prof m’en veut, c’est sûr. J’en restai bouche bée.
— Je te parle de magie, de ma peau qui ne veut plus saigner, de trucs chelous dans mon cerveau… et tu me réponds que tu as mal dormi ?
De toute façon, qu’est ce que j’aurai pu lui dire ?
Désolée, Maman, je suis en train de suivre une présence dans ma tête pour rejoindre un garçon. Non, pas ce genre de rendez-vous. Il est mignon, mais il est vraiment trop bizarre. Il m’a transformée en Chevalier, oui oui, avec une majuscule. Tu vois ce que je veux dire ? Non ? Eh bien moi non plus.
- J’aurais dû y penser avant, amener un soufflet, mais je n’ai pas réfléchi.
- Et tu as encore oublié d’en amener un aujourd’hui.
- Exactement.
- Et tu veux que je souffle pendant tout ton rituel.
- Exactement.
- Je vais avoir l’air ridicule.
- Exactement. […] Tu sais ce qu’on dit, le ridicule ne tue pas.
Il y a une vraie puissance dans les mots.
(...) Tu ne devrais pas douter du pouvoir des mots.
Grâce à eux, l'écrivain peut voyager
dans le temps et l'espace.
Il peut écrire une scène qui sera lue dans un mois,
deux ans, trois siècles.
Aurais-je trouvé Thomas aussi intéressant si je n’avais pas été au courant de ses pouvoirs ?
Et puis il y avait David.
J’aurais du m’en douter, Toute bonne histoire de magie a son triangle amoureux.
Ce sont les régionales. Si jamais je gagne, ça peut changer ma vie.
Hier, ça n’aurait pas été un mensonge. Aujourd’hui je n’y pensais même plus. C’est fou comme les priorités peuvent changer quand on croise des monstres.